photo Alina Reyes
Il est des êtres, nombreux, que rien ne peut salir. Il n’en est aucun que rien ne peut laver. Mais les plus nombreux sont ceux qui refuseront toujours d’être lavés. Pris à leur propre piège, comme dit Nora à propos d’une histoire qui ne touche pas seulement quelques intellectuels stupidement agités dans leur landerneau – Épicure a raison, seuls les justes demeurent en paix – mais qui est à l’image de la fin de tout un monde, le leur, celui de nos élites assises depuis plus de cent cinquante ans sur leur bourgeoise position, et qui sont en train de sombrer avec tout leur système. Tous ne verront pas la fin, mais tous savent déjà qu’elle vient.
Dans les dernières pages de mon roman Forêt profonde, Notre-Dame est redevenue, après un temps de ruines, une église vivante, et le Sacré-Cœur est devenu une mosquée. Je ne crains ni l’islam ni l’immigration, je crois au contraire que l’un et l’autre sont une chance pour notre foi exténuée et pour notre vieux monde devenu impuissant, stérile, incapable de se renouveler. Rien ne se fera aisément bien sûr mais cela se fera, il ne peut en être autrement. Que l’arbre desséché ne nous cache donc pas la forêt vivante qui se tient, encore touffue, désordonnée et non sans dangers, mais riche de vie en train de surgir et se développer, prête à renouveler la face de nos tristes pays, continents, monde.
Tout ce qui était vivant de notre passé vivra, connaîtra une nouvelle jeunesse, et enfin un nouvel amour : avec le temps venu, qu’il épousera. Soyons souples, laissons les impasses et continuons d’évoluer toujours dans ce que veut la vie. Que le désir d’une harmonie jusque-là inouïe nous guide dans notre travail, notre préparation du berceau de ce temps qui s’annonce. Voyons clair, soyons courageux et heureux.
Je reviens bientôt avec une nouvelle rubrique, consacrée à approcher le Coran.
*