Bruges en plus de 30 images

Arrivée dans cette splendide ville moyenâgeuse et néogothique, « Venise du Nord » mais qui ne donne jamais une impression d’étouffement ni de pourrissement, au contraire, avec ses eaux et ses espaces larges, ses lumières mouvantes. O et moi avons décidé là de partir vivre, dans quelques années, alternativement dans différentes villes du Nord, de l’Écosse jusqu’au Nord-Est de l’Europe, où la vie est tellement meilleure que dans les pays latins et du Sud encore trop marqués par la vieille mentalité patriarcale, des pays où les gens sont plus libres, des pays modernes.

Parking à vélo. Comme dans toutes les villes du Nord, beaucoup de circulation à vélo

Du sommet du Beffroi, une belle vue sur la ville, tandis que le carillon chante

Le Jugement dernier de Jérôme Bosch au musée Groeninge

Retour côté français avec beaux trains tagués, et souvenir de l’hortus conclusus de l’hôtel, face auquel je me suis exercée dans la salle de sport

Boule de suif, film de Christian-Jaque avec Micheline Presle

Il y a longtemps que je n’ai pas posté de film. Celui-ci, paru en 1945 et adapté de deux nouvelles de Maupassant, est une merveille à voir et revoir. Forte peinture, que je viens de revisionner en Belgique, d’un certain esprit français aussi coriace que veule, aujourd’hui au pouvoir ou aspirant au pouvoir comme il le fut à l’occasion hier ou avant-hier.
*

*

Pan ! Peter Pan !

Ne voulant me remettre de suite ni à ma traduction de l’Iliade ni à peindre ni à écrire alors que je dois très bientôt partir quelques jours, je commence juste à traduire Peter Pan. Quel merveilleux texte, fin, drôle et profond, et quel bonheur, quel plaisir, quelle joie je trouve à le traduire ! Pourquoi Peter Pan ? Eh bien, parce que j’ai décidé de traduire les six livres culte dont le dos figure sur le sac que m’a offert O à Édimbourg, à Noël 2019, juste avant la pandémie. L’un d’eux est l’Odyssée – depuis, je l’ai traduit. Le deuxième sera donc ce texte de J.M. Barrie, que je n’ai pas relu depuis mes huit ans à peu près, et que je redécouvre d’autant mieux que je le lis maintenant dans sa langue d’origine, et pour ainsi dire en relief puisque je le traduis, selon ma façon de traduire, plus attentive au sens profond qu’à rendre l’expression courante en français.

Privée de courir à cause de la pollution, heureusement je peux toujours faire yoga et gym à la maison, et bientôt, là où je serai, j’aurai une salle de sport à disposition, je pourrai à défaut courir sur un tapis. Mais ça ne peut pas être décemment la seule solution pour faire du sport. Je lis que la ministre du Logement veut mettre tous les Français en cage, estimant que la maison individuelle ne répond pas à l’urgence climatique – alors qu’elle-même possède une maison en banlieue chic, mais ça, c’est le « en même temps » macroniste. Comme le remarque un lecteur dans Le Figaro, on se soucie d’élever les poules en plein air mais on voudrait mettre tous les humains dans des poulaillers. Dans les pays anglosaxons par exemple, les gens vivent plus en pavillons qu’en barres d’immeubles, les banlieues sont donc plus étendues, et alors ? Ce qu’il faut, ce n’est pas encager les gens, c’est construire intelligemment, et surtout assurer de bons transports en commun. Tous ces politiques pensent en industriels qui auraient à gérer, en guise de produits, des humains. C’est ça, la start-up nation, le désir de milliards, la déshumanisation en marche.

Même en marchant, on sent la pollution à chaque respiration. Des humains qui ne peuvent plus jamais aller et venir aisément entre dehors et dedans, qui ne peuvent plus courir ni marcher sainement dehors, sont des humains maltraités. Le spectacle de ces politiques imbéciles aurait de quoi précipiter les gens dans le syndrome de Peter Pan. J’ai l’intention de mettre ma traduction gracieusement en ligne quand je l’aurai terminée, d’autant que je constate qu’il n’y en a pas, avec, sûrement, un petit commentaire de mon crû.

En attendant, on peut toujours lire gracieusement, si ce n’est fait, ma traduction de La chute de la maison Usher. Edgar Poe ne figure pas sur mon sac, mais il nous parle aussi.

*

La belle et bonne Bourgogne, en 30 images

O et moi sortons de Paris vers 7 heures du matin
et admirons l’aurore en chemin


Premier arrêt à Saint-Bris-le-Vineux, où nous visitons la fantastique cave du domaine P-L et J-F Bersan
le pressoir du XIIe siècle



et du vin qui vieillit dans ce qui fut le fond de la mer, il y a 150 millions d’années
les plus anciennes bouteilles que nous ayons vues dataient de 1960

une ancienne cuve
Puis nous allons visiter le village de Noyers-sur-Serein, cité médiévale








Sur la D956, en route pour Chablis, cette inscription violente rappelant des temps de violence



Et voici Chablis, où nous déjeunons… dans une cave

Avant de reprendre la route pour, un peu plus loin, le domaine J-M Brocard et ses chais avec des foudres de 10 000 et 15 000 litres, et l’une des ces ammonites partout présentes, souvenir du Jurassique et de sa mer chaude qui s’est retirée


De nouveau sur la route, un arrêt pour contempler le paysage, ses vignes, ses vastes ciels, et ici, à l’arrière-plan, dans un creux du vallonnement, Irancy, le village où naquit l’architecte Soufflot, auteur notamment du Panthéon

Les éoliennes que j’évoquais dans ma précédente note, et comme en écho, au retour à Paris, la tour Eiffel dorée par la lumière de la fin de la journée

le 13 octobre 2021, photos Alina Reyes
*

Se faire justice

Aux prochaines présidentielles, je voterai dès le premier tour pour le candidat qui ne sera ni l’extrême-droite, ni Macron. Qu’il soit de droite ou de gauche, pourvu qu’il soit le mieux placé pour éviter un deuxième tour « en même temps » Macron et l’extrême-droite. Je pense sérieusement Macron presque aussi dangereux que Le Pen ou Zemmour. Et j’espère que suffisamment de mes concitoyens se mobiliseront pour déjouer le piège qui nous est tendu, à énormes ficelles, d’avoir à choisir entre le nihilisme néofasciste et le nihilisme macroniste. C’est ce que je pensais déjà en 2017, et contre quoi j’avertissais déjà – depuis ma minuscule audience, mais ça ne fait rien, il faut le faire.

Je sais ce que ressentent les rescapés des attentats du 13 novembre. C’est comme d’être un goéland qui se retrouve les ailes engluées de pétrole. Parfois il lui semble qu’il va quand même réussir à s’envoler de nouveau, et parfois qu’il n’y arrivera plus. Il y avait un personnage nommé Terreur dans mon roman Forêt profonde, c’était un personnage de fiction, mais qui existait aussi dans la réalité et qui, depuis, a fait tache d’huile. Il y a toutes sortes de bandes d’ordures terroristes, des islamistes, les plus voyants, mais aussi bien d’autres, non similaires, mais comparables, qu’ils s’en prennent aux corps et aux vies, d’une manière ou d’une autre, ou aux esprits et aux existences. Il s’agit, pour les innocents sur lesquels ils tombent, de garder ce qu’eux ont perdu : lumière, courage, vérité, droiture, honneur, et même de les avoir plus qu’avant encore. Voilà comment se faire justice soi-même.

Je sais que beaucoup de gens trouvent que les éoliennes défigurent les paysages, mais moi je les trouve belles et surtout très émouvantes. Si puissantes, si debout, si sereines. Elles me donnent envie d’écrire, comme, il me semble, les pales des moulins donnèrent envie d’écrire à Cervantès. J’en ai contemplé beaucoup aujourd’hui en visitant avec grand bonheur la Bourgogne – la France est si belle en tous ses paysages, et dans sa paix quand elle est là – je ferai une prochaine note avec des images des vallonnements colorés, des ciels vastes, des vignes, des caves où mûrit le bon vin.

*