







photos Alina Reyes
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photos Alina Reyes
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Jets violents des cieux à travers chair.
La marche arrache à la terre le verbe.
Or et soie, la parole transportée
des nomades, fourreau de leur épée.
Venez je vous trempe la langue entre
les mains de l’eau le torrent irradiant.
Croyez mes irradiés l’œil troue le ciel
et remue dans vos os l’autre lumière.
À travers terres circule la parole
déroulée pleine comme la robe
du cheval sous la selle retirée.
Elle est la peau tendue sur le décès
du monde, tambour et terre labourable,
courbes de l’univers, rond droit de l’arbre.
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Trou de mémoire, univers blanc !
Où chuchotent les moires, j’arrive,
Jaillis, lumière parcourant
Les eaux de l’une à l’autre rive !
Ô banc de poissons que je suis,
Volants, pont d’amour qui se jette
Entre les cieux que tu poursuis !
Éclats de vie, trombes de fête,
Soudains affolements du vent,
Embruns salés dans la blessure
De la fille première, rêvant
Tout haut, folie ! son aventure,
Son advenue, son invention
Au sein de la beauté nouvelle,
Toute parole et vibration,
Incarnation montante, réelle !
Prairies de braises, ton regard
Profondément descend aux fentes
De mes yeux, de ma vie, hasard
Sans doute aboli dans les sentes
Connues de notre enfantement .
Écoute la rencontre voulue
D’un nord en marche et d’un aimant
Accomplir la vérité nue.
Amant, je déchire le soi,
Sais-tu ? Lutte perpétuelle
Des joies dans le lit de la foi,
Creusant chaque jour l’écuelle
Où viennent boire les grands lions
Dociles de nos chairs brûlantes !
Voici naître la faim, prions !
Dans nos paumes tendues, parlantes,
Coule le miel de cette mort
Dont toujours l’homme ressuscite.
Le combat de l’amour, plus fort,
Plus doux que toute paix, invite
En notre habitation les chœurs
De l’armée blanche, troupe d’anges
Fléchée de rires, de clameurs,
Murmures de neige, chants étranges
Des corps où vient souffler l’esprit.
Musique, voici le temps de l’être
En lequel l’être s’accomplit.
Plus rien ne demeure au paraître,
Et Dieu, pure essence de feu,
Pose lui-même sa brûlure,
Scellant l’alliance dans le jeu
Des sangs à leur réécriture.
Je, poussière dans le rayon
De l’universelle pupille,
Danse avec les photons, les ions,
Au sein de l’Esprit qui scintille.
Ma sainte famille des cieux,
De quelle branche, quelle essence
D’arbre cosmique par mes yeux
L’homme vient-il à sa naissance ?
Quand l’univers a défailli,
S’est déchiré de jouissance,
J’ai vu le temps humain jailli
À l’orient ouvert, sa chance
Dernière dans le tout-premier
Mot prononcé, si bref poème,
Silence presque, instantané.
Venue à la matière même,
Voyant peut-être au creux du noir,
Le long de ma descente altière,
Je réaliserai l’espoir
De rendre l’être à la lumière.
Frères mes hommes, et vous mes sœurs,
Reprenons de concert la trace
Du chemin quitté par erreur,
Où se révèlera Sa face.
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(extrait de Voyage)
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Jardin des Plantes, vendredi dernier. Photo Alina Reyes
L’esprit scientifique et l’intellectualisme sont des murailles que l’homme élève entre lui et sa peur de la mort.
La quête de Dieu est un chemin que l’homme trouve dans l’amour de la vie.
L’intellectualisme, dont participent la littérature et l’art d’aujourd’hui, épaissit sans cesse la muraille entre l’homme et la vie. L’esprit scientifique, souvent, y crée une brèche par où s’entrevoit la lumière, où se rejoint la quête de Dieu. Confluent des deux océans. (Cor 18, 61)
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Jésus-Christ j’ai soufflé sur tes braises, ton feu a déjà pris je le sens, et crois-moi je l’entretiendrai, bien et jusqu’au bout. Rien d’autre n’importe que ce que nous avons à faire, chassés de partout mais recueillis sous la tente humble et splendide de Mohammed le Prophète, notre frère bien-aimé. Ensemble et avec tous les saints de toute l’humanité, directement sous le regard de Dieu.
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rue Cuvier à Paris, un bâtiment du Jardin des Plantes, photo Alina Reyes
Ceux qui comme Charlie Hebdo vivent dans l’ordure morale méprisent les Roms parce qu’à travers leur saleté matérielle ils ont peur de se voir eux-mêmes au dépotoir. Ils sont nombreux, les propres sur eux, à être au-dedans un capharnaüm ou même un cloaque. On sait où finit l’ordure. Qui ne veut pas l’y suivre, qu’il s’en défasse.
Ce sont toujours ceux qui ont grandi et vécu à l’abri qui veulent apprendre à vivre aux pauvres. Un peu comme si les politiciens écologistes voulaient apprendre la nature aux Sioux. Ou comme si les abstinents sexuels voulaient apprendre la sexualité aux pratiquants. Comme si je voulais apprendre à un peintre à peindre, parce que j’ai contemplé des tableaux et acheté quelques tubes de gouache. Ce dont l’homme n’a pas l’expérience, ce qu’il n’a jamais enduré ni connu, il s’imagine volontiers que nul n’en est capable sinon selon la science abstraite que lui-même peut en avoir, et qu’il veut infliger à qui elle ne servira strictement à rien.
Il me reste à apprendre la troisième prière, At-Tachaoude. Al-Fatiha, je la dis en m’endormant et en me réveillant, dans la journée aussi, je laisse la parole se mettre en place dans mon corps, jusqu’au moment où elle exigera que j’y joigne les gestes. Le Christ est avec moi dans la paix et la lumière de l’islam, nous aimons le Prophète et ses amis, nous avons foi en ce qui vient.
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tout à l'heure au Jardin des Plantes, photos Alina Reyes
… ma vie bienheureuse, de caverne en jardin… et ce qui vient, vient pour le monde…
et toujours, pour naviguer aussi dans le présent du monde, bien d’autres partages sur ma page facebook…
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