« Depuis le XVIe siècle, le terme libertin (libertinage date de 1606, François de Sales) perd son sens religieux de « dissident abusant de sa liberté de penser » (Calvin, 1544) (…) Au cours du XVIIe siècle l’amalgame s’effectue, chez les adversaires des libertins, entre un sens philosophique (…) et un sens moral (débauché, dépravé) », écrit Pierre Chartier en note de son édition du Neveu de Rameau. Diderot reprocha au peintre Van Loo de l’avoir représenté « avec l’air d’une vieille coquette qui fait encore l’aimable ». La coquetterie, au pire sens, n’est-ce pas ce qu’il reste aujourd’hui de ceux qui se disent héritiers des libertins, et que tout courage a quittés ? Laquelle de ces idoles intello-médiatiques ne dispose-t-elle pas des meilleurs fauteuils, chez elle et dans le monde ? Les admirateurs de Diderot aujourd’hui ne sont pas Diderot, qui prit de réels risques, de même que Diderot, admirateur de Socrate, ne fut pas Socrate, mort sans compromis, mais composa avec les autorités pour être libéré de prison. De cette décadence particulière de Socrate à Diderot et de Diderot à nos intellos, je ne déduis pas une décadence générale de l’honneur dans l’histoire. Simplement celle de toute pensée quand elle se réduit au lieu de s’ouvrir. Diderot n’admettait pas l’idée qu’un gouvernement ou un souverain éclairés doivent recourir au mensonge pour le bien du peuple (contrairement à Pascal par exemple – mais janséniste ou jésuite, un religieux reste un religieux : un menteur). Un véritable libertin aujourd’hui défendrait bec et ongles tous les lanceurs d’alerte, et attaquerait sans répit le pape et l’église. Ce que j’ai fait des années durant, par tous les moyens, avant de retourner à ma façon d’encyclopédie : étude et invention. Un peu de grec le matin, après survol de l’actualité ; l’après-midi marche, étude, écriture ; le soir écoute ou visionnage de cours ou de films et coloriages à la main ; la nuit, riches rêves.
Hier soir en rentrant du Collège de France, dansé vivement avec l’un de mes fils. Allez, Rameau (pas son neveu) :
Sur l’île d’Okinawa, dans les ruines du château Katsuren, des archéologues viennent de retrouver des pièces romaines datant du troisième ou quatrième siècle avant notre ère. On ignore comment elles sont arrivées là.
Dans une grotte de la même île, ont été aussi retrouvés les plus vieux hameçons du monde : ils ont 23 000 ans. On ignorait que les hommes préhistoriques étaient si avancés à cette époque.
À Okinawa, pays de centenaires, soixante ans signe une renaissance, et l’âge est une fête aux secrets ouverts.
– « Écoute ! Écoute ! – C’est moi, Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les lozanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame chatelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi. « Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bati fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l’air.
Aloysius Bertrand, Ondine (extrait, dans l’orthographe du poète) in Gaspard de la nuit
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O a fait cette fois 110 kilomètres à vélo pour aller accomplir la vingtième action poélitique de Madame Terre chez Ravel, à sa maison Le Belvédère à Montfort-l’Amaury. Sur le chemin du retour il a photographié une inscription qu’il trouvait belle dans un square proche, à l’emplacement d’un ancien cimetière déplacé où cette tombe a été gardée ; et les champs paisibles.
Je me rappelle être allée écouter un jeune pianiste, Jean-Paul Gasparian, interpréter à merveille le Gaspard de la Nuit d’Aloysius Bertrand. En voici l’interprétation de Pogoleritch. Enchantement et paradis !
Un peu de musique « maison » puis les paroles du rap (avec à la fin la citation de l’abbé Pierre) de Nekfeu, qui va très bien dans la catégorie de mes « poètes du feu de Dieu »
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Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école À qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir ? Ici, tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école À qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir ? Ici, tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros
Je t’avais promis qu’un jour tu te rappellerais de nos têtes Je ne suis pas prêt de me taire De la primaire au lycée, déprimé, je me sentais prisonnier Parce que les professeurs voulaient toujours me noter Pourtant, j’aimais les cours J’étais différent de tous ceux qui me disaient : « Soit tu subis, soit tu mets les coups » Moi, je rêvais d’aventure, griffonnais les devantures J’attaquais tout ce qui m’était défendu Rien à péter de toutes leurs émissions télé de vendus Je voulais voir le monde avant d’être rappelé devant Dieu Et, pour ne pas qu’on se moque de moi, je bouquinais en cachette Pendant que les gamins de mon âge parlaient de voitures Un des gars de l’époque bicravait des Armani Code Et, un beau jour, il a ramené une arme à l’école J’étais choqué de le voir avec un glock (Oui !) J’en ai rien à foutre de vos putains de codes (Oui !) J’avais peur, je l’ai dit, mais j’ai un cœur, je le dis Mais je suis toujours là pour mes putains de potes Maintenant, pour lui, le bruit des balles est imprimé dans le crâne Ceux qui traînaient dans le bât’ l’ont entraîné vers le bas
Faut jamais céder à la pression du groupe D’t’façons, quand tu fais du mal, au fond, tu ressens du doute Faut jamais céder à la pression du groupe D’t’façons, quand tu fais du mal, au fond, tu ressens du doute
Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école À qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir ? Ici, tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties
Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école À qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir ? Ici, tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties
Je suis un nomade, ne me dites pas qu’on est bons qu’à stagner Casse-toi, moi, je ne me sens pas casanier Instable, ne me parlez pas de m’installer Quand t’es différent des autres, on veut te castagner T’es malheureux quand t’as qu’un rêve et que tes parents ne veulent pas
Traîner vers le bas, t’inquiète, je te promets de me battre Non, je n’aime pas quand je me promène et que je vois Ce petit qui se fait traquer pour des problèmes de poids Mais pour qui se prend-on ? De tristes pantins J’écris c’te pensée pour que Le Christ m’entende Et, dans nos cœur, on est à l’ère de L’Age de Glace Aymé ? C’est plus qu’un personnage de H On n’est pas des codes barres T’as la cote sur les réseaux puis ta cote part, nan On n’est pas des codes barres T’as la cote sur les réseaux puis ta cote part Le regard des gens t’amènera devant le mirage du miroir Mais, moi, j’ai la rage, ma vision du rap, elle est rare Tant qu’un misérable s’endormira dans la rame Pendant que le rat se réchauffera sur les rails
Vu qu’on forme des copies conformes Qui ne pensent qu’à leur petit confort Vu qu’on forme des copies conformes Qui ne pensent qu’à leur petit confort
Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école À qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir ? Ici, tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties
Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école À qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir ? Ici, tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties
J’éduque ma peine en leur parlant de nous Je décuple mes sens comme un handicapé Comment trouver le chemin qu’on m’indique à peine ? J’me sens comme Andy Kaufman dans Man on the Moon
J’éduque ma peine en leur parlant de nous Je décuple mes sens comme un handicapé Comment trouver le chemin qu’on m’indique à peine ? J’me sens comme Andy Kaufman dans Man on the Moon
Nique les clones Nique les clones Nique les clones Nique les clones « Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette Laissant les assiettes des autres vides et qui, ayant tout Disent, avec une bonne figure, une bonne conscience « Nous, nous qui avons tout, on est pour la paix ! » Tu sais c’que j’dois leur crier, à ceux-là ? « Les premiers violents, les provocateurs de toute violence, c’est vous ! Et quand, le soir, dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos p’tits enfants, avec votre bonne conscience, au regard de Dieu, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients que n’en aura jamais le désespéré qui a pris des armes pour essayer de sortir de son désespoir. »»