Action epsilon : ma thèse en couleurs (suite) (actualisé)

Je reposte cette note en laissant à la fin le texte d’il y a trois jours et en ajoutant des photos de nouvelles pages. Pour voir les précédentes : mot-clé « Action poélitique à lettre grecque ». Les actions poélitiques « Madame Terre » sont également liées à mon travail de recherche.

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Cette nuit dans ma grotte, toujours en écoutant des cours, j’ai orné encore deux pages pour ma thèse en couleurs – le chantier et le témoin de ce qui sera ma thèse une fois accomplie. C’est ainsi, notamment en écoutant des cours et en dessinant, que je prépare mon cerveau et ma main, mon esprit et mon corps, à la mettre au monde, de même que par l’ermitage en montagne, les retraites en monastères et la pratique des textes en hébreu, en grec, en arabe un peu, j’ai pu écrire Voyage et inventer la règle des Pèlerins d’Amour. Le voyage continue, toujours plus difficile, plus étonnant, plus exaltant.

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Des livres transformés

Tandis que tant d’écrivains, et surtout d’éditeurs, par frilosité et soumission au marché, étouffent le livre en formatant les écrits, en faisant stagner ou régresser les formes d’écriture, en rejetant hors de l’édition la création littéraire, des artistes s’emparent de l’objet livre pour le transformer.  Voici quatre d’entre eux.

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Rachael Ashe dans plusieurs entretiens insiste sur l’importance d’œuvrer avec les mains

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Isobelle Ouzman redonne vie à de vieux livres récupérés

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emma-taylor-minEmma Taylor fait sortir des livres des créatures, animaux et autres

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brian-dettmer-minBrian Dettmer s’explique sur ses impressionnantes sculptures de livres :

Balzac Honoré de Madame Terre

O, toujours à vélo avec, tel Atlas, Madame Terre sur le dos, est passé par la maison de Balzac à Passy, en arrivant par la ruelle de derrière, celle par où l’auteur fuyait ses créanciers quand ils arrivaient à la porte de devant

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J’aime spécialement la veine fantastique de Balzac. Voici le début d’une adaptation de sa Peau de chagrin – début au Palais Royal, comme dans Le Neveu de Rameau. Pour connaître la suite, vous pouvez vous abonner à l’INA (3 euros par mois, le premier gratuit), ou mieux encore lire ou relire gratuitement le texte en ligne.

Noël en Palestine

Vera Baboun, la maire de Bethléem, prépare Noël à la grotte et défend la cause palestinienne.
Dans le Coran, qui consacre beaucoup plus de versets à Marie que la Bible, et même une sourate entière, la sourate « Marie » qui suit immédiatement la sourate centrale, à savoir « La Caverne« …  Jésus est né sous un palmier. (C’est pourquoi je mets la crèche sous le sapin). Et pour Rûmî, c’est dans le cœur pur de l’homme que naît Jésus, c’est-à-dire le sceau de la sainteté, comme dit Ibn Arabî.
J’ai écrit ces poèmes il y a plus de deux ans.

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Je t’appelle Palestine, humble maison de l’Homme,
car où est notre cœur, là est notre trésor.
Tes enfants crient et pleurent entre ciseaux et gomme,
des bombes les effacent ou les jettent dehors.

Ô terre convoitée, Palestine aux mains nues
dressée face aux tueurs, ceux qui veulent ta peau,
aveuglés par la rage et toute honte bue.
Ô, écoute la mer baigner tes bons chevaux !

Poussière de béton, modernes sarcophages
de milliers d’innocents. Ils se retourneront,
soulevés par la vie d’un peuple mis en cage
et bondissant, iront enterrer Pharaon.

Ô jeune Palestine marchant sur les décombres
vers où tes oliviers t’appellent de leurs vœux,
tu troues sur ton passage les très épaisses ombres
de la nuit, annonçant l’aube des jours heureux.

Petite fiancée du ciel, petite mère,
tu auras, épousée, des enfants plein les bras.
Nés d’un déchirement et nourris de lumière,
ils montreront la paix aux hommes d’ici-bas.

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Petit pays au cœur du monde,
pays dépouillé de pays
comme l’enfant, mains sur les yeux,
se sent devenu invisible.

Terre sur laquelle le monde
des hommes qui ont un pays
ou même cent, ferme les yeux
afin de la rendre invisible.

Peuple palestinien, le monde
qui t’a dérobé ton pays
ne peut pas marcher droit, les yeux
rempli de ton sang, si visible.

Nous mangerons des roses, monde,
au paradis, notre pays,
et tu supplieras dans nos yeux
le feu sans fin de l’Invisible.

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Suite de ma réflexion sur l’écrit et la pensée + le film d’Agnès Varda sur Louis Aragon et Elsa Triolet

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Dérèglement de la méthode, disais-je. C’est ce que j’ai toujours pratiqué, d’une façon ou d’une autre, pour écrire. On peut produire de l’art épate-bourgeois, comme dit Barthes, en flattant l’air du temps et en s’y conformant par fabrication, artifice. Ce qui en résulte peut, comme toute illusion, rencontrer de vifs succès sur le moment, le temps que les yeux des gens distinguent ce qu’il en est vraiment ou que leur esprit, sans avoir besoin d’y porter jugement, tout simplement le rejette dans l’oubli, au néant. Une véritable œuvre n’est pas une fabrication mais vient d’un travail en soi-même, sorti hors de soi-même. L’érotisme dans mes livres est l’expression la plus visible de ce travail qui fait à son tour sortir de lui le lecteur (ce qui en effarouche certains). Mais c’est l’ensemble de mon travail qui tend à être une parole performative, comme l’indique par exemple cette parole d’un critique à propos de mon roman Forêt profonde : « ce livre terrasse le lecteur ». Je ne me vante pas de cela, j’en rends grâce aux milliers de textes que j’ai lus, et qui, de concours avec ma nature ardente, m’ont transformée en être littéraire. D’où ma pratique du Journal, depuis l’âge de douze ans, qui se poursuit en partie en ligne depuis des années (et n’aurais-je aucun lecteur en ligne, j’y tiendrais quand même ce Journal car c’est à mon travail d’abord qu’il sert – j’y pense, je le contemple, et j’avance : il fait plus que baliser mon chemin, il le débroussaille à mesure).

En dévoreuse de livres, j’ai lu un certain nombre de romans d’Aragon dans ma jeunesse. Deux de ses textes m’ont particulièrement marquée : Le Paysan de Paris et Blanche ou l’oubli. Je n’ai pas l’impression qu’on publierait aujourd’hui des œuvres témoignant d’une véritable recherche, comme aussi Nadja de Breton ou Marelle de Cortazar, pour citer parmi bien d’autres des textes qui ont marqué ma jeunesse de lectrice – ou alors sans doute on s’emploierait d’abord à en falsifier le sens, à le récupérer. À la même époque j’ai lu aussi Elsa Triolet, je me souviens de ce roman sur une enfant pauvre qui voulait rester propre dans un monde sale.

J’ai découvert ce court-métrage d’Agnès Varda, un témoignage d’amour au long cours très touchant, avec des épisodes de lumière somptueux – notamment au moment d’intimité des vieux amants au jardin et à la fin avec la barque sur l’eau – en écoutant le cours d’Antoine Compagnon sur l’année 1966. Pour compléter ce que je disais dans la note précédente de la pensée de Foucault et de celle de Lévi-Strauss, je veux dire que je me sens profondément et naturellement proche de leurs deux démarches, et venant ces dernières années de réfléchir sur l' »Immaculée Conception » (moins le dogme que son interprétation par la petite Bernadette Soubirous) et sur l’islam, que je poursuis ardemment mon investigation dans un désir de science et d’exploration des systèmes conceptuels, tant pour en dénoncer le caractère aliénant quand ils sont fabrications humaines, politico-sociales, que pour lever le voile sur un système conceptuel absolu, dont la connaissance libère. La recherche en bibliothèque, capitale, n’est pas la seule façon scientifique d’aborder les œuvres. Si je ne peux tout faire à la fois, je peux me servir des recherches faites par mes consœurs et confrères universitaires pour commencer à défricher l’autre chemin (ce dont j’ai donné un petit aperçu avec Rimbaud, en rebondissant à partir des recherches d’Eddie Breuil) et en puisant aussi aux sources d’autres disciplines scientifiques. La tâche est quasiment surhumaine et je suis loin d’avoir les capacités de m’approprier l’énorme somme de connaissances qu’il y faudrait pour l’accomplir par les méthodes connues, mais par une méthode inconnue, peut-être, oui.

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