Un nouveau livre numérique : Forêt profonde

Forêt Profonde est ICI

 

« Il y eut aussi dans toutes les banlieues du pays ces trois semaines d’incendies de voitures qui mirent le feu aux médias, tous aussi avides d’ événements et de prémices de fin du monde, blogueurs et journalistes également excités par la possibilité d’une auto-destruction qu’ils n’osent accomplir eux-mêmes, pas plus que les racailles  des cités, les uns et les autres se tendant confusément le miroir sans oser se regarder face à face, espérant la sentence de leur dieu quel qu’il soit, quelque figure qu’il prenne, mais n’appelant par leurs actes ou leurs écrits que les misérables sanctions de la police à bottes ou de la police à parole, l’une et l’autre comme toujours, comme sempiternellement, dédiées au retour de l’ordre bien-pensant.

Que se passa-t-il ? Le bon Français ronflait et râlait sur ses lauriers fanés. Des barbares sans parole commencèrent à pulluler et à incendier, et des petits blancs morts-nés dans leur bouillon de culture se mirent à puruler, pousser des cris de chouette effraie sur le péril bronzé. Alors qu’ils sont eux-mêmes la décadence incarnée, confits de lettres aussitôt mortes qu’ingérées par leur organisme malade, et tout aussi embourbés que les barbares dans leur impuissance, leur sexe honteux, leur besoin d’argent, leur dépendance à une quelconque drogue, leurs dérapages violents, leur mal-être chronique, leurs appels dérisoires à des valeurs traditionnelles, leur manichéisme stupide, leur réflexe primaire d’en découdre, leur fantasme de se sentir enculé et d’enculer en retour, leur foi mauvaise, leur haine de la vie, de la joie, de l’amour, leurs pulsions de meurtre, leur désir d’en finir avec eux-mêmes, avec l’ennemi… »

Le geste de Dominique Venner, suicidé cet après-midi derrière l’autel à Notre-Dame de Paris, résonne comme un écho de ce désir dénoncé dans Forêt profonde, ce désir d’en finir avec soi-même et avec l’ennemi, résonne en écho tragique de tout Forêt profonde. Ce roman où la narratrice habite dans Notre-Dame à la fin du « temps des Ruines », d’où elle voit se construire les minarets autour du Sacré-Cœur. Ce roman qui est tout entier une charge et une peinture de l’état de la France et des causes qui l’ont conduite à cet état, la trahison et la débâcle des intellectuels et des politiques, figurés par le personnage de Sad Tod – et la perte du peuple, figuré par la narratrice. Il semble que Dominique Venner avait le même souci de la chute en train de s’accomplir. Son livre à paraître en juin porte en couverture une œuvre de Dürer que j’avais insérée à la page 19 de l’édition papier de mon livre : Le Chevalier, le Diable et la Mort. Pour la couverture, j’avais choisi La chasse dans la forêt, de Paolo Uccello, et D. Venner est l’auteur d’un Dictionnaire amoureux de la chasse. Tout cela compte, comme compte le fait que Forêt profonde ait été publié par Pierre-Guillaume de Roux, l’éditeur de D. Venner. Mais la réaction de D. Venner au constat de décadence était tout à fait différente de la mienne. Était même à l’opposé de la mienne, du moment qu’il était existentialiste et heideggerien, alors que je n’ai cessé, dans Forêt profonde puis dans Voyage (qui paraîtra dans quelques jours) de dénoncer les conséquences de l’existentialisme et du nihilisme fondamental de la philosophie d’Heidegger, si intéressants soient ses écrits.

Forêt profonde est un texte rude, qui débusque le mal dans ses retranchements, mais c’est un texte qui terrasse le mal, le désespoir, la mort. Et finalement, comme l’écrivit Pierre-Guillaume de Roux : « une montée, une élévation ; mieux, une assomption ».

Forêt profonde

 

Les sans-Vrai

 

Tricheur, la fille ou la femme pour et contre laquelle tu te débats n’existe pas ailleurs qu’en toi. Quelque part au fond, c’est toi la fille que tu veux tout à la fois dominer et coming outer. Mais en vérité, tu n’as pas d’enfants – seulement d’autres tricheurs dans ta suite.

J’entends un dominicain dire des choses déplorables.

Dire que la liberté a quelque chose à voir avec le bricolage, le code de la route, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, dire cela est contraire à l’enseignement du Christ. Et même cela empêche l’accomplissement de l’enseignement du Christ. La liberté c’est d’obéir à Dieu, d’être en Dieu. Voilà la vraie liberté, qui détruit le mal. « Si le Fils vous libère, alors vous serez libres ». Pourquoi ? Parce qu’il connaît Dieu. Qui est ? Le Vrai.

Dire que l’homme doit, d’individu, devenir sujet, et de sujet, personne, dire cela, c’est insulter l’homme. Tout homme, même le plus « simple », est sujet et personne. Des multitudes de croyants, mais aussi d’hommes sans religion, savent cela. Si un religieux l’ignore, si en lui l’homme est à ce point dégradé, comment attirerait-il les hommes à la religion ?

Et enfin, comment un prêtre qui prétend que ce n’est pas dans les églises qu’il faut agir attirerait-il des hommes dans les églises ? La liturgie, si elle est réel acte de foi, ne sait-il pas qu’elle ouvre aux hommes le ciel, où les anges la vivent en même temps, comme le dit un imam un jour à la mosquée ? Et il était si clair, là, en le vivant, que c’était Vrai.

 

Septième sceau, septième sens

L'archange Saint-Michel, pourfendeur du mal. Son nom signifie : Qui est comme Dieu ?

 

Lorsque l’affaire du séquestreur de femmes a été révélée, j’ai entendu un jeune homme de dix-sept ans demander : est-ce qu’il y a encore la peine de mort, dans cet État ? Le type se prénomme Ariel, comme l’ange déchu, la cité fautive dans Isaïe ; et son nom, Castro, a quelque chose à voir avec la castration. Les prénoms et noms de ses victimes sont parlants aussi. La première, Amanda Berry, évoque doublement le fruit. Michelle Knight évoque doublement les combats de l’Apocalypse, avec les cavaliers et l’archange Michel. Quant à Gina DeJesus, son prénom, issu du latin Regina, signifie Reine (appellation de la Vierge) – ou bien, en celte, Douce, Claire – et son nom parle de lui-même. Finalement les voici libérées, mais non sans que le ciel ne nous fasse signe.

David Bowie sort un clip, censuré quelques heures après par Youtube (qui n’en avait pas fait autant pour le film insultant le Prophète de l’islam), mettant en scène des ecclésiastiques et des filles à moitié nues dans une espèce de bar de nuit. La musique est de la soupe, l’esthétique satano-sulpicienne vieillotte et ridicule. Le diable inspire des œuvres médiocres même aux bons artistes. Médiocres et mensongères. La réalité du scandale sexuel dans le clergé, c’est la pédophilie, voire les petites affaires des « réseaux gays ». La fréquentation des prostitué(e)s est certes monnaie courante, si je puis dire, mais a priori elle est destinée à leur apporter de l’aide, comme aux autres pauvres dont l’Église prend soin. S’il arrive que la relation s’inverse, et que c’est le ou la prostituée qui prend soin du membre du clergé, cela se passe certainement d’une façon bien plus ordinaire que dans la fantasmagorie convenue du clip. Mais un homme possédé par le mauvais ne voit rien de l’humain, rien d’autre que sa propre face défigurée qu’il prend pour l’universelle et répétitive réalité.

Le fruit renseigne sur l’arbre, et l’arbre sur le fruit à venir : c’est un enseignement simple et clair, à condition d’être en mesure de jouir sainement de ses cinq sens pour pouvoir distinguer par le goût, la vue, l’odorat, le toucher, l’ouïe, ce qui est vraiment mauvais, et ce qui est vraiment bon. Car il n’est de sixième sens que parce qu’il est précédé de cinq autres. Voilà le septième sens.

 

À propos de l’imposture du Grand Rabbin. Mensonge et Vérité.

peau de serpent trouvée en juillet 2007 dans les ruines de l'église du concile d'Éphèse, à la place de l'autel

 

Jean-Noël Darde, dont on peut lire les différents articles sur les plagiats de Gilles Bernheim sur son blog (plagiats passés sous silence ou minimisés autant que possible par les catholiques, tel Jean-Marie Guénois parlant dans le Figaro de 8 lignes, au lieu de 8 pages plagiées ; et plagiats bien évidemment encore très partiellement démasqués), écrit à propos du fameux texte contre le mariage homosexuel que Benoît XVI cita le 21-12-12, de façon tout à fait inhabituelle mais dictée aussi par des volontés de rapprochement politiques avec les juifs, concourant ainsi grandement à la gloire du Grand Rabbin, comme le fit pendant des décennies sa prétendue agrégation :

Il est en de cette dernière imposture, comme de la précédente concernant l’agrégation de philosophie. Celle-ci aura des conséquences dévastatrices pour la communauté juive comme pour l’église catholique. Elle ne peut que nourrir les mauvais réflexes de part et d’autre,  et ailleurs.  Ces faits  ne pouvaient qu’être connus depuis au moins quelques jours par des responsables importants de la communauté juive, comme au sein de la hiérarchie catholique. Je pense personnellement même depuis beaucoup plus longtemps.

Dans ce type de situation,  le piège se referme très vite sur les crédules qui même une fois informés sont condamnés au silence au prétexte d’éviter le scandale. Une stratégie qui s’avère souvent, cette affaire en témoigne une fois de plus, de courte vue.

Comme le fait remarquer Loïc de Kerimel, dans l’un des passages plagiés de ce texte (plagiés sur des auteurs catholiques, pour se retrouver cités comme une pensée juive par le pape – le serpent se mord la queue), Gilles Bernheim commente le verset 5 du chapitre 3 de la Genèse : « D-ieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ».

Le commente en faisant abstraction du fait qu’il s’agit là d’une parole du serpent.

C’est là tout le problème. Ce n’est pas sur la parole du serpent que nous devons nous fonder.

Cependant ceux qui avec lui ont croqué de cette pomme, au lieu de participer au rachat d’Adam, l’ont conduit à sa seconde mort.

 

La presse nous dit ce matin que dans le plus petit État du monde, on télécharge illégalement, comme ailleurs, des films pornographiques, mais avec une préférence pour les films sado-masochistes. Sad Tod.

 

La parole d’un homme est bonne, ou elle est mauvaise. C’est cela, l’unicité de Dieu, de son Verbe. Certes on trouve du bon dans le mauvais, et c’est ce qui incite à écouter la parole du serpent, et à se laisser séduire par elle. Mais ce bon est mis au service d’une racine et d’un but dévoyés.

On ne trouve pas de mauvais dans le bon. Si on en trouve, comme certains en touvent dans la Bible ou le Coran, c’est qu’on se trompe. Qu’on ne comprend pas le texte d’un point de vue surplombant, d’où son sens apparaît dans son entièreté comme dans la vérité de son détail, qui concourent au seul et même but, et de la seule et même source : la Vérité.

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Les puissances du mal et la puissance de la vie

au jardin alpin du Jardin des Plantes, ces jours-ci, photo Alina Reyes

 

À force de lutter, privée de moyens, parfois je suis fatiguée. Ce matin je me suis recouchée, je me suis rendormie, j’ai fait un rêve où j’étais un homme que d’autres hommes coinçaient dans une cage d’escalier sombre, frappaient contre les murs, frappaient. Rien à faire, je ne travaillerai pas avec l’inversion des valeurs que je porte. Ce que les puissances du mal font dans le monde en ce moment, je le vois bien, car c’est de la même façon qu’elles agissent avec moi, depuis des années.

Les puissances du mal sont malines, comme leur nom le dit. Au nom du féminisme, on instrumentalise des femmes pour semer le trouble dans les peuples qu’on veut dominer, Russes, Européens, Maghrébins… Au nom de l’humanisme, on instrumentalise des associations pour s’insérer parmi les peuples sur le terrain, des trolls pour s’insérer parmi les voix des peuples sur internet, des pétitions en ligne pour s’insérer dans la politique des peuples et réaliser en même temps une intense propagande, qui arrive directement dans des millions de boîtes mail, qui s’étale dans la presse, qui sème la confusion entre le bon et le mauvais tandis qu’à l’arrière-plan on s’emploie à attaquer des monnaies, trafiquer des marchés. La corruption progresse dans les esprits, et notamment les esprits des élites. Le mensonge et la manipulation dans ces milieux règnent au point de paraître ordinaires, même à des représentants des plus hautes autorités morales, qui ne savent plus distinguer entre le vrai et le faux.

Pourtant chez moi, dans notre humble foyer, l’amour, la beauté, l’harmonie règnent. Qu’il en soit ainsi pour chacun de nous, et la vérité vaincra, la vérité a déjà vaincu.

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Jumua. Mon journal du jour

"Kavka" au Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

 

Je suis très affectée d’apprendre que le Grand rabbin de France, Gilles Bernheim, est un plagiaire récidiviste, qu’il emploie des nègres, qu’il a menti pendant des décennies en se prétendant agrégé de philosophie (et major de sa promotion, entre autres détails inventés pour lui donner un brillant éblouissant) – ce qui lui valut une grande partie de son prestige. Parmi les auteurs qu’il aurait plagiés figure Élie Wiesel, qui fut lui-même accusé d’imposture, sans que l’affaire soit bien éclaircie. De même j’ai été triste d’entendre à la télévision un prêtre, Jean-Robert Armogathe, qualifier d’anecdotique l’affaire Cahuzac. Tous ces hommes qui passent pour des références morales, n’ont-ils en vérité aucun sens, ou qu’un sens complètement faussé, du bien et du mal ?

Ailleurs, toujours, sur toutes sortes de sujets, multiples manipulations de l’information, soit par ceux qui la donnent (sur les sites que je lis, qu’ils soient généralistes, musulmans ou chrétiens), et la donnent partielle ou déformée, soit par ceux qui la commentent sous couvert d’identités faussées. Et la bêtise, et la méchanceté. De cette mare pourtant, s’élèvent de temps en temps quelques voix fraîches, surgissent comme des épiphanies des témoignages de vie, si minces souvent, si petits, et justement pour cela porteurs de la plus haute espérance. Le cœur bondit, le ciel est là, tout proche.

Aujourd’hui, vendredi, jour de prière commune à la mosquée. Jumua, bonheur et joie. À la Grande Mosquée, à cause de la multitude de ce jour, ou grâce à elle, nous prions dehors, dans les jardins. De grands tapis de corde sont disposés pour les fidèles. Vers le fond, quand il n’y en a plus, on se partage le tapis ou le tissu apporté par l’une ou l’autre. On prie côte à côte, coude à coude, inconnue à inconnue. C’est très beau. L’imam récite des passages du Coran et prêche, il y a des invocations en commun, comme c’est en arabe je ne comprends pas mais peu m’importe de comprendre à la lettre, je comprends à l’oreille, je suis dans la prière, nous y sommes toutes et tous ensemble, et la mosquée a les dimensions du monde. Quand c’est fini, celles qui ont apporté des dattes, des gâteaux, du café, les distribuent. Générosité vivante et raffinée. Les jardins du paradis.

À la sortie un jeune homme distribuait des prospectus. Il m’en tend un : « Bonjour madame, c’est pour maigrir ». « Ah, vous me trouvez trop grosse ! », je lui dis. Il éclate de rire. « Non, absolument pas ! » Comme j’aime entendre les hommes rire ! et rire de bon cœur.

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