Sexisme et bêtise

Une enquête révèle que sur Google, les parents « s’intéressent surtout au cerveaux de leurs garçons et au corps de leurs filles » (ici). Deux femmes, ou prétendues femmes, ont publié sous anonymat un livre intitulé Le déni, sur le sexisme dans l’église catholique et l’empêchement de parler fait aux femmes dans cette institution. Par mail, je leur ai proposé de leur envoyer gracieusement Voyage, un livre riche en théologie (et de facto censuré par le clergé de Rome et par le « milieu » de l’édition à Saint-Germain des Prés). Elles m’ont répondu qu’elles aimeraient mieux avoir mon « livre sur le corps ». Soit elles sont aussi fausses, manipulables par les hommes et nuisibles que les Femen, soit elles sont très bêtes : dans les deux cas elles justifient le fait qu’on les cantonne aux tâches ménagères.

Il y a aussi une autre explication à leur demande, d’où qu’elle soit émise en fait : il s’agit d’un aveu inconscient que le mal est dans leur corps, que c’est cela leur sempiternel souci. Des psychiatres, des sexologues, recommandent à leurs patients mes livres « sur le corps » pour guérir. Je recommande n’importe lequel de mes livres, car le corps et l’esprit n’y sont jamais séparés, comme il en est en vérité.

ajout : voir aussi ici (dernier paragraphe) et ici

Censure d’État sur Dieudonné : quelques réactions

« La France croit-elle vraiment aux libertés publiques ? Dans quelle autre démocratie constitutionnelle les politiciens réussissent-ils à faire interdire des spectacles ? (…) C’est en fait un pitoyable aveu de faiblesse démocratique. » Article du chroniqueur Yves Boisvert à lire en entier dans La Presse (Québec)

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« Cette interrogation, que je me pose avec d’autant plus d’aisance que je n’ai jamais fait mystère de mes origines juives, la voici : un ministre de l’Intérieur, Manuel Valls en l’occurrence, peut-il interdire, sans enfreindre les règles de cette démocratie précisément, la liberté d’expression, de parole ou de pensée ? Et ce, quand bien même elle heurterait le sens moral, une quelconque conviction religieuse ou communauté civile ? Davantage : un État tel que la France, historique patrie des droits de l’homme, peut-il se substituer ainsi à la Justice, sans contrevenir à la Constitution elle-même (…) le paradoxe s’avère, on en conviendra, énorme : voici que la France se met à porter atteinte, au nom des droits de l’homme, à la liberté d’expression ! (…) À propos (autre inénarrable, s’il n’était tragique, paradoxe) : les Français savent-ils que leur prix littéraire le plus prestigieux, ce Prix Goncourt dont ils s’enorgueillissent tant, est la création, en la personne d’Edmond de Goncourt, de l’un des plus abjects homophobes, misogynes et antisémites (tiens, quand l’on parle du loup !) que la culture française ait malheureusement connu ? » Texte du philosophe Daniel Salvatore Schiffer à lire en entier dans Le Plus Le Nouvel Obs.

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« L’interdiction des spectacles de Dieudonné constitue-t-elle une atteinte à la liberté d’expression ? – Oui, à deux niveaux. L’interdiction administrative souhaitée par Manuel Valls est un processus attentatoire aux libertés publiques. C’est un scandale par rapport à l’Etat de droit. » Interview de l’avocat Philippe Bilger dans le Journal du Dimanche.

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« La semaine prochaine verra l’anniversaire de l’assassinat de Hrant Dink, le journaliste turco-arménien qui militait pour un dialogue ouvert sur le génocide arménien (en Turquie ce qui est tabou, c’est la reconnaissance du génocide, non sa négation). Quand le gouvernement français proposa de voter une loi similaire pour le génocide arménien à celle concernant la Shoah [loi Gayssot], Dink déclara qu’il irait à Paris afin de rompre la loi, pensant, comme moi, que la stricte réglementation de ce qu’on a le droit de dire et de ce qu’on n’a pas le droit de dire, en définitive nous diminue tous. » Texte de l’historien britannique Andrew Hussey à lire en entier (en anglais) dans The Guardian.

« Interdiction de Dieudonné : la France qui dérape n’est pas celle qu’on nous montre du doigt »

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Dieudonné cet après-midi à son théâtre, photo AFP/Alain Jocard

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Je l’ai dit, alors que pendant des années j’ai pu écrire des articles et des tribunes dans beaucoup de journaux et magazines, aujourd’hui tout accès à la presse m’est refusé. Il me reste donc ce blog, et Agoravox quelquefois. Ces jours derniers ils ont accepté deux de mes articles sur l’affaire Dieudonné, mais celui que j’ai proposé hier n’a pas été agréé. Il se terminait par le rappel du racisme que Manuel Valls a exprimé envers les Noirs et les Roms, et le constat que si la chasse était faite à Dieudonné plutôt qu’à n’importe quel autre antisémite à succès, comme par exemple Alain Soral, c’est parce que l’un est blanc et l’autre noir. C’est pourquoi aussi la presse s’est engouffrée avidement dans cette affaire, comme elle l’avait fait avec Léonarda, la petite rom, et sa famille, également désignées à la vindicte publique. Nous touchons là le fond de la vérité. Et le fond de la vérité est inacceptable pour beaucoup, c’est pourquoi je ne peux l’écrire qu’ici.

Souvent on compare les temps que nous vivons à ceux des années 30. L’Histoire ne se répète jamais à l’identique, et il est très intéressant d’observer l’Histoire telle qu’elle se fait en ce moment. Si les conditions d’une advenue du fascisme sont réunies, ce dernier, ou sa forme nouvelle, ne vient pas forcément par où on l’attendrait, par où il est déjà venu. Certains portent la mauvaise parole, celle qui fit du mal autrefois, mais ont peu les moyens de nuire, voire ne croient pas eux-mêmes à cette mauvaise parole proférée et entendue avec distance. Alors que d’autres, porteurs d’une « bonne parole » mensongère, sont au pouvoir et comme nous le voyons, n’hésitent pas à en abuser, à porter atteinte aux institutions républicaines et à la liberté d’expression. Et prétendant combattre un raciste, font souterrainement œuvre de racisme en organisant une chasse à l’homme noir au niveau national. Plus que jamais il nous faut ouvrir les yeux, être vigilants.

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Voici un point de vue intéressant de Christophe Oberlin.

Atteinte à la liberté d’expression

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Les censeurs ne peuvent pas toujours censurer leur propre langue. Entendez ces deux lapsus bien parlants :

Manuel Valls sur ITélé: « nous ne pouvons pas accepter les actes anti-racistes… »

Arno Klarsfeld sur BFMTV: « les consignes d’Is… les, les, euh, les éléments sont requis pour que les autorités préfectorales prennent une décision ».

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Dieudonné voulait donner cet après-midi son nouveau spectacle, Asu Zoa (« Éléphant »), « inspiré de mythes ancestraux et de croyances primitives », ayant renoncé à jouer « Le Mur » puisqu’il est interdit. Mais ce spectacle que personne n’a vu et dont personne ne sait ce qu’il contient a été censuré aussi, et la rue de son théâtre parisien est en ce moment bloquée par les CRS.

Quoique je ne partage en rien quelque parole antisémite, je suis comme lui bannie des médias (et de l’édition), je ne peux donc parler que sur ce blog (ou quelquefois, quand ils l’acceptent, sur Agoravox), et je déplore de ne voir dans la presse aucun écrivain « autorisé » dénoncer la gravissime atteinte à la liberté d’expression commise par l’État dans cette affaire.

Rappelons-nous cependant que cette censure inique a été dénoncée par la Ligue des Droits de l’Homme, et par d’autres personnes comme le célèbre avocat blogueur maître Éolas, le journaliste Edwy Plenel, les hommes politiques Jack Lang ou Olivier Besancenot, le dessinateur Plantu. Encore un effort si nous ne voulons monter tout en haut du podium des pays les plus condamnés par la Cour européenne des droits de l’homme pour atteinte à la liberté d’expression. Nous y figurons en troisième place, derrière la Turquie et l’Autriche, la Russie étant à la quatrième place. Mais les écrivains français se taisent. Y compris bien sûr les collabos qui posent en résistants. On perd si vite sa place, de plus en plus vite par les temps qui courent – surtout ne pas prendre de risques !

Pas voir, pas entendre, pas dire

« Dieudonné : le Conseil d’État encadre la liberté d’expression », titre Le Monde en une de l’édition papier de ce week-end. Il l’encadre, oui. Comme un papillon mort.

Des politiques de tous bords défendent la vie privée du chef de l’État. « La vie privée », en langage faux-cul, c’est ce qu’on ne devrait pas faire, qu’on fait et qu’il ne faut pas dire. Ces messieurs-dames veulent pouvoir continuer à s’amuser, au lieu de travailler d’arrache-pied pour le pays.

Les « précieux » d’aujourd’hui feraient interdire Les Précieuses ridicules de Molière.