Parole de Parole

Paolo Uccello

 

Aujourd’hui est la fête de Notre Dame de Fatima. Depuis quelques jours, je m’intéresse de près à cette révélation privée, qui dépasse en vérité le christianisme, tout en touchant l’Église au cœur. Je cherche quelque chose, voilà ce qu’est avancer, je cherche vivement et doucement, je cherche le sens sur ses chemins, c’est un exode, une extase, une promesse. Rien n’est fini, et tout vient à son heure.

Depuis vendredi je révise Forêt profonde, que nous allons bientôt publier en version numérique. Je l’ai allégé d’une centaine de pages, en coupant çà et là ce qui n’était pas indispensable. C’est un livre qui terrasse le lecteur, avait dit un critique – mais c’est le dragon en l’homme qu’il terrasse. Et après cette cure de minceur et de jeunesse, il sera plus terrassant encore. Comme fut terrassé saint Paul.

Ce matin une palombe bleue est venue par trois fois se poser au bord de ma fenêtre, en me regardant. Ensuite elle s’envolait, je regardais ses ailes se déployer dans la lumière, ses petits cris déchirant l’espace. Puis le ciel a parlé, avec une voix de basse. Plus tard j’ai marché dans la ville, bienheureuse dans le souffle léger du vent.

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Septième sceau, septième sens

L'archange Saint-Michel, pourfendeur du mal. Son nom signifie : Qui est comme Dieu ?

 

Lorsque l’affaire du séquestreur de femmes a été révélée, j’ai entendu un jeune homme de dix-sept ans demander : est-ce qu’il y a encore la peine de mort, dans cet État ? Le type se prénomme Ariel, comme l’ange déchu, la cité fautive dans Isaïe ; et son nom, Castro, a quelque chose à voir avec la castration. Les prénoms et noms de ses victimes sont parlants aussi. La première, Amanda Berry, évoque doublement le fruit. Michelle Knight évoque doublement les combats de l’Apocalypse, avec les cavaliers et l’archange Michel. Quant à Gina DeJesus, son prénom, issu du latin Regina, signifie Reine (appellation de la Vierge) – ou bien, en celte, Douce, Claire – et son nom parle de lui-même. Finalement les voici libérées, mais non sans que le ciel ne nous fasse signe.

David Bowie sort un clip, censuré quelques heures après par Youtube (qui n’en avait pas fait autant pour le film insultant le Prophète de l’islam), mettant en scène des ecclésiastiques et des filles à moitié nues dans une espèce de bar de nuit. La musique est de la soupe, l’esthétique satano-sulpicienne vieillotte et ridicule. Le diable inspire des œuvres médiocres même aux bons artistes. Médiocres et mensongères. La réalité du scandale sexuel dans le clergé, c’est la pédophilie, voire les petites affaires des « réseaux gays ». La fréquentation des prostitué(e)s est certes monnaie courante, si je puis dire, mais a priori elle est destinée à leur apporter de l’aide, comme aux autres pauvres dont l’Église prend soin. S’il arrive que la relation s’inverse, et que c’est le ou la prostituée qui prend soin du membre du clergé, cela se passe certainement d’une façon bien plus ordinaire que dans la fantasmagorie convenue du clip. Mais un homme possédé par le mauvais ne voit rien de l’humain, rien d’autre que sa propre face défigurée qu’il prend pour l’universelle et répétitive réalité.

Le fruit renseigne sur l’arbre, et l’arbre sur le fruit à venir : c’est un enseignement simple et clair, à condition d’être en mesure de jouir sainement de ses cinq sens pour pouvoir distinguer par le goût, la vue, l’odorat, le toucher, l’ouïe, ce qui est vraiment mauvais, et ce qui est vraiment bon. Car il n’est de sixième sens que parce qu’il est précédé de cinq autres. Voilà le septième sens.

 

Allons de l’autre côté

 

Je me suis levée tôt pour prier, puis comme j’étais très fatiguée je me suis rendormie. J’ai bien fait, car m’est venu un rêve somptueux. J’étais en voyage, de passage dans un pays semblable à la Mongolie. Pour entrer à la mosquée, qui était aussi la Grande Mosquée de Paris, je faisais mes ablutions avec d’autres dans un espace labyrinthique profondément paisible, puis je me voilais d’un voile blanc transparent tendu sur mon front et surmonté d’un tissu, ou d’une capuche, rouge à pourpre, montant librement élaboré. Je gardais cette coiffure à la sortie de la mosquée, qui se trouvait à la fois dans les vastes espaces où l’on monte à cheval et dans la blancheur lumineuse du Jardin des Plantes légèrement enneigé. Je traversais un palais, accompagnant un moment en chemin son propriétaire terrestre désemparé, tandis que tout devenait céleste, que le palais de la mort se changeait en palais de la lumière, que se formait dans l’invisible l’union des bienheureux, en marche et en repos vers un nouvel espace, un nouveau jardin, un pays encore jamais vu, où, à la sortie du palais, se poursuivait le voyage.

 

 

Las armas secretas

 

Voici le texte de la 10ème « prophétie de Jean XXIII », dans laquelle certains ont lu la renonciation de Benoît XVI et l’annonce que son successeur pourrait s’appeler Albert.

 

Ton règne sera grand et bref. Père, il sera bref mais il te mènera loin, dans la lointaine terre où tu es né et où tu seras enseveli.

A Rome ils ne voudront pas te donner.

Et il y aura un autre Père, avant que tu sois enseveli, pour prier loin pour toi, pour les blessures de la Mère.

Mikail et Jean descendront sur terre.

Les urnes ouvertes dans les lieux secrets sous le trésor et seront découverts les pas du premier homme.

Le grand frère d’Orient fera trembler le monde par la croix renversée sans les lis.

Le nouveau Père ira vers lui mais laissera la Mère orpheline.

Mais auparavant par ses paroles de vraie science le secret de l’arme qui détruit les armes. Temps de paix, alors, et sur la haute pierre sera le nom d’Albert.

 

Si celui qui s’appelle maintenant François avait eu pour prénom Alexandre, par exemple, on eût pu penser que la prophétie se réalisait en accolant la première syllabe de son prénom à celle de son nom, Bergoglio. Ce n’est pas le cas, mais cela ne signifie pas que la prophétie a tort. L’univers de la parole a sa logique, même quand elle reste secrète.

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