Techno Parade 2017, Paris, en 30 photos

J’ai entendu arriver de loin la Techno Parade alors j’ai traversé la Seine, je l’ai rejointe et je l’ai photographiée. J’aime la danse, la musique, l’énergie, la couleur, la fête. Un garçon m’a demandé un câlin, on l’a fait, d’autres m’ont demandé de les photographier, un autre est venu parler avec moi, puis un peu plus tard est revenu me dire au revoir.

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techno parade 2017 29les camions les moins drôles sont à la fin

techno parade 2017 30sur le passage, restent des musiciens

et sur la Seine, le ciel est bien beau

cielcet après-midi à Paris, photos Alina Reyes

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Cinquième jour de cours : succès

Ce n’est pas facile, il faut se battre contre beaucoup de choses ancrées, travailler à les arracher, que le bateau prenne le large. Et puis quand le dernier cours de la journée commence par une révolte des élèves, que longuement et avec véhémence ils vous accusent de n’avoir pas le droit de leur demander de faire ce que vous leur demandez de faire, qu’ils clament que ce n’est pas comme ça qu’on doit les faire travailler, que de cette façon-là ils n’y arriveront jamais… que tranquillement, doucement, vous tenez bon, vous continuez à dire qu’il faut pourtant le faire… et que finalement ils s’y mettent, d’abord en râlant encore, puis sérieusement, absorbés par la tâche… et que lorsque la séance est finie, tous et chacun ont réussi, ont apprécié le travail de chacun des autres et de tous et vu leur propre travail pareillement apprécié… et qu’ils quittent le cours et le lycée détendus, heureux, non sans vous avoir dit que oui, c’était bien… Alors, qu’auriez-vous de mieux à faire que ce travail ?

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vu du lycee vu du rer

coucher de soleil du rer

coucher de soleil vu du rer

vu du lycée puis, ce soir, du RER, photos Alina Reyes

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Création en cours et philosophie communicante

hier sur le mur d'une crèche à Paris 5e, photo Alina Reyes

hier sur le mur d’une crèche à Paris 5e, photo Alina Reyes

 

Mon cours est une véritable création en cours, une pensée en action, en train de se déployer et destinée à continuer à se déployer en spirale et en fractales tout au long de l’année. J’y travaille avec un enthousiasme aussi grand que pour une création littéraire, que pour ma thèse par exemple. C’est ainsi que doit se concevoir un cours.

Voici un passage de la thèse d’Alexandre Georgandas intitulée Philosophie et communication (Université de Cergy-Pontoise, 2016) :

« Sur la question de l’actualité de la pratique philosophique et de la façon d’intervenir dans la caverne, il y a un élément intéressant au niveau méthodologique sur lequel je voudrais insister : il serait malvenu, quand on connaît l’histoire, de vouloir imposer à un système quelconque sa propre remise en question. De venir, à la manière de Socrate, perturber le confort de ceux qui séjournent dans la caverne. Il s’avère préférable de remettre en question un système qui se reconnaît déjà comme fragilisé. C’est-à-dire qu’il faut que la demande émane du système pour ne pas passer pour une simple provocation de la part du philosophe praticien, ce côté provocateur étant un des principaux travers reproché à Socrate de son vivant. Et aujourd’hui on peut dire que la situation s’y prête plutôt bien, puisque nous vivons dans une société où le système crie ou crisse, où la caverne tremble et se fissure par endroits. Le système reconnaissant ses failles, l’interrogation, la remise en question de ses propres présupposés, en suivant une méthode d’obédience ou d’origine socratique peut, dans ce cas, se révéler féconde.
Même si chacun de nous vit dans la caverne des présupposés qui lui ont été inculqués, cela n’empêche pas de pouvoir réfléchir. »

Je veux que mes élèves sachent ce qu’est réfléchir.

Voir aussi : ma traduction d’extraits de l’allégorie de la Caverne de Platon

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À la splendeur abandonnée

Ce matin à 5 heures, retour à ma thèse laissée de côté depuis la fin août pour cause d’entrée dans le métier de prof. Tout m’est bonheur. Tout est littérature, tout est poésie, à qui est en soi poésie. Splendeur de ma thèse pleine de littérature, et elle-même littérature. L’univers chante comme l’oiseau que j’entends à l’instant.

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Les athlètes de C215, photo Alina Reyes

Les athlètes de C215, photo Alina Reyes

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Lettre ouverte à ma « tutrice ». Enseigner en animateur ou en révélateur ?

Bonjour K.,

Maintenant que je suis à tête reposée, je voudrais te donner les réactions que je n’ai pu te donner hier après le cours, alors que, debout depuis cinq heures du matin, après deux heures de transport et trois heures de cours, j’étais déshydratée, l’estomac vide, et devant retourner en cours sans avoir pu manger.

D’une part, sur le fait que la classe s’est mise à bavarder alors qu’elle était très calme l’heure précédente, où j’étais seule avec les élèves, et sur les faits que je suis peu intervenue pour rétablir la situation et que je les ai laissés partir cinq minutes avant l’heure, il me paraît évident que tout cela est très lié à la présence d’une tierce composante dans la classe, la prof observatrice. Bien entendu tu n’y es pour rien, mais il est avéré que de grandes perturbations peuvent venir d’une petite perturbation. Mais au fond peu importe.

Ce qui m’importe davantage c’est de revenir sur les remarques pédagogiques que tu m’as faites. Tout en étant évidemment consciente depuis le début que je dois m’améliorer sur certains points, je n’enseigne pas de la façon dont j’enseigne par hasard. Je sais que ma façon de faire et de faire faire déroute les élèves, ils me l’ont dit dès le début mais j’ai tenu bon car c’est un choix délibéré de ma part de faire en sorte de développer leur autonomie, par exemple en ne leur donnant pas de consignes strictes sur la tenue du classeur. Je crois que l’école les infantilise beaucoup trop intellectuellement depuis la primaire. Ils sont habitués à cela malheureusement, mais je veux les inciter à sortir de là. Tant pis s’ils se trompent dans le rangement du classeur, ce n’est pas grave, et c’est ce que je leur ai dit hier en passant dans les rangs quand ils me montraient leur erreur. Je ne suis pas d’accord avec la pédagogie de l’Éducation Nationale ; je crois que s’il faut lutter contre les bavardages et se résigner à ce que les élèves oublient tout dès qu’ils ont quitté le lycée, c’est parce qu’ils sont dès l’enfance soumis à une mauvaise pédagogie, une pédagogie d’animateur des savoirs plus que de révélateur. Je constate que toutes les remarques que tu m’as faites portaient justement sur la forme, pas du tout sur le sens. Or c’est sur le sens que je travaille, et je sais que les élèves apprécient grandement cela (ils me le disent ou me le montrent), même si, formatés autrement pendant toute leur scolarité, il leur faut le temps pour s’adapter et avoir le courage de ne pas être des indigents, des assistés de la pensée.

Il y a de longues années que je songe à tout cela, je me suis prononcée il y a longtemps pour l’étude de la philosophie dès l’école primaire – et je ne suis pas la seule à penser et à constater que penser intéresse vivement les enfants, le philosophe Yves Michaud par exemple fait le même constat. À mon sens, le pédagogisme actuel est un pansement sur la jambe de bois dont on a handicapé les enfants… et nombre d’actuels ou futurs profs, comme je le constate aussi à l’Espé ou en passant les concours. Le sens profond de la littérature s’est complètement perdu, on n’a même plus idée de ce que cela peut être. Je ne suis pas en train de vanter l’école à l’ancienne, qui était aussi mauvaise – tout en ayant, comme l’école d’aujourd’hui, quelques bons côtés. Mais quelques bons côtés ne font pas une pensée de l’école, de l’enseignement. J’expérimente, comme d’autres le font ou l’ont fait, une autre méthode, une méthode personnelle en laquelle j’ai toute confiance. Il se peut que je sois mal notée pour cela mais peu m’importent les notes, l’essentiel est de faire quelque chose pour les élèves.

Merci de m’avoir lue jusque là, bon courage pour la suite, et n’hésite pas à faire part de mon hérésie assumée à ceux à qui tu dois rendre compte de ma façon de faire. Je vais d’ailleurs rendre cette lettre publique en la mettant sur mon blog (sans ton prénom bien sûr), afin qu’elle puisse servir à d’autres.

Bonne journée à toi, à bientôt

Aline

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