« Pas d’auteurs, pas de livres »

Une alerte de la SGDL (Société des Gens de Lettres) :

« Des revenus à la baisse, des réformes sociales préoccupantes, un droit d’auteur fragilisé par la politique européenne… Les auteurs de livres sont clairement en danger. Et à travers eux, c’est la création éditoriale qui est menacée, dans sa liberté et sa diversité.

La SGDL, au sein du Conseil Permanent des Ecrivains, appelle à une mobilisation générale de tous les auteurs, samedi 21 mars, lors du prochain Salon du Livre de Paris.

Nous vous donnons rendez-vous à 14h30, munis d’un badge, sur le parvis, devant l’entrée « professionnels » du Salon du Livre (Porte de Versailles), pour une marche à travers le Salon et une prise de parole sur la Scène des auteurs (C92) à 15h30. Attention, seuls les auteurs munis de badges pourront passer les contrôles de sécurité. »

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Ici, d’un autre côté, c’est une mairie socialiste qui poursuit et harcèle un auteur pour le censurer : liberté d’expression ?

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Respectons les enfants

« Les Français massivement opposés à une loi interdisant la fessée. » L’arriération française envers les enfants rejoint l’arriération de ce pays dans tous les rapports sociaux, son manque de respect envers les « autres », immigrés, femmes, pauvres… Le sens civique ne progresse pas dans ce pays, comment s’étonner des tensions sociales ? Et tous ceux qui sont victimes de discriminations ou de vexations ou même de violences sociales se retrouvent quand même d’accord pour trouver normal de frapper les enfants. Raison de plus d’être pour une loi l’interdisant. Le fait est malheureusement que des gens qui ont eux-mêmes été élevés avec des châtiments corporels, comme c’est le cas de beaucoup d’entre nous, trouvent normal de perpétuer la même violence sur leurs enfants. Une loi qui l’interdirait permettrait de déclarer clairement que ce geste est mauvais et indigne, ce qui aiderait les parents à contrôler leurs gestes. Des enfants frappés, même « pas très fort », deviennent des adultes vite amers, voire violents, en tout cas sans paix. Chaque fois que j’ai pu avoir un geste malheureux envers l’un de mes enfants, je l’ai regretté, même si ce n’était qu’une tape – jamais une gifle ni une fessée, je n’aurais jamais pu faire ça, c’est trop déshonorant, pour l’enfant et pour l’adulte. IL NE FAUT PAS FRAPPER LES ENFANTS, c’est indigne. Il faut trouver des moyens dignes de leur fixer les règles dont ils ont besoin. Nous ne les aiderons pas à devenir responsables envers eux-mêmes et envers autrui si nous ne le sommes pas nous-mêmes. C’est une question fondamentale pour toute la société, tous les rapports sociaux. Nous n’avancerons pas tant que nous ne saurons pas avancer dans notre respect de tous les « petits », tous ceux qui sont en situation de faiblesse, à commencer par les enfants. C’est dans les rapports entre hommes et femmes et entre adultes et enfants que nous apprendrons, les uns avec les autres, les uns des autres, la liberté.

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Principauté des bassesses

Dans une démocratie, tous les citoyens ont les mêmes devoirs et les mêmes droits. Tous doivent être traités avec égalité. Quand ce n’est plus le cas, quand seuls ceux qui agréent aux pouvoirs ont des droits, voire le droit de vivre, nous sommes déjà dans le fascisme. Marine Le Pen veut rétablir la peine de mort : ce n’est qu’une expression grossière de la peine de mort symbolique – la restriction arbitraire des droits – déjà appliquée aux citoyens qui ne sont pas ce que les pouvoirs voudraient qu’ils soient (même s’ils ne font rien de mal, contrairement à beaucoup de ceux qui sont aux pouvoirs ou en bénéficient). Après que j’ai publié Poupée, anale nationale, en mentionnant aux journalistes qui m’interrogeaient que mon texte avait été refusé par mes « grands » éditeurs habituels, Gallimard etc, des spécialistes associés des bassesses vengeresses ont fait courir le bruit que ce livre était fasciste, ont même pris la peine de mettre en place quelques coups tordus contre moi dans la presse – en fait, il y en avait déjà eu avant mais dans ma candeur je n’avais pas du tout imaginé d’où cela pouvait venir, je le compris beaucoup plus tard, quand l’affaire prit une tournure industrielle. Il faut pourtant bien que des hommes se dévouent pour servir la vérité. Je ne suis pas sûre de pouvoir trouver un éditeur pour La grande illusion, Figures de la fascisation en cours – l’état des libertés en France n’a fait qu’empirer depuis mon dernier livre d’avertissement contre le fascisme, mais du moins le livre existe en numérique, et s’il n’est lu maintenant, si les livres que j’écris depuis quelques années ne peuvent être lus faute de pouvoir être publiés, ils sont une parole vivante et qui servira, un jour ou l’autre. En attendant, ma propre résistance sert.

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« Solidarité » de classe et d’intérêt

L’épicerie Hyper Cacher de Vincennes va rouvrir ses portes. Je n’ai entendu dire nulle part qu’elle avait bénéficié de quelque solidarité nationale. Pas plus que l’imprimerie de Danmartin, qui malgré la campagne de dons organisée par les commerçants de sa ville n’a pas encore les moyens de se relancer, les destructions, notamment de machines très chères, ayant été importantes pendant l’assaut. Comment se fait-il que la solidarité n’ait été organisée, par les politiques et les médias, que pour Charlie Hebdo, qui a engrangé des millions ? Pourquoi les gens de Charlie Hebdo ne songent-ils pas à faire bénéficier les autres victimes des attentats de janvier de l’énorme manne (en dons et en produits des ventes) qui a été dirigée vers eux ? Le faux règne dans cette histoire. D’évidence, des épiciers et des imprimeurs ne valent pas des journalistes politiquement rentables. Le peuple trime ou chôme, les faiseurs d’opinion règnent sans partage, c’est le cas de le dire. Du moins n’auront-il pas ma voix.

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Temps radieux

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tout à l’heure à la Pitié-Salpêtrière, photo Alina Reyes

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Aujourd’hui mon rendez-vous pour la séance de radiothérapie était à 13h15. Je dis ce matin à O « je ne sais pas encore si je mangerai avant, ou après ». « Mieux vaut après, me répond-il, sinon j’ai peur que ça fasse un effet micro-ondes dans ton estomac. » J’ai bien ri.

Dans les jardins de l’Allée haute, les gens pique-niquaient. La vie est belle.

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