Se déboulonner

"Clock", acrylique sur bout de carton récupéré 27×20 cm (j’ai réalisé cette peinture ces jours-ci pour utiliser mes fonds de palette en peignant d’autres tableaux)

« Clock », acrylique sur bout de carton récupéré 27×20 cm (j’ai réalisé cette peinture ces jours-ci pour utiliser mes fonds de palette en peignant d’autres tableaux)

Ceux qui s’indignent vivement d’un déboulonnage ou éventuel déboulonnage de quelques statues et n’ont pas un mot pour les humains tués ou mutilés par la police : voilà ce qu’est l’idolâtrie. Un aveuglement. On ne voit pas l’être humain, on voit l’idée qu’on se fait du monde. Et à cette idée on veut plier l’humain, l’obliger à plier devant les statues de pierre et surtout les statues sociales, les statuts sociaux devant lesquels deviennent invisibles les personnes racisées, les femmes, les personnes en situation de faiblesse.
Déboulonner, voilà pourtant un bon mot pour libérer une société de ses systèmes infernaux. Il suffit parfois qu’un seul boulon saute pour que la machine devienne inutilisable. Chacune, chacun peut l’être, boulon qui saute.

Simorgh et autres oiseaux

"Oiseaux", acrylique sur toile 30x30 cm

« Oiseaux », acrylique sur toile 30×30 cm


"Hirondelles", acrylique sur toile 30x30 cm

« Hirondelles », acrylique sur toile 30×30 cm


"Simorgh", technique mixte sur papier, 41x31 cm

« Simorgh », technique mixte sur papier, 41×31 cm

« Lorsque tous les oiseaux eurent compris ce dont il s’agissait, ils s’adressèrent encore à la huppe en ces termes : « Toi qui te charges de nous conduire dans le chemin, toi qui es le meilleur et le plus puissant des oiseaux, sache que nous sommes tous faibles et sans force, sans duvet ni plumes, sans corps ni énergie ; comment pourrons-nous enfin arriver au sublime Simorg ? Notre arrivée auprès de lui serait un miracle. Dis-nous avec qui cet être merveilleux a de l’analogie ; car sans cela des aveugles comme nous ne sauraient chercher ce mystère. S’il y avait quelque rapport entre cet être et nous, nous éprouverions de l’inclination à aller vers lui ; mais nous voyons en lui Salomon, et nous sommes la fourmi mendiante. Vois ce qu’il est et ce que nous sommes : comment l’insecte qui est retenu au fond du puits pourra-t-il s’élever jusqu’au grand Simorg ? La royauté sera-t-elle le partage du mendiant ? Cela pourra-t-il avoir lieu avec le peu de force que nous avons ? »

La huppe répondit : « O oiseaux sans ambition ! comment un généreux amour pourrait-il surgir d’un cœur dépourvu de sensibilité ? Cette sorte de mendicité, dans laquelle vous semblez vous complaire, est pour vous sans résultat. L’amour ne s’accorde pas avec le manque de sensibilité. Celui qui aime les yeux ouverts marche à son but en jouant avec sa vie. Sache que quand le Simorg manifeste hors du voile sa face aussi brillante que le soleil, il produit des milliers d’ombres sur la terre ; puis il jette son regard sur ces ombres pures. Il déploie donc son ombre dans le monde, et alors paraissent à chaque instant de nombreux oiseaux. Les différentes espèces d’oiseaux qu’on voit dans le monde ne sont donc tous que l’ombre du Simorg. Sachez bien cela, ô ignorants ! Dès que vous le saurez, vous comprendrez exactement le rapport que vous avez avec le Simorg. Admirez ce mystère avec intelligence, mais ne le divulguez pas. Celui qui a acquis cette science est submergé dans l’immensité du Simorg ; mais, gardons-nous de dire qu’il est Dieu pour cela. Si vous devenez ce que j’ai dit, vous ne serez pas Dieu, mais vous serez à jamais submergés en Dieu. Un homme ainsi submergé est-il pour cela une transsubstantiation ? et ce que je dis à ce sujet peut-il être considéré comme superflu ? Puisque vous savez de qui vous êtes l’ombre, vous devez être indifférents à vivre ou à mourir. Si le Simorg n’eût pas voulu se manifester au dehors, il n’aurait pas projeté son ombre ; s’il eût voulu rester caché, jamais son ombre n’eût paru dans le monde. Tout ce qui se manifeste par son ombre se produit ainsi visiblement. Si tu n’as pas un œil propre à voir le Simorg, tu n’auras pas non plus un cœur brillant comme un miroir propre à le réfléchir. Il est vrai qu’il n’y a pas d’œil susceptible d’admirer cette beauté, ni de la comprendre ; on ne peut aimer le Simorg comme les beautés temporelles ; mais, par excès de bonté, il a fait un miroir pour s’y réfléchir. Le miroir, c’est le cœur. Regarde dans le cœur, et tu y verras son image. »

Farīd al-Dīn ‘Attār, MANTIC UTTAÏR ou LE LANGAGE DES OISEAUX, chap. 13, trad. du persan par J. H. Garcin de Tassy

Le texte de ce fabuleux poème contant le voyage des oiseaux vers le Simorg se trouve ici
*
Ma toile « Oiseaux » est inspirée d’un dessin d’Audubon. « Hirondelles » fait référence à la symbolique de bonheur et de résurrection portée par l’hirondelle, tant dans l’Egypte antique où elle figure l’âme en cours de transformation, que dans le christianisme médiéval, notamment quand elle est représentée tête en bas. Le Simorgh, quintessence de l’esprit oiseau, est parfois associée à la végétation.

Le sang des femmes assassinées. Avec des collages féministes, du street art et une peinture

"City, with a woman corpse, a subway and some rats". Acrylique sur papier et collage (de tickets de métro), 41x31 cm

« City, with a woman corpse, a subway and some rats ». Acrylique sur papier et collage (de tickets de métro), 41×31 cm

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à Paris ces jours-ci, photos Alina Reyes

« …le coquelicot dresse dans les champs sa fleur sauvage et frêle, résistante et singulière, que personne n’a plantée, dont la flamme parcourt les champs comme un message. » Marcel Proust, Jean Santeuil

Le coquelicot essaime des milliers de graines.

Cinq animaux métaphysiques

"Tirésias"

« Tirésias »


"Le chameau de la prophétesse"

« Le chameau de la prophétesse »


"Le papillon de la dernière heure"

« Le papillon de la dernière heure »


"Phénix"

« Phénix »


"Grenouille de longue vie"

« Grenouille de longue vie »


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Les cinq sont peints en technique mixte (acrylique, gouache, feutre) sur papier 24×32 cm.

« Tirésias », muni des deux sexes, est aussi muni de deux regards, deux paires d’yeux, ceux de l’homme et ceux de la femme, donc voyant.

« Le chameau de la prophétesse » fait référence à l’histoire de la chamelle du prophète Mohammed, à qui il laissa le soin de déterminer l’endroit où construire la mosquée de Médine.

« Le papillon de la dernière heure » fait référence, entre autres, à la magnifique sourate 101 du Coran

« Phénix », comme il se doit, brûle et renaît de ses cendres

« Grenouille de longue vie » fait référence à nombre de mythologies dans le monde, dans lesquelles la grenouille est symbole de résurrection, comme dans le christianisme, et de longue vie. Par exemple à la fin de l’hymne aux grenouilles du Rig-Veda :

« Plaise aux grenouilles, lors du multiple pressurage
nous gratifiant de vaches par centaines,
de prolonger le temps de notre vie ! »

« Danse des couleurs » et balade autour du parc de Choisy

"Danse des couleurs", gouache et acrylique sur deux cartons collés, 23x33cm

« Danse des couleurs », gouache et acrylique sur deux cartons collés, 23x33cm

J’ai seulement ajouté quelques points-lignes blanches sur ce petit effet de couleurs peint naguère sur un carton ondulé, collé sur un autre carton d’emballage récupéré.

Je fais partie, physiquement, des poètes estropiés comme Rimbaud, Apollinaire, Cendrars, Van Gogh. Mon intérêt pour la dissymétrie dans la symétrie s’est révélé dès l’enfance, le jour où, lors de l’élection de la miss du village, j’ai éprouvé avec force que la beauté de telle belle brune avait un relief tout particulier du fait qu’elle était boiteuse (elle avait eu la polio, voilà ce qui arrivait quand les enfants n’étaient pas vaccinés). Ce détail la rendait plus belle que toutes les autres à mes yeux.
L’une des toutes premières nouvelles que j’ai écrites, bien avant de publier un roman, contait l’histoire d’un homme qui courait avec un pied chaussé, l’autre nu.
Une règle qui ne supporte pas d’exception est une règle triste. La règle de la symétrie supporte l’exception, elle est même tout entière exception, me semble-t-il. La plupart du temps notre regard trop superficiel ne discerne pas le dissymétrique dans la symétrie, mais n’y est-il pas toujours, ne serait-ce que de façon infime ? Ce qui le révèle pleinement agit comme une épiphanie, un renversement, une preuve éclatante de vie, d’interrogation, de pensée.

J’ai marché longuement aujourd’hui, voici quelques images prises au parc de Choisy et dans le quartier alentour.

autour du parc choisy 1-min

autour du parc choisy 2-min

autour du parc choisy 3-min

autour du parc choisy 4-min

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autour du parc choisy 6-min

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autour du parc choisy 13-min

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Aujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes

« Tournoi, tournoiement » et « Au milieu du chemin de notre vie »

"Tournoi, tournoiement", acrylique et photomaton sur bois, 35×39 cm

« Tournoi, tournoiement », acrylique et photomaton sur bois, 35×39 cm


"Au milieu du chemin de notre vie", acrylique sur bois, 46x46cm

« Au milieu du chemin de notre vie », acrylique sur bois, 46x46cm

Peindre, c’est penser en couleurs. Les ennemis des humains « de couleur » sont des ennemis de la poésie et de la pensée.
Il faut apprendre à penser autrement qu’avec des mots. Il est possible de penser par la langue, mais aussi sans la langue, autrement. Je l’ai rappelé dans ma thèse, Einstein disait penser sans mots.
Il est dangereux de ne savoir penser que d’une seule façon, par un seul moyen.

Je continue à repeindre mes anciennes peintures, avec la technique des points. « Tournoi, tournoiement », peut être vue dans sa première forme ici dans les notes consacrées à Paolo Uccello.
J’ai l’intention de repeindre à la fin, quand j’aurai fait tout le reste, mon plus grand panneau, qui fait près d’un mètre quarante de longueur. Un panneau de bois encadré de fer que j’avais trouvé dans la rue.

« Fertilité ». Fougère. Maranta Fascinator

"Fertilité", acrylique sur bois, 42 x 50 cm

« Fertilité », acrylique sur bois, 42 x 50 cm

fertilité 1-min
fertilité 2-min
fertilité 3-min
fertilité 4-min
Maranta leuconora Fascinator. Aussi appelée « plante prieuse » parce qu’elle étend ses feuilles le jour (et les bouge) et les redresse la nuit, comme en prière dans l’ombre. Ce phénomène et la beauté de ses feuilles lui valent le nom de Fascinator.