dedans, veillant
dehors, veillant
face à face
la vie
nue
allant, venant
levée
priant, fluant
invisible, visible
languant, dressée
régnant, soumise
sentant, touchant
je suis, je viens
en tout, toute
vive
dedans, veillant
dehors, veillant
face à face
la vie
nue
allant, venant
levée
priant, fluant
invisible, visible
languant, dressée
régnant, soumise
sentant, touchant
je suis, je viens
en tout, toute
vive
la terre est ferme et souple sous mes pieds ;
baisers à chacun de mes pas !
aujourd’hui j’ai écrit un curriculum vitae
concis comme une rocaille ;
quatre enfants j’ai mis ;
et puis : divers emplois dans
la restauration et la communication ;
et puis : bon contact humain ;
mon coeur bat, coeur d’océan
au coeur de la montagne, je mords
le cou du ciel par joie, mon corps
connaît le corps humain, mes mains
pétrissent la pâte à sent-bon du monde
elle monte !
je mange à même la nuée
crémeuse et ma bouche l’ouvrant
fait pleurer de rire Dieu sur ses plantes,
sur mes pieds qui sont siens et nous portent
en plein milieu de vous.
Fleur de la terre, tu pleus vers le ciel.
Il baisse les paupières, un sourire
fait bouger sur ses joues la lumière
et sa pensée, fluant neuve par toute
ouverture du temps libéré, descend
à la rencontre.
Je suis mouillée comme la plante
de mes pieds épousant le chemin
des sources du printemps. L’odeur
puissante de l’amour monte
le long des belles longues jambes
de l’univers, jusqu’en son centre.
La vie vivante est sur le point
de naître !
Rayonnnante beauté, exquise et subversive,
voici qu’elle apparaît, blanche comme une communiante.
« Tout homme a ses amis. Pourquoi le poète ne pourrait-il s’adresser aux siens, à ceux qui lui sont naturellement proches ? Lorsque survient l’instant décisif, le navigateur jette à l’océan la bouteille cachetée qui renferme son nom et le récit de son aventure. Bien des années après, vagabondant parmi les dunes, je la découvre sous le sable et, à la lecture de la lettre, j’apprends la date des événements et les dernières volontés du défunt. J’étais en droit de la lire. Je n’ai pas ouvert une lettre adressée à autrui : la lettre cachetée dans la bouteille est adressée à celui qui la trouve. Je l’ai trouvée. J’en suis donc le destinataire secret. »
Ossip Mandelstam, De la poésie, chapitre De l’interlocuteur
Le onzième livre est fini, il sera publié dans quelques jours sur ce site. Au milieu de ce monde où le mensonge se multiplie plus vite que les pains et les poissons, je mets en ce lieu de longs voyages et festins de vérité en bouteille. Aux amis inconnus qui la trouveront ! Grâce.
Réveillée tôt par le désir de vivre, écrire. Le jour vient, l’âme et le corps s’étirent, cri joyeux vers le ciel : je suis libre ! Et je donne aux hommes d’être libres.
Je n’ai pas la bassesse de travailler pour ma gloire, fût-elle posthume. Ceux dont toute l’existence est bassesse, qu’ils aillent se faire voir, et guérir de leur manie de marcher dans les pas de la bassesse.
Comme mon frère Jésus, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nous montons sans fin, dans et pour la gloire du Ciel. Qui nous aime, nous suive !
Voici que le premier oiseau chante. Merle qui lance quelques trilles et déchire avec un avion les ombres. Tout se prépare.