Ceux qui s’indignent vivement d’un déboulonnage ou éventuel déboulonnage de quelques statues et n’ont pas un mot pour les humains tués ou mutilés par la police : voilà ce qu’est l’idolâtrie. Un aveuglement. On ne voit pas l’être humain, on voit l’idée qu’on se fait du monde. Et à cette idée on veut plier l’humain, l’obliger à plier devant les statues de pierre et surtout les statues sociales, les statuts sociaux devant lesquels deviennent invisibles les personnes racisées, les femmes, les personnes en situation de faiblesse.
Déboulonner, voilà pourtant un bon mot pour libérer une société de ses systèmes infernaux. Il suffit parfois qu’un seul boulon saute pour que la machine devienne inutilisable. Chacune, chacun peut l’être, boulon qui saute.
Chroniques
Street Art, architecture… au bonheur des rues
L’exploit d’@Acrobate 14 grimpant sur un toit pour enlever la banderole des identitaires cet après-midi place de la République, pendant la manif contre le racisme et les violences policières, me rappelle celui de Mamoudou Gassama escaladant aussi un immeuble, il y a deux ans, pour sauver un enfant. Vive les agiles & courageux !
J’arpente toujours la ville, voici mes images de ces jours derniers. Voir les mots-clés pour les noms des artistes.
En passant devant l’Armée du Salut côté rue du Chevaleret, j’ai été invitée par un monsieur qui s’en occupe à rentrer à l’intérieur pour photographier cette peinture, dont j’ignore l’auteur-e.
Voici l’immeuble, construit par Le Corbusier, côté rue Cantagrel. Je n’aime pas cet architecte, notamment du fait de ses conceptions fascistes, mais il ne manquait pas de talent.
J’ai rephotographié toutes les grandes fresques murales de ce côté du 13e mais je les ai déjà données ici quand elles ont été peintes, je ne les redonne pas cette fois. Seulement cette image de la rue Jeanne d’Arc :
Ces jours-ci à Paris 5e et 13e, photos Alina Reyes
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L’Homo Americanus
« C’est dans le domaine des tensions raciales que l’impact du président Trump est le plus prononcé », peut-on y lire dans le texte de Jacob Maillet, prononcé il y a plus de deux ans. Reçu hier ce livre, actes d’une journée d’études à laquelle j’ai participé en 2018 au château de La Roche Guyon. Sous la direction de Claire Bourhis-Mariotti, François Pernot et Eric Vial, l’ouvrage, bellement publié par les Éditions de l’OEil, rassemble les contributions des participants – dont la mienne, sur « Edgar Poe, figures de l’Américain hanté » qu’on peut lire ici.
À l’heure de Trump et, notamment, de George Floyd, on trouvera dans ces lectures de quoi se réinterroger sur l’Américain. Voici les titres des interventions retranscrites dans ce livre :
« L’Homo americanus, des Amérindiens à Donald Trump, en passant par les pèlerins du Mayflower et John Wayne… » : introduction générale par Claire Bourhis-Mariotti et François Pernot
« L’Homo americanus est en partie un descendant de Huguenots français des XVIIe et XVIIIe siècles » : par Patrick Salin
« Toute la complexité de l’histoire en deux mots : Américains et Français, quelques considérations sur une construction identitaire » : par Roch Legault
« Inventer un Indianus americanus dans la jeune république des États-Unis : la stratégie mimétique des Indiens du Sud-Est contre l’expansionnisme dans les années 1820 : par Augustin Habran
« De Crèvecœur à Douglas, qu’est-ce qu’un Américain ? » : par Claire Bourhis-Mariotti
« Joseph Bonaparte aux États-Unis de 1815 à 1821 : comment un ancien monarque européen se transforme en bourgeois américain ? » : par Florian Coppée
« Edgar Poe, figures de l’Américain hanté » : par Alina Reyes
« Des Françai(se)s naturalisé(e)s américain(e)s : quel héritage français au cœur de la Californie depuis 1880 ? » : par Marie-Pierre Arrizabalaga
« Ernest Hemingway : l’Américain nostalgique » : par Claire Carles-Huguet
« Homo basketis americanus » : par Fabien Archambault
« Homo Americanus, vu d’URSS et de RDA » : par William Richier
« Les Américains tels qu’ils se représentent en héros au cinéma » : par Quentin Eveno
« Être américain au sein de l’OTAN » : par Jenny Raflik
« Homo conservativus : économie et tensions raciales au pays de la liberté » : par Jacob Maillet
« L’image de l’écrivain américain : l’incidence des cursus en creative writing sur les représentations » : par Anne-Marie Petitjean
Christ aux cheveux verts
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En écrivant cette icône, j’ai songé que le maintien de la fermeture des parcs et jardins en Ile-de-France, malgré les demandes d’ouverture d’Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse, et alors que rouvrent centres commerciaux, écoles, bureaux, chantiers, transports en commun, lieux de culte avec autorisation de cérémonies…, et alors que les études montrent que la pandémie se transmet essentiellement dans les lieux clos, est une mesure de coercition de type fasciste, totalitaire : une mesure contre la vie, contre la liberté, contre le bonheur.
J’aurais pu intituler cette icône « la multiplication des pains », avec cette chair du Christ changée en myriades d’hosties. Mais ce qui est essentiel, c’est que cette figure soit encadrée de vert et d’or. En ce jour d’Ascension, une façon de s’élever pour voir d’en haut que la vie et la lumière sont nos véritables trésors, avec l’amour rendu par la libéralité du don de soi, un soi aux mesures de l’univers et en communion avec lui.
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Barakatou et la police de Macron. Ceux qui font bien et ceux qui font mal
Ces deux brèves vidéos ont été tournées à quatre jours d’intervalle. Rappelons que les masques sont vendus jusqu’à dix fois leur prix d’avant la crise et sont obligatoires dans les transports en commun, sous peine d’une amende de 135 euros ; et qu’un amendement présenté par Alexis Corbière pour demander la gratuité des masques a été rejeté la nuit dernière en deux secondes à l’Assemblée nationale.
On voit dans la deuxième vidéo que les gens respectent de leur mieux la distanciation dans la file d’attente. Peut-être y avait-il des encombrements à certains endroits ? Dans ce cas, pourquoi la police n’aurait-elle pas aidé à mieux organiser la file, plutôt que, armée jusqu’aux dents comme face à des ennemis, de chasser les gens ?
Cette boutique de tissus africains a organisé déjà plusieurs distributions de beaux masques qu’elle fabrique bénévolement, tandis que la grande distribution vend très cher des masques de mauvaise qualité.
Sans autre commentaire.
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