Suite à une délirante accusation de pédophilie, le Museum national d’histoire naturelle s’autocensure

Cet après-midi, ouvrant mon ordinateur, je vois sur mon fil twitter une affiche du MNHN pour une conférence intitulée Races : pour en finir avec les fantasmes racistes. Une petite vingtaine de personnes de toutes origines posent debout, nues, côte à côte. Quelques-unes ont un petit enfant dans les bras, nu aussi. Je clique sur la photo, qui me rappelle une affiche précédente du Musée de l’Homme, mais à ce moment même, elle disparaît de l’écran. Quelques instants après, le MNHN annonce que l’affiche ayant choqué, il a décidé de la retirer.

En effet deux twittos, Madame Michu et Père J-B Nadler, ont violemment apostrophé le Museum, l’une demandant :
.@Le_Museumça ne vous dérange pas de mettre des gosses à poil sur vos affiches ?

L’autre ajoutant : @Le_MuseumEt si on en finissait aussi avec vos fantasmes pédo ?

En 1992, l’exposition « Tous parents, tous différents », au Musée de l’Homme, avait donné lieu au même genre d’affiche. La voici :

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Autant que je sache, personne n’y avait rien trouvé à redire, et l’exposition a continué à faire le tour du monde jusqu’à nos jours. L’affiche réalisée pour la conférence était plus pudique que cette première affiche, plus belle aussi d’après mon souvenir – je n’ai pu la voir que quelques secondes avant qu’elle ne disparaisse. C’était une photo soignée, elle a coûté du travail aux gens qui l’ont pensée, à ceux qui ont posé et au photographe qui l’a faite. Elle illustrait ma foi si bien son sujet qu’elle a déclenché ces réactions épidermiques de deux malheureuses personnes, qui ont conduit à la retirer.

Au-delà du scandale de cette auto-censure provoquée, je crois que cette histoire est emblématique, plus que d’une hantise pédophile, de la fantasmatique raciste qu’elle évoque. Ceux qui se sont déclarés si violemment choqués par cette affiche l’auraient-ils été si on n’y avait vu nus que des Noirs, enfants compris ? Il y a un siècle, on les exhibait encore comme au zoo (cf la Vénus hottentote) et nulle bourgeoise ni nul curé ne s’en offusquait. Ce qui les aurait choqués, ce qui peut-être les choque encore, n’est-ce pas de voir l’homme « blanc » présenté à égalité de nature avec l’homme « de couleur » ?

Du juste combat

La Femen russe qui, quoique ne parlant pas français, vient de recevoir son passeport français et sert de modèle à la dernière Marianne sur nos timbres, a déclaré sur Itélé qu’elle accepterait des fonds de n’importe qui, même du diable. C’est bien ce qu’elle fait, comme tous ceux qui prostituent leur âme, c’est pourquoi elle le dit. Le diable, voilà ce qui habite ceux qui soutiennent ces femmes qu’ils réduisent à l’état de femelles souillées et souilleuses en prétendant œuvrer à la libération des femmes : le menteur est un autre nom du diable.

Les Femen, qui agressent chrétiens et musulmans en souillant églises et mosquées – mais jamais les synagogues – sont protégées et promues par les pouvoirs publics français et les médias, tout comme Charlie Hebdo dont les cibles sont les mêmes. J’ai déjà parlé assez longuement de l’enfer où est tombé ce magazine, cent fois plus ordurier que les spectacles de Dieudonné. Le pire est sans doute son traitement des Roms. Mais qui se soucie des Roms ? Certes pas Manuel Valls, qui ne les voit pas comme appartenant à la commune humanité.

Ce qu’on appelle racisme ou antisémitisme dans ce pays n’est bien souvent que la manifestation d’une solidarité ou d’une adversité de classe. Les dominants n’aiment pas leurs victimes, qui leur renvoient à la figure leur iniquité. Pour supporter leur iniquité, il leur faut considérer leurs victimes comme des sous-hommes – phénomène similaire à celui du sexisme. Les victimes n’aiment pas les abuseurs, et elles aussi pour supporter leur condition cèdent souvent à la facilité de les essentialiser, de les rejeter pour ce qu’ils sont alors que ce qu’il faut, c’est combattre ce qu’ils font. Le combattre et le refuser, en refusant premièrement de collaborer à leur mauvais système. Car tout ce qui est mauvais finit au néant, rien n’est plus sûr.

Les hommes ne doivent pas combattre entre eux, les uns contre les autres, mais combattre contre le mal, d’abord en le rejetant de leur vie. Et pour cela, apprendre tous les jours à le voir, à l’identifier clairement, sans se tromper. Ainsi le combat sera-t-il véritablement efficace. Le combat ayant ses racines dans la vérité est le seul combat promis à la victoire. D’autres combats peuvent emporter des victoires éphémères, comme celles que nous voyons tous les jours s’étaler dans les journaux, mais ce sont de fausses victoires. D’une part parce qu’elles seront balayées par l’Histoire, d’autre part parce qu’elles n’apportent nulle paix aux hommes qui les remportent. Alors que le juste, même apparemment vaincu par le monde, est bienheureux.

« Interdiction de Dieudonné : la France qui dérape n’est pas celle qu’on nous montre du doigt »

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Dieudonné cet après-midi à son théâtre, photo AFP/Alain Jocard

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Je l’ai dit, alors que pendant des années j’ai pu écrire des articles et des tribunes dans beaucoup de journaux et magazines, aujourd’hui tout accès à la presse m’est refusé. Il me reste donc ce blog, et Agoravox quelquefois. Ces jours derniers ils ont accepté deux de mes articles sur l’affaire Dieudonné, mais celui que j’ai proposé hier n’a pas été agréé. Il se terminait par le rappel du racisme que Manuel Valls a exprimé envers les Noirs et les Roms, et le constat que si la chasse était faite à Dieudonné plutôt qu’à n’importe quel autre antisémite à succès, comme par exemple Alain Soral, c’est parce que l’un est blanc et l’autre noir. C’est pourquoi aussi la presse s’est engouffrée avidement dans cette affaire, comme elle l’avait fait avec Léonarda, la petite rom, et sa famille, également désignées à la vindicte publique. Nous touchons là le fond de la vérité. Et le fond de la vérité est inacceptable pour beaucoup, c’est pourquoi je ne peux l’écrire qu’ici.

Souvent on compare les temps que nous vivons à ceux des années 30. L’Histoire ne se répète jamais à l’identique, et il est très intéressant d’observer l’Histoire telle qu’elle se fait en ce moment. Si les conditions d’une advenue du fascisme sont réunies, ce dernier, ou sa forme nouvelle, ne vient pas forcément par où on l’attendrait, par où il est déjà venu. Certains portent la mauvaise parole, celle qui fit du mal autrefois, mais ont peu les moyens de nuire, voire ne croient pas eux-mêmes à cette mauvaise parole proférée et entendue avec distance. Alors que d’autres, porteurs d’une « bonne parole » mensongère, sont au pouvoir et comme nous le voyons, n’hésitent pas à en abuser, à porter atteinte aux institutions républicaines et à la liberté d’expression. Et prétendant combattre un raciste, font souterrainement œuvre de racisme en organisant une chasse à l’homme noir au niveau national. Plus que jamais il nous faut ouvrir les yeux, être vigilants.

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Voici un point de vue intéressant de Christophe Oberlin.

Le fond de leurs fantasmes inavoués

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Pourquoi Manuel Valls s’en est-il pris à Dieudonné, plutôt que, par exemple, à Soral, qui profère le même discours, avec le même succès, et de façon certainement plus dangereuse ? Pourquoi s’en prendre, comme par hasard, à un Noir, plutôt qu’à un Blanc ? Quand on se rappelle les propos du ministre sur les Noirs et sur les Roms, la réponse n’est pas très difficile à trouver. De même qu’il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi la presse, ainsi que tous les soutiens de Valls, se sont engouffrés avec une telle avidité dans cette chasse à l’homme. Se payer un Noir, voilà le fond de leurs fantasmes inavoués.

Manuel Valls, apprenez votre place

On se souvient qu’en 2009, lors d’un reportage tourné dans sa ville d’Évry, Manuel Valls avait demandé au réalisateur de rajouter « des Blancs, des white, des blancos », car il y avait, selon lui, trop de Noirs à l’image.

On se souvient que ces derniers mois Manuel Valls a fait plusieurs déclarations sur les Roms qu’il juge incapables de s’intégrer, même avec une éventuelle politique d’intégration, voués à retourner chez eux, bref comme une race à part de la commune humanité ; et qu’il a mis ses propos en application en procédant à maintes expulsions brutales.

On se demande si Manuel Valls, dans son combat de coq contre Dieudonné, ne guerroie pas contre son propre fantôme.

On se souvient que Manuel Valls s’est déclaré « lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël ».

On se souvient que Manuel Valls a déclaré que l’un des défis des années à venir serait d’arriver à démontrer que l’islam était compatible avec la démocratie. Comme si les musulmans français ne vivaient pas comme les autres en démocratie, votant, payant leurs impôts et participant au débat et à la vie commune. Certes parmi eux certains préfèreraient à la démocratie un autre régime, mais ils ne sont pas les seuls, bien d’autres sont dans le même cas, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite en passant par certains royalistes et autres traditionalistes. Ainsi est la démocratie, chacun y a sa place. Et estimer que cela doit être démontré pour une partie de la population, c’est sortir de la démocratie.

Que Manuel Valls, lui aussi, prenne sa place, et non pas celle de la justice. Que Manuel Valls veuille bien considérer ce qu’est la démocratie française, et la devise de la République, à laquelle malgré les accointances des grands médias avec le pouvoir, les Français sont attachés. Notamment à son premier terme : Liberté. Car si la liberté tombe, si l’ordre n’est plus le fait de la loi, appliquée par la justice, mais celui du prince, l’égalité et la fraternité tombent aussi, et le pays se défait. Mais le pays est plus fort que ses aspirants dictateurs, et le pays vaincra.