Du côté de Nadja

 

nadja« *Sur la porte de beaucoup de maisons arabes, s’inscrit, me dit-on, une main rouge, au dessin plus ou moins schématique : la « main de Fatma ». » C’est une note de bas de page de Breton à la suite du passage où Nadja lui demande d’écrire un roman sur elle et ajoute : « Tu trouveras un pseudonyme, latin ou arabe. »

« La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas. » En train de relire Nadja, et donc plongée dans la grâce. Une lecture capitale dans mon adolescence, et bien plus qu’une lecture, une expérience. Je me rends compte que le texte a déjà 89 ans, mais moi je l’ai vécu au présent, et le présent se représente quand je le relis. J’avais une amie, Kiki, en qui je voyais une sorte de Nadja, elle dessinait un peu comme elle, et puis une autre camarade qui s’appelait Nadia, enfin Nadja était vivante çà et là, un peu partout, et moi j’entrais dans mes rêves la nuit, consciemment, et je voyais, je sentais le jour des choses qu’on ne voit pas. « Qui étions-nous devant la réalité, écrit Breton, cette réalité que je sais maintenant couchée aux pieds de Nadja, comme un chien fourbe ? Sous quelle latitude pouvions-nous bien être, livrés ainsi à la fureur des symboles, en proie au démon de l’analogie, objet que nous nous voyions de démarches ultimes, d’attentions singulières, spéciales ?  » Et : « J’ai pris, du premier au dernier jour, Nadja pour un génie libre, quelque chose comme un de ces esprits de l’air que certaines pratiques de magie permettent momentanément de s’attacher, mais qu’il ne saurait être question de se soumettre. » Et encore : « Il se peut que la vie demande à être déchiffrée comme un cryptogramme. Des escaliers secrets, des cadres dont les tableaux glissent rapidement et disparaissent pour faire place à un archange portant une épée ou pour faire place à ceux qui doivent avancer toujours, des boutons sur lesquels on fait très indirectement pression et qui provoquent le déplacement en hauteur, en longueur, de toute une salle et le plus rapide changement de décor : il est permis de percevoir la plus grande aventure de l’esprit comme un voyage de ce genre au paradis des pièges. »


main de fatma-min (1)Nadja
est au vingtième siècle ce que sont les Illuminations au dix-neuvième, ce que sera Voyage au vingt-et-unième. Quelques jours avant de le relire, sans y penser – je m’en rends compte maintenant -, j’ai remis en pendentif la main de Fatma qui me fut offerte quand je vécus à Essaouira, et ce dimanche, sans y penser non plus, je suis allée avec mon amoureux au château et à la forêt de Saint-Germain-en-Laye, comme j’ai lu hier soir que l’avaient fait aussi Breton et Nadja. Je ne renoncerai pas à la pensée poétique, car elle seule donne la vie, sauve la vie, pour soi et pour le monde. « Qui vive ? Est-ce vous, Nadja ? Est-il vrai que l’au-delà, tout l’au-delà soit dans cette vie ? », demande-t-il. La Reine, dit Rimbaud, connaît la réponse.

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À Saint-Germain-en-Laye, du château à la forêt en passant par le musée archéologique et le jardin

station rer nanterre-minà vélo puis en RER, nous voici à la station Nanterre, bien taguée, puis c’est l’arrivée au château

château saint germain en laye-minle musée archéologique est à l’intérieur

sepulture feminine-min légende sepulture-min

bison-min

dame de brassempouy-min la fameuse et très émouvante toute petite dame de Brassempouy, et quelques Vénus paléolithiques aussi, bien différentes de celle de Höhle Fels dont j’ai parlévénus paléolithiques-min

vulve paléolithique-min une vulve gravée dans la pierre, toujours au paléolithique

et la cour du châteauchâteau st germain en laye-min

l'été-minlégende l'été-mindans la partie gallo-romaine, j’ai admiré cette peinture délicate (et aimé les reflets des fenêtres d’en face qui l’encadraient)

il y a aussi une salle consacrée à l’archéologie comparée, avec des pièces du monde entierarcheologie comparée st germain en laye-min

du bord du jardin,  vue sur la Défense, au loin, dans une légère brume de pollution, et la Seine
vue sur la défense-min

seine-min

le jardin à la française est très grand, le jardin à l’anglaise très beauallée jardin st germain-min

jardin-min et puis on rejoint la forêtforêt st germain-minaujourd’hui à Saint-Germain-en-Laye, photos Alina Reyes

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Voyage en RER

Cette année j’ai tenté à la fois l’agreg et le Capes. Le Capes, c’était hier et aujourd’hui. Dès que le RER sort de terre, je regarde la banlieue défiler, émerveillée par la vision de la vie quotidienne, comme si je faisais un beau voyage, et c’est vrai, c’en est un. Ce matin j’ai même vu un lapin, dans un espace herbeux. À la sortie Parc des Expositions Villepinte j’ai photographié le mur de la station avec son bonhomme et ses lettres, puis le Parc bien conçu où nous avons planché, deux fois six heures durant. J’aime bien passer ces concours, et le programme de l’agrégation est chaque fois si beau que je souhaiterais presque d’avoir à la retenter l’année prochaine !

rer parc des expositions-min parc des expositions-min villepinte-mince matin à Villepinte, photos Alina Reyes

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