« Et si on s’était trompé ? » Exposition au Centre culturel irlandais

0Blaise Drummond (ci-dessus et ci-dessous)

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3* 4Andrew Kearney (premier plan), Moment to Moment

*5Alice Clark (premier plan ci-dessus – arrière plan : Brigitta Varadi, In Conversation) et Christine Makey ci-dessous6* 7Susan Leen

*8Selma Makela

*9Brigitta Varadi, Noel Ruane

*10Ruth le Gear, ci-dessus et ci-dessous, photograph and video installation

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12 13George Bolster, vidéo

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John Gerrard, Near Landscape

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Anna Macleod

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« Cette exposition collective réunit le travail d’une quinzaine d’artistes irlandais, qui tous explorent les impacts de notre société et notre économie globalisée sur l’environnement. Et si, en mesurant le progrès par l’industrialisation, l’expansion et l’accumulation, on s’était trompé ? L’eau et la glace de l’Arctique, véritables baromètres des influences néfastes de ce « progrès », sont l’un des fils conducteurs de l’exposition. »

Oeuvres de (voir ici)

Emily Robyn Archer, George Bolster, Mark Clare, Alice Clark, Blaise Drummond, Seamus Dunbar, John Gerrard, Andrew Kearney, Susan Leen, Ruth Le Gear, Christine Mackey, Selma Makela, Anna Macleod, Seamus Nolan, Softday (Sean Taylor & Mikael Fernstrom), Brigitta Varadi

18Puis flâner dans la belle cour du Centre… Avant d’aller suivre un cours au Collège de France, sur lequel j’essaierai de faire une note 1920 21 22 23 24cet après-midi au Centre culturel irlandais de Paris, photos Alina Reyes

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Grégoire de Naziance, Proust et l’islam

Qui suit docilement la Voie est renforcé par elle et en elle, même par les actions extérieures qui voudraient l’en détourner. L’autre jour j’ai assisté à l’exposé d’un étudiant sur la théologie négative. Il y fut dit un peu n’importe quoi, et pas mal de bêtises et d’incohérences, de la part du professeur comme de celle de l’étudiant, mais nous étions dans un séminaire de littérature, pas de théologie, et de plus, comme le dit Grégoire de Naziance dans son Discours 27, chapitre 3 (ma traduction, du grec) :

« Ce n’est pas tout le monde, vous savez, qui peut philosopher à propos de Dieu, ce n’est pas tout le monde ! Ce n’est pas une affaire à bon marché, ni pour ceux qui se traînent à terre. J’ajouterai même : ce n’est ni partout, ni pour tous, ni sur tout qu’on peut en discuter, mais à tel moment, pour telles personnes, et jusqu’à un certain point. Non, tous ne peuvent pas en discuter, mais seulement ceux qui en ont fait l’épreuve, qui sont passés par la contemplation, et avant tout ont purifié et leur âme et leur corps, ou prennent soin de les purifier. Car toucher la pureté sans être pur, c’est précisément aussi dangereux que de regarder un rayon de soleil avec de mauvais yeux. »

C’est la raison pour laquelle je me suis abstenue d’intervenir, sauf pour évoquer très brièvement l’islam et Rûmî. Et plus tard, à la fin, un étudiant du fond de la salle a pris lui aussi très brièvement la parole, pour dire en écho à ma brève intervention la profession de foi à laquelle bien sûr je pensais : lā ilāha illa-llāh, “il n’est de dieu que Dieu”, qui fit éclater magnifiquement la vérité, provoquant un moment de stupéfaction, comme si tous venaient de se brûler les yeux. (Moment qui témoignait aussi de la gêne que provoque le fait de parler positivement de l’islam – car la prétendue théologie “négative”, ou apophatique, lorsqu’elle est développée jusqu’à son accomplissement, révèle la pure positivité – un peu comme si quelqu’un arrivait nu dans une assemblée, à l’université par exemple : être sans vêtements n’est pas négatif, c’est pleinement être).

Al-Haqq, la Vérité est l’un des noms de Dieu en islam : il n’y a de vérité que la Vérité. S’y tenir c’est avancer, en tous domaines. Et pour en revenir à la littérature, ce passage du Temps retrouvé de Proust :

“… car je sentais que le déclenchement de la vie spirituelle était assez fort en moi maintenant pour pouvoir continuer aussi bien dans le salon, au milieu des invités, que seul dans la bibliothèque ; il me semblait qu’à ce point de vue, même au milieu de cette assistance si nombreuse, je saurais réserver ma solitude. Car pour la même raison que de grands événements n’influent pas du dehors sur nos puissances d’esprit, et qu’un écrivain médiocre vivant dans une époque épique restera un tout aussi médiocre écrivain, ce qui était dangereux dans le monde c’était les dispositions mondaines qu’on y apporte. Mais par lui-même il n’était pas plus capable de vous rendre médiocre qu’une guerre héroïque de rendre sublime un mauvais poète.”

Un peu plus tôt dans le livre Proust avait parlé du “sens artistique” comme de “la soumission à la réalité intérieure”. On ne saurait mieux définir la façon d’être du musulman, si l’on songe notamment au verset où Dieu dit de l’homme : Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire. (Coran 50, 16) Suivre la Voie, ce n’est rien d’autre qu’obéir à la Vérité qui est en nous. Encore faut-il ne pas, à force de pratique du mensonge sous diverses formes, l’avoir laissée partir en de meilleures demeures.

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Montagnarde toujours

Je révise Voyage, y compris dans son titre, et c’est profondément apaisant. Le livre ne correspondait plus à ce qu’il a créé. Au fond il porte bien son titre, c’est un voyage, il a continué à avancer, hors du livre, hors de lui-même. Il continuera à le faire, il est comme un camp de base pour les lecteurs qui poursuivront eux-mêmes. Mais il y a eu des changements géologiques, le camp devait être remonté, à tous les sens du terme. Voilà qui est en train de se faire, à vrai dire il s’agit d’ajustements pas si considérables, mais qui changent quand même le visage de l’ensemble, comme après un simple lacet dans la montagne le paysage peut apparaître tout neuf.

Je pense à Hegel écrivant sa Phénoménologie de l’esprit, d’abord intitulée Système de la science, dans les problèmes d’argent, notamment avec son éditeur qu’il soupçonnait de malhonnêteté – travaillant à ce livre si extraordinaire dont 750 exemplaires seulement furent vendus en vingt-trois ans, et auquel il travaillait encore quand il mourut – en vue de la seconde édition. La vie est au moins aussi extraordinaire.

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