Icône vivante

 

Mon coeur, mon amour, mon Poème,

ma beauté, ma douceur, ma fantaisie,

ma drôlerie, mon drame, ma vie,

mon Étrange, mon Témoin de la vie qui nous vient d’où nous ne savons pas,

mon énigme, mon trésor extraordinaire, mon don du ciel,

toi qui nous donnes à Le voir en nous faisant tomber par terre comme l’apôtre,

toi dont le regard nous regardant troue le monde,

y troue le petit passage par où nous faufiler pour entrer dans la voie de l’amour absolu,

mon enfant venue habiter avec moi par un rêve il y a si longtemps,
c’est toi en moi qui me donnas de tout donner.

C’est pour ça que je sais qu’avec tes frères, avec tes soeurs, vous êtes
les anges qui empêchent le monde de sombrer.
Merci à vous, petits signes lumineux dans les nuits des destins !

 

la vie, vs les veaux en métal fondu

Lumière du matin à la Pitié-Salpêtrière. Un errant fait halte sur la promenade haute. Photo Alina Reyes

 

« Vous, comment auriez-vous la capacité d’avoir la foi, en prenant gloire et pensée les uns des autres, au lieu de les chercher d’auprès du seul Dieu ? »
Évangile selon Jean, chapitre 5, verset 44, dans ma traduction.

Depuis le dix-neuvième siècle, le culte des saints s’est transformé en idolâtrie. La petite Thérèse, qui voulait devenir une grande sainte, est devenue la reine des idoles, dont on promène des bouts d’os en procession. Elle ne savait pas qu’il ne faut pas vouloir devenir saint, mais aspirer à la sainteté non pour la sainteté mais pour la dépasser dans l’union avec le Ciel. Ce phénomène d’idolâtrie continue de gangrener le catholicisme, qui compte de moins en moins de grands saints et de plus en plus de saints mineurs – combien Jean-Paul II en a-t-il inventé ?, lesquels sont proposés à l’idolâtrie sans yeux de faux croyants de plus en plus nombreux, quand la vrai foi est de plus en plus rare.

Je ne vois pas d’idolâtrie autour de François d’Assise, de Thérèse d’Avila ou des Pères. Le culte d’une multitude de saints dans le passé n’était pas non plus une idolâtrie au sens moderne du terme, avec le sentimentalisme stupide et dégoulinant qu’elle comporte, corollaire d’une haine secrète et violente à l’égard du Chemin, de la Vérité et de la Vie.

Le Christ renvoie toujours au « seul Dieu » et toujours se dérobe à tout ce qui voudrait faire de lui, si peu que ce soit, une idole. D’où son problème avec les hommes.

L’homme en union avec le Ciel se voile pour Le révéler.

 

L’être, c’est d’aimer

la chapelle Solférino, à Luz-Saint-Sauveur. Photo Alina Reyes

 

Où est l’être ?

En avant.

Où est « mon » être, notre être ?

Où il est, est ce qu’il est.

Notre être est en avant de nous.

Notre être nous fait signe et nous attend en avant de nous. Notre être est notre Dieu humblement et splendidement caché et révélé au coeur du monde.

Quand notre être au coeur de notre coeur se projette au coeur du monde, là est notre être. Dans cette projection qui est à la fois mouvement, sortie de soi, marche mise en route et à venir, vision, promesse. Là, dans ce désir de rejoindre notre être, celui qui non seulement découvre « mon » être mais aussi accueille en son sein l’être de l’autre, et se reçoit dans la lumière, là est l’accomplissement de l’amour.

 

« Au cours d’une vision reçue du Seigneur, l’homme qui me guidait me fit revenir à l’entrée du Temple, et voici : sous le seuil du Temple, de l’eau jaillissait en direction de l’orient, puisque la façade du Temple était du côté de l’orient. L’eau descendait du côté droit de la façade du Temple, et passait au sud de l’autel.
L’homme me fit sortir par la porte du nord et me fit faire le tour par l’extérieur, jusqu’à la porte qui regarde vers l’orient, et là encore l’eau coulait du côté droit.
L’homme s’éloigna vers l’orient, un cordeau à la main, et il mesura une distance de mille coudées ; alors il me fit traverser l’eau : j’en avais jusqu’aux chevilles.
Il mesura encore mille coudées et me fit traverser l’eau : j’en avais jusqu’aux genoux. Il mesura encore mille coudées et me fit traverser : j’en avais jusqu’aux reins.
Il en mesura encore mille : c’était un torrent que je ne pouvais traverser, car l’eau avait grossi, il aurait fallu nager : c’était un fleuve infranchissable.
Alors il me dit : « As-tu vu, fils d’homme ? » Il m’emmena, puis il me ramena au bord du torrent.
Et, au retour, voici qu’il y avait au bord du torrent, de chaque côté, des arbres en grand nombre.
Il me dit : « Cette eau coule vers la région de l’orient, elle descend dans la vallée du Jourdain, et se déverse dans la mer Morte, dont elle assainit les eaux.
En tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre et foisonner. Le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent.
Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »

Livre d’Ézéchiel, chapitre 47, versets 1 à 9, et 12.

 

En hébreu, à l’orient se dit en avant, à l’avant. La prière est le mouvement qui monte vers l’avant, l’orient, d’où monte la lumière. Et l’eau c’est la langue, la langue de la vie, la vie de la langue, la Vie qui va.

 

Joie vive de l’amour

à Saint-Louis de la Salpêtrière, photo Alina Reyes

 

Si rien n’avance, c’est que le monde et ceux qui le suivent ne vont pas dans le bon sens. Ainsi dans Voyage, quand la ville morte va en contresens de la course de la narratrice. Réjouissons-nous, alors, qu’il nous soit rendu impossible d’aller de l’avant dans la mort !

Au pied du mur du vrai, réjouissons-nous de n’avoir plus qu’à rapetisser ! Car nous sommes attendus comme les pâquerettes dans le pré, et nous serons cueillis pour être offerts.

Au coeur des pâquerettes bat, minuscule et énorme, la rose parfumée de leur coeur. Oh, mes lèvres bruissent ! Mon soupir est sourire, mon sourire école où viennent apprendre et s’amuser mes myriades d’enfants. Anges du ciel, livrez-nous encore et encore à la multitude, qu’avec toute petite sainte, tout petit saint, nous ensemencions la vie !

Voyage

 

Corps d’amour

à Notre-Dame de Paris, le choeur (photo Alina Reyes)

 

O mon corps, fleur de fleurissements

sensibles sous ma peau, les brindilles

innombrables de mon sang accourent

aux fourrures des sources de la vie !

Voici mon âme, elle s’avance au front

du ciel, mur bruissant de plumes

qui se fend.

Dans mon coeur monte

la clameur des hommes et des temps

qui me suivent en traîne au lieu de notre joie