Si le chameau suit le fil assez longtemps, il arrivera si petit à l’horizon qu’il pourra passer par le chas du temps
Si le chameau suit le fil assez longtemps, il arrivera si petit à l’horizon qu’il pourra passer par le chas du temps
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Que la langue déferle à la lèvre de l’être,
Qu’elle abreuve les soifs, qu’elle lave les plaies,
Qu’elle prenne d’amour les hommes et les féconde !
Qu’elle baigne les corps qui s’apprêtent à naître,
Qu’elle ouvre les regards, que montent dans les baies
Les larmes et les chants qui consolent le monde !
Qu’approche le pays dont l’amour est le maître,
Que s’animent les cieux, que vienne la nuée
Nous rendre à la lumière, et que la grâce abonde
Aux bordures du temps où nos yeux se pénètrent.
Luxe de calme et de beauté, ma barque
fend les eaux poissonneuses à profusion,
à volonté, à vif, je suis l’étrave
et mon verbe, ma phrase l’étendue
scintillante au soleil des fruits sauvages
qu’on trouve au printemps dans les bois, des fraises
minuscules qui éclatent entre langue
et palais, pleurant leur joie aux papilles
du jour. Ma barque va, béatitude.
Dans sa travée les milliards de poissons
qu’elle engendre se transportent avec elle,
pont d’étoiles jaillissant de la mer,
dans l’infini des siècles que nous sommes,
milliards de mains entrelacées d’amour.
Neige et foudre hier à Villacoublay
au beau milieu du mois de mai
Il joue, je sens ses mains qui parlent, il danse
à ma fenêtre j’ai vu ses majestueuses
nuées venir, très blanches dans le pur bleu
où je navigue la lumière
règne de la nuit au matin sur Paris,
en plein sourire. Le ciel est
si proche de nous.
Je respire.