Je suis allée animer deux ateliers d’écriture érotique, avec chaque fois une dizaine de participants, jeunes femmes et jeunes hommes, organisés par l’association La Bastillette au Pavillon des Canaux, une charmante maison au bord du canal de l’Ourq transformée en café-restaurant-lieu de vie. C’était très bien, et j’en ai profité pour me promener sur les bords du canal et photographier street art, architecture et paysages de ce quartier si vivant et si agréable. Le vent soufflait tout aussi agréablement.
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À l’occasion du 8 mars, des rues avaient été renommées de noms de femmes
kippa noire, kippa blanche
Ah, l’écluse est en train de laisser passer des bateaux. On attend derrière la barrière, puis le pont redescend, et on repart
Voilà le Pavillon des Canaux, et la salle à l’étage où j’ai animé les ateliers
Le soir, au retour, dans le métro, il y avait Assa Traoré. (Ou bien son sosie) J’ai pensé qu’elle revenait peut-être des Gilets jaunes.
J’ai trouvé sur twitter ces street-art post-it excellents. Je ne sais pas si le gars a eu la même idée que moi, ou s’il la reprise de twitter où j’en avais posté beaucoup avec hashtag il y a quelques mois, quand je l’ai inventée, en tout cas c’est très bien vu :
Moi aussi j’ai continué à distribuer des post-it dans la ville, et à photographier les graffitis et autres tags lors de mes déambulations de ces jours derniers.
J’ai maintes fois photographié les grandes fresques du 13e arrondissement, dont cette œuvre de Seth, je ne les rephotographie pas chaque fois au fil de mes balades mais une de temps en temps…
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Je suis entrée dans une cour d’immeuble rue Mouffetard et j’ai aussi photographié ce bel escalier montant vers la lumière, vers ce que j’imagine comme une chambre d’amour :
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Ces jours-ci à Paris 13e et 5e, photos Alina Reyes
Après avoir l’autre jour recommencé à multiplier les Post It dans la ville, j’ai commencé aujourd’hui à y multiplier mes livres. Tout cela dans un mouvement général de multiplication des « pains », en ligne aussi : mes articles parus ces jours derniers sur de multiples sites, où les textes peuvent rencontrer des lecteurs de multiples horizons : Agoravox ; Bellaciao ; Médiapart ; Lundi matin ; aujourd’hui Paris Luttes Info… Ce n’est pas fini, et pour ce qui est des distributions de pains dans la ville, ce n’est qu’un début, j’ai d’autres idées.
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Mon premier pain de livre distribué. Je me suis assise sur un des rares bancs libres au jardin des Plantes, j’y ai déposé ce livre composé de deux nouvelles, j’ai fait la photo, j’ai attendu un peu. Une famille de quatre musulmanes est arrivée, les fillettes sont allées jouer, les deux femmes, dont l’une voilée, se sont assises. Au bout de quelques instants, je me suis levée, je suis partie, laissant le livre. L’une des femmes m’a appelée : – Madame, c’est à vous, ce livre ? – Non, ai-je dit. – Ah très bien, alors je vais le lire, a-t-elle dit toute contente en le prenant.
J’ai poursuivi mon chemin, ravie de ce premier coup.
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Derrière cette fenêtre ouverte par ce temps printanier, des personnes travaillaient dans un bureau. J’ai déposé sur le rebord cette nouvelle bien plus chaude que le climat et la météo, et j’ai continué mon chemin, quelqu’un s’en emparera bien.
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Je suis entrée derrière un restaurant où se trouvaient des poubelles et aussi des vélos des employés. Tout près, à côté des fleurs, j’ai déposé ce petit roman.
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Puis je suis retournée au jardin travailler à merveille, assise dans l’herbe, bras nus.
Le bonheur est dans la bibliothèque, cours-y vite, cours-y vite !
Pour commencer cette note de vidéos sur quelques bibliothèques, ce court-métrage si littéraire, voire surréaliste, d’Alain Resnais sur la BNF : Toute la mémoire du monde, qui date de 1956 (il me plaît que ce soit l’année de ma naissance), tourné juste après Nuit et brouillard. J’ai travaillé vers 1989 dans cette bibliothèque, sur le site Richelieu, avant la construction de la nouvelle BnF. J’y allais avec mon chéri, j’y ai écrit une bonne partie de mon deuxième roman, Lucie au long cours. La caméra du cinéaste se promène dans les artères de la bête comme une pensée dans un cerveau ou dans un livre. Les humains y apparaissent petits, éphémères, et au service de l’écrit, bien plus vaste et durable qu’eux : et cette humilité est toute leur grandeur.
D’autres films d’Alain Resnais sur ce blog, dont le magnifique Les statues meurent aussi : ici
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Et voici la merveilleuse aussi bibliothèque Mazarine, la plus ancienne bibliothèque publique de France, jouxtant l’Académie française, où j’allai travailler quelques années plus tard, toujours avec mon chéri, alors que nous avions maintenant deux tout-petits que nous déposions le matin à la crèche en chemin. Nous nous installions à une table près d’une fenêtre, afin de pouvoir rêver tour à tour en contemplant la Seine et en regardant les allées et venues d’un bibliothécaire dans les galeries supérieures.
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Umberto Eco se déplaçant dans sa bibliothèque personnelle. Je rêve d’avoir tous mes livres avec moi, mais j’en ai perdu beaucoup, notamment quelques belles éditions qui ont été mangées par les souris à la montagne quand je n’y étais plus. Un jour, sans doute, j’aurai de nouveau de l’espace et j’y reconstruirai un palais de livres…
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En Colombie et en Turquie, des éboueurs ont bâti des bibliothèques avec des livres récupérés dans les poubelles et en font profiter la population. Dans plusieurs pays dont en France, on trouve des micro-bibliothèques publiques dans les jardins ou autres lieux de la ville, où chacun peut déposer et prendre des livres librement. Tout est possible en matière de transmission de livres. Ici il s’agit aussi de transmission de langue, puisque les bibliothèques accueillent des migrants de toutes parts pour les aider à apprendre le français.
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Jacques Duclos raconte sa bibliothèque. J’ai beaucoup entendu parler de lui dans mon enfance, mon père l’aimait beaucoup, et ma foi c’était un homme de valeur (et originaire de mes montagnes, qui sont aussi celles de ma grand-mère paternelle, qui m’a transmis je crois quelque chose de ce pays) :
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Pour terminer, cette extraordinaire bibliothèque en Chine – non pas l’immense qui vient d’ouvrir, avec son architecture tape-à-l’œil et ses rayonnages remplis de faux livres, mais une bibliothèque aux murs de brindilles frémissantes dans la forêt, où l’on entre en franchissant une passerelle.
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Des photos de quelques-unes des bibliothèques dans lesquelles je travaille ces dernières années : ici
Aujourd’hui des photos de jaune dans la ville, de la musique, et les paroles d’une chanson de Moustaki que je classe dans la catégorie « Poètes du feu de Dieu ». Il a été de ceux qui ont enchanté mon adolescence – je n’imaginais pas alors que quelques années plus tard, il me lirait, mais c’est ce qui se produisit. Ainsi la révolution permanente des Gilets jaunes donnera-t-elle aussi ses fruits. Déjà nous pouvons contempler et humer ses fleurs, la prise de conscience, le réveil qu’elle a introduits dans un pays sous anesthésie, paralysé par les communicants tueurs de pensée depuis des années, processus achevé par l’entièrement faux et sot Macron et son entièrement faux et débile gouvernement.
J’ai repris mon action poélitique #PostIt, avec des post-it jaunes cette fois. Je fais toutes les nuits des rêves fantastiques. Jamais je ne me suis sentie mieux de ma vie.
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Hier à Paris 5e et 13e, photos Alina Reyes
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Sans la nommer
Je voudrais, sans la nommer Vous parler d’elle Comme d’une bien-aimée D’une infidèle Une fille bien vivante Qui se réveille A des lendemains qui chantent Sous le soleil
C’est elle que l’on matraque Que l’on poursuit que l’on traque C’est elle qui se soulève, Qui souffre et se met en grève C’est elle qu’on emprisonne, Qu’on trahit qu’on abandonne Qui nous donne envie de vivre Qui donne envie de la suivre Jusqu’au bout, jusqu’au bout
Je voudrais, sans la nommer Lui rendre hommage Jolie fleur du mois de mai Ou fruit sauvage Une plante bien plantée Sur ses deux jambes Et qui traîne en liberté Ou bon lui semble
C’est elle que l’on matraque Que l’on poursuit que l’on traque C’est elle qui se soulève Qui souffre et se met en grève C’est elle qu’on emprisonne, Qu’on trahit qu’on abandonne Qui nous donne envie de vivre Qui donne envie de la suivre Jusqu’au bout, jusqu’au bout
Je voudrais, sans la nommer Vous parler d’elle Bien-aimée ou mal aimée Elle est fidèle Et si vous voulez Que je vous la présente On l’appelle RÉVOLUTION PERMANENTE
C’est elle que l’on matraque Que l’on poursuit que l’on traque C’est elle qui se soulève Qui souffre et se met en grève C’est elle qu’on emprisonne Qu’on trahit qu’on abandonne Qui nous donne envie de vivre Qui donne envie de la suivre Jusqu’au bout, jusqu’au bout
C’est elle que l’on matraque Que l’on poursuit que l’on traque C’est elle qui se soulève Qui souffre et se met en grève C’est elle qu’on emprisonne Qu’on trahit qu’on abandonne Qui nous donne envie de vivre Qui donne envie de la suivre Jusqu’au bout, jusqu’au bout