











tout à l'heure au Jardin des Plantes, photos Alina Reyes
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tout à l'heure au Jardin des Plantes, photos Alina Reyes
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photo Alina Reyes
Voulez-vous nous faire la grâce de monter au septième ciel et au-delà ? Laissez le ciel entrer en vous. Une fois plein de ciel (ce qui se dit aussi : plein de grâce), vous êtes en apesanteur. Vous êtes. Tout ce qui est pesant est mortel. Le ciel vous a fait de ciel, puis vous a envoyé sur terre, vous a lié à la loi de la pesanteur, afin que vous puissiez connaître que vous n’êtes pas d’elle, mais du ciel, et partir à la recherche, à la rencontre du ciel. Vous devenez la conscience du ciel dans sa créature, dans sa création.
Hier soir au Petit Bar comme l’autre jour sur la Seine j’ai regardé rougir les feuilles au-dessus de nos têtes. C’est la rentrée, j’ai un désir immense de travailler. Je pense à Sufjan Stevens, à André Gouzes, au frère Cassingéna-Trévedy, aux mélodies anciennes et nouvelles à la fois, aux fines pointes, aux avancées délicates, exquises, inquiètes et renversantes de l’esprit, je pense au rouge sur le monde, doux comme un été indien qui vient, flamboyant, avant la grande neige, enceinte de la prochaine vie. Je pense l’amour, je le suis, main dont les doigts parcourent le monde en frémissant, ruisseaux chargés de nutriments, de senteurs, de larmes et de consolations.
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Le jardin des Tuileries

Les splendides photos de Ahaé

La Seine

Les quais

Deux solitaires

Elle n'est pas un peu morbide, cette mode d'accrocher des cadenas aux ponts en signe d'amour ?

Des vivants

La librairie Eyrolles, boulevard Saint-Germain

À Saint-Nicolas du Chardonnet, les femmes prient voilées

Photos Alina Reyes
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Je suis allée voir en avant-première à l’Escurial (le film sort mercredi en salles) La Vierge, les Coptes et Moi. Je le conseille à tous ceux qui aiment la vie et les êtres humains. L’auteur ne sait pas ce qu’est la foi, mais sans le savoir, il l’a. Et en dépit de tout elle vainc, elle vaincra.

photo Alina Reyes
Voici venir la rentrée littéraire. Je jette un œil sur Internet, je vois. De plus en plus de livres sortis de l’usine. Glosant à perte de vue, souvent comme les magazines féminins sur les rapports hommes-femmes. La littérature même masculine est devenue une succursale des magazines, féminins ou à scandale ou politiques ou généralistes, que sais-je encore. Contrairement à tout ce petit monde je n’ai jamais été sadique ni masochiste ni les deux, ne le serai jamais, passons. Pour les autres, les plus personnels essaient de dénoncer la folie du monde, je suppose. Quant à son immense beauté, quant à sa fantastique vitalité, quant à son drame époustouflant, quant à son éclatante possibilité de résurrection, j’ignore si quelqu’un en parle, je veux dire, avec son sang.
Que viendrait faire là-dedans quelque œuvre unique, hors-normes, voyante, sinon déranger ? Un écrivain parmi eux a été pillé, occulté, et maintenant est empêché de publier. Si c’était l’effet d’une fatwa, tollé à Saint-Germain-des-Prés ! Mais c’est l’effet de Saint-Germain-des-Prés, plus fou que le monde qu’ils dénoncent mais auquel ils sont aliénés : de ce fantôme, de ce crime ils ne disent rien, sinon par la honte qui transpire en secret de leurs productions.
Hier soir je m’amusais à inventer des événements d’activisme que je pourrais faire par exemple devant Notre-Dame ou Gallimard ou encore ailleurs, rien que pour les titiller, ces sérieux si accrochés à leurs planchers, si pleins de foi en leur importance et leurs affaires terrestres. J’étais de très bonne humeur, riant toute seule. J’adorerais faire ce genre de choses, si je n’avais pas mieux à faire : écrire. Ce que je fais. Et puis Voyage finira par être publié et il trouvera ses lecteurs tout ira bien, pour Forêt profonde cela prendra plus de temps, du reste j’aurai peut-être repris l’un et l’autre avant qu’ils ne deviennent visibles, on verra bien. La nuit j’ai rêvé que je dansais, d’abord chez moi dans un immense appartement très haut de plafonds avec des musiciens africains, et c’est en apesanteur que je dansais, très haut au-dessus du sol, dans une joie extraordinaire. Puis je sortais avec d’autres, nous nous retrouvions ailleurs près de la Seine et là il y avait des DJ et de la techno excellente, de nouveau je dansais en l’air, très haut, sentant tous les mouvements de l’air très sensuels autour de mon corps qui le déplaçait comme de la soie frémissante par vagues et vaguelettes tout autour, l’univers entier vibrant en moi, à travers moi, avec toutes les âmes présentes.

Église des Templiers à Luz-Saint-Sauveur, photo Alina Reyes
J’étais un été à l’église fortifiée de Luz-Saint-Sauveur, dans la chapelle latérale, où parfois un chat roux dort sur les chaises empilées, devant la statue de Marie. À Dieu je ne demande rien, sinon sa bénédiction sur ceux que j’aime. Dieu me donne vie, joie et puissance (pas au sens du monde évidemment), je n’ai rien à lui demander, nous sommes unis comme le cœur et le sang, c’est tout. Mais j’étais venue spécialement voir Marie, pour lui parler d’une question profonde de notre vie et lui demander son aide afin que les choses s’arrangent comme il me semblait bon qu’elles le fassent. Quelques semaines plus tard, c’était fait.
Maintenant je sais que pour tout ce qui concerne notre vie avec nos proches et la vie de nos proches, nous pouvons compter sur son aide puissante. J’en fais de nouveau l’expérience ces jours-ci.
Même si vous ne l’avez jamais fait, allez-y, n’ayez pas peur de lui parler. Elle écoute. Il se peut que nous nous trompions dans ce que nous demandons, mais si nous sommes patients et si nous continuons à chercher à demander le mieux adapté à la situation, elle finit par le faire apparaître. À nos yeux, et aussi en le réalisant dans notre âme et dans celle des personnes concernées, doucement.

à la maison, photo Alina Reyes
Bien sûr il faudra s’expliquer pour les enfants – ce n’est pas à eux de s’expliquer, comme s’ils étaient coupables d’avoir été manipulés, comme si on rejetait sur eux un mal dont ils sont victimes -, mais aussi pour le reste. Qui ne s’est pas trouvé trop grand pour participer à de basses tromperies et manœuvres ne peut pas se sentir trop grand pour dire la vérité entre quatre zyeux ! Soyons des hommes ! Il n’est d’autre choix pour l’homme, pour les hommes, pour le monde, que de reconnaître la vérité. Car il n’est rien en dehors d’elle, rien que la mort. Et continuer à l’éviter, c’est continuer à se cacher dans le Jardin comme Adam, et à en être chassé. C’est refuser de reconnaître le Christ, refuser le salut.
La liberté ne choisit pas entre le bien et le mal, la liberté détruit le mal, a dit Léon Chestov. Soyons humbles et courageux, faisons ce qu’il faut faire, la liberté nous salue, soyons heureux.