Je suis donc à la rue, mais j’ai de bonnes jambes

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photos Alina Reyes

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J’avais rendez-vous, il y a eu un problème de bus, je suis arrivée avec un quart d’heure de retard, mon rendez-vous était parti. Un tel manque de patience m’a stupéfaite, mais bon, j’en ai profité pour retraverser tranquillement Paris à pied. En chemin je me suis arrêtée à Saint-Nicolas des Champs, où j’ai prié intérieurement la Fatiha devant le Saint-Sacrement, puis, paisiblement, la prière de Jésus en russe. J’aimais faire des retraites au carmel, je ne peux plus en faire depuis qu’ils se sont mis à me surveiller, à cause de l’intérêt que je pouvais représenter, avec mes livres et mon projet d’ordre monastique. J’ai ensuite aimé aller prier en plein air le vendredi à la Grande Mosquée, je ne peux plus y aller non plus, depuis qu’ils ont transféré la salle de prière des femmes au sous-sol. Si chacun refusait d’accepter ce qui est inacceptable, ceux qui commettent des abus de pouvoir n’auraient plus de pouvoir. Là où les religions, quelles qu’elles soient, marchent encore bien, elles seront confrontées à la perte des fidèles dès que les peuples, et notamment parmi les peuples les femmes, deviendront plus conscients de leurs droits et de leur dignité. Mes descendants, charnels et spirituels, prient et prieront libres.