De manuscrit en manuscrit

Toujours, comme hier, en rapport avec mon manuscrit en cours, et après avoir fait mon quasi devoir conjugal avec mon journal intime, j’ai fait ce dessin cette nuit à main levée, en me regardant de temps en temps dans un tout petit miroir, pour étudier un peu les proportions. Puis j’ai ajouté cette citation du merveilleux Manuscrit trouvé à Saragosse, de Jean Potocki, que je suis en train de relire dans une version plus complète que celle que j’avais lue il y a longtemps – l’édition nouvelle établie par René Radrizzani, qu’on trouve au Livre de Poche, un bonheur.

 

image Alina Reyes

image Alina Reyes

*

Serial ignorants et lonesome prophètes

Hier en fin d'après-midi au Jardin des Plantes, après mes heures d'excellent travail, encore, à la bibliothèque, photo Alina Reyes

Hier en fin d’après-midi au Jardin des Plantes, après mes heures d’excellent travail, encore, à la bibliothèque, photo Alina Reyes

*

Acharnement médiatique sur Game of Thrones, acharnement thérapeutique sur Vincent Lambert… Les obsessions maniaques, la démence de ce monde éclatent dans les faits insignifiants comme dans les très signifiants – pour Vincent Lambert, sur le cauchemar catholique et son adoration de la souffrance. Pour GoT, j’ai regardé il y a un ou deux ans quelques saisons de la série mais je ne sais plus à laquelle je m’étais arrêtée. J’ai avalé les épisodes les uns après les autres en quelques jours, puis quand j’ai arrêté, j’ai à peu près tout oublié et le désir de regarder la suite m’a complètement abandonnée. Ainsi va le divertissement (vanté par une ministre et commenté par un philosophe fascisant – je n’ai pas gaspillé mon temps à écouter les aventures de Schiappa ni à lire l’article de Zizek, les titres suffisent souvent à s’informer). Et j’ai lu que cette dernière saison était ratée, du fait que les producteurs n’ont pas attendu que l’auteur du livre l’écrive lui-même. N’est pas auteur qui veut. J’ai lu aussi que Virginie Despentes n’était pas contente du tout de l’adaptation en série qui a été faite de ses romans, dont j’ai oublié le titre. Les raisons pour lesquelles des producteurs choisissent de médiocres scénaristes plutôt que d’excellents scénaristes sont nécessairement mauvaises. Il en va de même pour les éditeurs qui choisissent des auteurs médiocres. La médiocrité est d’abord celle de ces décisionnaires, à la fois trop paresseux, trop malhonnêtes et trop avides pour choisir l’excellence.

Dans Voyage en 2013 j’avais prophétisé le clocher d’une église écroulé, des barricades de voitures brûlées et la destruction de la cité, tout cela dans Paris. La destruction en cours de la cité ne vient pas d’un jeu de trônes, contrairement à ce que voudrait faire croire le divertissement, mais de l’imbécillité ordinaire et de la mauvaiseté politique de décideurs que, dans un monde orwellien, on appelle souvent élites, alors qu’ils sont ignorants. À part eux, tout vivant est savant, donc règne. Je suis vivante, reine et prophète.

 

dessin 3-minDessin réalisé hier soir dans mon cahier-chantier, en rapport avec ma journée d’écriture

*

Exigence excellence

garde républicaine-min*

J’étais devant la mosquée, en chemin pour la bibliothèque, quand une cavalière et un cavalier de la Garde républicaine, montés sur leurs fiers destriers, sont arrivés. Comme chaque fois que j’en vois, je les ai admirés et photographiés au passage. J’ai déjà dit ici mon estime pour cette institution, où chaque personne œuvre pour « que tout soit impeccable ». Une institution dont le principe de discipline est une ascèse et dont la valeur est l’honneur.

Quand il m’arrivait de fréquenter les salons du livre et autres manifestations et institutions littéraires, j’en revenais toujours très déprimée, à cause du manque d’honneur auquel j’avais assisté, dans ce milieu de pipelettes mondaines préoccupées de prix littéraires et autres basses affaires. D’après mes expériences professionnelles, même les salles de rédaction ne sont pas aussi indignes. J’ai trouvé beaucoup plus de dignité dans les salles de profs, malgré les faiblesses énormes de l’Éducation nationale, et parmi les ouvriers ou les artisans, commerçants, restaurateurs avec qui ou chez qui j’ai travaillé.

Une minute après j’étais à la bibliothèque, où j’ai travaillé trois heures durant sans une seconde de répit, intensément, excellemment.

* La belle photo des gardes à l’épée en vignette de la note est de François Lafite

Bornes & camions peints & autres merveilles vues dans la rue

autour de la rue nationale 1-minJe suis partie dans l’intention d’aller voir les œuvres d’Agnès Sébyleau à l’Open Bach, mais ce sont celles de Queens S&C que j’ai découvertes, un peu plus loin. Quand je suis arrivée à la galerie, au mur orné d’une œuvre de Mat & Ségo, Agnès Sébyleau finissait de remballer son expo. Nous avons parlé un peu, puis, sous la pluie, j’ai poussé plus loin la balade.

autour de la rue nationale 2-minJ’ai rencontré en chemin plusieurs camions peints, les voici

autour de la rue nationale 3-min

autour de la rue nationale 5-min

autour de la rue nationale 12-min

Et des bornes électriques peintes, les voilà :

autour de la rue nationale 8-minAutour de la place Jeanne d’Arc, les bornes sont peintes par Queens S&C, Christelle Abou Jawdeh et Sedef Sezginer, étudiantes en art de la Sorbonne, autour d’Alice in Wonderlandautour de la rue nationale 9-min

autour de la rue nationale 10-min

autour de la rue nationale 11-min   autour de la rue nationale 14-min

autour de la rue nationale 15-min

autour de la rue nationale 16-min

autour de la rue nationale 17-min

Bonus : toujours dans le même quartier, autour de la rue Nationale, cette fresque énigmatique d’Obey, avec au sommet une statue de la Liberté à moitié coulée et une tour Eiffel à la base :

autour de la rue nationale 7-min

… une ville peinte au coin de la place :

autour de la rue nationale 13-min

et cette statue dans un jardin privé :

autour de la rue nationale 4-minHier après-midi à Paris, photos Alina Reyes

*

Une nuit des musées romantique et théâtrale au Petit Palais

Avant l’exposition Paris romantique 1815-1848 qui ouvrira mercredi prochain, 22 mai, le musée avait confié aux comédiens du Conservatoire de Paris 8e la Galerie Sud et le jardin pour une déambulation théâtrale sur le thème : « À l’époque romantique, sur le boulevard du Temple appelé aussi Boulevard du Crime se trouvent les théâtres populaires vers lesquels se presse une foule bigarrée. Retrouvez cette atmosphère bouillonnante en suivant les comédiens à travers le décor du boulevard reconstitué. »

*

nuit des musees petit palais 1-min

Samedi jaune oblige, les transports en commun s’arrêtant largement avant, j’ai marché une bonne partie du trajet pour rejoindre le Petit Palais, et c’était déjà très romantique.

nuit des musees petit palais 2-min

Le public était nombreux et ravi par les performances des joyeux comédiens

nuit des musees petit palais 3-min

nuit des musees petit palais 4-minIl y eut même de la danse

nuit des musees petit palais 5-minEnfin, beaucoup de vie, y compris devant La Vallée des larmes de Gustave Doré

nuit des musees petit palais 6-minL’ai-je bien descendu ?

nuit des musees petit palais 7-min

nuit des musees petit palais 8-minLes grisettes sont fort vivantes et joyeuses aussi, sous le regard de Sarah Bernhardt peinte par Georges Clairin nuit des musees petit palais 9-min

nuit des musees petit palais 11-min

nuit des musees petit palais 12-min

Différents auteurs romantiques sont joués ou évoqués, comme ici Hugo avec ses Derniers jours d’un condamné à mortnuit des musees petit palais 13-min

nuit des musees petit palais 14-minUn coup d’œil sur le Grand Palais par la baie vitrée, et le spectacle continue, jusqu’à la fin de la belle soirée

nuit des musees petit palais 15-minHier soir au Petit Palais, photos Alina Reyes

*

Manifestation des enseignants de l’Éducation nationale à Paris le 18 mai, en 33 images

 

Vraiment, de me trouver au milieu de cette manif, j’avais envie de pleurer, en pensant à la maltraitance infligée par l’État français aux élèves et aux profs – que j’ai vécue, contre laquelle j’ai protesté, sur place à l’Espé et dans mon lycée et aussi sur ce blog (l’institution par la voix du DRH de l’académie m’a menacée de porter plainte et finalement ma tutrice de l’Espé m’a fait convoquer dans un commissariat de police ; la plainte a été classée sans suite mais il n’en serait sans doute plus de même avec la loi Blanquer qui veut museler les profs). Et puis, successivement, deux de mes jeunes collègues de l’Espé, qui étaient dans la manif à des endroits différents, sont venues me voir, et ça m’a fait chaud au cœur. Je regrette mes élèves, mais je n’accepte pas de me plier aux absurdités énormes de l’institution et de l’enseignement que nous sommes censés y donner (du moins en Lettres, voir ici et ). Voici mes photos de la manif, prises boulevard de Port-Royal :

 

manif des profs 1-min

manif des profs 2-min

manif des profs 3-min

manif des profs 4-min

manif des profs 5-min

manif des profs 6-min

manif des profs 7-min

manif des profs 8-min

manif des profs 9-min

manif des profs 10-min

manif des profs 11-min

manif des profs 12-min

manif des profs 13-min

manif des profs 14-min

manif des profs 15-min

manif des profs 16-min

manif des profs 17-min

manif des profs 18-min

manif des profs 19-min

manif des profs 20-min

manif des profs 21-min

manif des profs 22-min

manif des profs 23-min

manif des profs 24-min

manif des profs 25-min

manif des profs 26-min

manif des profs 27-min

manif des profs 28-min

manif des profs 29-min

manif des profs 30-min

manif des profs 31-min

manif des profs 32-min

manif des profs 33-minAujourd’hui à Paris, photos Alina Reyes

*

Cabine d’essayage

dans la cabine, le pyjama sur le jeans

dans la cabine, le pyjama sur le jeans

*

La majorité des vêtements que je porte sont des vêtements récupérés, dans des friperies ou autres lieux où ils sont quasi-donnés ou donnés. C’est plus écologique ainsi, de même qu’il est plus écologique de renoncer aux réseaux sociaux, qui coûtent beaucoup trop d’énergie. Mais les sous-vêtements, il faut les acheter neufs. Exceptionnellement j’ai acheté un pantalon de pyjama cet après-midi, en pensant que je pourrai le mettre à l’hôpital la prochaine fois. Il me plaisait beaucoup, à cause de ses couleurs et de ses motifs, rappelant ceux dont j’ai habillé ces derniers temps ma pièce, et à cause du soyeux de son tissu. Tissu et texte ont la même racine, et si  le livre que je fais pousser de mon esprit, de mon corps, a la même racine que les tissus dont je me vêts ou dont je vêts mon habitat, je suis dans le vivant. Je n’ai pas écrit cet après-midi à cause de la fatigue. J’ai marché, j’ai lu dans une bibliothèque, j’ai essayé un pyjama par-dessus mon jeans… et faisant cela j’ai quand même travaillé pour ce que j’écris : ce que je choisis sert ce que j’écris.

 

cet après-midi à la bibliothèque Mohammed Arkoun

cet après-midi à la bibliothèque Mohammed Arkoun

photos Alina Reyes

*