Guyane. « La loi de la jungle », documentaire de Philippe Lafaix

L’orpaillage en Guyane produit un effroyable désastre humain, sanitaire, politique, écologique. D’après les témoins, le scandale dénoncé par cet excellent et courageux documentaire est malheureusement toujours d’actualité.


Doc La loi de la jungle par fanstes
Texte de présentation :
Chronique d’une zone de non droit : la Guyane française
Documentaire de Philippe lafaix – 2003 – 52 mn

Prix du documentaire Festival international du film de l’environnement – Paris. Prix du meilleur film pour les droits de l’homme CinéEco – Portugal, alors pourquoi cet excellent documentaire n’a été retenu par aucune grande chaîne ? sans doute parce qu’il a été mis « sur liste noire » comme le dit L’Humanité, sans doute qu’il dérange.
Des frontières passoires dans une forêt équatoriale incontrôlable.
Une ruée vers l’or qui dégénère en Far-west tropical.
Des ressortissants brésiliens réduits en esclavage sur des sites d’orpaillage clandestins.
Les témoignages exclusifs de quatre survivants atrocement torturés.
Le premier procès en France depuis la guerre 39-45 pour tortures et actes de barbarie attribué à une organisation.
Des forêts et fleuves partout éventrés. Une contamination massive par le mercure (12 tonnes par an!) de toute la région (le pays des mille fleuves!) qui décime les Guyanais dont les derniers Amérindiens français.
Et tout cela se passe dans le plus grand département Français : la Guyane française!
Un documentaire d’une force exceptionnelle, un constat lucide et un véritable pavé dans la mare.

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« Walden ou Vie dans la forêt », de Thoreau (passages, dans ma traduction)

thoreau-walden-cabanela cabane de Thoreau dans la forêt

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Suivez votre génie d’assez près, et il ne manquera pas de vous montrer une perspective neuve à chaque heure. Les travaux ménagers étaient un plaisant passe-temps. Quand mon sol était sale, je me levais de bonne heure et, transportant tous mes meubles dehors dans l’herbe, lit et literie avec, je jetai de l’eau sur le plancher, le parsemai de sable blanc de l’étang, puis le frottai avec un balai jusqu’à ce qu’il soit propre et clair. Et à l’heure où les villageois prenaient leur petit-déjeuner, le soleil avait suffisamment séché ma maison pour que je puisse m’y réinstaller, et ma méditation était quasiment ininterrompue. C’était agréable de voir tous mes meubles et mes affaires dehors dans l’herbe, en tas comme le ballot d’un bohémien, et ma table à trois pieds, d’où je n’avais pas retiré les livres, la plume et l’encre, qui se tenait au milieu des pins et des noyers. Eux-mêmes avaient l’air contents d’être dehors, et pas pressés d’être rentrés. J’avais parfois envie de tendre un auvent par-dessus et de m’installer là. Ça valait le coup de voir le soleil briller sur toutes ces choses et d’entendre le vent souffler librement dessus. Les objets les plus familiers apparaissent tellement plus intéressants dehors que dans la maison. Un oiseau se tient sur une branche à côté, une immortelle pousse sous la table, des ronces s’enroulent autour de ses pieds ; des pommes de pin, des bogues de châtaigne, des feuilles de fraisiers jonchent le sol. On dirait que c’est la façon dont ces formes se sont transférées dans nos meubles, tables, chaises, lits, – parce qu’un jour ils se sont tenus au milieu d’elles.

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L’innocence et la bienfaisance indescriptibles de la nature – du soleil, du vent, de la pluie, de l’été et de l’hiver – quelle santé, quelle réjouissance ils procurent continuellement ! et quelle sympathie ont-ils toujours eue avec notre race, que la nature entière serait affectée, que la lumière du soleil faiblirait, que les vents pousseraient des soupirs humains, que les nuages pleuvraient des larmes, que les bois perdraient leurs feuilles et prendraient le deuil en plein été, si jamais quelque homme avait du chagrin pour une juste cause. Ne suis-je pas en intelligence avec le monde ? Ne suis-je pas moi-même en partie feuilles et terreau végétal ?

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Chaque homme contemple avec affection son tas de bois. J’aimais avoir le mien devant ma fenêtre, et plus il y avait de bûches, mieux je me rappelais mon agréable travail. (…)

Je laissais parfois un bon feu quand j’allais me promener, les après-midi d’hiver. À mon retour, trois ou quatre heures plus tard, il était toujours vivant et ardent. Ma maison n’était pas vide quoique je fusse parti. C’était comme si j’avais laissé une joyeuse gouvernante derrière moi. C’était moi et le feu qui vivions ici, et communément ma gouvernante s’avérait digne de confiance.

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