Rien de tel que les grèves de la RATP pour faire fleurir les paysans de Paris, comme disait Aragon : les piétons et les gens juchés parfois à 2 sur de vieux biclos (Mme Hidalgo nous ayant retiré la jouissance d’un bon service nommé Vélib et les vélos neufs étant aussitôt achetés aussitôt volés, chacun cherche la bécane la moins tentante possible). Pour ma part, aujourd’hui, j’ai carrément chaussé mes godillots de montagne. Et j’ai cueilli quelques aperçus poétiques en chemin, les voici :
une expo photographique très graphique à l’Institut culturel irlandais : Roseanne Lynch
et dans une vitrine la tête de Mathieu Ricard électroencéphalogrammée, parée comme celle d’une danseuse orientale
Soleil couchant sur le jardin du LuxembourgAujourd’hui à Paris 13e et 5e, photos Alina Reyes
Se plier aux exigences du consensus, avoir ainsi le Congourd ou autre prix ou succès de ce genre, est une solution au statut précaire d’auteur. J’aime trop la vie, la liberté, la littérature, pour seulement l’envisager. Mon truc, c’est la littérature virile. J’en lis (pas dans la production actuelle car il n’y en a pas – le monde littéraire n’a jamais été viril et plus il est industriel, moins il l’est) et j’en fais. Viril ne signifie pas « de mec » mais courageux (selon son étymologie). Je regarde mon trajet depuis l’enfance, je le vois foudroyant et filant, aussi clair que l’éclair ou la météorite, ni compromis ni vaincu, toujours ultrasensible, en éveil. La voilà, l’éternité. Dans ce qui ne sombre ni ne meurt.
Présent. Voici mes images de nos trois jours (deux nuits) à Strasbourg, cette semaine. Nous comptions beaucoup visiter le musée Tomi Ungerer mais il était fermé pour travaux. Une occasion d’y retourner. Strasbourg est magnifique et les Strasbourgeois sont particulièrement gentils, courtois en toute simplicité, souriants. La nourriture et le vin sont excellents. Le centre-ville est largement dédié aux piétons et aux vélos. Les musées contiennent des trésors de tous les temps. Au sommet de Notre-Dame nous avons été accueillis par un arc-en-ciel. Avant de repartir nous avons passé du temps en privé au hamman-piscine-spa, d’où nous sommes ressortis frais comme nouveau-nés.
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Un resto sympa pour commencer
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Vue de notre appartement à l’appart-hôtel, que je ne me lassais pas de contempler, avec les lignes graphiques des toits et la véranda, et la nuit les lumières
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Une sculpture sur l’emplacement de la Grande synagogue détruite pendant la guerre, reconstruite ailleurs dans la ville
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J’ai compté jusqu’à cinq étages sous les toits de certains immeubles
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Derrière la maison, la cathédrale la plus visitée de France (Notre-Dame de Paris étant hors jeu), haute de 144 mètres et contenant tant de merveilles qu’on pourrait y consacrer des milliers de pages, comme il y est dit quelque part
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Son horloge astronomique, que nous avons vue s’animer au quart d’heure
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Une fresque récente plutôt réussie, mais le panneau en grec du Christ annonçant « Je suis le chemin, la vérité et la vie » comporte deux fautes. Sans doute l’artiste, Christoff Baron, ne connaît-il pas le grec, mais il est regrettable que personne d’autre ne l’ait vu
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Retour dans la ville, où se trouve notamment la maison de l’un des enfants du pays, décidément riche en dessinateurs, Gustave Doré
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L’Ill passe partout, sans pour autant enfoncer la ville dans l’eau. C’est très beau.
*Un menuisier à l’atelier, fabriquant des jouets de bois
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Arpenter encore les rues, les quartiers
Vers « la petite France », allons au Musée d’art moderne et contemporain
qui possède plusieurs belles œuvres de Victor Brauner – ci-dessus « Logos et les trois matières »et aussi, entre autres de A.R. Penck – ci-dessus « Avant le rebut »
Bon je ne vais pas mettre ici toutes les images de toutes les œuvres que j’ai spécialement aimées, il y en a trop. Encore quelques-unes :Daniel Richter, « L’éternel rêve éveillé des trois fous de la montagne »
Puis à la cathédrale où nous montons par l’escalier en colimaçon jusqu’au sommet
un selfie au sommet, et voilà la réponse du ciel
où se trouve la « maison des gardes »
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Nous avons visité aussi le Musée de l’œuvre Notre-Dame
avec ses merveilles du Moyen Âge, si primitives
et si actuelles parfois
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Et nous sommes allés au Musée archéologique
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Chaque fois que je dors à l’hôtel, j’y fais aussi mon yoga, comme tous les jours à la maison, histoire de garder un corps souple et musclé, en bon état de marche – et nous avons tout le temps marché
Le dernier jour, avant de reprendre le train, je me suis baladée dans le quartier de la gare et j’y ai photographié cette « trocothèque »
et des œuvres de Street Art
Nous sommes entrés pour prendre un verre dans cet hôtel entièrement orné de Street Art
Un peu plus loin dans la rue
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j’ai découvert ce garage orné comme une grotte du paléolithique, j’y suis entrée
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Retour vers Paris. Il reste encore bien des visites à faire dans cette ville, ce sera donc pour une autre fois.
Les prix littéraires tombent avec les feuilles mortes, également destinés à la pelle et au balai. Sylvain Tesson, fils à papa puissant dans les médias, fabricant d’aventures aussi artificielles et creuses qu’épate-bourgeois, reçoit le Renaudot pour un livre copiant le titre et le thème d’un vrai livre, de Peter Matthiessen (auteur dont j’ai lu un autre fort roman, En liberté dans les champs du Seigneur). The Snow Leopard, grand succès paru en 1978, a été publié chez Gallimard en 1983 sous le titre Le léopard des neiges ; livre dans lequel Matthiessen raconte être parti dans le Tibet pour observer cet animal. Le livre de Tesson, paru également chez Gallimard cette année donc, s’intitule La panthère des neiges et l’auteur y raconte être parti dans le Tibet pour observer cet animal. La ressemblance, j’en suis sûre, s’arrête là, Tesson n’arrivant pas à la cheville de Matthiessen. Bien sûr il a pris soin de citer Matthiessen dans son livre, histoire de se dédouaner. Chez Gallimard, on a dû se dire qu’il était moins risqué de s’en prendre à un auteur mort que de piller ceux qui sont encore vivants, comme l’avait fait leur auteur Yannick Haenel avec moi puis Claude Lanzmann, qui avions fortement dénoncé l’entourloupe.
Peter Matthiessen
Lisons Matthiessen, un auteur réel et réellement spirituel, lisons les bons auteurs, même s’ils sont souvent morts, plutôt que les faiseurs. Les enfants gâtés de ce monde mondain ne produisent que feuilles mortes, alors que les feuilles de tant de morts sont toujours vivantes.
Dans l’affaire du réalisateur Christophe Ruggia qui a harcelé Adèle Haenel (aucun rapport, à ma connaissance, avec l’auteur du même nom) entre ses 12 et 15 ans, le plus triste est sans doute de constater l’inaction de l’entourage. Les parents qui laissent leur petite fille répéter et jouer nue pendant des mois avec un réalisateur. L’équipe de cinéma qui voit bien qu’il se conduit comme un amoureux avec l’enfant mais n’ose rien dire. Cette façon qu’ont les humains d’être soumis aux figures d’autorité et fascinés par toute notoriété. Cette façon qu’ont les humains de sacrifier leurs enfants en se faisant bourreaux ou complices des bourreaux. Cette si vieille histoire toujours répétée dont ils se dédouanent en racontant dans les livres sacrés que c’est Dieu qui le leur a demandé, qui a demandé à Abraham de sacrifier son enfant. Dieu a bon dos. Comme s’il ne leur suffisait pas de commettre leurs bassesses et leurs crimes envers les enfants, les femmes, les innocents et les grands, il faut que les médiocres et les salopard·e·s les commettent en son nom, ou au nom de l’amour, ce qui revient au même. Dieu merci, la vérité, qui est un autre de ses noms, est infiniment plus puissante qu’eux et les balaie quand elle veut.
Il y avait longtemps que je n’étais retournée au musée Zadkine, lieu enchanteur par lui-même, atelier et jardin du sculpteur. Cette exposition m’y a appelée, avec son intitulé (inspiré de Zadkine) et ses artistes annoncés. Et je n’ai pas été déçue : un moment de grâce dans ce petit espace légèrement retiré, auquel je vous convie par ces quelques images d’œuvres (il y en a d’autres) à contempler sur place si vous pouvez y aller, ou du moins ici.
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Dans la première pièce, la forêt des silhouettes de Zadkine
De grands noms du Street Art se retrouvent à la Butte aux cailles. Les semaines passent et les œuvres changent. Raison pour laquelle je vais régulièrement faire un tour dans ce quartier charmant du sud de Paris. Comme d’habitude j’ai photographié surtout les œuvres nouvelles, qui n’y étaient pas lors de mon dernier passage.