Guerre en Ukraine : les illusions perdues des têtes mal faites

Honte sur Poutine. Que les peuples réfléchissent aux conséquences de mettre au pouvoir des revanchards, et aussi à celles de laisser s’envenimer chez eux des situations sans agir pour les régler pacifiquement. L’Ukraine n’est pas le premier ni le seul pays du monde dont les populations sont divisées, voire se déchirent pour une raison ou une autre, au risque de finir par constituer une menace mortelle générale, en l’absence de réel travail pour une pacification ; et la Russie n’est pas le premier ni le seul pays du monde aux visées impérialistes, se permettant de manipuler voire d’écraser d’autres peuples au nom d’une vision mégalomaniaque, paranoïaque et vénale de l’histoire.

Honte sur ceux qui défendent l’Ukraine non pour les Ukrainiens mais par calcul, par la même volonté de prolonger l’hégémonie occidentale qui les a fait entrer en Irak ou en Libye notamment, et honte sur ceux qui baissent les yeux devant Poutine qui ne règne que par l’abus. Honte aussi sur les va-t-en guerre qui, au risque d’enflammer le monde entier, voudraient envoyer les jeunes au casse-pipe pour servir leurs calculs, dans la vieille logique des planqués derrière la chair à canon.

Les illusions perdues de Zelensky sur ce qu’il appelle « le monde civilisé » ne sont que le reflet de son aveuglement et d’une paresse intellectuelle qui lui a fait chercher l’appui de puissants plutôt qu’un règlement de la situation dans son pays. Que l’Europe réfléchisse aussi à sa propre situation. Accepter la protection d’un puissant, c’est aussi risquer de se faire instrumentaliser. La seule guerre qui vaille, pour les peuples comme pour les individus, c’est de lutter pour la liberté, tant par la recherche d’harmonisation avec les peuples extérieurs que par celle de l’harmonisation des peuples intérieurs. Seuls les esprits honnêtes et courageux peuvent mener à bien cette guerre, spirituelle.

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Molière et le Panthéon

Bruno Roger-Petit, journaliste sportif que Macron a récompensé de sa flagornerie en faisant de lui son « conseiller mémoire », refuse de faire entrer Molière au Panthéon. C’est donc ce proche de Valeurs Actuelles, qui se fit remarquer il y a un peu plus d’un an en invitant Marion Maréchal-Le Pen à déjeuner, qui est censé décider de ce que doit être la mémoire de la France, en marionnette commode de Macron. Les derniers mois de la macronie sont aussi pénibles que ses premiers temps et que toute sa durée.

Qu’est-ce que le français ?, ai-je demandé le mois dernier à la classe de seconde que je rencontrais pour la première fois. La langue de Molière, me fut-il répondu. Ce n’est pas qu’un cliché, c’est une vérité profonde. Parce que la langue de Molière n’est pas seulement une langue, c’est une langue vivante, le contraire d’une langue de bois, le contraire d’une langue managériale, le contraire d’une novlangue, le contraire d’une langue faussaire, d’une langue ersatz de la vie, le contraire d’une langue politicienne, le contraire d’une langue de bourgeois gentilshommes, le contraire d’une langue de manipulateurs, le contraire d’une langue « littérature » déconnectée du réel, de la vie, du geste, de l’action.

Le Panthéon est le Commandeur, la figure de pierre, de mort, que Molière a toute sa vie affrontée et vaincue, en l’inscrivant jusque dans son nom d’artiste : la meulière est une pierre qui sert à construire mais aussi à moudre, à réduire, comme les moulins de la même origine linguistique que combattait Don Quichotte. La macronie veut faire passer Molière à la trappe comme Dom Juan à la fin de la pièce, mais dans la pièce ce n’est qu’une machinerie de théâtre, en vérité, et en vérité, Molière est toujours vivant, toujours joué, toujours aimé. Au Panthéon, s’il y entre, les pierres trembleront.

Quelqu’un d’autre que Macron fera entrer Molière au Panthéon, et ce sera plus honorable pour le génial Molière.

Mes notes sur Molière sont ici.

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Des VIP chez les pauvres (encore le racisme de classe)

Juliette Binoche, qui n’est pourtant pas la VIP la plus antipathique, déclarant, à propos du film Ouistreham, « il faut être disponible à la différence de l’autre », ou, avec Emmanuel Carrère, « ne pas voir ces gens, c’est ne pas les respecter », fait, avec le même Carrère et trop souvent, Florence Aubenas, du racisme de classe comme M. Jourdain de la prose. « Ces gens », c’est-à-dire les pauvres, sont donc, à leurs yeux, différents du reste de l’humanité. Binoche ne devrait pas s’enfoncer, et enfoncer le film et ses comparses qui le signent, en ajoutant qu’elle sait ce que c’est que de faire le ménage puisque, dans son enfance, sa mère donnait cinquante centimes aux enfants pour qu’ils participent de temps en temps aux tâches, en mettant Vivaldi à fond.

Le racisme de classe est partout répandu, et si commun qu’il passe souvent inaperçu. Tout le monde n’est pas aussi grossièrement raciste envers les pauvres que Macron insultant obsessionnellement (racismes et sexismes sont presque toujours obsessionnels) ceux « qui ne sont rien », « les alcooliques », « les feignants », « les illettrées », ceux qui coûtent « un pognon de dingue », ceux qui n’ont qu’à « traverser la rue », ceux qu’il a « très envie d’emmerder », etc. (Et qu’Emmanuel Carrère, grand soutien de Macron, soit le réalisateur de ce film, est significatif).Le racisme de classe sournois s’invite souvent au cinéma, parfois de façon tout à fait visible, souvent sans qu’on le remarque, comme dans le film Illusions perdues où seule la bourgeoise est belle et « classe », comme s’il n’y avait pas de filles du peuple élégantes et splendides et comme s’il n’y avait pas de bourgeoises épaisses et vulgaires.

Le classisme passe souvent inaperçu, comme tous les racismes (y compris le sexisme, qui est un racisme de genre) jusqu’à ce qu’on les débusque. Ils passent inaperçus parce qu’ils sont la pensée dominante, en vérité une non-pensée, une vision toute faite et rancie du monde. Je le rappelle dans Une chasse spirituelle, jadis les bourgeois parisiens allaient le dimanche, en guise de promenade, voir comme au zoo les pauvres et les pauvresses gardées enfermées à la Pitié-Salpêtrière, de même que Charcot y mit en scène les prétendus « hystériques », femmes et hommes du peuple, devant des parterres de messieurs en redingote. Pour la bonne cause, bien sûr, en pensant certainement que « ne pas voir ces gens, c’est ne pas les respecter ».

Aujourd’hui les transports sont plus rapides, on peut bien se déplacer, pour le spectacle, jusqu’à Ouistreham, et en faire un spectacle. Histoire d’entretenir son statut de VIP, et de pouvoir continuer à faire entretenir sa maison par « ces gens », avec leur « différence » qui les assigne à nettoyer votre merde. Oui, c’est ça, votre fascisme, que vous ne voyez pas, pauvres prosateurs. Vous voyez, nous aussi, qui ne sommes rien, nous vous regardons, et nous vous voyons.

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Macron, la REM, la merde

« Jupiter » a « très envie de les emmerder », une grosse envie de chier, donc, sur une partie de ses concitoyens, qu’il déclare d’ailleurs déchus de leur citoyenneté. La vérité sur eux-mêmes sort de la bouche des adultes restés au stade anal, centrés sur leur impérieux ego et la puissance de leur caca. Poupée, anale nationale est au pouvoir sous le masque de Macron, comme elle le fut sous celui de Trump, comme elle l’est sous le masque de Zemmour et de bien d’autres, dans la lignée du père Le Pen et de ses petites phrases en forme de grosses merdes. Le racisme de Macron est une racisme de classe, dirigé contre le peuple, les gens humbles, « ceux qui ne sont rien », qu’il n’a cessé, depuis cinq ans, d’insulter, de stigmatiser, de violenter symboliquement et à l’occasion de mutiler physiquement. Son quinquennat restera comme une des choses les plus lamentables qui soient arrivées à la France.

On peut déplorer le mouvement antivax, et je le déplore grandement. Mais de quel esprit tordu faut-il être pourvu pour songer un instant à vouloir « emmerder » des gens pour les soumettre ? Le management par le harcèlement n’est pas de la politique mais une perversion indécrottable, c’est le cas de le dire, comme Macron le prouve en réitérant son mépris quelques jours après un mea culpa public. Sado et maso, un anneau sur chacune de ses mains. Soit il ne maîtrise pas du tout sa parole, soit sa sortie est volontaire, et d’un sadisme – et d’une bêtise – encore plus graves.

Le problème sanitaire n’est pas seulement celui du covid, c’est aussi celui de la santé mentale déplorable de trop de réputés premiers de cordée. Mauvaise santé qui a pour corollaire et reflet le complotisme de réputés derniers de cordée, rendus paranos à force de ne pouvoir faire confiance aux cinglés qui gouvernent. Après le petit Macron, le petit Attal reprend pour sa com le verbe emmerder de son maître. Voilà où nous en sommes : la REM est donc le nom en verlan de la merde ? Triste spectacle en tout cas que celui des lécheurs de chaussures de luxe merdeuses s’affairant à répandre leur salive pour entretenir un brillant bien dégoûtant.

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Macron, Pécresse et les autres

Je n’oublie pas les insultes et les violences physiques infligées au peuple de France par Emmanuel Macron. Je n’oublie pas son en-même-temps tricheur, hypocrite, calculateur, fourbe, fuyant, je n’oublie pas son caractère de traître, révélé bien avant son élection par une sale histoire avec des journalistes du Monde, je n’oublie pas ses attaques contre la liberté des journalistes, ses velléités fascisantes de domination jupitérienne, l’étroitesse de sa vision de la France comme start-up nation, je n’oublie pas sa fausseté, révélée dès sa campagne avec figurants téléguidés, je n’oublie pas son incompétence, sa puérile croyance en sa séduction face à des hommes comme Trump, son allégeance aux États-Unis affichée par une peinture jusque dans son bureau présidentiel, je n’oublie pas sa main posée affectueusement sur le bras de MBS, je n’oublie pas les divisions qu’il a creusées dans la société, tant par incapacité à fédérer que par calcul politicien, je n’oublie pas l’inculture politique crasse de son camp et ses députés aux ordres.

Valérie Pécresse est une femme intelligente et sérieuse. Ratissant trop à droite à mon goût, et certes sans grande envergure, mais je n’ai jamais trouvé un ou une candidate parfaite à mon goût pour qui voter. Si la gauche écolo ne trouve pas moyen de présenter un ou une seule candidate, c’est pour Pécresse que je voterai. Ce sera un vote en forme de refus de l’extrême-droite et de refus du macronisme, mais sans compromission inacceptable, car je la pense plus raisonnable que certains pans de son programme surtout destinés à séduire l’électorat. Mieux vaut que ce soit elle qui emporte les voix de cet électorat, plutôt que des figures d’extrême-droite ou que Macron, enfermé dans son faux-semblant impuissant. Si la gauche, comme le macronisme, est incapable d’avancer une réponse possible aux près de 40 % de gens qui lorgnent vers l’extrême-droite (Le Pen, Zemmour, Ciotti…), il faut pourtant apporter une solution à cette dérive. Reculer devant cet obstacle serait faire un pas en arrière dans un gouffre qu’on ne voit pas. Je suis prête à voter – sans illusions et sans joie – pour la personne qui sera la mieux placée pour éviter le vieux fascisme d’extrême-droite et le néofascisme dystopique de la macronie. Que les autres se réveillent et agissent, s’ils n’en veulent pas non plus, ni ne veulent de la droite.
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