Je suis un être humain complet. Je ne suis pas amputée, ni déformée ni castrée. Corps et esprit, chair et âme, tout y est, et plus encore.
Tant d’hommes sont si vaniteux et avides, ils croient que les honneurs et les moyens peuvent tout avoir. Mais l’être humain complet n’a pas besoin de béquilles à son être, puisqu’il est tout. Tant d’hommes s’obstinent à ne pas admettre que la fin ne justifie pas les moyens. Je suis la fin, je ne les justifie pas.
Il n’y a qu’une façon de se donner : tout entier, corps et âme, chair et esprit, dans la pleine vérité. Tout autre don n’est que la négation du don. L’être humain complet se donne et reçoit, c’est tout. En tout. Entièrement. Tous, à tous, à l’univers et à ce qui le dépasse. Quoiqu’il fasse il continue, il se donne, puisqu’il est.
Une abeille se débattait dans l’eau, j’ai pris un roseau et je l’ai sortie de là.
cet après-midi au Jardin des Plantes, photos Alina Reyes
Je me suis assise au soleil et j’ai commencé à écrire un nouveau petit roman érotique. Quand cela a commencé à devenir brûlant, je me suis levée, je suis rentrée à la maison, où j’ai continué. La vie nous veut vivants.
Je suis allée voir El Gran Dragon, documentaire sur les hommes de la forêt d’Amazonie et leur connexion avec les plantes qui guérissent. Hommes, forêt et connaissance menacés par l’exploitation industrielle, comme les indigènes péruviens, dont le nombre passa de douze millions à un million, le furent par les colons et les évangélisateurs qui condamnèrent leur savoir.
Connexion est un mot qui revient fréquemment au cours du film. Ces hommes sont connectés avec leur environnement naturel, ils en font partie. Des ethnologues comme Jeremy Narby aussi bien que le poète penseur Antonin Artaud se sont intéressés à leur mode d’entrée dans une autre dimension par la « mère des plantes », leur enseignante. Quand la science occidentale comprendra que la clé qui lui manque est là, l’humanité fera un grand pas.
Il est inutile de demander à un voyageur
Des conseils pour construire une maison.
Le travail ne sera jamais achevé.
Citation du Livre des Odes, un ouvrage chinois, par Bruce Chatwin, dans son livre capital sur les aborigènes australiens, Le Chant des pistes.
« Les psychiatres, les politiciens, écrit ensuite Chatwin, les tyrans nous assurent depuis toujours que la vie vagabonde est un comportement aberrant, une névrose, une forme d’expression des frustrations sexuelles, une maladie qui, dans l’intérêt de la civilisation, doit être combattue. Les propagandistes nazis affirmaient que les Tziganes et les Juifs – peuples possédant le voyage dans leurs gènes – n’avaient pas leur place dans un Reich stable. Cependant, à l’Est, on possède toujours ce concept, jadis universel, selon lequel le voyage rétablit l’harmonie originelle qui existait entre l’homme et l’univers. »
Aujourd’hui on confond souvent voyage et tourisme. Le voyage est spirituel, ou il n’est pas. Ceux qui ont réellement voyagé savent que le voyage commence vraiment quand ils deviennent eux-mêmes le voyage. Les habitants de la forêt, les habitants de leur espace, même s’ils ne font que se déplacer dans leur environnement immédiat, y voyagent réellement, en communion spirituelle avec le cosmos. Avec le chemin qu’ils deviennent eux-mêmes (et qui désoriente tant les sédentaires).
Nous aussi nous avons déjeuné sur l’herbe, échafaudant d’humbles et splendides projets…
Sur la Seine, d’autres déjeunaient aussi au soleil à bord de leur péniche
Nous avons avancé vers l’est
et sommes montés à bord de la Louise-Catherine, ou péniche Le Corbusier, anciennement péniche de l’Armée du Salut
Toute en béton, mais de beaux espaces
Et une belle exposition de photos de femmes. Celle-ci par exemple, une inconnue, pose devant de nombreux livres, dont au premier plan un livre de Maître Eckhart
toujours à l’intérieur de la péniche
et la voici vue du pont
rive droite, une péniche « concrete » pour les fêtards insatiables
et de l’autre côté du pont et de l’horloge de la gare de l’Est…
Très heureuse d’être entrée en Carême, comme je le fus d’entrer en Ramadan, l’été dernier – c’est ce temps qui m’a ouvert la voie de la peinture, quelques mois plus tard, car le blanc contient toutes les couleurs, il les mûrit en son sein puis les libère. Et aujourd’hui mes idées fusent en abondance. Ah décidément, par la grâce de Dieu, nous transformerons la mort en vie, oui je ferai toute chose nouvelle, je le fais à chaque instant !