
icône (gouache, crayon de couleur, pastel, encre) Alina Reyes
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icône (gouache, crayon de couleur, pastel, encre) Alina Reyes
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essai d'icône au crayon de couleur, Alina Reyes
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en Turquie. Photo Alina Reyes
Que la langue déferle à la lèvre de l’être,
Qu’elle abreuve les soifs, qu’elle lave les plaies,
Qu’elle prenne d’amour les hommes et les féconde !
Qu’elle baigne les corps qui s’apprêtent à naître,
Qu’elle ouvre les regards, que montent dans les baies
Les larmes et les chants qui consolent le monde !
Qu’approche le pays dont l’amour est le maître,
Que s’animent les cieux, que vienne la nuée
Nous rendre à la lumière, et que la grâce abonde
Aux bordures du temps où nos yeux se pénètrent.

à Nîmes. Photo Alina Reyes
Murmure ardent du métronome de la pluie
descend. La vie plus douce, plus immensément
baleine que toute contrariété du temps
déploie son arc-en-ciel dans le pur cœur de l’ouïe.
« Je vous ai modulé cela afin qu’en moi
vous ayez pleine paix. Ayez confiance, moi
j’ai vaincu le monde », nous rappelle le ciel,
saveur en nos membres de gingembre et de miel.

à Nîmes. Photo Alina Reyes
Luxe de calme et de beauté, ma barque
fend les eaux poissonneuses à profusion,
à volonté, à vif, je suis l’étrave
et mon verbe, ma phrase l’étendue
scintillante au soleil des fruits sauvages
qu’on trouve au printemps dans les bois, des fraises
minuscules qui éclatent entre langue
et palais, pleurant leur joie aux papilles
du jour. Ma barque va, béatitude.
Dans sa travée les milliards de poissons
qu’elle engendre se transportent avec elle,
pont d’étoiles jaillissant de la mer,
dans l’infini des siècles que nous sommes,
milliards de mains entrelacées d’amour.

Photo Alina Reyes
J’ai rapporté des livres j’ai marché avec eux dans la ville
portée par le vent léger mes cheveux
bougeaient doucement dans mon dos
mes dernières pages d’écriture
bougeaient doucement dans ma tête,
mon cœur. Qui fait marcher sa tête avec son cœur risque
ce qui advint au Crâne, au Golgotha, et puis se trouve
en train de marcher au ciel la parole implantée dans le corps
qui parle d’elle-même. Je n’écris plus je laisse écrire
tout vient du cœur même du verbe
en marche, moi-même qui vous parle.
J’ai vu ce vendredi des rivières d’humains
splendidement vêtus sortir de la mosquée
– j’ai rendu grâce pour ceux qui savent adorer
j’ai vu plus loin la parade d’oiseau
d’un jeune homme à une jeune femme
j’ai vu la beauté de tous ceux que je croisais
j’ai levé les yeux mon corps criait de joie !
Ce qui arrive me traverse, lumière
à travers mon regard qui traverse le monde
et trace de ses pas la carte des sentiers
vivants.

sur la promenade haute à la Pitié-Salpêtrière. Photo Alina Reyes
J’habite dans un phare. La nuit, là-haut, à éclairer les bateaux. Le matin, je redescends au bord de l’eau, du sable. L’eau roule doucement à mes pieds son bleu, son blanc doucement mousseux. Le sable est blond, fin, soyeux. La lumière du ciel enveloppe tout, rebondit partout, chante et murmure en tout. Je suis dans la joie totale.
Alors que je suis sur la plage, j’entends des pas dans ma maison du phare. Par la porte ouverte, j’y rentre. Une Anglaise rose et charnue s’y est introduite et la traverse autoritairement, prétendant y imposer sa loi. Je vais à elle, j’essaie de la ramener à la raison et à la correction. Rien à faire. Maintenant elle n’est plus anglaise, mais policière. Elle continue plus que jamais à vouloir dominer ma maison. De moi se présente alors mon frère jumeau, qui est très viril, très fort, très grand. Il fait barrage à l’envahisseuse, qui finit par reculer et sortir. Une fois dehors, de l’autre côté, elle m’annonce, toute calmée, qu’elle attend un enfant de nous, et je suis bien heureuse de ce dénouement.
(mon rêve de cette nuit)