offrande

Photo Alina Reyes

 

Mes mains sont devenues des fleurs,

le jardin que je porte en offrande,

traversant bienheureuse toutes les galaxies,

de maison en maison, de loin en proche.

Elles me saluent sur mon passage,

esquissent des sourires, joyeuses

comme des petites danseuses à respirer

la fraîche odeur des roses et des herbes.

Mes mains avancent devant moi, tendues,

et je les suis. Elles remontent la travée

des âges, des siècles, des instants,

chargées de leur précieux trésor, la création

entière, ses cieux, ses astres, ses océans,

ses terres, ses bêtes et puis ses hommes.

Mes mains qui nous transportent avancent vers l’autel

et mon amour Le voit, vivant, ses mains tendues.

 

lumière

tout à l'heure au square. Photo Alina Reyes

 

Voici la manne nouvelle, rouge manger de pétales

du ciel descendant vous ouvrir la voie claire.

Le temps est blanc, sentez-vous battre

sa porte en votre coeur ? Dans son secret

le vent doucement la tourmente, qu’elle laisse

passer le sang qu’il pulse de son autre côté.

Ici, paisible fleuve de lumière, l’amour

tout bruissant d’yeux, de silence et de joie,

geste et parole, pain de vie,

monte, attend et vient en ceux qui le reçoivent.

 

flamme

Photo Alina ReyesPhoto Alina Reyes

Être chrétienne, c’est pour moi pouvoir être aussi juive et musulmane. Je ne dis pas pour tous, loin de là. Il serait très dangereux de penser que cet être est aisément accessible. Presque personne au contraire ne peut le comprendre, car il faut d’abord pour cela faire un parcours très profond, puis ne jamais s’arrêter car il n’est jamais fini. Mais telle est justement la profondeur du christianisme. Il ne s’agit pas de confondre les religions en une seule, pas du tout. C’est aussi impossible que de vouloir faire des mathématiques, de la physique et de la musique une seule science ou un seul art. Il s’agit de comprendre que l’unique chemin qui va au Dieu unique, le Chemin, la Vérité et la Vie, tout entier contenu dans le Christ puisqu’il se définit lui-même ainsi, est aussi un chemin en trois dimensions, les trois monothéismes. Il faut comprendre que chacun a sa langue. L’hébreu, le grec, l’arabe sont les signes respectifs de trois autres langues, trois langues invisibles, par lesquelles Dieu parle. On ne peut pas lire le Coran comme on lit la Bible, on ne peut pas lire l’Évangile comme on lit la Torah, même s’il y a des passerelles et des correspondances entre les textes, et même un lien de génération entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Chacun des trois dit Dieu dans sa propre langue, comme les mathématiques, la physique et la musique forment trois langages différents mais également de vérité. Le relativisme n’a rien à voir dans cette question. On ne peut tout simplement pas les comparer.

Voyage est là pour en témoigner, et c’est juste un début. Si seulement les hommes pouvaient se délester un instant de leurs pesantes combines pour accueillir la grâce, ils ne voudraient plus rien connaître d’autre, et la joie se répandrait dans le monde comme une flamme, une envolée de papillons.

 

entrée

Photo Alina Reyes

 

Je vous tresserai dans la chevelure du ciel
un manteau de pluie douce
Je vous ouvrirai mon habit de perles de lumière
Je vous inviterai, mes reines, mes seigneurs,
à la table qu’en rêvant de vous je dresse
Mes yeux sont un coffre au trésor, j’écarte les paupières
et je vous vois, corps chamarrés allant par les longues
galeries des glaces et des forêts de l’immense univers
Je suis votre palais, l’enceinte en laquelle vous allez
vous unir dans les plis de mon manteau de flammes
douces comme la pluie je suis le mouvement
du ciel qui se penche et vous ouvre les bras,
la parole qu’il vous envoie, source jaillie
de son être amoureux, fendu au coeur comme une entrée

 

pluie de fleurs montante

Photo Alina Reyes

 

Fleur de la terre, tu pleus vers le ciel.

Il baisse les paupières, un sourire

fait bouger sur ses joues la lumière

et sa pensée, fluant neuve par toute

ouverture du temps libéré, descend

à la rencontre.

Je suis mouillée comme la plante

de mes pieds épousant le chemin

des sources du printemps. L’odeur

puissante de l’amour monte

le long des belles longues jambes

de l’univers, jusqu’en son centre.

La vie vivante est sur le point

de naître !

Rayonnnante beauté, exquise et subversive,

voici qu’elle apparaît, blanche comme une communiante.