« Je vous remercie Madame, mais votre dieu est vraiment trop du côté des Versaillais » Louise Michel
Aujourd’hui O a accompli la 26ème action poélitique de Madame Terre aux deux endroits du Mur des Fédérés – au square Samuel-de-Champlain le long du Père-Lachaise où il a été reconstruit avec les pierres d’origine et au lieu de la tuerie à l’intérieur du cimetière. Sur le retour, il s’est arrêté sur le parvis de la gare d’Austerlitz pour faire une photo avec le tout nouveau monument en hommage aux Brigades internationales (que nous avons vu l’autre jour). Suit une vidéo sur la Commune, emmenée par un très bon guide.
23 octobre : j’actualise cette note du 14 octobre avec trois nouvelles images de mes pages (en fin de note)
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Je veux que ma thèse témoigne, avec ces dessins, ces couleurs, ces collages, de la beauté de la paix, intime et collective. Beauté du quotidien, du songe au bout des doigts, et de la vie aimable de la ville avec ses images de promotion de bibliothèques, d’expositions, de théâtre… de fleurs, d’animaux… d’humains.
Pour aller travailler en bibliothèque, je n’apporte pas mon gros classeur, seulement les feuilles du jour. Pour cela je les mettais dans une très ordinaire chemise en carton bleu, qui avait fini par s’abîmer et se déchirer dans mon sac. Je l’ai consolidée avec des collages d’images découpées dans des prospectus (ou pour la quatrième de couverture le verso d’un vieux carton d’exposition), de la couleur et du scotch, d’abord à l’extérieur, puis à l’intérieur. Maintenant c’est un bonheur de l’utiliser, et puis je l’ai aussi perforée afin de pouvoir l’inclure dans le classeur quand je voudrai.
Le soir en écoutant des conférences, cours, émissions etc. en ligne, je continue aussi à orner les pages écrites, photographiées ici avec un masque sur les écrits. Aux pages écrites à la main s’ajoutent des pages imprimées, parfois collées au manuscrit et à déplier comme dans la page au serpent ci-dessous.
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Les premières pages de l’action epsilon, ma thèse en couleurs, sont ici.
Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants, Passer, gonflant ses voiles, Un rapide navire enveloppé de vents, De vagues et d’étoiles ;
Et j’entendis, penché sur l’abîme des cieux, Que l’autre abîme touche, Me parler à l’oreille une voix dont mes yeux Ne voyaient pas la bouche :
— Poëte, tu fais bien ! poëte au triste front, Tu rêves près des ondes, Et tu tires des mers bien des choses qui sont Sous les vagues profondes !
La mer, c’est le Seigneur, que, misère ou bonheur, Tout destin montre et nomme ; Le vent, c’est le Seigneur ; l’astre, c’est le Seigneur ; Le navire, c’est l’homme. —
Victor Hugo, Les Contemplations (Autrefois)
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Pour la 25ème action poélitique de Madame Terre, O décidé de l’emmener, toujours à vélo, de Paris au village abandonné de Goussainville. En repartant, il l’a photographiée sous le cèdre de Roissy. Il raconte tout cela lui-même un peu plus loin dans la note.
Récit par O :
La première âme que j’ai vue en pénétrant dans le village abandonné fut un chat noir. Il traversait la route sereinement sans se soucier de la circulation ; il avait raison. Ici point de voitures, point de passants, point de vivants ou alors des allures qui lèvent le nez sur des ruines qui s’affaissent. Ici même les morts semblent plus morts encore, abandonnés dans le cimetière jouxtant l’église encore debout parce que classée monument historique.
Mais c’est tout le village qui est monument historique ; un village aux allures de décor de cinéma figé à l’année 1974 lorsque Roissy en France devint Roissy Charles de Gaule.
Je croise un des rares passants et lui demande si l’église est ouverte. Il me répond qu’elle n’ouvre que pour les enterrements. Décidément la mort compte pour beaucoup dans le vieux pays.
Voyant que je m’intéresse au village, il se met à me parler à son tour. Il a passé toute sa jeunesse ici, et ça lui serre le cœur de voir son village dans cet état. Oui, sa famille comme bien d’autres est partie … ailleurs … « Surtout à cause du Concorde … c’était devenu impossible … les autres avions, on finissait par s’habituer, mais le Concorde … un supersonique vous pensez … »
Oui je pense … je songe même … 400 avions par jour, même sans Concorde, il y a de quoi en avoir par dessus la tête, devenir sourd ou fou.
Nicolas n’est rien de tout ça. Tel un Mohican du Val d’Oise, il est le dernier à tenir boutique dans le village. Livres anciens et d’occasion … vous savez ces trucs en papier, découpés en pages, écrits en tout petit et que l’on ne cesse de tourner. J’en feuillette un (comme je croquerais dans une madeleine) et regarde distraitement par la fenêtre munie d’une vitre en verre (ce qui est un exploit dans ce village).
Un shooting photo se prépare dans la rue. Deux anorexiques sur fond de ruines … ça donne envie d’acheter des fringues ou de se faire vomir, c’est selon …
N’ayant que trop assisté, à Paris, au remplacement de librairies par un de ces fripiers de luxe, je me demande bien pourquoi ces derniers ne s’intéressent pas aux murs de celle-ci … ? Puisqu’ils font profession de capturer l’opportunité de l’instant … puisque le décor semble les inspirer dans sa tristesse inouïe que la pluie qui s’est mise à tomber rend encore plus triste …
Triste à mourir comme le regard sans flammes que me lancent les deux squelettes qui se recoiffent et peuplent comme elles peuvent la rue de Goussainville vieux village.
Oui O, mais Madame Terre, elle, quoique taille fine, est dodue comme il faut pour réhabiter en bonne vivante même les pays morts !
La librairie Goussainlivres a un site internet, à visiter !
Les joueurs appelaient cette salle-là l’hôpital. On y avait entreposé un billard hors d’usage et le matériel déglingué. (…) il jouait là, tout seul. Je lui ai dit : « Monsieur Numance, vous n’avez pas froid ? » (…) Il avait même reprisé le billard (…) Il me dit : « C’est simplement plus difficile, mais on y arrive. » Jean Giono, Les âmes fortes
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Après être allé chez Zola à Paris, au 21 bis rue de Bruxelles dans la maison et le jardin où se trouvent aujourd’hui l’AGESSA (caisse de cotisation des auteurs), et où il est mort (voir plus loin dans la note), O est allé à vélo jusqu’à Médan accomplir la 24ème action poélitique de Madame Terre chez Zola, qui travaillait du printemps à l’automne en haut de la tour carrée, derrière la baie vitrée qu’on voit sur la photo.
Puis il a fait un tour au château de Médan où ont vécu les poètes Ronsard, Du Bellay, Maeterlinck, et que Cézanne a peint :
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Voici une vidéo où l’on aperçoit notamment le billard de Zola. Je publierai bientôt une note où il sera question, par la bande, du billard de Giono.
Zola fut insulté par La Croix et l’extrême-droite à sa mort- vraisemblablement un assassinat – (au lendemain d’une nouvelle Manif pour tous qui s’acharne et de la canonisation d’un « martyr » de la Révolution française, l’Histoire a de la suite dans les idées) mais rappelons l’hommage que lui rendit Anatole France :
« Devant rappeler la lutte entreprise par Zola pour la justice et la vérité, m’est-il possible de garder le silence sur ces hommes acharnés à la ruine d’un innocent et qui, se sentant perdus s’il était sauvé, l’accablaient avec l’audace désespérée de la peur ?
Comment les écarter de votre vue, alors que je dois vous montrer Zola se dressant, faible et désarmé devant eux ?
Puis-je taire leurs mensonges ? Ce serait taire sa droiture héroïque.
Puis-je taire leurs crimes ? Ce serait taire sa vertu.
Puis-je taire les outrages et les calomnies dont ils l’ont poursuivi ? Ce serait taire sa récompense et ses honneurs.
Puis-je taire leur honte ? Ce serait taire sa gloire.
Non, je parlerai.
Envions-le : il a honoré sa patrie et le monde par une œuvre immense et un grand acte.
Envions-le, sa destinée et son cœur lui firent le sort le plus grand.
Il fut un moment de la conscience humaine. »
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Voir aussi mes notes sur Zola photographe et un passage de La Fortune des Rougon-Macquart.
L’image poétique est sous le signe d’un être nouveau.
Cet être nouveau, c’est l’homme heureux.
Gaston Bachelard, LaPoétique de l’espace
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Toujours à vélo depuis Paris, O est allé à Auvers-sur-Oise rencontrer de nouveau Vincent Van Gogh. Il a photographié des lieux que Vincent a peints : l’église, les champs… sa tombe, l’auberge où il a vécu…
et ce qu’on voit depuis leur tombe :
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Puis il a poussé jusqu’à Valmondois où il voulait voir la tombe de Bescherelle. Dans le même cimetière sont enterrés un couple de l’antique télé : Pierre Sabbagh et Catherine Langeais. Dans la même ville il a photographié la maison d’Honoré Daumier, qui sert de lieu d’exposition pour des artistes.
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Il faisait nuit quand il est revenu à Paris. Aujourd’hui il est allé rue Lepic finir de réaliser cette 23ème action poélitique de Madame Terre à l’extérieur et à l’intérieur de l’immeuble où les deux frères vécurent deux ans.
De sa chambre, Vincent a peint cette vue de Paris (où l’on reconnaît l’immeuble de la photo, vu du troisième étage) :