Notre capacité à garder le cap

Work in progress, détail de ma nouvelle peinture en cours

Work in progress, détail de ma nouvelle peinture en cours


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Aujourd’hui les martinets sont revenus dans le ciel de Paris. De ma fenêtre, j’ai vu des palombes transporter de longues brindilles dans leur bec. Saison des nids. La nature suit son cours. La culture aussi, puisqu’elle en fait partie. Comme j’écoute de la musique douce (de méditation) tout en en peignant, fenêtre ouverte, un merle se pose en face sur une antenne et chante de concert, en virtuose.

Mes bibliothèques me manquent, celles où j’allais travailler. Je ne travaille pas bien à la maison. J’ai besoin de me dépayser pour écrire, il en a toujours été ainsi.
De temps en temps je passe la tête par la fenêtre, pour prendre l’air et un peu de vitamine D. Je n’ai pas envie de me promener dans une ville où presque tout est fermé et où il faut faire attention à ne pas dépasser un petit kilomètre de chez soi. Toujours par la fenêtre, je regarde mon vélo, en bas dans la cour, au moins bientôt je pourrai en faire.

Le confinement est dur pour les citadins qui n’ont ni nature ni même balcon pour s’aérer. Si on s’y était pris plus tôt et plus intelligemment nous serions sortis d’affaire plus vite et avec moins de morts et de dégâts. Le confinement est sûrement encore plus dur pour les jeunes, si pleins de vitalité, et qui doivent le supporter alors qu’eux ne sont quasiment pas menacés par le virus. Et les conditions de travail pour ceux qui doivent continuer à travailler sont encore plus dures que le confinement. Une période traumatisante pour le pays, d’autant que les décisions politiques continuent d’être chaotiques et souvent incohérentes. Il est aisé de déprimer et de prophétiser comme Houellebecq que le monde d’après sera encore pire, mais rien n’est joué, en fait. Nous ne sommes pas emportés par un destin aveugle, nous gardons notre libre arbitre et notre capacité d’agir. C’est en les exerçant que nous faisons l’histoire, au lieu de la subir. Même dans les temps de contraintes et de menaces, notre capacité à garder notre esprit souple et vivant peut nous sortir d’affaire. Comme dans les livres d’aventures et les contes pour enfants, oui.

L’unité de l’être dans la Bhagavad-Gita, hymne révélé de l’hindouisme

J'ai terminé ma peinture (acrylique sur toile 40x50 cm), et je l'ai intitulée "Oreille interne". Puis j'en ai commencé une autre

J’ai terminé ma peinture (acrylique sur toile 40×50 cm), et je l’ai intitulée « Oreille interne ». Puis j’en ai commencé une autre


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« La connaissance grâce à laquelle on ne voit qu’un être unique, indivisible et impérissable en tous les êtres, aussi distincts soient-ils les uns des autres, sache qu’elle est pure et clairvoyante. » (20)

« Les humains touchent au but suprême lorsque, par leurs actes, ils honorent celui qui engendre les vivants et qui sous-tend le monde. » (46)

« Car le Seigneur, ô Arjuna, présent au cœur de tous les êtres, les anime par sa puissance, comme s’ils étaient mus par un mécanisme. » (61)

« Prends refuge en lui seul, ô descendant des Bharata, de tout ton être.
Par sa grâce, tu éprouveras la grâce infinie du séjour éternel. » (62)

Ces versets du Chant XVIII de la Bhagavad-Gita comptent parmi ceux qui indiquent que l’hindouisme est loin d’être le polythéisme qu’on croit trop souvent, faute de l’avoir étudié avec intelligence, et surtout, de l’avoir pratiqué d’une façon ou d’une autre. Ce texte fonde ma pratique du yoga, tout autant que ma pratique du yoga me conduit à l’intelligence de ce texte.
Le savoir sans la pratique est un faux savoir. Ou, pour le dire de façon imagée : le savoir sans la pratique est une charrue sans bœufs. Quelle sorte de savoir peut avoir celui ou celle qui regarde une charrue sans avoir jamais vu ni senti labourer la terre ? La même sorte que celui ou celle qui prend des vessies pour des lanternes. Où peut aller celui ou celle qui prend place dans une voiture à cheval sans cheval ni chevaux, ou attelée à un cheval mort ? Pas plus loin que l’intelligence sans la pratique, le moteur pour apprendre à savoir et pouvoir s’en servir.
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Pour d’autres extraits de ce texte splendide, ci-dessous mot-clé Bhagavad-Gita
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Politique de la charité

Dès leur création, j’ai détesté les Restos du cœur. Je déteste la charité. J’ai grandi dans une famille très pauvre et une fois adulte j’ai été très pauvre, longtemps, à être démunie de tout, à ne manger que des pâtes ou du riz. J’ai connu d’autres gens dans le même cas. Nous ne risquions pas de faire du gras. Ils ne se plaignaient pas, moi non plus. Je ne serais jamais allée aux Restos du cœur ni à un truc de ce genre. On a enlevé leur dignité aux pauvres. Beaucoup se surnourrissent de cochonneries. Dans cette société de consommation, il n’y a pas d’autre but que de consommer, pour les pauvres comme pour ceux qui ont de l’argent. Ce qui est à portée de consommation des pauvres, c’est la nourriture, la mauvaise nourriture qui fait les corps en surpoids et paralyse les esprits. Et la maladie de l’obésité s’étend, elle touche de plus en plus de monde dans toutes les classes, elle tue elle aussi, par l’addiction dont elle est le signe, notre capacité à nous tenir debout.

Depuis le confinement, les files d’attente s’allongent de plus en plus aux distributions de nourriture. Il s’y trouve des gens qui ont véritablement faim, des sans-abri privés des revenus de la manche depuis que les rues sont désertées, et des travailleurs privés de travail. Leur distribuer de la nourriture est utile, mais n’en reste pas moins révoltant. Ce monde est indigne. La solidarité y est devenue, par force, de la charité. Une manifestation éclatante de l’injustice sociale. Et de sa pérennisation. Si je me souviens bien, les Restos du cœur devaient être provisoires. Ils ont instauré un système. Même effet pervers que celui d’une certaine aide humanitaire, quand elle n’est pas coopération avec les gens à qui elle s’adresse. La charité, c’est le non-partage. Il y a l’indigent, et il y a le citoyen. Le citoyen agit, l’indigent est dépendant. La bonne idée d’Emmaüs, c’était de refuser ce système ; c’était un progrès certain, même s’il n’est pas allé assez loin. Et ce qui se développe maintenant et depuis les Restos du cœur, continue, pour la bonne cause, à entériner l’exclusion, participe même à l’augmenter.

On parle de solidarité, et sans doute un esprit de solidarité anime-t-il la plupart de ceux qui organisent ces distributions, mais le système, lui, est celui de la charité. Mon sens de la dignité est blessé devant ce spectacle répugnant. Qui est devenu une politique. L’hôpital se fout de la charité mais il lui a fallu la subir, il lui a fallu accepter des dons de sacs poubelles transformés en blouses et de casques de plongée pour se protéger d’un virus. Comme on parle de culture du viol, on peut parler de culture de la charité, et de politique de la charité. La Commission européenne elle-même envisage de lancer un crowdfunding pour faire face à la crise économique due au coronavirus. L’Europe faisant la manche. La boucle est bouclée.
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L’arène Littérature


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Le coronavirus a mis fin aussi aux cours du Collège de France, dont j’ai souvent parlé ici. Cette fin de cours par défaut d’Antoine Compagnon, sur les fins de la littérature, ne manque pas d’élégance. Quant à la fin de la littérature, elle se trouve en ce moment sur les étals des libraires et chez les éditeurs qui attendent la fin du confinement pour vendre leurs auteurs, des Tchitchikov – des trafiquants – plutôt que des Homère – des poètes. La reine est morte, vive la reine !
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Matin : yoga. Après-midi : peinture. Un détail du tableau en cours, bientôt fini :

oreille 2-min

Des chercheurs salvateurs, des vendeurs de livres, et de la santé de tous

Work in progress, un détail de ma peinture toujours en cours

Work in progress, un détail de ma peinture toujours en cours

De bonnes nouvelles arrivent d’Asie. La première vient du laboratoire chinois qui a développé un vaccin qui s’est avéré efficace sur des singes ; travaillant 24 heures sur 24, ils sont en train de le produire par dizaines de milliers d’exemplaires pour vérifier qu’il supporte la production de masse, tout en commençant à le tester sur des humains volontaires. D’autre part, des scientifiques coréens affirment que les personnes qui ont été contaminées par le coronavirus ne peuvent plus l’être. Une affirmation étayée par une étude bien sûr, et qui paraît vraisemblable : les cas présumés de recontamination au bout de trois semaines n’étaient-ils pas tout simplement des suites de la maladie pas encore guérie ? Un hashtag sur Twitter rassemble ainsi des gens qui continuent à traîner certains symptômes après plus de vingt jours, parfois après plus d’un mois. Heureusement les chercheurs cherchent, et sont capables de changer des situations.

Les éditeurs déplorent de n’avoir pas vendu de livres depuis le confinement, et prévoient que les livres publiés pendant cette période ne pourront plus être écoulés. Les livres qu’ils publient sont donc si importants que si les librairies ferment pendant quelques semaines, ils deviennent invendables ! Quel produit est plus vite périssable que le livre aujourd’hui ? L’édition est devenue l’illustration la plus sordide de la société de consommation. « Société de consommation, j’écris ton nom », voilà son credo.

profil,-min(Autoportrait en Janvier 2020 en Crète, en posture de l’arbre) (J’ai 64 ans, j’ai eu 4 enfants). Je disais hier que j’avais ces derniers mois retrouvé la souplesse de ma jeunesse grâce au yoga. Mais ce n’est pas tout. Yoga et exercice physique en général, ainsi qu’attention à l’alimentation, m’ont aussi gardée dans une forme physiologique exprimée en valeurs qui seraient tout aussi bonnes si j’avais vingt ou trente ans : 11,7 de tension, pouls à 61 au repos, rythme respiratoire de 12 (ou moins au repos) par minute. C’est ainsi sans doute que mon corps, pourtant éprouvé par deux cancers ces dernières années, des opérations et un traitement fatigants, a su se défendre contre le coronavirus, qui ne m’a causé que de légers symptômes. Sans doute ai-je eu aussi de la chance, mais du moins je l’ai aidée. La pandémie révèle quels sont les pays modernes d’aujourd’hui : ceux qui ont su réagir efficacement. Et quels sont les pays dépassés, notamment la France, le Royaume Uni et les États-Unis. Qu’elle nous incite aussi à être absolument modernes, comme disait Rimbaud, mais de façon libre, en commençant par être agissant sur notre propre condition physique et mentale. « Dieu ne change pas l’état d’un peuple tant que les gens ne changent pas d’eux-mêmes », dit le Coran (13-11). Voilà qui est tout aussi valable pour l’édition. Tant qu’elle ne changera pas, elle continuera à sombrer.
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J’ai trouvé ce graphique sur Twitter :
Screenshot_2020-05-01 Groupe J -P Vernant ( Gjpvernant) Twitter

Yoga, coronavirus… Et verdure des rues, avec aussi un peu de street art

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Il pousse même des bettes sur les trottoirs

Il pousse même des bettes sur les trottoirs


et des chardons

et des chardons


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J'aime les animaux, mais militer contre la réduction des rats en ville, est-ce bien raisonnable ?

J’aime les animaux, mais militer contre la réduction des rats en ville, est-ce bien raisonnable ?


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Hier je suis tombée sur la tête en faisant une posture de yoga sur les mains. J’ai ri du gag, et aussi du plaisir d’avoir réussi à tenir la posture au moins un instant, même si elle s’est terminée par terre. Il y a un côté très amusant dans le yoga. C’est un peu un jeu d’échecs avec soi-même, qui demande beaucoup de patience, de la science dans les déplacements, de la méditation, et qui donne la satisfaction, au fond, de n’être jamais perdant, même si ce n’est pas gagné. Quand j’ai commencé à pratiquer quotidiennement chez moi le hatha yoga, l’été dernier (après avoir suivi quelques cours de kundalini yoga), je me suis rendu compte que j’avais perdu beaucoup de la souplesse de ma jeunesse. Aujourd’hui je l’ai entièrement retrouvée, et je continue à progresser. La force augmente, aussi, grâce au travail sur les muscles profonds. À force d’entraînement, il y a de plus en plus de postures que j’arrive à faire, ou que j’arrive à faire de mieux en mieux, et en me fatiguant moins. La joie que cela apporte rayonne sur toute la vie.

C’est la dernière fois que je vais faire les courses au supermarché où j’allais d’habitude (un Carrefour). Au début du confinement, il y avait un filtrage conséquent, les clients étaient peu nombreux dans les rayons. Maintenant c’est comme avant le confinement, impossible de tenir les distances de sécurité, peu de gens portent des masques et parmi les inconscients et égoïstes une bonne bourgeoise quinquagénaire a toussé en venant vers moi, à cinquante centimètres. Macron et ses électeurs, même mépris des autres. Le gouvernement est très coupable d’avoir prétendu si longtemps que les masques étaient inutiles. Il est évident que le virus est présent dans un espace clos où évoluent en même temps des dizaines de gens, des centaines dans la journée (12 % de gens ont été contaminés en Île-de-France selon une estimation). Si on n’oblige pas les magasins un peu grands à distribuer des masques à l’entrée, et les clients à les porter au moins le temps des courses, l’épidémie va repartir. Idem pour les transports en commun, bien sûr.

Je me suis un peu baladée à pas vifs, toujours avec mon masque maison sur le nez, ce qui n’est pas agréable mais nécessaire : il faut que cela devienne une culture, comme en Asie. Et comme les jardins sont fermés, j’ai contemplé et photographié la verdure qui pousse dans les rues, et aussi quelques œuvres de Street Art nouvelles, rapidement réalisées. Ça m’a fait du bien de marcher, vivement le déconfinement. Pourvu que les responsables politiques et les gens soient assez responsables pour qu’on n’ait pas à de nouveau s’enfermer, et déplorer trop de morts, parmi les personnes fragiles et parmi les soignant·e·s et autres personnes travaillant au contact du public ! Dire que même les gens d’église râlent de ne pouvoir reprendre les messes avant juin… Eux aussi ont oublié l’universel commandement « Tu ne tueras point », qui comprend « Tu ne contamineras point ton prochain. »
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Aujourd'hui à Paris, photos Alina Reyes

Aujourd’hui à Paris, photos Alina Reyes

Sainteté des animaux sauvages

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Les animaux sauvages ne sont jamais en surpoids. Ils ne sont jamais négligés, ils sont toujours pleins de grâce. Certains se parent de couleurs magnifiques. Des oiseaux chantent splendidement aux heures de prière, à l’aube et au coucher du soleil ; et certains d’entre eux réalisent de véritables œuvres d’art en disposant plumes, brindilles, etc., pour faire la cour à l’oiselle. Beaucoup d’animaux forment des couples pour toute la vie. Beaucoup élèvent leurs petits avec la plus grande attention, sans violence et avec bienveillance. Ils vivent libres. Bref, les animaux peuvent être souvent des exemples de spiritualité pour nous, de plein accord avec leur Créateur, à l’image des plus grands saints parmi nous, de « l’élite de l’élite » spirituelle.
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