Bienheureuse

J’ai rêvé que Bedos (à la fois père et fils) et un plombier s’étaient installés chez moi contre mon gré et ne voulaient plus en partir. J’allais à la mairie demander qu’ils téléphonent chez moi afin qu’ils voient qu’ils étaient au courant de leur forfait, et que cela les fasse partir. Mais à la mairie les gens étaient très embêtés, oui me disaient-ils, on sait qu’ils se comportent ainsi, mais nous ne pouvons pas intervenir contre Bedos, étant donné sa position. Je retournais chez moi, et finalement les intrus s’en allaient, emmenés par leurs femmes, des pétasses mondaines, sapées, refaites et maquillées, qui les ramenaient chez elles.

Le rêve est limpide, Bedos à la fois père et fils symbolise le pouvoir temporel, clown médiatique, transmissible et grossièrement calqué sur le christianisme – une sorte d’antichrist ; le plombier représente les hackers et autres poseurs de micros cachés ; et les pétasses la mondanité qui les appelle à retourner dans leur monde.

À l’âge de quinze-seize ans, après avoir lu Freud (mais aussi beaucoup de textes sacrés), je me livrai à des expériences étonnantes, que ne font jamais les psychanalystes – raison pour laquelle ils ne connaissent rien en vérité à leur art ni à l’homme. Je suis loin devant, loin au-delà, cela m’exclut de ce monde mais je suis si bienheureuse.

La joie au corps

1

*

Aujourd’hui j’ai fait un saut en Chine. J’ai marché sous la pluie, comme j’aime, ma capuche sur la tête, j’ai fait un tour dans le quartier chinois. Je suis allée chez Tang Frères, comme chaque fois que j’y vais j’ai contemplé longuement les produits exotiques dans les allées du supermarché. J’ai acheté pour très peu cher du thé vert, du gingembre confit, des biscuits aux agrumes. Puis je suis rentrée par un autre chemin.

Maintenant je vais me remettre à mon nouveau manuscrit, j’ai tapé tout à l’heure les premières pages, ah quel bonheur, jamais on n’a rien lu de semblable. Je veux ce que j’ai toujours voulu, du texte qui donne de la joie, la joie que donne l’audacieux, le surprenant, le réveillant. La joie au corps, la joie à l’esprit, la joie à tout.

Enfants et petites mamans

Un article condescendant du Monde nous décrit une région de chômeurs où les jeunes filles font des enfants très tôt. Ainsi qu’il en est de toute éternité hors du monde bien réglé de la bourgeoisie.

Un article condescendant et puritain, voyant ces jeunes filles comme des animaux (« son petit »), la maternité comme une chose quasi-diabolique (« remuant les draps de son fils comme on tisonne »).

La plupart des lecteurs horrifiés crient à l’inconséquence de ces petites mères et voient déjà les cas sociaux que seront ces enfants. Personnellement, j’y vois une victoire de la vie, et la promesse de beaucoup de vitalité et de quelques beaux talents, voire de génies, parmi ces enfants de la jeunesse. L’esprit de la pauvreté, qui s’en remet à la vie, effraie ou même dégoûte l’esprit de la bourgeoisie, qui s’en remet à elle-même. Mais c’est la vie qui est glorieuse, même quand sa gloire est bien humble ou cachée, et c’est la vie qui est victorieuse.

Joyeux non-anniversaire !

J’évoque la Saint Valentin alors que moi-même je ne l’ai jamais fêtée, la trouvant, comme beaucoup de gens, tarte, artificielle et commerciale. Mais puisque fête il y a, autant en profiter pour proposer de la poésie. La poésie est la fête de tous les « non-anniversaires », comme dit Lewis Carroll. Et la poésie, on la trouve dans et par les mots, mais aussi dans la peinture, dans la rue, dans la nature, dans la vie avant tout : la vie est la poésie. Quand avez-vous dormi à la belle étoile pour la dernière fois ? Quand, la prochaine ?

« D’un long et même cri de joie » (mon cadeau pour les amoureux)

Voici 64 poèmes pour saint Valentin, à télécharger pour lire ou donner à lire comme vous voulez !

saint valentin

Et voici trois de ces poèmes :

Mon cœur d’amour,

J’ai le cœur en coupe

Pleine de mots doux

Pour toi. Oh, que je verse

Ma patiente passion

Dans des ruisseaux de lettres

Aux rondes redondances !

Mon amour d’ami,

Mon rêve caressé

Comme caillou par l’eau

De mon cœur torrentiel,

Oh, comment te dire

Quel effet tu produis,

Dure douce présence,

Dans mon eau amoureuse ?

 

*

Mes yeux sont cent éclats de verre

Où bouge la lumière, des kaléidoscopes

Que frappe de pitié la beauté de la vie,

Ô mouvante beauté, cent fois répercutée,

Cent et cent fois frappée par cent et cent épées

Au profond de ma chair, glissées

Entre mes côtes, me laissant pantelante

Aux rivages de cent et cent naufrages,

Toute tasse bue, recrachée,

Ô sel du monde sur mes plaies,

Ô sel du monde dans les larmes

Qui me coulent des yeux comme la mer

Vient et revient lécher la terre,

Comme vient la mer, oh, viens,

Mer, Marie, Maris Stella,

Lécher les joues de mon aimé

Quand je naufrage sous ses yeux

Comme vient et revient la terre

S’agenouiller devant la mer

Et recevoir, mendiante, sa caresse

D’eau et de sel, et de douceur iodée

Comme un début de monde, viens

Me baigner les yeux, galets dociles

Dans ta vague éternelle, où roulent cent et cent

Visions, fleurs stupéfaites d’être

Gerbes bondissantes dans l’entaille du ciel.

*

Le chemin n’est pas sur terre, mon cœur,

Il est dessous, il est dedans,

Il est au cœur de l’être.

L’être n’est pas de jour, mon cœur.

Le jour est l’épiphanie de l’être,

Qui se tient, palpitant,

Au creux profond de la ténèbre,

Au long des longs, si longs couloirs de la mine

Où je travaille depuis un temps très ancien,

Que je creuse et arpente à mesure que je creuse,

Encore et toujours de nouveau, dans l’espoir

D’en ramener chaque fois une lumière plus pure,

Et maintenant une pure lumière,

Digne de toi, mon cœur.

Oh, mon cœur, pardonne-moi

Ces traces noires sur mon visage et sur mes mains,

Je suis mineur de fond, je creuse dans la nuit

Et la mine en retour imprime sur moi sa nuit,

Mais toute rencontre que j’y fais avec notre lumière,

Elle est pour toi,

Et puis pour tous nos frères.

 

Belles nouvelles

Jésus à la mosquée, un « calumet de la paix durable » entre musulmans et chrétiens congolais. « Pour prévenir le fâcheux précédent du conflit interreligieux de Centrafrique risquant de déborder en RDC, Musulmans et Chrétiens congolais se liguent pour la paix durable ». Dans une mosquée de Kinshasa, l’Imam Cheick Mounir Fadel a organisé une célébration de la fête de la Nativité du Christ. À lire sur Digitalcongo.net 

Un neurochirurgien fait dix kilomètres à pied dans la neige pour sauver un homme. « Vous êtes un homme bon », lui a dit l’infirmier-chef quand il l’a vu arriver. « J’ai l’habitude de marcher » a dit simplement le Dr Zenko Hrynkiw. À lire dans Lematin.ch

Entrée dans l’année du Cheval. Aujourd’hui c’est le Nouvel An chinois. « La vie de l’homme sur la terre est comme un cheval blanc sautant un fossé et disparaissant soudain ». Autres maximes chinoises sur le cheval sur Chine-informations.com