Cette peur qui pollue les frocs

Quand C…, une enfant du village, était en troisième, et que je l’avais un peu aidée pour un devoir sur Antigone, je n’avais pas compris qu’elle soit si prompte et acharnée à se placer du côté de Créon, c’est-à-dire du tyran, du patriarche, du chef, du notable – toutes figures de l’ordre établi que ce personnage incarne. Mais elle était seulement comme sont tant d’adultes, même parmi ceux qui s’affichent ou se veulent affranchis. Que le choix entre la vérité et le mensonge se présente pour de bon, et les voici tous derrière le mensonge, à trahir la vérité et à essayer de la soumettre aux représentants de l’ordre établi. Parce qu’ils ont peur, si peur. Si peur du risque d’avoir à regarder la vérité en face. Voilà où dominants et dominés se retrouvent unis : dans la peur. Dans la mort, disent-ils souvent. Mais non, ce n’est pas la mort : c’est la peur qui les unit, qui les fait se serrer les coudes dans les situations extrêmes. La peur dans laquelle sont taillés les esclaves.

Les dominants et les institutions grâce auxquelles ils dominent sont des hyènes, pleines de peur et exploitant la peur, la mort. Se servant des vivants et se servant des morts, les bafouant également, sachant détourner et abîmer même les héros. Leurs ventres sont pleins de mort que jamais ils ne transforment en beauté ni en grâce, seulement en merdes, en merdes souvent déguisées en nourritures, dont ils polluent et empoisonnent le monde.

Que ceux qui veulent vraiment faire quelque chose de bon et de bénéfique le sachent bien : collaborer avec ceux qui œuvrent en se dissimulant, avec les hypocrites, les manipulateurs, les menteurs, les corrompus, les abuseurs, ne ferait que dévoyer leur projet, jusqu’à en faire une œuvre maléfique. Cela se produit sans cesse, depuis le début des hommes, car tant d’hommes sont faibles. Si le monde est encore debout, c’est qu’il y a eu suffisamment d’hommes droits et courageux pour contrer l’avancée du mal, refuser la compromission fatale, choisir toujours le chemin de la vie en vérité, quelles que soient ses difficultés.

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Banalité du mensonge

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Clotho, par Camille Claudel. Cette fileuse emmêlée de son fil n’est-elle pas une figure de la « mère du Poëte » ?)

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Feuilletant Camille Claudel, livre de Reine-Marie Paris (éd. Gallimard), je ne suis pas étonnée d’y trouver une mécompréhension et une incompréhension totales de l’œuvre de l’artiste, mais je ne m’attendais pas à y trouver tant de haine jalouse envers l’artiste. « Dans ma famille, nous n’en parlions pas », a-elle déclaré à un magazine féminin qui lui demandait « Qu’est-ce que cela fait d’être la petite-nièce de Camille Claudel ? » Ajoutant : « la folie était un sujet tabou ». La folie, vraiment ? Ou le fait d’avoir fait enfermer une femme pendant trente ans, alors même que les médecins préconisèrent à plusieurs reprises sa libération, parce qu’elle jetait la honte sur une famille bourgeoise, avec sa vie libre (cf Camille Claudel persécutée) ? Le livre de la petite-nièce prend la suite et le parti de la mère haineuse de Camille, qui fait irrésistiblement penser aux vers de Baudelaire :

Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,

Le Poëte apparaît en ce monde ennuyé,

Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes

Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :

« Ah ! que n’ai-je mis bas tout un nœud de vipères,

Plutôt que de nourrir cette dérision !

Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères

Où mon ventre a conçu mon expiation ! »

Dans ces pages hypocritement à charge contre la sculptrice de génie, décrite comme « hommasse » (avec photo désavantageuse à l’appui en ouverture du livre et La folle de Géricault en illustration), la bien-comme-il-faut Paris justifie l’internement de l’artiste, insiste et s’en félicite, citant un dossier médical partiel et partial – où ne figure pas notamment la note du médecin qui n’avait même pas été informé par la sainte famille que « Mlle Claudel » avait « réellement » eu une relation avec « M. Rodin », et croyait donc qu’elle fabulait. Oui, il fallait occulter ce scandale, et on voit que ce n’est pas fini.

La passion du mensonge, de la déformation de la vérité, est un mal souvent délibéré, mais peut-être plus souvent encore inconscient, d’où sa banalité. J’y songe en lisant, dans l’intelligente biographie de Marie Curie par sa fille Ève, cette remarque suivant l’attribution de leur prix Nobel :

« Nous touchons ici à l’une des causes essentielles de l’agitation de Pierre et de Marie. La France est le pays où leur valeur a été reconnue en dernier lieu, et il n’a pas fallu moins que la médaille Davy et le prix Nobel pour que l’Université de Paris accordât enfin une chaire de physique à Pierre Curie. Les deux savants en éprouvent de la tristesse. Les récompenses venues de l’étranger soulignent les conditions désolantes dans lesquelles ils ont mené à bien leur découverte, conditions qui ne semblent pas près de changer.

Pierre songe aux postes qui lui ont été refusés depuis quatre ans, et il se fait un point d’honneur de rendre hommage à la seule institution qui ait encouragé et soutenu ses efforts, dans la pauvre mesure de ses moyens : l’École de Physique et de Chimie. »

Suit un extrait d’une conférence prononcée par Pierre Curie à la Sorbonne, au cours de laquelle il rend un hommage appuyé au directeur de l’école, Schutzenberger, « un homme de science éminent » : « Je me rappelle avec reconnaissance qu’il m’a procuré des moyens de travail, alors que j’étais seulement préparateur ; plus tard, il a permis à Mme Curie de venir travailler près de moi, et cette autorisation, à l’époque où elle a été donnée, était une innovation peu ordinaire ». Pourquoi donc a-t-il fallu que l’industrie théâtrale, puis cinématographique, ridiculise avec Les palmes de M.Schutz cet homme qui fut le soutien honnête, précieux et courageux des Curie ? Par facilité, bien sûr. Et pour abêtir le sujet en se groupant avec ceux que le « Poëte » – la Vérité – épouvante.

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L’incroyable et effroyable livre de l’abbé Wiel d’Outreau

« Je ne dirai jamais que j’ai violé un enfant », a-t-il dit dès le début aux enquêteurs. Non pas : « Je n’ai jamais violé un enfant » mais « Je ne dirai jamais que je l’ai fait ». Ce pourrait être le titre de son livre, écrit avec la collaboration du journaliste Lionel Leroy, et qu’il a intitulé Que Dieu ait pitié de nous. La thèse du livre : les enfants n’ont jamais été violés par quiconque, tous les accusés sont innocents. Thèse négationniste, puisque la réalité des viols, après avoir été avouée puis récusée par nombre d’accusés, a été reconnue et continue de l’être par les quatre condamnés restants – et la justice a reconnu victimes douze enfants.

Malgré cette obsession négationniste, le livre comporte des contradictions manifestes. Tantôt il mentionne les allées et venues dans l’immeuble et les connexions entre voisins et appartements, tantôt il prétend que les Delay ses voisins de palier étaient complètement isolés et ne recevaient jamais personne. Sans cesse il dit et répète que personne n’a violé nul enfant, et puis ailleurs, au détour d’une phrase, estime que les accusés dans leur « écrasante majorité » étaient innocents.

Dès la troisième page, Wiel rend hommage aux Lavier ses autres voisins, un couple récidiviste qui après avoir été acquitté a été de nouveau condamné plusieurs années plus tard pour maltraitance et violence sur ses enfants – alors que d’autre part une vidéo « familiale » les montrait en train de danser à moitié nus, mimant des actes sexuels et s’embrassant sur la bouche entre parents, enfants, autres membres de la famille ou amis.

Tout au long de son livre, Wiel ne cesse de justifier les adultes – sauf Myriam Badaoui, à laquelle il réserve toute sa rancœur. Thierry Delay, reconnu père violeur et prostitueur d’enfants (et accusé par plusieurs d’avoir même tué au moins un enfant), a toute sa considération. Wiel l’aide à trouver un jardin, le plaint quand sa femme, fuyant ses coups, passe du temps chez une voisine et le laisse seul avec les enfants. Quand le criminel entre dans la salle d’audience en 2005, l’abbé qui ne l’a pas vu depuis un certain temps pour cause de prison, s’émerveille : c’est une « jolie scène », dit-il, qui donne envie d’aller vers lui.

Les enfants sont les grands absents du livre. Ou plutôt ils sont là, omniprésents, mais occultés. Comme s’ils n’étaient que des fantômes. Les enfants dont il fut l’instituteur en Algérie pendant la guerre, dans sa jeunesse. Les enfants des colonies où il fut moniteur à son retour en France. Les jeunes dont il s’occupa après sa formation de prêtre. Les enfants qu’il reçut pendant des décennies à Outreau dans son appartement, dont il avait aménagé le salon spécialement pour eux, avec une table de ping-pong, et qu’il recevait tous les jours jusqu’à dix heures du soir. Et enfin ses petits voisins immédiats, ceux de la tour du Renard, ceux de son palier, notamment les enfants Delay, qui comme bien d’autres l’accusèrent. Tous ces enfants sont mentionnés dans son livre, mais comme s’ils n’étaient que des figurants sans visage et sans nom, à l’arrière-plan de l’histoire, qui reste une histoire faite par et pour les adultes. Sauf que lorsqu’ils se mettent à parler, c’est la catastrophe. Ils mentent, martèle l’abbé Wiel. Les femmes aussi mentent, ou du moins déforment la langue, quand il leur arrive de dénoncer des viols sur leurs enfants. Chaque fois l’abbé a cette réplique : « Pardon ? » Puis il explique que ces dénonciations ne sont qu’une façon de parler, ou une élucubration.

Le problème est que des adultes reconnaissent les faits. Pour ceux qui se sont ensuite rétractés, il est aisé de dire qu’ils ont parlé inconsidérément. Mais comment justifier que quatre d’entre eux aient avoué sans se dédire ? L’abbé Wiel a trouvé une explication hallucinante. Il la répète à deux moments de son livre : les adultes ont inventé avoir violé les enfants pour ne pas avouer qu’ils avaient eu « une partie à quatre » entre adultes, où les enfants étaient présents mais sans qu’on les ait fait participer. Le prêtre raconte avoir vu un soir descendre les Delay, accompagnés de leurs enfants, chez leurs voisins. C’est là qu’il situe cette « partie à quatre » qu’ils auraient voulu cacher en inventant des viols d’enfants. Ainsi donc, dans la tête de l’abbé Wiel, des viols d’enfants seraient moins honteux et moins risqués à avouer qu’une partie de sexe entre adultes ? On voit le gouffre où conduit une telle disposition d’esprit. Le terrible, c’est le sexe entre adultes. Mais avec les enfants, ça ne compte pas.

Dès lors, en effet, pourquoi en parler ? « Je ne dirai jamais que… » Pour sauver sa peau, l’abbé Wiel réitère ses accusations contre les enfants, enfonce et enfonce les clous : ils ont menti. Pour sauver sa peau l’abbé Wiel sacrifie la vérité, et la dignité et l’intégrité des enfants avec. De cela au moins, sans contestation possible, il est coupable.

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« Milena Jesenska et Franz Kafka, Nus devant les fantômes » (11)

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Ce n’est pas moi qui t’écris, puisqu’on ne peut écrire qu’avec les mains, avec le corps. Écrire, c’est passer à l’acte, et laisser une trace concrète de cet acte.

Un jour, une femme libre d’écrire me prêtera sa main, et je lui prêterai mon amour de toi pour tracer d’autres signes entre toi et moi, entre nous et ceux qui, ayant survécu à ce qui nous tua, auront conscience d’être des survivants menacés.

Oui, j’ose croire qu’un jour l’une de ces survivantes sera saisie par mon envie impuissante d’écrire, que les phrases inconsistantes emmêlées dans mon cerveau en sortiront comme des colonnes de fourmis pour aller s’installer dans sa chair, descendre le long des veines de son bras et s’aligner sur du papier. Pourquoi ne le croirais-je pas ? Ne connaissons-nous pas, toi et moi, le pouvoir magique de l’écriture ?

Je me souviens d’une des dernières lettres que tu m’écrivis deux ans avant ta mort. Comme les lettres arrivaient maintenant chez moi, où Ernst risquait de les trouver, tu m’appelais alors Chère Madame Milena, et tu avais recommencé à me dire vous. Quelle tristesse, n’est-ce pas ? Si tu prenais cette distance, c’était aussi parce que l’amour entre nous était resté si vif qu’il rendait nécessaires ces précautions : ne presque plus se voir, éviter de demander trop de nouvelles l’un de l’autre à nos amis communs, ne presque plus s’écrire… Et quand il devenait inévitable de le faire, tenter désespérément de se prémunir contre cette sorcellerie épistolaire

Dans cette lettre, tu me parlais d’un ami avec lequel tu ne correspondais plus depuis longtemps, et auquel tu avais pensé la nuit précédente. Ces heures de nuit, qui me sont si précieuses à cause de leur hostilité, je les ai employées à lui écrire dans ma tête une lettre où je ne cessais de lui répéter sans fin avec les mêmes mots des choses qui me paraissaient d’une extrême importance. Et, de fait, j’ai reçu de lui une lettre ce matin.

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À force de t’écrire dans ma tête, cher Franz, de te répéter, avec les mêmes mots, les mêmes choses que tu sais déjà et qui ne m’en apparaissent pas moins importantes, peut-être recevrai-je une dernière lettre de toi ? Même si nous savons tous les deux ce que tu pensais de ce genre d’échange dont nous étions comme drogués :

Écrire, c’est se mettre nu devant les fantômes ; ils attendent ce moment avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route. C’est grâce à cette copieuse nourriture qu’ils se multiplient si fabuleusement. L’humanité le sent et lutte contre le péril ; elle a cherché à éliminer le plus qu’elle le pouvait le fantomatique entre les hommes (…) l’adversaire est tellement plus calme, tellement plus fort ; après la poste il a inventé le télégraphe, le téléphone, la télégraphie sans fil. Les esprits ne mourront pas de faim, mais nous, nous périrons.

Comment avons-nous pu, nous, Tchèques, Allemands, Européens, laisser se dresser ces autres fantômes qui bientôt allaient nous chasser de notre propre histoire pour nous anéantir ? Et comment aurions-nous pu les chasser avant qu’ils n’eussent pris notre place d’humains, avant qu’il ne fût trop tard ?

Les fantômes erraient autour et à l’intérieur de Prague bien avant ma naissance, et j’eus très tôt dans mon enfance l’occasion d’éprouver leur terrible menace. C’était un dimanche matin. Comme tu le sais, chaque semaine les Tchèques et les Allemands de la ville se retrouvaient sur le Graben, chacun d’un côté. De nos fenêtres, nous assistions à ces rassemblements rituels. Parfois l’un et l’autre groupe se contentaient de flâner, séparés par la largeur d’une rue. Mais souvent la tension montait, étudiants allemands et tchèques se jaugeaient, s’invectivaient, sur le point de s’affronter. Tu as connu quelque chose de semblable au début des années 1890 déjà, quand les enfants de l’école tchèque qui faisait face à ton école primaire, sur le marché aux Bouchers, traversaient la rue pour venir se battre avec vous, pour la plupart petits juifs de langue allemande, et donc ennemis tout désignés.

Ce dimanche matin-là, j’étais trop jeune pour comprendre ce qui était en train de se passer, mais je garde un souvenir très vif du profond sentiment d’inquiétude qui m’envahit alors. Les « Allemands », c’est-à-dire les étudiants germanophones, arrivèrent soudain en rangs serrés et disciplinés d’un bout de la rue. On aurait dit une armée, ils avançaient en chantant, leur pas cadencé résonnait, leurs casquettes bariolées dansaient dans la lumière. De l’autre côté, surgirent les Tchèques. Eu aussi, au lieu de leur trottoir habituel, occupaient toute la rue, et marchaient, déterminés, vers l’autre troupe. Je l’ai raconté dans Pritomnost : Ma mère qui se trouvait à la fenêtre avec moi me serra la main (…) Dans les premiers rangs des Tchèques qui approchaient, il y avait mon père.

La police déboucha d’une autre rue et s’interposa entre les deux groupes prêts à se rejoindre. Face à face, ils continuaient à avancer. Les Tchèques se trouvèrent bientôt aux prises avec la police. Confusion, coups de feu, une clameur aiguë monta de la foule. En quelques instants, le Graben fut déserté. Il ne restait que les policiers, arme à la main, et debout face à eux, mon père. Calme et droit, il regardait la dépouille d’un homme qui gisait à ses pieds. Quand il se pencha vers le corps, ma mère me prit dans ses bras et me serra contre elle. Elle pleurait.

C’est ainsi que dans les chants, les cris et le sang, se délitait sous nos yeux le vieil empire autrichien, mosaïque de nationalités, de langues, de cultures et de religions diverses, qui paralysait toute velléité d’indépendance par un absolutisme arc-bouté sur la bureaucratie, la police, l’Église et l’armée.

J’ai dit un jour qu’un article politique doit être écrit comme une lettre d’amour. J’ajouterais aujourd’hui qu’une lettre d’amour doit aussi être politique. Ce qui ne signifie pas, bien sûr, qu’elle doive parler de politique. Mais si une lettre d’amour n’est pas porteuses des enjeux politiques les plus élevés, alors elle n’est que vent. « Je t’aime » n’est politique que s’il implique une remise en question de soi et du monde. Partir par amour ; se libérer, se transformer, agir, entreprendre par amour… cela est politique. Le reste n’est que sentimentalisme, sensualité ou conformisme.

Je me rends compte que cette lettre n’est pas seulement une lettre d’amour, Franz. C’est une sorte de puzzle que j’essaie de rassembler, en quête d’un tableau de notre amour. Et c’est aussi une lettre ouverte, comme l’étaient mes articles, car j’ai toujours voulu m’adresser aux hommes et aux femmes dans la perspective d’un échange de réflexion aussi bien que de compassion. Tu es mort, Franz, et je le serai bientôt. Comment pourrais-je n’écrire que pour toi et moi ?

Au-delà de toi, j’adresse cette lettre aux vivants, pour les inviter à te lire, à creuser avec nous jusqu’aux racines de notre histoire commune – la petite et la grande histoire -, enfin à m’aider à assembler le puzzle, afin que nos efforts ne restent pas lettre morte.

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à suivre (voir principe en première note de la catégorie)

L’Église et la justice, deux institutions protectrices de la pédocriminalité

Sous le choc en apprenant que Michelle Martin-Dutroux, kidnappeuse d’enfants, violeuse d’enfants, bourreau d’enfants séquestrés, meurtrière d’enfants, après avoir obtenu, grâce à un couvent qui a offert de l’héberger, de sortir prématurément de prison – au bout de huit ans, sur les trente auxquels elle était condamnée – et après avoir organisé son insolvabilité pour n’avoir pas à indemniser les victimes,

sous le choc en apprenant que cette ordure, après tant de traitements de faveur, est maintenant hébergée par un ancien juge, qui a aménagé pour elle trois pièces au premier étage de sa maison – et qui parle de lui et d’elle comme « prince et princesse ». Princes de ce monde, comme on appelle le diable, le mal.

Comme dans l’affaire d’Outreau, l’affaire Dutroux a été jugée de façon à enterrer un grand nombre de faits et d’impliqués. L’existence manifeste d’un réseau a été niée, on a conclu au pédocriminel isolé. Le silence des pires meurtriers est ce qui se vend et s’achète le mieux.

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