Le vent, la forêt, leurs égarés et leurs pèlerins

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photo Alina Reyes

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Quand Jeanne d’Arc est entrée à Orléans, raconte Henri Guillemin, le vent qui paralysait les bateaux a soudain changé de direction, lui permettant d’avancer. Les gens y ont vu un signe, et c’est bien. L’énigme Jeanne d’Arc, l’excellente série de ses récits, qui remettent quelques légendes à leur place, est sur youtube. J’ai commencé à la regarder hier soir, je continue – c’est une histoire qui nous parle aussi beaucoup d’aujourd’hui, sans doute a-t-elle contribué à m’inspirer le rêve du stéganosaure et des douze cavaliers.

Stéphane Zagdanski a décidé de dire sa vérité pour répondre à ses calomniateurs. Quand il a annoncé cela, je lui ai dit qu’il pouvait évoquer ce qui se rapportait à moi, puisque nous avons en commun un livre, et aussi un épisode d’une histoire qui est la mienne. Malheureusement l’exercice a tourné au fait de rapporter des calomnies contre moi et de les faire siennes. Triste façon de répondre à ceux qui l’ont calomnié. Venant de sa part, cela me peine. Mais je sais qu’il est blessé par des paroles particulièrement mauvaises, et je sais que lorsqu’on est blessé on ne réagit pas toujours bien. Pour le reste, c’est une goutte d’eau dans l’océan de calomnie propagé contre moi depuis des années, auquel nul ne m’accorde de pouvoir répondre. Et certains prennent cela pour un jeu. Comme il était fait dire à l’un de ces auteurs mercenaires, il s’agit de me « lapider avec des paroles bien senties », et « Après ça, la fille se suicidera. On dira qu’on l’avait prévu. » J’y ai été beaucoup poussée, mais je ne suis pas plus suicidée que les autres calomniés. Exclue du monde, de ce monde humain trop humain, mais  bien vivante dans la grâce, la joie, l’amour des êtres humains et de toute la création. Le reste, le néant l’avale, l’a déjà avalé.

Je monte à cheval en rêve, et en réalité dans la montagne. Je le raconte dans Forêt profonde, où la vérité s’exprime de la seule façon dont elle peut être exprimée : de façon pensée. Que ce soit sous une forme historique et sérieusement documentée, ou philosophique, ou théologique, ou onirique ou poétique, visionnaire. Dans sa profondeur, sa vie, sa lumière.

Paix.

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La nuit d’Al-Qadr

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tout à l’heure au Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

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La nuit d’Al-Qadr vaut mieux que mille mois, dit le Coran (97, 3). Mille mois qui bien sûr ne comporteraient pas de nuit d’Al-Qadr, précisent les savants. Lesquels rappellent aussi que dire qu’elle est meilleure que mille mois n’exclut pas qu’elle soit meilleure que beaucoup plus que mille mois. La nuit d’Al-Qadr revient à chaque Ramadan, mais personne ne sait quand. Le Coran n’aime pas donner ce genre d’indication. Rappelons-nous la longue nuit où furent plongés les dormants de la Caverne (sourate 18). Dieu seul sait, nous est-il dit, combien de siècles et de jours elle dura, et même combien furent ces endormis dans la mort qu’Il ressuscita. Le Coran rappelle à l’homme ce qui le dépasse. Et qui pourtant le guide avec miséricorde.

N´as-tu pas vu comment ton Seigneur étend l´ombre? S´Il avait voulu, certes, Il l´aurait faite immobile. Puis Nous lui fîmes du soleil son indice,

puis Nous la saisissons [pour la ramener] vers Nous avec facilité. (25, 45-46)

« Son indice » peut aussi se traduire « celui qui guide vers elle ». Créatures, nous sommes ombres du Seigneur, et nous nous repérons à Lui, notre soleil. Mais ce qui est ici dit, c’est que c’est Lui qui nous conduit à nous-mêmes, tout en nous guidant, en nous mouvant, jusqu’au moment où Il nous ramène à Lui.

Mille mois sans nuit d’Al-Qadr, cela n’existe pas, puisqu’elle a eu lieu. Elle a eu lieu en Dieu, donc de toute éternité, ou dès le commencement, c’est pourquoi on ne peut la dater. Elle est la descente de l’Être, de la Lumière sur la terre, où elle projette ses ombres. Tout à la fois descente de la Lumière, Parole de Dieu, et matrice de toutes ses ombres, formant nuit. Puissance, mesure, destin. Telles sont, dans l’ordre, les significations de Qadr. Elle est ce que nous pouvons éprouver dans la nuit de ce monde : la puissance de Dieu qui, en descendant, donne à notre être sa mesure, son destin.

La nuit d’Al-Qadr vaut mieux que mille mois sans nuit d’Al-Qadr. Or mille mois sans nuit d’Al-Qadr n’existent pas, sont néant. La nuit d’Al-Qadr vaut mieux que le néant. La nuit d’Al-Qadr sort l’homme du néant comme Dieu sortit les justes de leur longue nuit dans la Caverne. Dans la nuit d’Al-Qadr Dieu vient à la rencontre de l’homme comme au zénith le soleil saisit l’ombre pour la ramener vers le Seigneur. Nous sommes en Dieu, c’est pourquoi il en est ainsi. Voici la mesure et voici le destin, en Dieu.

Dans la nuit d’Al-Qadr, Dieu fit descendre le Coran d’un bloc, de sa matrice au premier ciel. De là l’Esprit Saint, Ar-Ruh (97, 4), l’ange Gabriel, le révéla progressivement au Prophète, vingt-trois ans durant. Mais où demeurait-il, avant d’être entièrement révélé aux hommes ? Que sont cette matrice et ce premier ciel où il était gardé ? Respectivement, la Puissance et le En puissance de Dieu. Matrice où se trouve et se crée la mesure de tout, et d’où descend notre destin, écrit en puissance, c’est-à-dire avec toutes ses virtualités, où nous pouvons puiser toute liberté et tout accomplissement. Le Coran fut cet écrit en puissance, avant d’être écrit, puis le temps d’être écrit. Et une fois écrit, il demeure en puissance, comme lecture.

Toute nuit est en puissance nuit d’Al-Qadr. Qui veille dans la nuit d’Al-Qadr, comme les bergers dans la nuit de Noël, voit le ciel s’ouvrir et entend les anges annoncer la bonne nouvelle du salut (Luc 2, 7-21). Une nuit, de sa matrice, le Coran descendit dans une grotte sur le cœur d’un homme attentif au Ciel. Une nuit, de la Vierge Marie, annoncé par l’ange Gabriel, un homme naquit dans une grotte, et c’était le Messie. Je n’établis pas d’équivalence, je lève un peu le voile sur ce qui se passe. Le Coran continue d’être révélé dans le cœur des hommes, le Christ aussi, dans le cœur du monde. La nuit de Noël et la nuit d’Al-Qadr continuent d’être, et d’être Paix jusqu’à l’aube qui va bientôt paraître (Coran 97, 5).

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Le jour où le Ciel se fendra

KFR, pour dire les mécréants, les infidèles, signifie d’abord : couvrir, recouvrir quelque chose, cacher, celer , et en fin de compte nier, et aussi habiter toujours le même village, sens qui se rapproche du nom KFR, employé pour indiquer le fait de se prosterner devant un prince, et signifie aussi village, tombeau, ténèbres de la nuit, terre, terroir. L’infidèle est donc celui qui « habite toujours le même village », c’est-à-dire qui – contrairement à Abraham – ne sort ni de lui-même ni des traditions de son clan, qui se prosterne devant l’homme comme prince et comme villageois, c’est-à-dire devant sa société et ses règles figées telles des idoles, devant le tombeau de l’esprit, l’obscurantisme, la terre et le terroir comme couvercles posés sur le ciel.

Voyons ces versets de la sourate 25, Le discernement (nouvelle traduction Tawhid) :

25] Le jour où le Ciel se fendra pour livrer passage à des nuées et où les anges descendront par vagues successives, [26] ce jour-là, la vraie royauté appartiendra au Tout-Clément ; et ce sera pour les négateurs un jour terrifiant.

Le mot KFR est ici traduit par négateurs. « La vraie royauté » traduit les mots al-Mulk et al-Haqq : Royauté et Vérité. Le « Tout-Clément » traduit al-Rahman, Le Tout-Miséricordieux, avec ce mot qui comme en hébreu, dans la Bible, signifie la miséricorde venue de la matrice, comme origine et comme amour maternel, viscéral. Le Jour où le Ciel se fendra est celui où il mettra au monde, en déversant ses anges par vagues successives, la Vérité qui est en sa matrice. Jour terrifant pour ceux qui se sont enterrés dans leurs traditions, dans leur soumission à l’ordre terrestre, humain, social, mais jour de la Miséricorde, car c’est de leur tombe que la Vérité, vivante, vient arracher les hommes.

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Bonnes nouvelles

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photos AP ; Paulo Whitaker / Reuters ; AP

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« Reprise des négociations de paix israélo-palestinienne lundi à Washington ».

Très beau travail de François au Brésil. Avec l’appui du ciel, qui a bien fait d’envoyer sa pluie contenter d’un côté les crocodiles et de l’autre obliger les pèlerins à prier jusqu’au bout sur la plage. Je me suis rappelé du moment où ils échouent et dorment sur le sable dans Souviens-toi de vivre, heureux comme des rebaptisés. Ils étaient là, tels trois millions de boat people sauvés, sur la voie de la résurrection. C’est parti.

La prochaine fois, Cracovie. Catholiques, orthodoxes, protestants, tous chrétiens, retrouvons les chemins de l’Europe ancienne, plus centrée, plus tournée vers l’Est, refaisons l’Europe, celle de l’esprit. Avec ses nouvelles composantes. Ne nous replions pas, cessons d’exclure, incluons. François l’a dit en quittant Rio, le Christ prépare le printemps dans le monde entier.

Oui, hâte-toi, fratellino mio.

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Épée

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image Alina Reyes (juin 2012) (« procession des hommes/procession des anges »)

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Je l’ai raconté dans Ma vie douce, toute jeune je rêvai une nuit que, ayant trouvé un petit miroir où je me regardai, j’y vis L’homme à l’épée.

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11 C´est Nous qui, quand l´eau déborda, vous avons chargés sur l´Arche

12 afin d´en faire pour vous un rappel que toute oreille fidèle conserve.

13 Puis, quand d´un seul souffle, on soufflera dans la Trompe,

14 et que la terre et les montagnes seront soulevées puis tassées d´un seul coup ;

15 Ce jour-là alors, l´Evénement se produira,

16 et le ciel se fendra et sera fragile, ce jour-là.

17 Et sur ses côtés [se tiendront] les Anges, tandis que huit, ce jour-là, porteront au-dessus d´eux le Trône de ton Seigneur.

18 Ce jour-là vous serez exposés; et rien de vous ne sera caché.

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Sourate 69, Al-Haqqa, La Vérité, à écouter, lire en arabe, en phonétique et en français ici.

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Le verbe haqqa, d’où vient le mot Haqqa, qui est l’un des noms de Dieu et donne son titre à cette sourate (La Vérité, L’Inéluctable… L’Heure ou Le Jour de vérité), signifie d’abord : venir chez quelqu’un. Où nous voyons que messianisme et vérité sont intimement liés. Ce verbe signifie aussi : frapper quelqu’un au milieu du crâne, ou  sur le creux de la nuque. Et : faire juste, tomber, frapper juste. Et : devoir absolument arriver. Et : savoir avec certitude. Le mot comporte les sens de justesse, et aussi de justice.

Tout étant lié, quand le ciel est fendu et la terre frappée, c’est que la vérité vient frapper à notre tête.

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