Élémir Bourges, « Les oiseaux s’envolent et les fleurs tombent »

J’introduis d’habitude ces extraits poétiques par quelques mots, souvent en rapport avec l’actualité. Aujourd’hui je ne sais que dire, sinon que j’ai la joie au cœur.

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« Il arrivait du large un bruit joyeux, et l’eau calme frissonnait, bleue et mollement transparente, tandis qu’aux places traversées par des remous roulaient, dans tous les sens, de claires rivières d’argent. L’air, plein d’aurore, était démesuré, et de grands rais marquaient l’endroit où le soleil allait apparaître. Il surgit tout d’un coup, et ses rayons étincelaient sur la cime des vagues. Puis, le globe de l’astre monta dans le profond ciel du matin ; et Floris, encore tout haletant, voyait en ce soleil l’image de son destin vainqueur, qui sortait enfin de la nuit. »

Élémir Bourges, Les oiseaux s’envolent et les fleurs tombent

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Le sonneil rêve ! Maïakovsky à la Nuit Debout

Maïakovski, Nuage en pantalon

Maïakovski, Nuage en pantalon

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« Maïakovsky n’existe que par fragments. Il fut, essentiellement, l’homme qu’un monde extérieur d’exaspérations divisa en moments d’exaspérations personnelles. Autrement dit, présenter UNE convulsion de Maïakosky est peut-être d’une grande vérité. » A.R.

Ainsi Arthur Robin (à suivre ce qui se passe et dit sur twitter, je me sens un peu comme lui qui passait des nuits à saisir les voix du monde sur sa radio) présente-t-il sa traduction de la première partie du grand poème du révolutionnaire Maïakovski qu’il intitule La nue empatalonnée (in Quatre poètes russes, éd. Le Temps qu’il fait). J’y songe en voyant la Nuit Debout, dans laquelle il y a à boire et à manger : et c’est ce qui me plaît. (Et sans doute déplaît à tous les partisans de l’ordre établi, ce pourquoi les forces de l’ordre ont hier soir renversé la marmite de mafé, lequel pour montrer qu’il y a un ordre supérieur au leur s’est étalé en forme de carte d’Afrique sur la place de la République, ainsi que l’ont noté et photographié les personnes présentes). DEBOUT LES SONNEURS DE LA TERRE ! LE TEMPS DU RÊVE EST ARRIVÉ !

Voici quelques vers de Maïakovski traduits par Robin, donc :

Votre pensée,
Qui sur votre cervelle amollie se tient songeante
Tel un larbin plein d’embonpoint sur une graisseuse chaise longue,
Sur la saignante loque du cœur je vais la taquiner ;
Mordant, impudent, je vais faire un grand banquet de quolibets.

Chez moi dans l’âme pas un unique blanc cheveu,
Pas un seul cheveu de l’attendrissement des vieux !
Tonnerre étonnant le monde par la force de ma voix,
Je suis un splendide passant
Âgé de vingt deux ans.

O mon dernier cri,
Quoi que soit ce que tu cries,
Gémis dans les siècles que je suis en incendie !