curriculum vitae

au jardin alpin du Jardin des Plantes. Photo Alina Reyes

 

la terre est ferme et souple sous mes pieds ;

baisers à chacun de mes pas !

aujourd’hui j’ai écrit un curriculum vitae

concis comme une rocaille ;

quatre enfants j’ai mis ;

et puis : divers emplois dans

la restauration et la communication ;

et puis : bon contact humain ;

mon coeur bat, coeur d’océan

au coeur de la montagne, je mords

le cou du ciel par joie, mon corps

connaît le corps humain, mes mains

pétrissent la pâte à sent-bon du monde

elle monte !

je mange à même la nuée

crémeuse et ma bouche l’ouvrant

fait pleurer de rire Dieu sur ses plantes,

sur mes pieds qui sont siens et nous portent

en plein milieu de vous.

 

pluie de fleurs montante

Photo Alina Reyes

 

Fleur de la terre, tu pleus vers le ciel.

Il baisse les paupières, un sourire

fait bouger sur ses joues la lumière

et sa pensée, fluant neuve par toute

ouverture du temps libéré, descend

à la rencontre.

Je suis mouillée comme la plante

de mes pieds épousant le chemin

des sources du printemps. L’odeur

puissante de l’amour monte

le long des belles longues jambes

de l’univers, jusqu’en son centre.

La vie vivante est sur le point

de naître !

Rayonnnante beauté, exquise et subversive,

voici qu’elle apparaît, blanche comme une communiante.

 

proches

Tout à l'heure, Paris 5e. Photo Alina Reyes

 

« Tout homme a ses amis. Pourquoi le poète ne pourrait-il s’adresser aux siens, à ceux qui lui sont naturellement proches ? Lorsque survient l’instant décisif, le navigateur jette à l’océan la bouteille cachetée qui renferme son nom et le récit de son aventure. Bien des années après, vagabondant parmi les dunes, je la découvre sous le sable et, à la lecture de la lettre, j’apprends la date des événements et les dernières volontés du défunt. J’étais en droit de la lire. Je n’ai pas ouvert une lettre adressée à autrui : la lettre cachetée dans la bouteille est adressée à celui qui la trouve. Je l’ai trouvée. J’en suis donc le destinataire secret. »

Ossip Mandelstam, De la poésie, chapitre De l’interlocuteur

 

Le onzième livre est fini, il sera publié dans quelques jours sur ce site. Au milieu de ce monde où le mensonge se multiplie plus vite que les pains et les poissons, je mets en ce lieu de longs voyages et festins de vérité en bouteille. Aux amis inconnus qui la trouveront ! Grâce.

 

Libre. Grande joie du travail

Photo Alina Reyes

 

Réveillée tôt par le désir de vivre, écrire. Le jour vient, l’âme et le corps s’étirent, cri joyeux vers le ciel : je suis libre ! Et je donne aux hommes d’être libres.

Je n’ai pas la bassesse de travailler pour ma gloire, fût-elle posthume. Ceux dont toute l’existence est bassesse, qu’ils aillent se faire voir, et guérir de leur manie de marcher dans les pas de la bassesse.

Comme mon frère Jésus, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nous montons sans fin, dans et pour la gloire du Ciel. Qui nous aime, nous suive !

Voici que le premier oiseau chante. Merle qui lance quelques trilles et déchire avec un avion les ombres. Tout se prépare.