Molière, L’école des femmes

Au festival d’Avignon en 1978, Antoine Vitez présenta judicieusement L’école des femmes dans une tétralogie comprenant également Tartuffe, Dom Juan et Le Misanthrope, jouées en alternance dans un même décor (une toile en trompe-l’œil figurant un palais de style pompéien) et avec la même troupe (article).

Quoi de neuf ?  Guitry, paraît-il, répondait à cette question : Molière.

Quoi de vrai ? Toujours Molière.

La leçon politique de L’école des femmes est universelle. Malheur des femmes et de tous les opprimés, misère des oppresseurs.

La pièce est ici intelligemment mise en scène par Christian Schiaretti, avec Robin Renucci dans le rôle d’Arnolphe.

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Objeux d’mots, expo du Bob Théâtre à la bibliothèque Buffon

Sous une tente, des objets mis en scène dans des boîtes invitent à deviner les jeux de mots qu’ils représentent. J’en ai photographié quelques-uns, il y en a d’autres, allez voir si vous passez par là, c’est une installation très charmante. Et vous pouvez essayer de jouer ici même, pour vous aider je donne quelques solutions.

rail de coqs

rail de coqs

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chat-luthier*

boîte de nuit

boîte de nuit

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crane-heure

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ariel-tombale

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bouchers-a-larene

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lait-de-zeppelin

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grand cor malade

grand cor malade

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canne à bière, peu chère !

canne-bière, peu chère !

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à la bibliothèque Buffon (bibliothèque de la Ville de Paris, rue Buffon), photos publiées avec l’aimable autorisation du

Bob Théâtre

plus de renseignements ici sur le site du Théâtre de la Marionnette qui l’accueille, rue Mouffetard

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Peinture, musique, pantomime : Diderot concret


« l’intérieur bourgeois c’est l’intérieur sans profondeur »
« un peintre, c’est un poète »

« on a un peu trop oublié que Le Neveu de Rameau est une satire, que Diderot se moque »


les comédiens ont suivi les indications de pantomime de Diderot dans Le Neveu de Rameau
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Chant de célébration du génie humain dans « Antigone » de Sophocle (ma traduction)

Le chœur entame ce beau chant après qu’Antigone a, malgré l’interdiction de Créon, rendu les honneurs funéraires à son frère. La désapprobation finale fait référence à son geste, mais le chœur n’est que le chœur, et il n’est pas interdit d’estimer la situation autrement que lui.

antigone*

Strophe 1

Il y a bien des merveilles, mais

nulle n’est plus grande que l’homme !

Sous les vents, sous les pluies, il s’avance,

franchissant la mer couleur de plomb

qu’il traverse en chevauchant la houle.

Et la plus puissante des dieux, Terre,

l’impérissable, l’infatigable,

son soc la travaille, la retourne,

an après an, avec son cheval.

 
Antistrophe 1

Quant aux oiseaux au vol léger, l’homme

ingénieux dans ses panneaux tissés

les attire, les prend au filet,

comme aussi les espèces animales

sauvages et celles de la mer.

Il maîtrise par ses inventions

les bêtes qui vont par les montagnes

et il placera le joug sur le cou

du cheval à l’épaisse crinière

comme à l’inébranlable taureau.

 
Strophe 2

Il s’est appris la parole, la haute

pensée et l’art de diriger

la cité. Plein d’ingéniosité,

il s’est abrité du gel, des pluies

dans des lieux sinon inhabitables,

que rien n’entrave son avenir.

La seule chose qu’il ne peut fuir,

c’est Hadès ; mais quant aux maladies

qui désemparent, il a médité

des remèdes pour en réchapper.

 
Antistrophe 2

Savant et inventif en techniques

plus qu’il ne l’espère, il se conduit

tantôt mal, tantôt honnêtement.

Qui respecte les lois du pays

et la justice des dieux est grand

dans la cité ; mais qu’il soit banni,

celui qui, à force d’impudence,

se déshonore. Que je ne sois

ni de la maison ni de l’esprit

de celui qui se conduit ainsi !

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le texte entier, en grec et dans la traduction de Leconte de Lisle : ici

Les mots et les songes d’Oscar Wilde présentés par Pascal Aquien et dits par Daniel Mesguich

Un moment rare et précieux.

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Marcel Schwob, à qui le premier poème lu est dédié, est présent sur ce site. Un grand auteur méconnu, admiré par Borges. Comme Oscar Wilde, lisez-le, le dépaysement est certain, et le monde singulièrement agrandi.

Il y a bien longtemps, quand je faisais du théâtre, j’ai joué le rôle de l’Hirondeau dans le conte d’Oscar Wilde Le Prince heureux. Je l’ai joué avec deux amis pour des enfants autistes dans un hôpital de jour. Une grande expérience.

Il me semble que j’ai aussi joué ou dit une scène de Salomé d’Oscar Wilde, quoique je ne me rappelle pas en quelle circonstance. En tout cas j’ai cité ce texte dans l’un de mes textes. Ainsi vit la poésie, d’auteur en lecteur et auteur et de corps en corps.

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« Les Grenouilles », d’Aristophane, v.209-221 (ma (libre) traduction)

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Voyant qu’il n’y a plus de poètes sur terre digne de célébrer ses fêtes, Dionysos, pas fier aux enfers, se résout à y descendre pour en ramener un grand. Endurant le chant des grenouilles, il rame pour traverser le fleuve du royaume des morts.

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LES GRENOUILLES :

Brékékékex koax, koax !

Brékékékex koax, koax !

Fistonnes aquatiques des cloaques,

coassons le cri flûtieux de nos célébrations,

notre douce chanson, quoi-hax, quoi-hax !

qu’autour du divin nysien dionysiak

dans le marais faisons sonner

quand la saoularde crapulerie

des sacrées fêtes d’anthestéries

accourt en masse à notre sanctuary.

Braiekékéqu’est-ce, hoax, hoax !

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Texte entier de la pièce 

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La Religieuse, de Diderot, mise en scène par Anne Théron (intégrale)

Diderot fut persécuté par les autorités religieuses et par les autorités politiques, comme tant d’autres hommes libres.  Socrate, Jésus, furent condamnés à mort par ces autorités alliées depuis le fond des temps contre la liberté des hommes. Quant à la liberté des femmes, elle n’est même pas autorisée à advenir. Aujourd’hui toujours, hommes et femmes vraiment libres doivent faire face aux adversités conjuguées des serviteurs, des esclaves de l’ordre établi.

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