
ce matin à la Grande Mosquée de Paris, photos Alina Reyes
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ce matin à la Grande Mosquée de Paris, photos Alina Reyes
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photo Alina Reyes
J’allais parler partout où l’on me demandait en refusant tout cachet, le falsificateur s’est mis à m’y tendre des pièges, j’ai cessé de le faire. Je voulais préparer ma confirmation, la falsification s’y est mise, je suis partie. Je voulais être bénévole dans une association de la paroisse, la falsification s’y est mise, je suis partie. Je voulais aller de temps en temps au monastère, la falsification s’y est mise, j’ai cessé d’y aller. Je voulais aller de temps en temps à la messe, la falsification s’y est mise, j’ai cessé d’y aller. Je voulais m’informer sur les sites internet chrétiens, la falsification s’y est mise, j’ai cessé d’y aller. Je voulais publier un grand livre chrétien et fonder un ordre monastique, la falsification s’y est mise, j’y ai renoncé. Je regardais du moins des émissions à la télé catho, la falsification y perdure, je ne la regarderai plus. Eh bien voilà, je crois qu’il ne reste plus rien ! Même plus un désir de faire tout cela dont j’ai été chassée par la falsification.
Enfin, les livres et l’Ordre, si. Mais bien plus tard, quand ils ne risqueront plus d’être abîmés par la falsification qui me ferait encore partir. Et l’Ordre sera bien indépendant de toute institution, comme il est d’ailleurs dit dans sa règle que j’ai toujours eu l’intention de respecter – même si elle évolue d’ici-là, ce point ne pourra pas changer.
La vie contemplative peut déployer une immense puissance dans le temps et ce que je vais faire dans ces mois qui du coup me sont libérés, finalement pourra être encore plus bénéfique qu’une action immédiate. J’ai absolument confiance et je suis extrêmement heureuse de ce qui s’annonce et vient.
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Alina Reyes
Commençons doucement notre lecture du Coran. Il est encore pour nous, qui venons de la Bible, que nous avons lue en hébreu et en grec (Voyage), une contrée à peu près inconnue. Tel Abraham, nous voici donc en train de quitter notre pays pour aller de nouveau à la rencontre de Dieu, qui toujours veut nous bouleverser de nouveau.
Le mot arabe Coran signifie lire, réciter ; il est apparenté à l’hébreu qara, que nous avons rencontré tant de fois dans l’Ancien Testament, verbe signifiant crier, appeler, nommer, verbe par lequel Dieu appelle et interpelle l’homme, et aussi par lequel Adam nomme les vivants qui lui sont donnés, et encore par lequel les prophètes appellent les hommes à écouter Sa parole.
Écouter. Marie, nous dit l’Évangile, fut bouleversée par l’Annonce de l’ange Gabriel. Le même qui, dans une grotte, vint appeler Mouhammad à lire, ce qui voulait dire aussi à s’apprêter à dire le Coran qui allait descendre du ciel. L’Ouvrante, première sourate de ce livre sacré, ouvre l’oreille du lecteur que nous sommes. Je commence juste à déchiffrer l’écriture arabe, je ne sais encore rien de cette langue, mais en entendant les mots Al Fatiha, je pense à celui que prononça Jésus, sans doute apparenté, dans une autre langue sémitique : Effata. « Ouvre-toi » (c’était l’objet de ma dernière image).
Les sept versets de cette sourate, que Mouhammad a nommée dans des hadiths « la mère du livre », résument tout le Coran, dit-on. Nous aurons l’occasion d’y revenir. Pour aujourd’hui, laissons-les résonner autant qu’il se peut à partir de leur traduction, forcément incomplète mais qui n’empêche pas de voir le mouvement de l’Esprit dans la lettre ouvrir notre cœur de l’Un, qui est Miséricorde, au multiple des mondes dont il est roi, de la source à la fin de notre être, et de l’infiniment grand à l’infiniment proche, proche du secret de notre cœur où Lui seul distingue ce qui est bon de ce qui ne l’est pas, Lui le seul que nous adorons et qui par là peut nous sauver en nous conduisant sur la juste voie.
1. Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
2. Louange à Allah, Seigneur de l’univers.
3. Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,
4. Maître du Jour de la rétribution.
5. C’est Toi [Seul] que nous adorons, et c’est Toi [Seul] dont nous implorons secours.
6. Guide-nous dans le droit chemin,
7. Le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés.
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à suivre
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tout à l'heure au Jardin des Plantes, photos Alina Reyes
En train de préparer ce qui va nous occuper maintenant, une lecture du Coran. Passionnant. Nous allons faire un grand voyage ! Je lis en traductions françaises mais je commence en même temps à apprendre un peu d’arabe pour pouvoir ensuite aller voir le texte, comme je l’ai fait avec l’hébreu pour la Bible. Nous commencerons par « voir » la première sourate, qui ouvre aussi les prières. Si vous voulez vous pouvez commencer à la lire et l’écouter ici, en attendant.
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photo Alina Reyes
Il est des êtres, nombreux, que rien ne peut salir. Il n’en est aucun que rien ne peut laver. Mais les plus nombreux sont ceux qui refuseront toujours d’être lavés. Pris à leur propre piège, comme dit Nora à propos d’une histoire qui ne touche pas seulement quelques intellectuels stupidement agités dans leur landerneau – Épicure a raison, seuls les justes demeurent en paix – mais qui est à l’image de la fin de tout un monde, le leur, celui de nos élites assises depuis plus de cent cinquante ans sur leur bourgeoise position, et qui sont en train de sombrer avec tout leur système. Tous ne verront pas la fin, mais tous savent déjà qu’elle vient.
Dans les dernières pages de mon roman Forêt profonde, Notre-Dame est redevenue, après un temps de ruines, une église vivante, et le Sacré-Cœur est devenu une mosquée. Je ne crains ni l’islam ni l’immigration, je crois au contraire que l’un et l’autre sont une chance pour notre foi exténuée et pour notre vieux monde devenu impuissant, stérile, incapable de se renouveler. Rien ne se fera aisément bien sûr mais cela se fera, il ne peut en être autrement. Que l’arbre desséché ne nous cache donc pas la forêt vivante qui se tient, encore touffue, désordonnée et non sans dangers, mais riche de vie en train de surgir et se développer, prête à renouveler la face de nos tristes pays, continents, monde.
Tout ce qui était vivant de notre passé vivra, connaîtra une nouvelle jeunesse, et enfin un nouvel amour : avec le temps venu, qu’il épousera. Soyons souples, laissons les impasses et continuons d’évoluer toujours dans ce que veut la vie. Que le désir d’une harmonie jusque-là inouïe nous guide dans notre travail, notre préparation du berceau de ce temps qui s’annonce. Voyons clair, soyons courageux et heureux.
Je reviens bientôt avec une nouvelle rubrique, consacrée à approcher le Coran.
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J’ai beaucoup donné pour les chrétiens, même s’ils n’ont encore rien reçu. Beaucoup de parole, de livres (les deux derniers, de loin les plus importants, ne se trouvent que sur ce site, en version numérique), de combats. Pour le moment je ne peux rien faire de plus, eux-mêmes m’en empêchant. Je pense avec amour en particulier aux chrétiens du Moyen Orient, victimes de la folie des occidentaux, entre autres. Je suis avec eux de tout cœur, et nous finirons par être ensemble sur cette terre.
Maintenant je veux travailler aussi pour les musulmans, et pour tous les hommes. Frères, nous ne perdons rien pour attendre, ayez confiance, je vous donne ma vie que Dieu est et qu’il est présent et agissant, même si plus personne dans le monde mondain et ses institutions n’en a le moindre sens.
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À vivre par, avec et dans le mensonge, ils pourrissent, ils pourrissent, et tous les hommes sensés quittent leur barque en décomposition, et elle tombe en poussière.
Partons sur un bouchon de liège par les eaux claires.
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un extrait du Onzième livre :
Je ne suis pas de cette Église. Je suis avec le peuple des pauvres en esprit.
Qui préfère le diable à Dieu, ne finit pas en Dieu. Le temple romain va tomber.
Vieux anges déchus, outils parmi d’autres des puissances révélatrices de Dieu, venu purifier son peuple.
Le souffle monte en moi, doux, nerveux, vivifiant, le souffle se dresse en moi, frémissant de mots à venir, à jaillir pour la vérité du monde.
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