Les fantastiques roses de la roseraie du Jardin des Plantes. Et un début d’index

Environ 300 noms dans l’index des noms de personnes présents dans ma thèse. Les voici, dans l’ordre où je les ai relevés dans le texte (après les photos des roses). Il me reste à les classer par ordre alphabétique, éventuellement à les compléter (j’ai pu en oublier). Reste aussi à faire un index des personnages, et un autre des thèmes. Ces index sont au moins aussi importants que la bibliographie, car ils participent à multiplier les possibilités de lecture de la thèse.

*

roses 1

roses 2

roses 3

roses 4

roses 5

roses 6

roses 7

roses 8

roses 9

roses 10

roses 11

roses 12

roses 13

roses 14

roses 15

roses 16

roses 17

roses 18

roses 19

roses 20

roses 21Ces jours-ci à Paris, photos Alina Reyes

*

Breton, André

Crevel, René

Kafka, Franz

Platon

Husserl, Edmund

Jakobson, Roman

Mallarmé, Stéphane

Lévi-Strauss, Claude

Rimbaud, Arthur

Poe, Edgar

Luminet, Jean-Pierre

Démocrite

Rûmî

Cortazar, Julio

Van Gogh, Vincent

Descola, Philippe

Héraclite

Bouvier, Nicolas

Foucault, Michel

Chomsky, Noam

Grothendieck, Alexandre

Humboldt, Wilhem von

Benjamin, Walter

Chatwin, Bruce

Ferry, Jean-Marc

Nietzsche, Friedrich

Hugo, Victor

Berger, John

Hegel, Georg Wilhelm Friedrich

Carroll, Lewis

Rousseau, Jean-Jacques

Flaubert, Gustave

Baudelaire, Charles

Molière

Camus, Albert

Sophocle

Torga, Miguel

Proust, Marcel

Magritte, René

Tardi, Jacques

Dostoïevski, Fiodor

Macaigne, Vincent

Vermeer, Johannes

Ésope

La Fontaine, Jean de

Perrault, Charles

Nerval, Gérard de

Giraudoux, Jean

Freud, Sigmund

Marie de France

Dürer, Albrecht

Picasso, Pablo

Warhol, Andy

Ronsard, Pierre de

Michaux, Henri

Xinjiang, Gao

Einstein, Albert

Artaud, Antonin

Bachelard, Gaston

Valéry, Paul-André

Dhainaut, Pierre-Edmond

Hölderlin, Friedrich

Woolf, Virginia

Stefánsson, Jón Kalman

Borges, Jorge Luis

Finkel, Irving

Lorblanchet, Michel

Coelho, Paulo

Rûmî, Djalâl-od-Dîn

Jasniewiecz, Gérard

Païni, Lotus de

Curie, Marie

Bonnefoy, Yves

Simon, Claude

Michel-Ange

Kubrick, Stanley

Lichtenberg, Hans Georg

Harrison, Jim

Claudel, Paul

Ginzburg, Carlo

Homère

Shirow, Masamune

Durand, Gilbert

Benveniste, Émile

Vernant, Jean-Pierre

Palissy, Bernard

Gomez, Sergio

Parménide

Shakespeare, William

Plutarque

Pascal, Blaise

Wilde, Oscar

Leopardi, Giacomo

Garcia Lorca, Federico

Ellis, Bret Easton

Hyverneaud, Georges

Tomasi di Lampedusa, Giuseppe

Rilke, Rainer Maria

Basile de Césarée

Reyes, Alina

Lynch, David

Clottes, Jean

Cendrars, Blaise

Mankell, Henning

Rigaut, Jacques

Térence

Traoré, Oumou

Thérèse d’Avila

Galien, Claude

Sextus Empiricus

Simon, Claude

Socrate

Hadot, Pierre

Huxley, Aldous

Toral, Cristobal

Matisse, Isabella

Struth, Thomas

Faulkner, William

Brueghel l’Ancien

Didi-Huberman, Georges

Annaud, Jean-Jacques

Giono, Jean

Chrétien de Troyes

Vitray-Meyerovitch, Eva de

Pernoud, Régine

Bingen, Hildegarde de

Christine de Pizan

Tolkien, John Ronald Reuel

Corneille, Pierre

Kubrick, Stanley

Cervantes, Miguel de

Brunel, Pierre

Ovide

Horace

Montaigne, Michel de

Angelus Silesius

Leroi-Gourhan, Émile

Patrikios, Titos

Zénon d’Élée

Barthes, Roland

Dumézil, René

Grégoire de Naziance

Jouffroy, Alain

Ramuz, Charles-Ferdinand

Char, René

Eco, Umberto

Latour, Georges de

Claudel, Camille

Paris, Reine-Marie

Rodin, Auguste

Curie, Pierre

Beauvoir, Simone de

Sartre, Jean-Paul

Lamblin, Bianca

Onfray, Michel

Sand, Shlomo

Copernic, Nicolas

Luther, Martin

Calvin, Jean

Lacan, Jacques

Debord, Guy

Heidegger, Martin

Chouraqui, André

Mohammed (Prophète)

Resnais, Alain

Modiano, Patrick

Gombrowicz, Witold

Robin, Armand

Joyce, James

Beckett, Samuel

Brüder, Dora

Lampe, Friedo

Calderón, Pedro

Pauli, Wolfgang

Boudenot, Jean-Claude

Gamou, Georges

Franck, James

Jung, Carl Gustav

Schrödinger, Erwin

Charcot, Jean-Martin

Pinel, Philippe

Cabrol, Christian

Marie de Médicis

Guérin, Raymond

Boffrand, Germain

Kafka, Ottla

Agamben, Giorgio

Améry, Jean-Claude

Barth, Karl

Furet, François

Diogène

Alexandre le Grand

Vitez, Antoine

Diderot, Denis

Zweig, Stefan

Roth, Joseph

Greuze, Jean-Baptiste

Muray, Philippe

Aristophane

Ellis, Bret Easton

Houellebecq, Michel

Khadra, Yasmina

Sorokine, Vladimir

Laferrière, Dany

Ôé, Kenzaburo

Échenoz, Jean

Byatt, A.S.

Keaton, Buster

Riefenstahl, Leni

Sade, D.A.F.

Laclos, Pierre Choderlos de

Echenoz, Jean

Ravel, Maurice

Renard, Jules

Allen, Woody

Weinstein, Harvey

Vélasquez, Diego

Chamberlayne, William

Auster, Paul

Kerouac, Jack

Paul de Tarse

Ricardou, Jean

Breuil, Eddie

Nouveau, Germain

Cézanne, Paul

Durrell, Lawrence

Soupault, Philippe

Verlaine, Paul

Leconte de Lisle, Charles

Bonnet, Marguerite

Brod, Max

Calasso, Roberto

Schwob, Marcel

Stevenson, Robert Louis

Quincey, Thomas de

Dostoïevski, Fiodor

Dupront, Alphonse

Alphandéry, Paul

Munier, Roger

Banksy

Dumas, Alexandre

Jarry, Alfred

Daudet, Alphonse

Satie, Erik

Prévost, Antoine François, abbé

Baker, Joséphine

Léger, Fernand

Khrouchtchev, Nikita

Gagarine, Youri

Foujita, Tsuguharu

Christophe

Miller, Henry

Nin, Anaïs

Saint-Pierre, Bernardin de

Jacobs, Edgar P.

Curie, Pierre

Zola, Émile

Welles, Orson

Balzac, Honoré de

Viardot, Pauline

Tourgueniev, Ivan

Bizet, Georges

Blum, Léon

Blériot, Louis

Gambetta, Léon

Vian, Boris

David, Jacques-Louis

Astier de la Vigerie, Emmanuel d’

Debussy, Claude

Aragon, Louis

Triolet, Elsa

François 1er

Thalès

Épictète

Renart, Jean

Blake, William

Thoreau, William

Whitman, Walt

Henley, William Ernest

Plath, Sylvia

Ritsos, Iannis

Ramos Rosa, Antonio

Corso, Gregory

Orwell, George

Calvino, Italo

Koons, Jeff

Dôgen, Eihei

Hagège, Claude

Darwich, Mahmoud

Franck, Anne

Alexandrian, Sarane

Maurel, Jean

Chirico, Giorgio

Douanier Rousseau

Mosko

Suacha

Mann, Thomas

Reverdy, Paul

Hamsun, Knut

Nerval, Gérard de

*

De la Pitié à la Mosquée (12). Oiseaux en cage

DSC05249

tout à l’heure sur le boulevard, photo Alina Reyes

*

« Dès que les portes furent forcées, le 3 septembre 1792, vers les 16 heures, 350 hommes se précipitèrent sur nos prisonnières (…) Durant quarante heures d’horloge, plus de 600 filles, femmes, fillettes, vieillardes, furent possédées, sodomisées ou violées, chacune une ou plusieurs fois, devant 8000 voyeurs accourus de toute la ville. Et, au milieu de cette débauche, le 4 septembre, en fin de journée, des égorgeurs en provenance de Bicêtre assassinèrent 35 femmes dans la cour dite encore aujourd’hui « des massacres » du bâtiment de la Force. » Maximilien Vessier, La Pitié-Salpêtrière, éd APHP.

Les Massacres de Septembre ont fait plus d’un millier de morts à Paris, prisonniers et prisonnières assassinés dans un délire de fureur des révolutionnaires, « boutiquiers, artisans, gardes nationaux, Fédérés, entraînés par la hantise de la trahison », écrit François Furet dans le Dictionnaire critique de la Révolution française, qui précise aussi qu’il n’y eut à l’origine de la tuerie « aucun ordre venu de plus haut ». Et qu’après cet épisode sur lequel on jugea bon de « jeter un voile », « de fait, la Terreur va peu à peu se mettre en place, comme un système répressif organisé d’en haut et institutionnalisé. »

Moins d’un siècle plus tard, le Dr Charcot, issu du peuple, menait la vie d’un grand bourgeois boulevard Saint-Germain, ayant fait fortune en inventant l’hystérie et en exhibant ses malades de la Pitié-Salpêtrière au Tout-Paris et au-delà – Freud y passa un semestre. Il est connu aujourd’hui que ses séances d’  « hypnose » comme les manifestations de ses « hystériques » n’étaient qu’artifices et singeries. En vérité l’exhibition de ces femmes et hommes, de leurs convulsions et de leurs soumissions, n’était que la reprise hypocrite du tour qu’avaient pris ici les Massacres de Septembre, substituant aux violences physiques des violences psychiques collectives sur des personnes emprisonnées, affaiblies, sans défense, dont nous avons vu (ici et )comment s’exerçait la maniaquerie de ces « messieurs » à leur encontre.

Un siècle plus tard encore, et l’hypnose et l’hystérie, une fois inventées faisant leur chemin, règnent via les médias sur leur maître, le peuple, et via la production intellectuelle sur leurs soumis, les héritiers de Charcot, inventeurs de faux en tout genre. « Que le phallus ne se trouve pas là où on l’attend, dit Lacan (au dixième tome de la publication de son Séminaire), là où on l’exige, à savoir sur le plan de la médiation génitale, voilà qui explique que l’angoisse est la vérité de la sexualité, c’est-à-dire ce qui apparaît chaque fois que son flux se retire et montre le sable. La castration est le prix de cette structure, elle se substitue à cette vérité. » Jean Guitton ne dit-il pas que « l’on a toujours l’impression avec Lacan qu’autrui n’est qu’un être, un objet dont on voudrait abuser, et de ne pas le pouvoir librement, là serait l’origine de tous les problèmes psychiques » ?

« Mais en fait, poursuit Lacan, cela est un jeu illusoire. Il n’y a pas de castration parce que, au lieu où elle a à se produire, il n’y a pas d’objet à castrer. Il faudrait pour cela que le phallus fût là. » S’il n’y est pas, où est-il donc ? Sans doute reste-t-il confiné, comme avec Charcot, dans l’habit de ces messieurs, engoncés dans leur obsession sexuelle et trop apeurés à l’idée que pourrait leur être coupé, de par le don de leur corps, leur pouvoir symbolique. Le réel n’est-il pas trop risqué pour ces angoissés de la mort ? « La vie humaine pourrait être définie comme un calcul dans lequel zéro serait irrationnel », a dit Lacan en 1959. Voyez comme la vérité parle, voyez comme malgré lui cet homme parle en fait de lui, tout calcul, zéro phallus, zéro homme, tout faux puisque le zéro irrationnel cela n’existe pas, et tout irrationnel, élaborant des théories irrationnelles auxquelles des générations d’angoissés croiront idolâtriquement, comme à toutes les théories de la non-vie aptes à justifier le choix des existences entre-deux, entre vie et mort, des paroles entre-deux, entre oui et non, des actes entre-deux, entre exhibition et occultation, des engagements entre-deux, entre bien et mal, et de tout entre-deux qui permet, par sa non-franchise, de ne pas assumer sa vie, sa parole, ses actes, et qui sépare l’être de l’être, pour le remplacer par l’artificielle existence et la pseudo-relation du zéro irrationnel.

L’inconscient n’est pas structuré comme un langage car l’inconscient n’est pas. L’inconscient existe comme hypothèse de travail, comme langage fabriqué par et pour une hypothèse de travail, rien de plus. La conscience est, elle seule est, crée et anime le monde. La conscience nous est donnée, nous ne la connaissons pas toute et nous avons à aller vers elle, qui vient vers nous notamment à travers ce que nous appelons inconscient mais qui n’est pas inconscient mais au contraire conscience. Si la physis aime à se cacher, comme disait Héraclite, ce qui nous en est caché ou inconnu n’est pas pour autant une in-physis, une non-physis. La conscience est, la non-conscience n’est pas. Avoir convaincu les hommes qu’ils étaient gouvernés par leur inconscient, c’est les avoir déresponsabilisés, leur avoir ôté le sens de la liberté qui assume, les déshumaniser. Continuer à les pousser à explorer ce qui n’est pas, à les convaincre que la vie est un calcul et un néant, c’est continuer l’œuvre de destruction massive de l’époque industrielle. Il est temps de revenir à l’incarnation.

*

De la Pitié à la Mosquée (8) Baleine blanche

DSC01265

*

À partir de 1659, La Pitié est dédiée à l’enfermement des petits garçons, et d’autre part des « femmes de mauvaise vie ». La Salpêtrière « accueille » quant à elle des femmes et des petites filles. En 1684, sous le « roi soleil », y est construite une véritable prison. Chaque année deux mille femmes y sont internées. Parmi ces prisonnières, beaucoup sont mariées de force, et déportées en vue de peupler les colonies du Québec, de la Louisiane et des Antilles.

« Dès les débuts de l’Hôpital Général, des locaux spéciaux avaient été prévus à la Salpêtrière pour les insensées, puis, à la fin du XVIIème siècle, on avait construit les premières « loges » pour les épileptiques et les aliénées. Il s’agissait de cellules fermées par une grille de fer, dotée d’un banc de pierre et munies de chaînes auxquelles on entravait les malades. Celles qui étaient particulièrement violentes et agitées avaient droit à de véritables cachots souterrains où elles étaient enchaînées, souvent toutes nues, et où elles recevaient la visite des rats qui, parfois leur rongeaient les pieds – sans compter les méfaits des gels hivernaux et des inondations de la Seine. » Paul-André Bellier, Revue d’histoire de la pharmacie, vol 80 (1992).

Les détenues étaient rouées de coups et souffraient de malnutrition. Contraintes à des travaux forcés, maltraitées au point que chaque année, sur environ six mille internées, cinq à six cents mouraient à la Salpêtrière, elles étaient cependant, pour leur salut, conduites de force, chaque matin à l’aube, à la messe en l’église Saint-Louis. L’autel se trouvait au centre de la rotonde, chœur visible des quatre chapelles et des quatre nefs où étaient réparties les différentes catégories de personnes internées. Ainsi l’enfermement et la surveillance panoptiques des internées se retrouvaient-ils inexorablement, et indépendamment de la volonté humaine, incarnés par cette disposition où, dans une inversion de la figure éclatait la vérité de la situation : dans l’iniquité et les souffrances faites à ces femmes, dans ce déni de leur humanité, c’était le Christ qu’au nom du Roi et au nom du Christ – plus tard au nom de l’État et de la Science – on torturait et assassinait.

En cet automne 2013, à l’occasion d’un hommage à Charcot, un des vétérans du réseau fera à la Pitié-Salpêtrière une communication intitulée : Faire l’amour avec Dieu. Sur l’autel une femme d’aujourd’hui, enfermée socialement pour son insoumission au système, sera une fois de plus exhibée devant la bonne société de son temps. Cependant la bonne société meurt et le Ressuscité vit.

*

à suivre

De la Pitié à la Mosquée (7) Folles d’enfer s’exhibant par procuration

les-folles-denfer_chapelle-de-la-Salpetriere--sept-2004

« Les folles d’enfer de la Salpêtrière », par Mâkhi Xenakis, à Saint-Louis de la Salpêtrière

*

Charcot déniche aussi l’hystérie chez des hommes. Il expose divers cas d’hystérie masculine déclenchée par des accidents de chemin de fer. Mais surtout, il la trouve parmi les pauvres, les pauvres d’entre les pauvres.

« Où l’hystérie va-t-elle se nicher ? Je vous l’ai montrée bien souvent dans ces derniers temps dans la classe ouvrière, chez les artisans manuels, et je vous ai dit qu’il fallait la chercher encore sous les haillons chez les déclassés, les mendiants, les vagabonds ; dans les dépôts de mendicité, les pénitenciers, les bagnes peut-être ? Vous verrez qu’un jour, tout compte fait, en raison de l’extension singulière que semble prendre l’hystérie mâle dans les classes inférieures de la société à mesure qu’on apprend à mieux la connaître, on en viendra à poser la question suivante : la névrose hystérique est-elle vraiment, comme on l’a cru, comme on l’a prétendu jusqu’ici, plus fréquente chez la femme que chez l’homme ? »

Comme il l’a fait avec les femmes, il présente ses cas à l’assemblée, les décrivant en leur présence comme s’ils n’étaient que des objets :

« Il a en effet, comme vous voyez, l’air abruti, stupide, renfrogné, féroce même… »

Puis, après un long exposé sur ce cas, présentant le suivant : « Lui aussi est un dégénéré (…) Son intelligence est faible, pour ne pas dire plus ; il n’a jamais pu apprendre à lire ; sa marche est gênée par l’existence de deux pieds-bots congénitaux et on lui voit au cou de nombreuses traces de scrofule. De plus, il bégaye horriblement comme vous aurez dans un instant l’occasion de le constater. (…) avec la permission des autorités compétentes, il vit de la profession de chanteur des rues, dans la banlieue de Paris. Voyez, il porte constamment dans sa poche son pauvre livret de licence, sale, crasseux « à vous tirer des larmes »… »

S’ensuit la triste histoire de la vie du sujet, puis vient le récit de l’auscultation : « La peau du scrotum à gauche est très sensible à la moindre pression ; le testicule correspondant est plus douloureux encore et quand on comprime un peu fortement soit le testicule lui-même, soit les téguments qui le recouvrent, le malade éprouve la sensation de quelque chose qui lui remonte vers la poitrine et vers le cou où il éprouve un sentiment de suffocation… »

Après l’analyse clinique, Charcot conclut en disant : « Messieurs, (…) parmi les agents provocateurs de l’hystérie, à côté des grandes perturbations morales, des traumatismes, des intoxications, etc., il y a lieu de placer la misère, la misère avec toutes ses duretés, toutes ses cruautés. »

Que dire des cruautés et de la misère de ces Messieurs, exhibitionnistes par procuration, trop bien éduqués pour s’exhiber eux-mêmes mais suffisamment pervers pour inventer de le faire faire à d’autres, femmes et hommes hystérisés sur commande pour les bourgeois du tout-Paris qui se pressaient aux mises en scène du neurologue comme ils auraient ouvert leur manteau pour exhiber comme lui et avec lui, non leur pénis mais leur utérus, la femme fantasmatique en eux et qu’il leur fallait partager, entre hommes. Les « folles d’enfer », comme dit Mâkhi Xenakis, n’étaient-ce pas, au moins un peu, ces Messieurs eux-mêmes ?

*

à suivre

Devant la grille de Van Gogh

Elle est musulmane, elle est noire, elle a seize ans, deux types l’agressent violemment, lui arrachent son voile, la renversent, la touchent, lui griffent le visage, la traitent de sale pute, sale noire, sale musulmane. Un passant les met en fuite, que serait-il arrivé sinon, dans cette rue déserte où ils l’avaient traînée ? Les grands médias rapportent l’information, le plus souvent en mettant l’accent sur le fait qu’il n’y aurait pas de preuves. Les lecteurs bien-pensants de ces médias, comme chaque fois qu’il s’agit de l’islam, dans leur grande majorité justifient l’islamophobie, tout en la niant. Nous sommes dans la continuité de Charcot à la Salpêtrière, lui-même dans la continuité de Cuvier et de la masse devant la « Vénus hottentote » – voir ma note précédente, en attendant la suivante, sur Charcot encore, et cette fois l’hystérie masculine.