« La vision cosmique »

Nous continuons notre lecture par passages de la Bhagavad-Gita. Aujourd’hui un passage du début du Chant XI, « La vision cosmique ».

« LE SEIGNEUR BIENHEUREUX DIT :

Admire, Arjuna, par milliers,
Par millions, mes formes divines :
Tous les êtres – ces corps, ces formes,
Ces couleurs, ces aspects sans nombre.

Vois : les dieux solaires, les dieux
Du feu, du ciel, du vent, de l’aube,
Des merveilles qu’aucun mortel
N’a jamais vues. Vois, Arjuna !

L’univers entier, tous les êtres
Animés ou inanimés
Rassemblés ici – vois ! -, unis
Au sein de mon corps infini.

Mais puisque tes yeux de mortel
Ne te permettent de me voir,
Je t’offre le regard d’un dieu :
Vois l’étendue de mon pouvoir !

Après avoir ainsi parlé,
Krishna, le Seigneur du Yoga,
Lui montra sa forme sans fin,
Transcendante et majestueuse ;

Ses yeux et bouches innombrables,
Tous ses visages merveilleux,
Ses ornements éblouissants
Et ses armes de feu brandies.

Couronné de flammes, drapé
Dans la lumière et les parfums,
Le Dieu infini apparut,
Paré de toutes les merveilles.

Si mille soleils se levaient
Et resplendissaient dans l’azur,
Leur éclat aurait la féroce
Splendeur de ce tout-puissant Soi.

Arjuna vit tout l’univers,
Avec ses milliards de milliards
D’êtres vivants ne faisant qu’un
Avec le corps du Dieu des dieux.
 »

*

Références de l’édition en première note au mot-clé Bhagavad-Gita

 

caverne-min« Caverne », ma nouvelle repeinture (cf notes précédentes), acrylique sur toile 30×30 cm

*

Icône et Bhagavad-Gita

Acrylique sur bois 61 x 30 cm

Acrylique sur bois 61 x 30 cm

Voici, avec cette nouvelle repeinture – une icône sur bois, comme il se doit, que j’intitule « Parmi les étoiles », un nouveau passage de la Bhagavad-Gita, le poème feuilleton de cet été, dont Thoreau disait : « Nulle part plus que dans la Bhagvat-Geeta, le lecteur n’est emporté et maintenu à une hauteur de pensée aussi élevée, aussi pure ou aussi rare (…) En comparaison, même notre Shakespeare semble parfois juvénilement naïf et peu expérimenté. »

« Tout ce qui, en ce monde, brille
D’intelligence ou de beauté
Prend sa source dans un fragment
De ma divine majesté.

Mais à quoi bon tous ces détails ?
Sache juste cela : Je suis.
Un simple fragment de mon être
Soutient l’univers tout entier. »

Chant X, « Les manifestations divines »

Références dans la première note sur la Bhagavad-Gita : dérouler

Voir aussi : ma traduction de trois des sonnets de Shakespeare ; et ma traduction de passages de Thoreau

*

Adam et Ève ou Yogini et Yogi, triptyque, voyage et Bhagavad-Gita

adam et eve 2-min

adam et eve 3-min

adam et eve 4-minAcrylique sur toile 30×30 cm. Ce sont d’anciennes peintures que j’ai repeintes avec des points, comme d’autres ces jours derniers)

*

Lorsque j’ai commencé à faire du hatha yoga seule à la maison, il y a un peu plus d’un mois (après avoir suivi des cours de kundalini yoga dans l’année), j’en faisais 20 à 40 minutes par jour. Puis je suis allée jusqu’à 50 minutes, et maintenant c’est une heure, tous les matins au lever. Dans la journée je regarde des vidéos de cours divers, pour améliorer mes enchaînements et mes postures et aussi mieux me renseigner sur le yoga et les façons dont il est pratiqué et utilisé (pas toujours très bien) aujourd’hui.

« À l’aube, les choses émergent
Des fonds du non-manifesté ;
Le soir, les choses se résorbent
Au sein du non-manifesté. »

Dans l’un de ces cours, j’ai entendu : « le yoga est un voyage ». L’après-midi je marche une heure ou plus, je distribue mon livre Voyage çà et là dans la ville, et Voyage voyage aussi ailleurs que dans Paris, grâce à O qui le distribue ailleurs où ses trajets dans le pays le portent. Si ce livre était une peinture je la reprendrais comme je reprends en ce moment d’anciennes peintures mais il existe ainsi pour l’instant, caillou à ajouter sur le cairn, et qui sait, un jour peut-être, quand il aura été entièrement distribué, je le réécrirai.

Avec leurs postures et leurs corps déformables, mes Adam et Ève ne sont-ils pas une yogini et un yogi ? La dernière peinture est celle du milieu, où ils ne sont plus incarnés ni divisés comme l’est l’humain entre masculin et féminin. Où l’être est un :

« Si ton yoga est assidu
Et ton esprit uniquement
Ancré en moi, tu atteindras
L’Être suprême que je suis.

Médite sur l’Inconcevable,
Sur le Poète primordial
Et bon, plus petit qu’un atome,
Aussi radieux que le soleil. »

Bhagavad-Gita, Chant VIII « La liberté absolue » (références dans la première note sur la Bhagavad-Gita)

 

adam et eve 1-min*

« Serrurerie, ou la Dame à la licorne »

serrurerie-min

Je continue à repeindre avec des points d’anciennes toiles. J’ai intitulé celle-ci Serrurerie, ou la Dame à la licorne, je vous laisse deviner pourquoi.  Pour rappel, toutes mes notes sur la Dame à la licorne sont ici. Et revoici mes précédentes peintures aux points de ces jours derniers.

D’abord six petites toiles (10x10cm chacune) :

"Écritures secrètes". Quatre petites toiles (10x10cm chacune) que j'ai repeintes ces jours-ci

Écritures secrètes

tantra 1-mintantra 2-minVies secrètes

Puis quatre (avec celle d’aujourd’hui) toiles de 20×20 cm, toujours à l’acrylique.

tantra 3-min

peinture 2-min

peinture 1-min

Ensuite je commence une nouvelle série, avec des toiles de 30×30 cm. À suivre !

*

La voie érotique du Tantra, par Ajit Mookerjee et Madhu Khanna

« Lorsque vous vous asseyez en lotus, le pied gauche repose sur la cuisse droite, et le pied droit repose sur la cuisse gauche. Lorsque nous croisons les jambes de cette manière, nous avons bien une jambe droite et une jambe gauche, mais elles font maintenant un. » Shunryu Suzuki, Esprit zen esprit neuf

tantra 1-min tantra 2-min

Deux nouvelles petites toiles (10x10cm) réalisées après les 4 de la note précédente

*

Dans la continuité de la note précédente, voici un passage de La voie du Tantra, par Ajit Mookerjee et Madhu Khanna, sur l’unification de l’esprit et du corps, du féminin et du masculin, par le rituel tantrique et yogique.

« Le tantra asana est un moyen de transcender la condition humaine ; grâce à lui, l’énergie sexuelle physique de l’homme et de la femme peut être transformée en un maximum de puissance par l’intégration totale des forces polaires opposées. À travers les pratiques méditatives programmées des asanas sexo-yogiques, Kundalini, l’énergie psychique latente du corps humain, est éveillée et conduite du muladhara chakra au centre cervical, sahasrara, où elle s’unit à la conscience cosmique. Les tantrikas croient en effet qu’en manipulant l’énergie inhérente à la sexualité physique, il est possible de trouver le moyen de s’élever jusqu’au plan spirituel, où se réalise la pure joie (ananda) dans l’union transcendantale. Il s’agit d’expérimenter et de savourer la puissance de la sexualité en vue d’un retour pleinement conscient à l’état primordial d’unité.

(…) Si la sexualité est spiritualisée, revivifiée, sublimée et considérée comme une modalité acceptable dans le domaine des pratiques rituelles, cela est dû, jusqu’à un certain point, aux recherche pratiques des tantrikas. L’attitude sexuelle d’un tantrika pratiquant est inconditionnelle : la sexualité n’est considérée ni dans un contexte moral, ascétique ou inhibiteur, ni sous l’angle de l’indulgence et du laisser-aller. L’asana rituel est dépourvu d’émotions et de pulsions sentimentales. Il est soutenu par la possibilité technique d’utiliser la sexualité comme un moyen de réalisation. La sexualité n’est ni immorale ni morale, elle est amorale. Le tantrika se distingue des puritains en ce qu’il considère le mépris des facteurs psycho-physiologiques qui sont à la racine de nos instincts comme une cause du maintien dans l’esclavage.La libération procède d’un changement de perspective, et l’aube de la réalisation ne peut poindre que si le corps physique est transcendé par l’usage qu’on en fait dans la quête de la transformation. Le corps est un simple instrument, un yantra, et aucun code moral, aucune éthique sociale ne peuvent le maintenir prisonnier. Il est considéré comme divin en soi, comme une énergie vitale capable d’agir formidablement sur la condition mentale, qui réagit à son tour sur le plan spirituel.

(…) Tous les phénomènes sexuels de la nature sont conçus en vue de produire un résultat, le mélange des codes génétiques de deux individus de la même espèce. L’irradiation et la fulguration de la sexualité humaine dont nous faisons l’expérience, étreinte, caresses, baisers, érection, pénétration, copulation, orgasme, tout cela produit un seul dessein : la mise en scène d’un drame cellulaire, l’odyssée du sperme à travers les tunnels et les portes de l’appareil génital féminin, sa quête de l’œuf primordial et enfin l’union d’un spermatozoïde avec l’ovule.

Ce qui est dit du désir d’union au niveau biologique est applicable à l’ensemble du système cosmique. La totalité du drame universel se répète dans le corps humain. Selon le tantra, l’individuel et l’universel sont construits sur le même plan.. La joie intense dérivée de la gratification sexuelle ne varie que par le degré, selon qu’elle est dissipée dans la forme physique ou bien subtilement activée dans un dessein spirituel. (…) Ainsi le rituel de l’union demeure-t-il une expérience ressentie, de nature dionysiaque plutôt qu’apollinienne ou analytique. »

Vient ensuite la description détaillée du rituel, préparation des corps, de l’environnement, purification, contrôle de la respiration et des émissions séminales masculines et féminines, culte des corps, récitation de mantras au cours desquels les pratiquants sont divinisés, attouchements, coït (soit l’homme sur la femme, soit la femme sur l’homme). « Le nom de Bhagamalini est porteur d’une suggestion érotique, à cause du jeu de mots sur bhaga, qui signifie à la fois organe féminin et puissance divine, aussi est-il souvent cité au cours du rituel. »

Il y a une profonde cohérence dans mon travail intellectuel et spirituel, depuis le tout début. Et je continue dans ma voie. Ainsi que le dit Shunryu Suzuki : « Au Japon, nous avons l’expression shoshin, qui signifie « esprit de débutant ». Le but de la pratique est de garder toujours notre esprit de débutant. »

 

tantra 3-min

Acrylique sur toile 20×20 cm, réalisée hier

*

*

L’unicité et la variété, par Shunryu Suzuki

"Écritures secrètes". Quatre petites toiles (10x10cm chacune) que j'ai repeintes ces jours-ci

« Écritures secrètes ». Quatre petites toiles (10x10cm chacune) que j’ai repeintes ces jours-ci

*

« L’unicité est excellente, mais la variété aussi est merveille. Les gens ignorent la variété et donnent la primauté à l’existence unique et absolue, mais c’est une conception partiale. Cette conception creuse une brèche entre la variété et l’unicité. Or l’unicité et la variété sont une même chose ; aussi devrait-on apprécier l’unicité dans chaque existence phénoménale. Voilà pourquoi nous insistons sur la vie quotidienne plutôt que sur un état d’esprit particulier. Trouvons la réalité en chaque moment et en chaque phénomène. »

Shunryu Suzuki, Esprit zen esprit neuf

 

parole du jour 1-minLotus ces jours-ci au Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

*

Dot painting. Je peins donc je suis

dot painting 2-minHier au square

*

Je peins comme je marche, comme j’écris, comme je lis, comme je fais du yoga. Pas à pas mes pieds font des pas dans l’espace, mes mains aussi. Chaque tableau réalisé est une posture réalisée de mon corps. Mon épais livre Voyage me sert de bloc au yoga, et je le distribue çà et là dans la ville (sur des bancs, dans des abribus, dans des boîtes à livres, dans des jardins, dans des églises…), incognito – l’autre jour, quand je suis entrée à l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas pour en déposer un, le prêtre était en train de dire : « Jésus vient discrètement s’offrir et repart » à la messe du matin. Joie.

*

dot painting 1-minJ’ai finalement peint par points sur ma peinture fluide présentée ici l’autre jour

puis j’ai repris une ancienne toile (30×30 cm aussi) en la repeignant par points

dot painting 3-min©Alina Reyes

*