Pour répondre à ce clip de promotion, Paris sans âme
Ils ont filmé ça, Paris sans femme
Une ville avec des vendeurs, des coureurs, des pêcheurs, des basketteurs, des gars dans le métro, des restaurateurs, des surfeurs, des serveurs, des musiciens, des bouchers, des poissonniers, des danseurs, des ping-pongueurs, un artiste peintre, des voix d’hommes, des pétanqueurs, et au milieu de tous ces hommes une boulangère, une fleuriste et quelques femmes photographiées vite fait. La presse se fait l’écho de cette initiative, et personne ne remarque rien, ne remarque qu’on n’y voit aucune femme qui fasse quelque chose à part vendre du pain et des fleurs. Incroyable vision de la capitale française, d’une ville du XXIème siècle.
place de la Sorbonne, Auguste Comte lunetté à l’épaule « Le chant des muses éveille l’âme humaine », en face de la grande belle salle Jacqueline de Romilly de la bibliothèque, visiblement pas assez grande cependant pour contenir tous les étudiants qui veulent y travailler… il n’y avait plus une place ! Alors je me suis un peu promenée dans les couloirs, avant de rejoindre un séminaire en amphi autour d’un nouvel ouvrage qui paraît du plus haut intérêt : La Vie intellectuelle en France
cela c’était hier, jour de pluie, et aujourd’hui, jour ensoleillé, je suis retournée à la Sorbonne pour une journée d’étude sur Les âmes fortes de Giono, et j’ai déjeuné d’un panini entre deux cours au jardin du Luxembourg
Dans Les Âmes fortes de Giono, Firmin, qui pourtant se croit malin, ne comprend rien. Firmin et tout le village ne comprennent rien aux Numance, à leur façon désintéressée d’être et de vivre, qui les unit. Parce qu’ils sont pleins de grâce on les détruit. Mais ils ne sont pas détruits. Obama, revenez à la gratuité, à la grâce, et continuez à l’apporter.
C’est toute la poésie, toute notre éternelle et universelle jeunesse qui est récompensée, Homère y compris ! Bravo et merci au jury !
Je voudrais avoir encore le portrait que je fis de lui au crayon, encore adolescente. Je l’ai en tête, et je suis heureuse de l’avoir fait. Thank you Mr Tambourine Man !
– 14 octobre 2016 : à lire, une interview de Christophe Lebold, maître de conférences à l’Université de Strasbourg, spécialiste de littérature américaine. Il a consacré sa thèse de doctorat à Léonard Cohen et Bob Dylan, et est l’auteur du livre Leonard Cohen : l’Homme qui voyait tomber les anges : dans Le Monde
L’image poétique est sous le signe d’un être nouveau.
Cet être nouveau, c’est l’homme heureux.
Gaston Bachelard, LaPoétique de l’espace
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Toujours à vélo depuis Paris, O est allé à Auvers-sur-Oise rencontrer de nouveau Vincent Van Gogh. Il a photographié des lieux que Vincent a peints : l’église, les champs… sa tombe, l’auberge où il a vécu…
et ce qu’on voit depuis leur tombe :
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Puis il a poussé jusqu’à Valmondois où il voulait voir la tombe de Bescherelle. Dans le même cimetière sont enterrés un couple de l’antique télé : Pierre Sabbagh et Catherine Langeais. Dans la même ville il a photographié la maison d’Honoré Daumier, qui sert de lieu d’exposition pour des artistes.
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Il faisait nuit quand il est revenu à Paris. Aujourd’hui il est allé rue Lepic finir de réaliser cette 23ème action poélitique de Madame Terre à l’extérieur et à l’intérieur de l’immeuble où les deux frères vécurent deux ans.
De sa chambre, Vincent a peint cette vue de Paris (où l’on reconnaît l’immeuble de la photo, vu du troisième étage) :
« Depuis le XVIe siècle, le terme libertin (libertinage date de 1606, François de Sales) perd son sens religieux de « dissident abusant de sa liberté de penser » (Calvin, 1544) (…) Au cours du XVIIe siècle l’amalgame s’effectue, chez les adversaires des libertins, entre un sens philosophique (…) et un sens moral (débauché, dépravé) », écrit Pierre Chartier en note de son édition du Neveu de Rameau. Diderot reprocha au peintre Van Loo de l’avoir représenté « avec l’air d’une vieille coquette qui fait encore l’aimable ». La coquetterie, au pire sens, n’est-ce pas ce qu’il reste aujourd’hui de ceux qui se disent héritiers des libertins, et que tout courage a quittés ? Laquelle de ces idoles intello-médiatiques ne dispose-t-elle pas des meilleurs fauteuils, chez elle et dans le monde ? Les admirateurs de Diderot aujourd’hui ne sont pas Diderot, qui prit de réels risques, de même que Diderot, admirateur de Socrate, ne fut pas Socrate, mort sans compromis, mais composa avec les autorités pour être libéré de prison. De cette décadence particulière de Socrate à Diderot et de Diderot à nos intellos, je ne déduis pas une décadence générale de l’honneur dans l’histoire. Simplement celle de toute pensée quand elle se réduit au lieu de s’ouvrir. Diderot n’admettait pas l’idée qu’un gouvernement ou un souverain éclairés doivent recourir au mensonge pour le bien du peuple (contrairement à Pascal par exemple – mais janséniste ou jésuite, un religieux reste un religieux : un menteur). Un véritable libertin aujourd’hui défendrait bec et ongles tous les lanceurs d’alerte, et attaquerait sans répit le pape et l’église. Ce que j’ai fait des années durant, par tous les moyens, avant de retourner à ma façon d’encyclopédie : étude et invention. Un peu de grec le matin, après survol de l’actualité ; l’après-midi marche, étude, écriture ; le soir écoute ou visionnage de cours ou de films et coloriages à la main ; la nuit, riches rêves.
Hier soir en rentrant du Collège de France, dansé vivement avec l’un de mes fils. Allez, Rameau (pas son neveu) :