Pensée pour les vivants

la pensée-min*

J’ai fait ce dessin au crayon et au stylo cette nuit, après une après-midi et une partie de la soirée passées à méditer sur Léonard de Vinci. Le matin, j’étais allée à la danse. À la fin du cours, l’une de nous a craqué, à cause de la fatigue due aux traitements anticancéreux. La prof lui a fait un câlin et nous a invitées à nous y joindre, ce que nous avons fait, un bon moment, formant un cercle d’amitié, têtes contre têtes, corps contre corps. Ensuite j’ai marché dans le dédale de la Salpêtrière puis à la sortie de l’ascenseur, côté Pitié, j’ai vu un petit attroupement et entendu un employé de l’hôpital demander à la cantonade si quelqu’un parlait anglais. Je me suis proposée, et il m’a confié un petit homme sans âge, qui ne parlait que quelques mots d’anglais, avec un accent qui le rendait difficile à comprendre. Finalement j’ai compris qu’il voulait aller à Lyon. Il avait dû entrer dans l’hôpital par erreur et s’y perdre, ou bien pour y demander son chemin. Je lui ai expliqué comment se rendre à la gare de Lyon, où prendre le bus, tout près de là. Je voulais l’y accompagner mais il était un peu sauvage, vraisemblablement un migrant africain pour qui le monde est dangereux ; il est parti. J’ai marché derrière lui pour voir s’il ne se trompait pas, et si, il se trompait, il s’en allait à droite comme je le lui avais dit, mais sur une route encore à l’intérieur de l’hôpital. Je l’ai appelé, rattrapé et accompagné sur le bon chemin. Il est parti, seul, pauvre, avec si peu de langue utile ici, et son petit sac dans le dos.

*

Au milieu du génie de Léonard

joconde*

J’ai commencé aujourd’hui à écrire un texte, un livre, sur Léonard de Vinci. Quel immense honneur, immense bonheur. Pourquoi ne pas se contenter de l’honneur et du bonheur que donne la contemplation de son œuvre ? Parce que, comme lui, à ma façon, je suis une chercheure. Je suis en route, j’ai toujours été en route, comme dit Cendrars. J’aime cette phrase de Léonard :

« Un vase en terre crue qui se casse, on peut le reformer ; en terre cuite, non. »

Il y a là de quoi méditer pour longtemps, ou de quoi trouver une illumination.

Cette phrase dit ma méthode, et c’est pourquoi je trouve.

Et j’ai mon roman en cours.

*

 

Gilets jaunes et costards sales

Les gilets jaunes font la police, et qui les a vus de près en action constate quel plaisir ils tirent du fait de jouer aux flics, arrêter la circulation, imposer leur loi, réguler la circulation selon leur volonté, user de brutalités langagières voire physiques. Leurs agressions, notamment racistes et homophobes, se multiplient. Voitures secouées ou cassées, automobilistes et travailleurs forcés de mettre leur gilet jaune ou empêchés de repartir, injures et violences là sur une femme noire, ailleurs sur une musulmane forcée à retirer son voile, ailleurs encore sur des homosexuels ou sur des journalistes.

Il faut croire que ces néoflics, aussi faux que Benalla et entretenant le même climat de guerre civile que les flics aux ordres du pouvoir, ne dérangent pas en haut lieu, là où on a gagné ses costards en manipulant de l’argent, puisque le premier ministre, pour toute réponse, déclare « ce n’est pas quand ça souffle qu’il faut changer de cap ». Une façon de les encourager à continuer ? D’attiser le feu avec l’une de ces innombrables petites phrases dénuées de sens par lesquelles on tente de distraire le public (comme on appelle aujourd’hui les lecteurs de « poésie ») des politiques aussi stupides qu’iniques de technocrates dénués de courage, d’imagination et d’humanité ? Pour défendre Macron et le gouvernement, de vieilles starlettes telles que BHL et Dombasle, qu’on peut voir à Paris circuler seuls à bord de luxueuses limousines avec chauffeur, comme chaque riche plus pollueurs que cinquante automobilistes se rendant à leur travail. Caste des engendreurs de populismes en tous genres, qui n’ont même pas la décence de fermer leurs gueules.

*

Château de Chambord, bords de Loire, Clos Lucé (dernière maison de Léonard de Vinci)

« Qui s’oriente sur l’étoile ne se retourne pas » Léonard de Vinci

Attention, splendeurs ! Visiter les bords de Loire, c’est aller aux noces de la nature et de la culture. La puissante rivière sauvage, indomptable, nourrit un paysage plein de verdure et de douceur, où les châteaux ont poussé comme des fleurs, notamment à la Renaissance. O et moi sommes allés hier au château de Chambord, puis, après avoir longé la Loire, à Amboise dans le beau castelet avec parc et jardin où la vie et l’œuvre de Léonard de Vinci ont été magnifiquement reconstitués par la famille Saint Bris, propriétaire de l’extraordinairement émouvante maison où, sur l’invitation de François 1er, le génie des arts et des sciences  a passé les trois dernières années de sa vie, après avoir traversé les Alpes, à l’âge de 64 ans, avec La Joconde, La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne, Saint Jean Baptiste, ainsi que ses carnets, croquis, dessins, et manuscrits.

*

chambord 1-minDans la brume matinale, apparition féérique du château de Chambord

chambord 2-min

chambord 3

chambord 4Un poêle immense, où l’on pourrait brûler un arbre entier !

chambord 5Le lettre de François 1er et son emblème, la salamandre

chambord 7-minJe trouve à ce roi une riante allure de Gascon, qui rappelle l’esprit de Montaigne

chambord 6

chambord 8-min

chambord 9-minL’escalier à double révolution inspiré de Léonard de Vinci : deux hélices entrecroisées qui ne se rencontrent jamais : à gauche sur l’image, l’arrivée de l’un, à droite, celle de l’autre

chambord 18-min

chambord 10-min

chambord 11-min

chambord 12-minla couronne

et la fleur de lys

chambord 13-min

chambord 14-minBeaucoup de murs du château sont couverts de graffiti, souvent anciens ou très anciens. Jean de La Fontaine et Victor Hugo feraient partie de ces centaines de tagueurs. « J’ai visité Chambord. Vous ne pouvez-vous figurer comme c’est singulièrement beau. Toutes les magies, toutes les poésies, toutes les folies même sont représentées dans l’admirable bizarrerie de ce palais de fées et de chevaliers. J’ai gravé mon nom sur le faîte de la plus haute tourelle. », écrivit en 1825 Hugo à son ami, le poète Saint-Valry.

chambord 15-min

chambord 16-min

chambord 17-min

chambord 19-min*

Puis, traversant de somptueuses forêts, nous avons rejoint et longé la Loire, splendide et souveraine même dans ses voiles de brume, avec ses îles et ses oiseaux :

Loire 1-min

Loire 2-min

Loire 3-min

Loire 4-min

Loire 5-min

Loire 6-min

Loire 7-min

Loire 9-min

*

Enfin nous avons visité le bouleversant Clos Lucé :

clos lucé 0-min

clos lucé 1-min

clos lucé 2-min

clos lucé 3-min

clos lucé 4-minla chambre de Léonard

clos lucé 6-minson atelier

clos lucé 5-min

clos lucé 7-minson cabinet de travail

clos lucé 8-minavec son cabinet de curiosités

clos lucé 9-minla salle à manger

clos lucé 10-minla cuisine

clos lucé 11-mintoute une partie du castelet est dédiée à la reconstitution de ses multiples inventions scientifiques et technologiques époustouflantes

clos lucé 13-min

clos lucé 12-minLa silhouette de Léonard dans le souterrain de 700 mètres que François 1er avait fait creuser entre le château royal d’Amboise et le Clos Lucé, et par où il rendait visite chaque jour au génie

clos lucé 14-minPuis nous descendons au jardin et dans le parc, où ont été également reconstituées, et intégrées harmonieusement dans la nature, plusieurs de ses machines fantastiques. Leonard est clairement le génie du mouvement.

clos lucé 15-min

clos lucé 16-min

clos lucé 17-min

clos lucé 18-minJe photographie mon reflet dans le panneau qui protège son moulin à eau

autoportrait

clos lucé 19-min

clos lucé 20-minO fait tourner l’hélicoptère inventé par Léonard

clos lucé 21-min

clos lucé 22-min

clos lucé 23-min

clos lucé 24-min

clos lucé 25-min

clos lucé 26-min

clos lucé 27-minétude du corps et nature

clos lucé 28-min

clos lucé 29-minphotos Alina Reyes

*

site du Clos Lucé

site du château de Chambord

*

Mes danseurs & danseuses préférées

Mes danseurs et danseuses préférées, mon danseur préféré (en gros plan puis sur les épaules de son partenaire) sont jeunes, sont la vie qui a la vie devant soi, sont les vivants, les vivantes qui feront et vivront le monde qui vient, avec le courage qu’il faudra, avec la joie, le cœur et l’intelligence que j’ai aimés chez mes élèves comme Nadia Vadori doit les aimer chez les sien·ne·s. Nous, les générations précédentes, qui avons joui d’un monde encore vivable, devons tout donner pour les aider à sauver ce même monde que l’espèce humaine a abîmé, abîme. C’est vers elles, c’est vers eux que je me tourne.

*