Illusions perdues, le film, et les Rubempré d’aujourd’hui

J’ai regardé hier soir le premier épisode de la série 3 %, et ce matin je suis allée au cinéma voir Illusions perdues – eh bien, le sujet est le même – j’espère juste que la série évitera une fin aussi neuneu que celle du film, par ailleurs excellemment réalisé et excellemment joué. La fin du film, en forme de baptême-résurrection accompagné d’une phrase de « sagesse » ressemblant à celles que je peux lire sur mes sachets de thé, trahit complètement Balzac, qui, lui, fait finir son personnage en esclave total d’un curé à qui il a vendu son âme. Une fin parfaitement logique pour ce personnage de Lucien de Rubempré qui fait beaucoup penser à Emmanuel Macron, comme l’univers de 3 % fait penser à celui de la macronie, et plus largement, à la foire financiarolibérale mise en scène par Balzac. Un Rubempré monté à Paris soutenu par une femme plus âgée, puis arrivant toujours en se faisant soutenir par les uns ou par les autres, prêt à tout y compris à piétiner ses ambitions littéraires pour arriver à faire de l’argent et surtout, avoir l’air d’être ce qu’il n’est pas, oui, c’est vraiment du Macron – et de tant d’autres de nos fausses élites. Intéressant : Rubempré, c’est le nom que Zemmour*, s’identifiant au personnage, a choisi pour sa maison d’édition. Oui, tout cela est logique, il est juste dommage que le film, avec sa fin bêtasse, ne l’ait pas vu. Sans doute le réalisateur, malgré tout son talent, s’est-il laissé illusionner comme Rubempré par quelques sirènes aveuglantes.

* à propos d’illusion et d’extrême-droite, voir mon livre, refusé par les éditeurs mais ici en pdf gratuit La grande illusion, Figures de la fascisation en cours
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Homère, le Robert, le corps réel

« Les flots complètement repus s’enroulent, dans l’air
L’écume, aux cris du vent tournoyant, se disperse »
Homère, Iliade chant XI, v. 307-308

Il n’y a peut-être pas plus d’une personne au monde qui traduise l’Iliade en vers avant d’aller à la salle de sport, mais il y en a au moins une. Voilà un équilibre de rêve. Je suis une poète physique, et j’adore ça :)

Je suis restée un peu moins longtemps à la salle aujourd’hui parce que je me suis fait vacciner contre la grippe avant-hier, je ne voulais pas trop fatiguer mon corps encore occupé à fabriquer des anticorps. En 2019 j’avais eu la grippe, rien de grave mais bien casse-pieds, cette fois je devrais l’éviter. Troisième dose contre le covid en décembre, et avec ça j’espère que rien ne m’obligera à interrompre le sport pendant l’hiver !

Les politiques, dont le ministre de l’Éducation nationale, qui se permettent de critiquer le dictionnaire Le Robert (mon préféré) parce qu’il recense les mots de la langue aux moments de son histoire, sont bien dans leur habituel déni du réel. Mais c’est quand même incroyable que dans une démocratie un ministre ou autre politicien se mêle de juger ce qui se publie. Leur monde n’est pas seulement cinglé, il est stupide. Qu’ils se contentent donc de garder leurs vaches, et les vaches seront bien gardées. Les humains libres n’ont nul besoin de vacher. Manquerait plus qu’iels viennent prétendre me dire comment traduire Homère. Je leur raconterais comment Circé a changé des hommes en porcs.

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En musique : Local Hero vs héros tueur (Iliade, XI, 143-162, ma traduction)


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À six heures du matin retrouver la splendeur d’Homère. Quelques vers traduits avant l’aurore, et puis, parce que la poésie est toujours belle mais pas la guerre, ce lien pour voir ou revoir Local Hero gratuitement (jusqu’au 18 novembre à 17 heures) sur le site de MK2, film merveilleux de Bill Forsyth, musique de Mark Knopfler, sorti en 1983, que j’ai regardé hier soir et qui nous parle aujourd’hui, par son histoire, sa poésie, sa musique, bien mieux qu’une mauvaise COP, de la beauté naturelle et de la paix à sauvegarder.
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Sur ces mots, il jette Pisandre à bas du char, d’un coup
De lance à la poitrine ; il tombe au sol à la renverse.
Hippoloque s’écarte d’un bond, il le tue par terre,
De l’épée lui coupe la main et lui tranche le cou,
L’envoie rouler comme un billot à travers la foule.
Les laissant là, il bondit où les plus denses troupes
S’affrontent, avec les autres Achéens aux belles guêtres.
Les fantassins tuent les fantassins, contraints de s’échapper,
Les cavaliers tuent les cavaliers ; sous eux la poussière
Monte de la plaine, soulevée à grand bruit par les pieds
Des chevaux, tandis qu’à l’airain ils massacrent ; et le roi
Agamemnon, tuant toujours, donne aux Argiens ses ordres.
De même que lorsqu’un feu ravageur tombe sur un bois
Épais, porté de tous côtés par le vent qui tourbillonne,
Les troncs d’arbres arrachés tombent sous la poussée des flammes,
Sous les coups de l’Atride Agamemnon tombent les têtes
Des Troyens qui fuient, et de nombreux coursiers, la tête
Haute, secouent leurs chars vides à travers le champ de bataille,
Regrettant leurs irréprochables cochers, qui sur la terre
Gisent, bien plus doux pour les vautours que pour leurs femmes.
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Parlons guerre, avec Marc Eichinger

En ce 11 novembre, et tandis que se poursuit le procès des attentats du 13 novembre, écoutons l’agent de renseignement Marc Eichinger dire, d’après son expérience de terrain, ce qu’est la guerre aujourd’hui, et éclairer ainsi, notamment, les sources réelles du terrorisme – celles qui ne seront pas mises en question au cours du procès.
D’abord dans cet entretien général :

puis plus précisément à propos du rôle du Qatar :

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Houellebecq multiplagiaire, Macron également infect, et sport pour rester debout

Deux heures à la salle hier, et pas une courbature ce matin. Tapis de course, rameur, elliptique, vélo, et pour finir une séance de yoga, parmi d’autres sportives et sportifs en train de faire leurs propres exercices au sol. Aux heures où j’y vais, dans la journée, il y a comme à toute heure surtout des jeunes femmes et des jeunes hommes, mais aussi quelques hommes de mon âge qui viennent entretenir leur musculature, je trouve cela touchant. Mais pour l’instant je n’y ai pas vu de femme au-dessus de quarante ans. Allez-y mesdames, cela fait tant de bien !

J, 25 ans, ce matin, en colère et révolté contre les annonces de Macron : « Il veut rendre les gens serviles et cons. Lui-même est incapable de faire son travail. Toujours s’en prendre aux plus affaiblis, jamais rien contre les riches fraudeurs. Plus jamais il n’aura ma voix, même contre n’importe qui au deuxième tour. Je n’ai jamais éprouvé une telle aversion pour quelqu’un. » Sa peine fait peine. Pour lui, pour toute la jeunesse sacrifiée par des bandes de vieux dominants. Cette jeunesse-là, qui ne veut ni être dominée ni dominer, a raison, et l’Histoire lui donnera raison.

J’ai découvert hier soir par hasard que Houellebecq était en fait un serial plagiaire. Je connaissais la peu reluisante affaire du plagiat de plusieurs articles de Wikipédia dans son roman La carte et le territoire. Mais j’ignorais qu’il avait piqué ce titre à Michel Lévy, auteur d’un recueil de nouvelles portant ce titre, que lors d’une rencontre il avait offert à Houellebecq. Et j’ignorais qu’il était accusé de plagiat pour son roman Soumission par le romancier El Hadji Diagola, auteur de Un musulman à l’Élysée, dont il avait envoyé le manuscrit à Gallimard et à Flammarion, éditeur de Houellebecq, histoire d’un prof musulman nommé Mohammed devenant président, comme ensuite chez Houellebecq. J’ai trouvé des articles sur cette affaire dans la presse belge et dans la presse africaine, rien en France ; et apparemment tout cela, depuis, a été étouffé. Voilà qui me dégoûte autant que les manœuvres de Macron. Se servir des plus humbles – là les contributeurs bénévoles de Wikipédia, dont il est interdit de vendre le travail gratuit, et un auteur tunisien puis un auteur sénégalais peu connus, faire toujours plus d’argent sur le dos de « ceux qui ne sont rien », ceux qui sont trop honnêtes pour appartenir à des réseaux assez mafieux pour pouvoir prospérer impunément sur le crime… Oui je parle de crime pour le plagiat, car je le sais pour l’avoir vécu, le plagiat est vécu comme un crime par ses victimes, un crime d’autant plus aggravé quand elles sont piétinées par une justice incapable de défendre ceux qui se retrouvent la proie de réseaux puissants.

Mais dans ces affaires le pire est la vision de la laideur morale de certains hommes. Comment peut-on vivre à ce point dénué d’honneur, je l’ignore. C’est aussi cette laideur qu’expose Macron, ad nauseam.

Plus que jamais il est bon, il est salutaire, d’entretenir, dans le sport, l’innocence et la joie du corps. Afin de rester debout malgré ce monde de couchés, de « forts » qui ne sont forts que parce qu’ils sont couchés, soumis à leur mafia.

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