Fantah Touré, « Enfance »

enfance fantah touréJ’ai lu cette nuit cette âpre et belle nouvelle, qui pose la question à la fois des droits des femmes et des droits des enfants. Fantah Touré est une auteure franco-ivoirienne, professeure de littérature agrégée au Sénégal. L’Afrique qu’elle met en scène est celle qu’elle vit au quotidien, sans exotisme. L’histoire est ici celle d’un garçon guinéen de six ans, séparé de sa mère par son père polygame, qui décide de répudier sa femme et de se débarrasser de ses enfants mâles en donnant l’aîné à un vieux cousin, et le petit à une école coranique sénégalaise. La séparation d’avec sa mère et les conditions de vie terrible le conduiront à la mort. Histoire touchante et terrible du chagrin immense de l’enfant et de la mère, de l’injustice sans nom, inspirée d’une histoire vraie, qui a longtemps hanté l’auteure après qu’elle lui a été racontée.

En voici les premières pages :

« Une région sévère : la terre est plate, grise, semée de baobabs tous frères, aux formes déchiquetées. Quelques épineux trouent le sable, des arbres ou des buissons pas très hauts qui portent des fruits tout en noyau, à la maigre chair acide. Le long de la route, des panneaux fantômes, tout rouillés, signalent parfois des villages dont on ne voit trace nulle part. De temps en temps, on rencontre une charrette sur laquelle sont installés des hommes et des femmes dont le boubou enfle au vent. On traverse parfois des villages où se mêlent des cases ocres et des constructions au toit de tôle étincelant au soleil. Au milieu de la journée, on y étouffe de chaleur.

Les hommes sont maigres, grands, la chair rigoureusement répartie autour des os, dont le bas du pantalon bouffant ou du boubou dévoile la sécheresse charbonneuse. C’est le pays de l’arachide, même s’il y a de moins en moins d’arachide. Les petits garçons travaillent dans les champs de leurs parents ou sont confiés très tôt à un marabout, maître spirituel et temporel qui leur enseigne le Coran et les envoie mendier leur pitance. Même dans les campagnes, le pot de concentré de tomate vide tend à remplacer la calebasse ; tous les enfants se ressemblent : la peau craquelée et grise, frissonnant dans l’air du petit matin, le geste implorant et l’œil espiègle.

Rentré de Guinée avec ses parents, Cheikh fut confié à cette rude école ; il ne connaissait de la vie que les douceurs : friandises du restaurant maternel, menues obligations récompensées : un beignet, une piécette, un sourire et toujours la présence grondeuse et affectueuse de la mère et celle d’un frère un peu plus grand que lui mais déjà protecteur. Le père passait de loin en loin dans cette vie confortable, gonflé de vêtements et d’importance, trop occupé pour octroyer à sa progéniture plus qu’un regard ou une tape sur la joue.

Cheikh était un très bel enfant – les gens le disaient à voix basse, pour conjurer le mauvais sort -, élancé comme un jeune rônier, les muscles jouant avec aisance sous sa peau, les pommettes hautes sur les rondes joues de l’enfance, l’œil toujours aux aguets, frayant avec tous, parlant couramment le wolof, le soussou, le bambara, et sachant même quelques mots de français déformé glanés dans les conversations du marché.

Son seul souci, c’était la tristesse qu’il surprenait parfois dans les yeux de sa mère. Il savait que son père avait d’autres foyers, d’autres enfants, il voyait aussi qu’il disparaissait de longs jours et que seule la gargote de sa mère, fragile enclos de bols et de calebasses autour du fourneau malgache, grande natte sur laquelle on installait plusieurs fois par jour les assiettes individuelles ou le plat commun, assurait le riz quotidien. Il n’allait pas à l’école, il vagabondait tout le jour dans une ville ouverte sur la mer. Mais une amarre ombilicale invisible le ramenait toujours au marché, à sa mère accroupie près du feu, un autre enfant sur le dos. Toute la portion de la ville autour du marché était son territoire. Il ne connaissait pas la faim : à n’importe quelle heure, sa mère lui tendait une poignée d’arachides, des morceaux de bananes frites ou le fond bien croustillant de la marmite de riz étalé sur une assiette, grains craquants et parfumés sous la dent.

À six ans, il voyait bien les limites de son enfance en regardant son grand frère partir tous les matins pour l’école coranique ; il voyait les enfants accroupis sur les trottoirs ânonnant autour des planches marquées de caractères arabes, qui l’interpellaient lorsque le maître tournait le dos.

Et un jour, il entendit les mots divorce, retour, Sénégal. Son père réapparut, la mine sombre. »

Fantah Touré, Enfance, Les Éditions de l’Atelier In8, 2006

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fantah touréUn entretien avec Fantah Touré : ici

Peuples dans la rue, Benalla à Genève

 

Que fait Benalla à Genève ? La Tribune de Genève annonçait hier que deux témoins l’y avaient vu, et aujourd’hui qu’il s’y trouve toujours. Logeant à l’hôtel Président Wilson, l’un des plus luxueux palaces du monde, connu notamment pour sa suite à 60 000 euros la nuit, la plus chère du monde. À part la contemplation d’un grand jet d’eau et la dégustation de chocolats, qu’est-ce qui a pu amener le barbouze de Macron dans cette ville ? Ses banques ? Il est vrai que monsieur Benalla voyage beaucoup, et que vu son train de vie, beaucoup d’argent voyage avec lui. Ah me dira-t-on, ne parlez pas encore d’argent, c’est haineux, les gens ont bien le droit d’en avoir des tas, s’ils sont assez malins pour ça. En France plus qu’aux États-Unis les riches sont en grande proportion des héritiers, tel BHL dont nous parlions il y a quelques jours. Mais nous avons aussi quelques magnifiques self-made-men, tels l’escroc Tapie (qui ajoute quelques casseroles à son actif ces jours-ci avec des accusations d’achat d’arbitre au temps de l’OM et d’intoxication des joueurs des équipes adverses – outre une tentative d’entente secrète avec Le Pen père), et maintenant le petit dernier aspirant milliardaire comme les aime Macron, son nervi Benalla, jongleur ès cœur de président, ès secret-défense, ès matraque, armes à feu, parjures, violations de la loi, coffre-fort privé, contrat avec oligarques mafieux, russes et chinois, rendez-vous avec chefs d’État africains, passeports et autres valises diplomatiques. En voilà un malin, un premier de cordée, un qui n’est pas rien, un qui a réussi et qui mérite le respect des adorateurs du fric et du monde comme il va, mon bon monsieur.

Mais ne soyons pas complotistes. Il n’y a pas que des banques, à Genève. Il y a aussi Bouteflika. Que les Algériens courageux essaient de bouter hors du pouvoir en ce moment. Après tout Benalla sait aussi faire ça, les rencontres officieuses pour on ne sait quel office. Bouteflika est au plus mal, « sous menace vitale permanente » selon les médecins, mais il y a bien quelques personnes en bonne santé autour de lui capables de traiter avec qui il faut traiter. L’enjeu n’est pas mince. Au fait, on n’entend pas BHL là-dessus, lui qui soutint honteusement les généraux algériens au temps des massacres. Au Maroc, l’agitation de la rue algérienne inquiète. Si ça allait donner des idées aux sujets de Sa Majesté, ami de notre pays et de sa caste, dont BHL et quelques élites médiatiques d’origine marocaine proches du roi Mohammed VI qui se gave et laisse le peuple marocain s’enfoncer dans la misère et l’illettrisme, et quelques-uns de ses enfants des rues, drogués, abandonnés, dormir dehors en bande dans le nord de Paris ! Si ça allait, aussi, raviver la question du Sahara occidental, en partie sous domination marocaine et combattant pour sa libération – des négociations avaient lieu à Genève en décembre dernier pour essayer de sortir d’un conflit de quatre décennies entre Algérie, Maroc, Mauritanie et Front Polisario ! Le 360, magazine proche du pouvoir marocain, annonçait il y a quelques jours que Mohammed VI était en visite en France cette semaine – en toute discrétion. Et on apprenait par ailleurs que le Maroc avait fait pression sur l’Institut du Monde Arabe pour qu’il déprogramme, malgré les protestations de son directeur Jack Lang, Aziza Brahim, une chanteuse sahraouie accusée de militantisme. Et que l’IMA avait dû se coucher devant la volonté du roi. Benalla est à Genève, Aziza Brahim ne sera pas à Paris. Que va-t-il advenir du peuple sahraoui ? Du peuple algérien ? Du peuple marocain ? Du peuple français ?

 

 

La Joconde. Anatomie d’une joie

Nous célébrons cette année le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci. Voici à cette occasion une réflexion, qui sera peut-être suivie d’autres, sur la Joconde.

 

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Joconde signifie, dans ses formes italienne et latine, « joyeuse ». Le nom de femme mariée de Mona Lisa, modèle originel du portrait, n’est pas devenu celui de la peinture de Léonard de Vinci pour rien. La joie qui lui est reconnue, souvent de façon inconsciente, par ce surnom, vient sans doute moins de son fameux léger sourire que de la conscience qu’a la Joconde de l’effet qu’elle produit.

Il est étrange d’attribuer une conscience à une figure peinte. Car il ne s’agit pas là d’un phénomène de superstition ou d’idolâtrie religieuse. Mais bien, peut-être de façon unique dans l’histoire de l’art, du fait de l’incarnation d’un Être Humain Non Identifié. Tant d’agitation autour de la question de l’identité du modèle qui servit à réaliser ce portrait, certains s’en tenant à Lisa Gherardini, épouse du riche Giocondo qui – c’est avéré – passa commande au peintre d’un portrait de sa femme, d’autres soupçonnant Léonard d’avoir peint en réalité son amant, ou bien sa mère, ou quelque dame de la noblesse, ou même un extraterrestre… tant d’agitation, de suppositions, d’affirmations, de délires, sont une marque du caractère insaisissable de cette figure. Du sentiment d’étrangeté, voire d’inquiétante étrangeté, qu’elle génère.

La Joconde nous est étrangère, mais à la façon dont nous sommes étrangers à nous-mêmes. Dont nous nous sentons parfois, dans des moments de vertige, étrangers à ce monde – venus nous ne savons d’où, destinés à repartir nous ne savons où. C’est là que la Joconde nous touche, nous interroge, nous déshabille. Ceux et celles qui ont peur de se découvrir nues au miroir de l’esprit se contentent de l’effleurer du regard, de faire en sorte de ne pas vraiment la voir. Ou bien détournent la question d’eux-mêmes en mettant en avant des énigmes sur le modèle et sur le peintre, pauvres énigmes qui leur servent de boucliers contre la peinture et son auteur.

Mais ici, nous désirons aller franchement vers l’expression de la vie.
La Joconde nous regarde de droite à gauche. Mais ne serait-elle pas peinte de gauche à droite, à la façon dont l’ambidextre Léonard écrit ? Sa pensée est spéculaire. C’est seulement en les reflétant dans un miroir que peuvent se comprendre les écritures qui remplissent, avec ses dessins, les milliers de pages de ses carnets. Spéculation et réflexion renvoient au regard. Sa pensée est regard, son regard est pensée. Ce mouvement de retour entre l’œil penseur et l’objet de pensée, ce mouvement réflexif, cette révolution permanente de la pensée, n’est-il pas le sens réel de ce que Nietzsche appelait éternel retour ? Loin d’être, comme vulgairement interprété, une sempiternelle répétition, plutôt un retour éternel, un mouvement ouvrant les portes de l’immuable, comme la course de Parménide ouvre les portes de la déesse de l’être ? L’immuable Joconde, tout entière mouvement invisible et délicat des muscles sous la peau, parfaitement étudiés et connus de Léonard, donne le sentiment de suivre du regard qui la regarde.

Les dessins du peintre ingénieur ont inspiré l’escalier à double révolution du château de Chambord. La formule du retour s’exprime aussi dans la forme de la spirale, dans la verticalité et dans la non-communicabilité, la distance. Les montagnes nues qui s’étagent derrière le visage de Mona Lisa indiquent une inatteignabilité. Comme tout chef-d’œuvre, cette peinture offre à qui la contemple un retour sur soi, sur la centralité que chaque être est pour soi, mais aussi sur l’énorme relativité de cette centralité. La perspective fait que la figure humaine occupe presque entièrement la toile mais la raison sait que si elle donne l’illusion que les montagnes sont beaucoup plus petites, en réalité, il n’en est rien. L’arrière-plan du tableau fonctionne, quant au sens, en écriture inversée du premier plan. Ce paysage sauvage, nu, inhabité ou déshabité, fait signe vers la petitesse réelle de l’humain dans l’univers, et réfléchit l’instant d’un portrait d’être humain par l’ « éternité » géologique et métaphysique où passé (émergence des montagnes), présent (leur image) et futur (destruction annoncée par une rivière asséchée, un pont devenu inutile, une humanité disparue du paysage) qui donne un avant-goût, ou un goût, ou un après-goût, des courbures de la toile de l’espace-temps vu par Albert Einstein.

 

L'escalier à double révolution du château de Chambord

L’escalier à double révolution du château de Chambord

Mes photos du château de Chambord et du Clos-Lucé, dernière demeure de Léonard de Vinci

Keith Flint. Prodigieux Prodigy

 

Je me souviens très bien de la nuit où j’entendis pour la première fois The Prodigy. Il y a un bon quart de siècle et c’était hier. J’étais seule, c’était à Paris. J’ai immédiatement adoré ça. Ce son inouï. Cette musique transportante, violente, toute en reliefs. J’ai acheté les albums, je les ai emportés à la montagne. J’ai écouté ça des dizaines et des dizaines de fois, là-haut. Quand on était en famille – tout le monde aimait ça – et quand j’y étais seule, en ermite. Oui, un son tout en reliefs, comme les montagnes, des rythmes envoutants comme ceux des musiques soufies que j’écoutai plus tard pour danser aussi et entrer en extase, l’énergie fantastique du chanteur, Keith Flint, qui vient de mourir, par accident sur lui-même, comme en montagne. Ce n’était pas encore le temps de l’Internet et je n’avais jamais vu leurs vidéos. J’ai visionné les clips hier sur Youtube : plus de relief, le son est écrasé. Je préfère garder dans ma tête, dans mon corps, leur pure musique, qui donnait aussi à voir, quelque chose de bien mieux que le meilleur des clips : des tableaux mouvants, abstraits, aux multiples dimensions, colorés, vivants, comme l’esprit en voit lorsqu’il passe outre le monde ordinaire. Merci et salut à toi, Keith Flint, passé de l’autre côté.

Pour l’énergie énorme, en concert :

 

 

Botul acculé : vulgarité et méchanceté des « élites »

"BHL partage une bouteille de vin avec un clochard". Source photo : le Tumblr 'BHL fait des trucs'

« BHL partage une bouteille de vin avec un clochard ». Source photo : le Tumblr ‘BHL fait des trucs’

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« Autrefois, j’avais un test que j’appelais le « test de la pouffiasse » : si je dînais avec une fille qui hésitait pendant des plombes avant de décider ce qu’elle allait prendre, c’était assez mal barré. Et si je lui disais : « Prenez donc de la morue aux épinards » et qu’elle s’abîmait dans une contemplation encore plus sidérée de la carte en me demandant d’une voix éteinte « Ouchais, j’voispas », ça devenait carrément rédhibitoire. » BHL dans une interview de GQ en 2009.

Le mépris et la vulgarité de l’industriel de la « philosophie » sont monnaie courante quand il parle des femmes, même si, aujourd’hui où le sexisme crasse passe moins bien, il surveille un peu plus son langage, par prudence. Il a déclaré par exemple que « le discours philosophique » était « étranger » aux femmes, que l’argent leur allait mal, qu’il s’amusait de l’émoi des « vilaines » quand il condescendait à les draguer, a déploré que les femmes qui travaillent soient souvent coiffées et maquillées un peu trop à la va-vite, etc. etc. Mais il a défendu Polanski, DSK et Carlos Ghosn, malheureux hommes riches poursuivis pour de simples histoires de viol ou d’abus de biens sociaux – si les élites ne peuvent plus rien faire, alors ! Et maintenant il diffame gravement Ruffin. Et, à travers lui ou directement, les Gilets jaunes.

La violence, la méchanceté, l’obscénité verbale de ceux qu’on appelle élites, qui se prennent pour des élites et qui prônent une politique de l’élitisme – celle des « premiers de cordée » – dépassent en ignominie les violences verbales qui peuvent venir du peuple parce qu’elles viennent de privilégiés qui n’ont aucune raison objective de sombrer dans la haine de moins favorisés qu’eux. Et pourtant c’est dans la haine qu’ils vivent : elle éclate au grand jour dès qu’ils se sentent menacés. Luc Ferry appelant à tirer sur les manifestants, Macron multipliant les insultes à l’égard des classes populaires (il y a quelques jours encore, il a traité de « bête étrange » une Gilet jaune qui avait le tort d’intéresser quelques journalistes plus que lui-même), et tant d’autres qui se répandent dans les médias en anathèmes contre le peuple, les chômeurs, les femmes voilées, les femmes et les hommes qui travaillent et n’arrivent pas à vivre correctement du fruit de leur travail : voilà où est le vrai danger pour la démocratie et pour la république. Ils accusent les populismes, mais ce sont eux qui les engendrent, par leur élitisme. Le populisme comme flatterie malhonnête du peuple n’est que le miroir de l’élitisme comme vanité criminelle des élites.

Quelle conception ont de l’humanité les pareils de BHL, qui lorsqu’il s’occupait encore de la société fondée par son père, des années 80 jusqu’en 1997, pilla les forêts en logeant ses ouvriers africains quasi esclavagisés « dans des niches mal aérées », selon une ONG qui enquêta sur place (citée par Nicolas Beau et Olivier Toscer dans Une imposture française) ? Qui rejoignit Sollers et Gluksmann à l’Internationale de la résistance, une officine créée en 1983 et financée par les services secrets américains, utilisée pour de sales besognes politiques en Amérique Latine, soutenant notamment les contras, milices du dictateur d’extrême droite Somoza ? Qui, en 2001, au moment du G8, traitait de « voyous publics » les altermondialistes qui osaient dénoncer les nuisances de la finance ? Qui continue aujourd’hui à se déclarer fier d’avoir poussé à semer la guerre, le chaos et la mort en Libye où sont maintenant mis en esclavage les migrants africains ? Qui… etc., etc., un article ne peut suffire à rappeler tous les méfaits de cet homme, toutes ses manipulations, tous ses mensonges, tous ses abus, commis par obsession de l’argent et de la gloire, comme c’est le cas pour ses semblables qui se prennent pour des élites au-dessus des lois – alors que les vraies élites sont ce qu’il y a de meilleur dans un ensemble d’êtres.

Derrida, cité par Jade Lindgaard et Xavier de La Porte dans Le nouveau B-A BA du BHL, disait : « Il n’y a pas de disciples de Bernard-Henri Lévy, de Sollers ou de Glucksmann. En même temps, parce qu’ils sentent – et ils sont assez intelligents pour cela – le jugement critique et sévère dans leur propre milieu de gens comme moi et d’autres, ils les haïssent. (…) Tout à coup, on s’aperçoit que Sollers défend Lévy, pourquoi ? Que Lévy défend Sollers, pourquoi ? Que tout à coup Finkielkraut, qui a toutes les raisons de ne pas être d’accord avec Bernard-Henri Lévy, fait alliance avec Lévy. […] Il y a là une configuration de tous ces intellectuels-là, ensemble, mécanique. Et je crois qu’ils se serrent les coudes, parce qu’ils sont à la fois combatifs et acculés. »

Les peuples peuvent se laisser plus ou moins illusionner un temps, mais de plus en plus ils voient que ces fausses élites qui prétendent gouverner le monde ne sont en rien ce qu’il y a de meilleur parmi les hommes. Que les personnes les meilleures d’entre nous sont celles qui œuvrent, d’une façon ou d’une autre, non pour leur enrichissement et leur gloire, mais pour le bien commun, pour plus de justice et plus de fraternité, pour plus d’épanouissement de l’humanité. Ce sont justement ces personnes-là, les réelles élites, qui sont l’objet des insultes les plus ignobles des fausses élites. Leurs insultes, leurs manipulations, leurs violences de toutes sortes sont les réflexes apeurés de gens acculés par leur propre mensonge existentiel.

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George Pell, n°3 du Vatican, condamné : l’Apocalypse continue

Comme on le sait, apocalypse signifie révélation. Il est indéniable que nous vivons un temps de révélations sur toutes les institutions dominantes et leurs représentants. Qu’ils aient ou non été décrétés sacrés, les livres contiennent la littérature qui nous permet de mieux comprendre et imager les événements que nous vivons, c’est pourquoi j’emploie ici – sans religiosité – le terme littéraire (grec) d’apocalypse pour mettre en évidence ce qui se passe.

 

 

George Pell, n°3 du Vatican, reconnu coupable de viol et abus sexuels sur mineurs, encourt jusqu’à cinquante ans de réclusion criminelle. Il ne manque plus qu’à trouver des preuves que Jorge Bergoglio, le pape actuel, a bel et bien dénoncé de jeunes prêtres et les a envoyés à la torture sous la dictature, pour achever le tableau d’une église catholique comme gigantesque imposture et empire du mal, heureusement en train de s’effondrer.

C’est en connaissance de cause que le pape François avait promu George Pell grand trésorier et n°3 du Vatican. Il y avait longtemps qu’il était dénoncé en Australie pour avoir couvert des prêtres pédocriminels et avoir lui-même violé des enfants. Il l’a protégé à Rome aussi longtemps que possible, lui évitant de se rendre en Australie où la justice le convoquait. Le scandale était immense en Australie, où de nombreuses victimes témoignaient des sévices subis, tandis que d’autres n’y avaient pas survécu, finissant suicidées ou mortes par overdose.

Tout en protégeant son immonde collaborateur, qui déclarait avec cynisme que les affaires de pédophilie n’avaient selon lui « pas grand intérêt », le pape multipliait, jusqu’à ces jours derniers, les discours de condamnation des abus sexuels – sans jamais rien faire de concret contre les violeurs et pour les victimes, comme elles l’ont déploré encore cette semaine au terme d’un « sommet sur la pédophilie » qui s’est conclu par… une accusation contre Satan et le paganisme, et le reste de la société.

Ce jésuite, comme Macron éduqué par les jésuites, pratique l’en-même-temps de tous les hypocrites. Belles paroles, actes criminels. La même politique est pratiquée par nos élites formatées par la culture catholique. Dernier exemple en date : Macron se faisant photographier accroupi devant la tente d’un SDF alors qu’il a programmé un plan d’économie de 57 millions d’euros sur les centres d’hébergement et de réinsertion sociale. Macron comme Bergoglio sont des illusionnistes, jouant le « que tout change pour que rien ne change » (selon la fameuse formule du personnage opportuniste dans le roman préféré du pape, roman prisé aussi de Macron, Le Guépard) : il s’agit de donner l’impression par le discours qu’on promeut le changement, alors qu’on fait tout pour que rien ne change, ou même pour que tout empire, en renforçant toutes les dictatures, internes et externes.

Rappelons que, dans les faits, le pape est de tous les combats contre la liberté. Il a reçu Constanza Miriano, auteure d’un livre on ne peut plus misogyne, Marie-toi et sois soumise, publié par l’archevêché de Grenade. Il refuse de répondre aux associations qui aident quelque 300 000 ex-bébés volés par le biais de l’église espagnole, sous le franquisme et plus tard, à retrouver leur mère qui les cherche. Des cas similaires existent ailleurs dans le monde, où l’église a été l’instrument des dictatures (notamment argentine) pour enlever des bébés à leurs parents opposants au régime ou dans des pays où l’évangélisation s’est faite sous acculturation forcée et vols d’enfants. En 2015, il a rejeté le nouvel ambassadeur français pour cause d’homosexualité (pourtant vécue discrètement, sans militantisme) – ce qui est assez comique à l’heure de la sortie du livre Sodoma, sur « l’omniprésence d’homosexuels » au Vatican et dans l’église.

Jusqu’à ces jours derniers, George Pell était toujours n°3 du Vatican. Le pape n’avait prononcé aucune sanction contre lui, pas plus que contre Barbarin, honteusement protégé en France par un Parquet aux ordres de l’État. La blancheur dont l’église et ses disciples, dont Macron et son monde font partie, aiment se parer, fond plus vite que les glaces du Pôle Nord en ce moment. Le mouvement MeToo, celui des Gilets jaunes et d’autres activistes révèle la corruption aux multiples têtes hideuses des élites de ce monde. Cette fonte de façade charrie des torrents de boues toxiques, dont il nous faut nettoyer nos pays, nos terres, comme de la pollution chimique afin d’y restaurer une possibilité de vie pour l’humanité.

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Samedi, l’amour court les rues. 40 grafs et tags de ces jours-ci

J’ai trouvé sur twitter ces street-art post-it excellents. Je ne sais pas si le gars a eu la même idée que moi, ou s’il la reprise de twitter où j’en avais posté beaucoup avec hashtag il y a quelques mois, quand je l’ai inventée, en tout cas c’est très bien vu :

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Moi aussi j’ai continué à distribuer des post-it dans la ville, et à photographier les graffitis et autres tags lors de mes déambulations de ces jours derniers.

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street art 13-minJ’ai maintes fois photographié les grandes fresques du 13e arrondissement, dont cette œuvre de Seth, je ne les rephotographie pas chaque fois au fil de mes balades mais une de temps en temps…

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Je suis entrée dans une cour d’immeuble rue Mouffetard et j’ai aussi photographié ce bel escalier montant vers la lumière, vers ce que j’imagine comme une chambre d’amour :

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Ces jours-ci à Paris 13e et 5e, photos Alina Reyes

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