Les éphémères de Gérard Zlotykamien

gerard zlotykamien-minsource, avec article, à lire

Il expose en ce moment dans une galerie du 13e, la galerie Mathgoth.  Gérard Zlotykamien est le premier street artiste du monde, œuvrant dans la rue dès 1963. Petit-fils de déportés, il a commencé à peindre ses « éphémères » dans le trou des Halles en 1970 en hommage à l’ombre des irradiés d’Hiroshima sur les murs. Ces figures toutes simples ont une présence d’une puissance extraordinaire. J’espère aller voir ses œuvres à la galerie et en donner des images ici. En attendant, ces deux vidéos. Le texte de la première le présente ainsi : « Gérard Zlotykamien a été le premier artiste au monde à descendre dans la rue pour y faire de l’art. Quand il débute en 1963, le graffiti new-yorkais n’a pas encore commencé, et en France (berceau du mouvement) ni Daniel Buren ni Ernest Pignon-Ernest ne se sont encore confrontés à l’espace urbain. » La deuxième est particulièrement émouvante, par sa personne et par le lieu où il peint, qui rappelle le destin des déplacés et des sans-abri d’aujourd’hui.

*

En voyant son travail, je me rappelle aussi celui de Mâkhi Xenakis sur « les folles d’enfer de la Salpêtrière« , sur ces femmes longtemps victimes de ce que Michel Foucault a analysé : « le grand renfermement » dans cet espèce de camp de concentration avant l’heure que fut le très catholique Hôpital Général.

*

Valéry Écriture Dessin

« Le dessin n’est pas la forme, il est la manière de voir la forme », disait Degas. Propos rapporté par Valéry dans son livre Degas Danse Dessin. Lui-même dessinait beaucoup. « Une grotte émane ses stalactites ; un mollusque émane sa coquille », écrit-il dans L’homme et la coquille. Peut-on ajouter : l’homme émane son tracé ? Voici trois de ses dessins, puis un film dans lequel on voit à maintes reprises d’autres de ses dessins et manuscrits dans ses fameux cahiers.

valery-minvalery_paul_ete_manuscrit_autographe_de_brouillon_charge_de_dessins_-min p.valery-min

*

*

Déborah de Robertis, bien plus belle, vraie et vivante que la croûte de Courbet

Le travail de ces artistes femmes sur le corps des femmes est capital. Les musées sont pleins de nus, spécialement féminins, peints par des hommes, et le monde ne dispose que du regard des hommes sur les femmes, ou presque.

deborah de robertis

 Deborah de Robertis a notamment posé devant la croûte de Courbet L’origine du monde. Montrant ce que le tableau du peintre, soumis à sa propre tartufferie, cache.

Et les gardiens de musée, comme elle dit, jouent leur rôle : celui de gardiens de choses mortes, et de chasseurs d’êtres vivants. Exactement comme en littérature, dans l’édition, la critique, on vante les poètes et les auteurs morts, et on se débarrasse des vivants, soit en les poussant à se conformer au marché, soit en neutralisant leur œuvre par le traitement qui en est fait, le plus souvent au prétexte de la promouvoir (mais les plus promus sont les moins vrais, les plus insignifiants, les plus assimilables, c’est plus sûr), soit encore, s’ils sont irrécupérables, en les excluant.

Car si pour ces gardiens les œuvres qu’ils gardent étaient réellement des œuvres vivantes, comme elles le sont pour qui les voit avec des yeux bien vivants, s’ils reconnaissaient et aimaient vraiment l’art, ils ne songeraient pas un instant à chasser Deborah de Robertis. Mais les amateurs d’art et de littérature, ou du moins ceux qui vivent de l’art et de la littérature faits par d’autres, ne sont en fait que des conformistes, des assis parlant volontiers de révolution et mourant dans leur confort, des imposteurs contribuant à l’imposture et à l’aveuglement du monde que les artistes et les auteurs révèlent.

Autres vidéos sur la chaîne viméo de Déborah de Robertis

*

Les lignes et les couleurs époustouflantes de Judy Watson Napangardi

JUDY WATSON NAPANGARDI-min

 

Voici une présentation de cette grande artiste, puis des vidéos dans lesquelles on la voit peindre.

« Judy est née dans le milieu des années 1930 à Yanungkanji et morte en 2016. Judy montre une vigueur exceptionnelle pour une femme aborigène de son âge et de son gabarit (elle est petite et menue comme Minnie Pwerle). Les motifs, très probablement inspirés par le site sacré de Mina Mina sont particulièrement dynamiques et très riches en couleurs, marque des artistes de Yuendumu. Au Temps du Rêve, des Bâtons à Fouir (kuturu) ont émergé de la terre à Mina Mina et Kimayi.

Les Femmes vont s’en saisir pour leur voyage vers l’Est. Durant leur périple elles réalisèrent des cérémonies, chantant et dansant et créèrent des sites sacrés comme Janyinki. » Source et suite

« Il est dit que dans le temps du rêve, deux créatures ancestrales émergèrent du sol. Ces créatures plutôt femmes, avaient noms Napangadi et Napanangka. Autour d’elles la terre était sans relief, sans lumière et sans vie. Elle désirèrent alors ardemment que le monde prenne vie et se se mirent à le chanter, et par leur puissance mentale peut-on dire, l’eau parut sous forme des lacs Mina Mina.

Elles en furent joyeuses et se mirent à danser entre les points d’eau en formant deux lignes sinueuses qui s’entrecroisaient. Alors un végétal apparut : la liane Ngalyipi. (mot qui signifie « petit serpent »). Elles s’en firent des ceintures et continuèrent à danser. Alors surgirent les fruits et les racines qu’elles collectèrent avant de poursuivre leur route. »  Source et suite

*