Marelle, de Julio Cortazar

roseAprès cinq heures de travail sans interruption dans la bibliothèque, près des baies vitrées derrière lesquelles les branchages des arbres se balançaient, feuilles mouillées, je suis allée faire un tour à la roseraie du Jardin des Plantes et j’ai photographié cette rose, pour accompagner cette fin de phrase de Cortazar :

… entendre le grondement des marées en appuyant son oreille contre la paume d’une petite main que l’amour ou une tasse de thé ont rendue un peu humide.

(traduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon)

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Le fruit défendu des religions et des idéologies

adam-eve-wenzel-peterAdam et Eve au paradis terrestre, par Johann Wenzel Peter

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Les religions (toutes) et les idéologies, figeant la pensée et dévorant raison et liberté, sont comme des cancers auxquels cèdent les individus ou les communautés quand le désespoir les prend.

Les politiques ont la responsabilité de ne pas jeter les peuples dans le désespoir. Car une fois que les religions ou les idéologies ont pris le relais du politique, le politique est menacé de mort comme le peuple.

Les religions sont aussi comme certaines plantes qui peuvent aider à guérir, à condition d’être savamment connues, composées et dosées, sans quoi elles peuvent intoxiquer et tuer. Les religions et les idéologies sont le fruit défendu tendu par les serpents. Le fruit défendu ne donne pas la connaissance du bien et du mal, il précipite dans le mal et la mort – tout en disqualifiant les bons fruits. Seule une solide et fine connaissance préalable du bien et du mal permet une relation et une interaction saines et salutaires avec tous les éléments et les fruits du monde.

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Des bibliothèques où je travaille

bibliotheque-sorbonne-nouvellebibliothèque universitaire Censier / Sorbonne Nouvelle
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à la bisBibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS)
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bibliotheque-jardin-des-plantesBibliothèque publique du rez-de-chaussée du Jardin des Plantes
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hall bibliotheque ste genevieveHall d’entrée de la bibliothèque Sainte-Geneviève
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tableau-bibliotheque-jardin-des-plantesbibliotheque-jardin-des-plantesBibliothèque du deuxième étage du Jardin des Plantes, réservée aux chercheurs (et une grande peinture d’Émile Bin entre les deux étages)

Je travaille aussi dans d’autres bibliothèques, mais il n’est pas évident d’y faire des photos, le calme ne doit pas être troublé et la discrétion doit être préservée ! En tout cas c’est un bonheur. J’actualiserai la note avec d’autres photos quand j’aurai la possibilité d’en faire de nouvelles.

Et puis quand j’ai envie de prendre l’air, une heure de lecture studieuse sous le pin à crochets du jardin alpin du Jardin des Plantes, un endroit joliment isolé.

le-pin-du-jardin-alpinà Paris, photos Alina Reyes

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De la ségrégation sexuelle

combinaison-fillette-diyya-bleu

Les marques de burkini vendent aussi des modèles pour fillettes. Dès l’enfance condamnées, contrairement à leurs frères, à ne pouvoir profiter de l’eau, de l’air, du soleil sur leur peau. Alors que le Prophète de l’islam, lui, a légiféré pour proscrire la coutume consistant à enterrer vivantes les fillettes, en un temps où l’on préférait avoir des garçons. S’il vivait aujourd’hui, n’interdirait-il pas cet enterrement symbolique du corps féminin ?

Après que le Monde m’a demandé de lui réserver mon texte pendant plus de quinze jours pour finalement m’annoncer qu’ils renonçaient à le publier, je l’ai proposé au Huffington Post, qui l’a refusé. J’ai voulu le proposer à Marianne, dont la ligne éditoriale me semblait proche sur cette question, puis j’ai compris qu’il faut être abonné pour pouvoir publier chez eux, comme dans certains autres médias. Sans y croire mais pour en avoir le cœur net, selon la bonne expression, je l’ai proposé à Libé, qui l’a refusé par un mail automatique au bout de trois jours. Décidément lucidité et courage manquent à beaucoup, dans les médias comme en politique. Christiane Taubira déclare que malgré « notre exaspération » face au burkini il faut respecter la loi et donc laisser faire. J’ai déjà entendu un semblable vocabulaire de la part d’une journaliste féministe. Mais il ne s’agit pas d’exaspération. S’il y a exaspération, elle est signe d’une mauvaise pensée, ou d’une absence de pensée qui se compense par une pulsion – à son tour contrôlée par ceux qui veulent être de ce qu’ils croient le bon côté, celui de la tolérance, sans se rendre compte qu’ils se font collaborateurs de la ségrégation.  Les expressions les plus fortes et les mieux argumentées contre le diktat de la « pudeur » des femmes viennent de personnes qui ont été élevées dans cette culture : elles savent ce qu’il en est vraiment, contrairement à nos idéologues pétris de bonnes intentions, qui se croyant pacifistes ne sont que démissionnaires.

J’ai finalement publié ce texte sur Agoravox, une plateforme plus ouverte à la libre expression, avec ce chapeau :

L’affaire du burkini a mis en évidence la gynophobie, ou « peur de la femme » qui caractérise l’islam mais aussi les autres religions, notamment le judaïsme et le christianisme. De même que leur homophobie, la ségrégation qui en résulte est aussi grave que la ségrégation raciale et conduit tous les jours à des agressions et des discriminations envers les homosexuels et dès l’enfance, envers les femmes. Or la République se doit d’assurer le principe d’égalité entre les citoyens.

 

Les commentaires donnant souvent lieu à un déferlement de haine je ne les lis plus, mais vous pouvez retrouver le texte ici.

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Démocrates vs démocratie (actualisé)

J’actualise cette note de temps en temps, voir à la fin.

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11 septembre 2016, après-midi

Hillary Clinton évacuée dans une espèce de corbillard après un malaise persistant. Pourquoi cette femme dont la carrière politique est largement suspecte (notamment par ses choix dans les relations internationales, l’affaire des e-mails…), est-elle la candidate des Démocrates ? Parce qu’elle a bénéficié de financements énormes, indécents, et parce que, comme le dit Bernie Sanders, 75 % des pauvres aux États-Unis ne votent pas. Ainsi donc, grâce aux puissances de l’argent, une personne compromise et à la santé chancelante se retrouve être la seule alternative à un fou dangereux pour les prochaines présidentielles d’un pays qui passe pour être le gendarme du monde. Comment est-ce possible ? La question est la même en France avec la candidature de Sarkozy. Comment cette insulte à la démocratie qu’est le retour d’un homme impliqué dans d’énormes scandales financiers et l’assassinat d’un président étranger qui fut de ses financeurs, est-elle possible ? Tandis que Sarkozy et à sa suite Hollande ont aliéné leur pays aux États-Unis et à l’OTAN, il est temps de regarder la farce lugubre en cours outre Atlantique, et l’urgence de se réveiller, de faire en sorte de ne pas s’engager dans la même voie morbide.

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12 septembre à une heure du matin : la presse française, longtemps après la presse américaine, finit par dire que le médecin d’Hillary Clinton annonce qu’elle a une pneumonie. Le Monde, après avoir hier prétendu qu’elle était en bonne santé, parle d’un « bref malaise ». Or elle a été évacuée parce qu’elle se sentait mal, et loin que son malaise passe une fois sortie de la foule, elle a été prise devant la voiture qui venait la chercher de quelque chose qui pourrait ressembler plus à un accident cérébral qu’à un évanouissement. La presse devrait cesser de mentir par idéologie.

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12 septembre, matin

Tant qu’il y aura du mensonge, les détracteurs de Clinton auront beau jeu de lui prêter diverses maladies, de dire par exemple qu’elle est atteinte de la maladie de Parkinson, sachant que la pneumonie en est fréquemment l’une des conséquences, ainsi que les épisodes de toux et de déséquilibre. Plus la vérité est occultée, plus les spéculations peuvent se multiplier. Sortir de ce cercle vicieux.
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13 septembre

« à « l’habitude du secret » de la candidate démocrate et à sa « culture de la dissimulation. » Le lourd silence de Clinton… » à lire, une analyse de Stéphane Trano sur son blog Marianne

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Qu’est-ce que la littérature ?

nervalun manuscrit de Gérard de Nerval, commenté ici

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Les librairies sont pleines de très bons livres et de très mauvais livres. Mais y trouve-t-on de la littérature ? Je n’en suis pas sûre. De plus en plus d’auteurs ont un savoir-faire professionnel à l’américaine, acquis dans des cours ou ateliers d’écriture ou s’en inspirant, de sorte qu’ils produisent, comme Hollywood, des œuvres efficaces et rentables. Et s’ils n’ont pas eux-mêmes ce savoir, les maisons d’édition ont des employés rompus à l’art de transformer des brouillons signés de noms bankables en livres à prix littéraires ou à têtes de gondoles. La plupart des livres sont ainsi fabriqués comme du prêt-à-porter, tandis que la littérature, elle, tient de la haute couture. De la dentelle, aurait dit Céline, et bien sûr faite à la main.

Le PDG de Zara est l’homme le plus riche du monde. Raymond Roussel ou Arthur Cravan sont-ils ce qu’on appelle de grands écrivains ? Non mais peu importe le Grantécrivain, marque commerciale comme les autres. Ils sont, eux, leurs œuvres et leur vie, qui ne font qu’un, de la littérature. Ne faire qu’un, telle est l’essence de la littérature. La littérature n’est pas grande ou petite, elle est. Toute sa grandeur est d’être de la littérature. La littérature est en danger comme la nature parce qu’elle fait partie de la nature, mais enfin nature et littérature sont plus fortes que l’homme et contrairement à lui, ne disparaîtront pas.

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