Gilets jaunes et costards sales

Les gilets jaunes font la police, et qui les a vus de près en action constate quel plaisir ils tirent du fait de jouer aux flics, arrêter la circulation, imposer leur loi, réguler la circulation selon leur volonté, user de brutalités langagières voire physiques. Leurs agressions, notamment racistes et homophobes, se multiplient. Voitures secouées ou cassées, automobilistes et travailleurs forcés de mettre leur gilet jaune ou empêchés de repartir, injures et violences là sur une femme noire, ailleurs sur une musulmane forcée à retirer son voile, ailleurs encore sur des homosexuels ou sur des journalistes.

Il faut croire que ces néoflics, aussi faux que Benalla et entretenant le même climat de guerre civile que les flics aux ordres du pouvoir, ne dérangent pas en haut lieu, là où on a gagné ses costards en manipulant de l’argent, puisque le premier ministre, pour toute réponse, déclare « ce n’est pas quand ça souffle qu’il faut changer de cap ». Une façon de les encourager à continuer ? D’attiser le feu avec l’une de ces innombrables petites phrases dénuées de sens par lesquelles on tente de distraire le public (comme on appelle aujourd’hui les lecteurs de « poésie ») des politiques aussi stupides qu’iniques de technocrates dénués de courage, d’imagination et d’humanité ? Pour défendre Macron et le gouvernement, de vieilles starlettes telles que BHL et Dombasle, qu’on peut voir à Paris circuler seuls à bord de luxueuses limousines avec chauffeur, comme chaque riche plus pollueurs que cinquante automobilistes se rendant à leur travail. Caste des engendreurs de populismes en tous genres, qui n’ont même pas la décence de fermer leurs gueules.

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Un hôpital mondial pour l’humanité

Quand je vais à la Pitié-Salpêtrière, je me dis qu’il faudrait une structure comparable pour soigner le monde, une organisation mondiale dont la tâche serait de travailler à soigner les maux du monde, d’où qu’ils viennent, et de pratiquer une recherche intensive pour améliorer toujours son efficacité. Un hôpital pour la survie de l’humanité qui aurait aussi les moyens juridiques d’attaquer les fauteurs de mort, de désastre écologique, de guerre, de scandale économique et financier, de toute atteinte directe ou indirecte, d’où qu’elle vienne, des États ou des industriels, au corps des personnes et à la santé du vivant. Voilà ce qu’il faut construire.

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pitie salpetriere 12-mince matin dans les coulisses de la Pitié-Salpêtrière, photos Alina Reyes

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Zeppelins sur Paris

zeppelin sur paris, dessin-minEn marge de la terrible guerre des tranchées qui faisait rage à une centaine de kilomètres de là, le soir du 29 janvier 1916, deux zeppelins furent envoyés en raid sur Paris. L’un dut faire demi-tour pour avarie, l’autre, à la faveur des nuages qui le dissimulaient, largua rapidement ses bombes sur Belleville et Ménilmontant, faisant 26 morts et 32 blessés.

Voici le compte-rendu de l’évènement dans L’Humanité du lendemain :

DES ZEPPELINS SUR PARIS

DES BOMBES TOMBENT
boulevard de Belleville, rue de Ménilmontant et rue Haxo. Un immeuble détruit. Il y a des victimes.

À vingt-deux heures moins un quart, alors que comme les jours précédents, Paris était dans le calme le plus complet, les pompiers sortaient de leurs casernes, parcouraient les rues à toute vitesse, en cornant, tandis que les clairons sonnaient le « Garde à vous ». Des zeppelins ou des aéroplanes allemands étaient signalés comme ayant franchi les lignes du camp retranché de Paris.

En effet, à vingt-et-une heures vingt, le gouvernement militaire était informé que des zeppelins étaient passés au-dessus de la Ferté-Milon, à 30 kilomètres de Château-Thierry et à 80 kilomètres de Paris.

La nouvelle fut accueillie avec une placidité parfaite. Loin de se cacher dans les caves, les habitants se précipitèrent vers les places et surtout vers la butte Montmartre. Ceux qui étaient chez eux sortirent sur les trottoirs, scrutant le ciel qu’éclairaient les projecteurs.

Tout à coup, à vingt-deux heures dix, trois détonations qui furent entendues d’un bout à l’autre de Paris et même en banlieue, ébranlèrent les maisons.

Sans doute des coups de canon à blanc destinés à effrayer les mécaniciens des aéronefs pour leur faire rebrousser chemin, pensa-t-on aussitôt, tant les coups avaient suivi de près l’alerte.

Telle n’était point, hélas ! la vérité, c’était bien des bombes et des obus qui venaient d’être lancés d’une grande hauteur, car on ne vit rien, absolument rien, dans le ciel.

Un premier projectile était tombé boulevard de Belleville, près de la rue Risson. Deux arbres furent déracinés, une excavation d’un diamètre de six mètres fut creusée mais il n’y eut là aucun accident de personne.

Une seconde bombe tomba près du 88 de la rue de Ménilmontant. Il y aurait eu là plusieurs blessés.

La plus violente explosion se produisit rue Haxo. Un obus tomba sur l’immeuble du numéro 86, qui fut en grande partie démoli et on en eut à déplorer la mort de plusieurs personnes.

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La parole du jour est au poète belge Émile Verhaeren, sur un précédent raid des zeppelins :

LES ZEPPELINS SUR PARIS

21 Mars 1915.

Sous les étoiles d’or d’un ciel ornemental
Glissent les Zeppelins dans la clarté hardie
Et le vent assaillant leurs parois de métal
En fait luire et siffler l’armature arrondie.

Un but sûr, mais lointain, les hèle et les conduit ;
Et tandis qu’ils ne sont encor qu’ombre et mystère
Leur vol énorme et lourd s’avance dans la nuit,
Et passe on ne sait où, au-dessus de la terre.

Les plaines et les bois se dérobent sous eux
Et les coteaux avec leurs fermes suspendues
Et le bourg et la ville aux étages nombreux
D’où leur présence proche est soudain entendue.

Aussitôt jusqu’au Sud, et de l’Est et du Nord,
S’émeut et retentit le télégraphe immense ;
La menace est criée et la vie et la mort
Organisent partout l’attaque ou la défense.

De toutes parts est perforé l’espace gris ;
Des foyers de lumière en tous coins se dévoilent
Et leurs barres de feu vont ramant sur Paris
Avant de remonter se cogner aux étoiles.

Ceux qui guident le vol des navires, là-haut,
Voient luire à leurs côtés la grande Ourse et les flammes
D’Hercule et d’Orion, d’Hélène et des Gémeaux,
Et s’estomper au loin le Louvre et Notre-Dame.

La ville est à leurs pieds et se tasse en sa nuit
Et se range et s’allonge aux deux bords de la Seine ;
Voici ses palais d’or et ses quais de granit
Et sa gloire pareille à la gloire romaine.

L’ivresse monte en eux et leur orgueil est tel
Que rien jusqu’à leur mort ne le pourra dissoudre.
Ne sont-ils pas à cet instant les rois du ciel
Et les dieux orageux qui promènent la foudre ?

Ils bondissent dans l’air lucide ; ils vont et vont,
Évoquant on ne sait quel mythe en leur mémoire
Et creusent plus avant un chemin plus profond,
Dites, vers quel destin de chute ou de victoire.

Les projecteurs géants croisent si fort leurs feux
Qu’on dirait une lutte immense entre les astres
Et que les Zeppelins se décident entre eux
À déclencher soudain la mort et les désastres.

Pourtant jusqu’à Paris aucun n’est parvenu.
Avant qu’un monument ne devienne ruine
Ils s’en sont allés tous, comme ils étaient venus
Avec le coup de l’échec dur en leur poitrine.

Ils n’ont semé que ci et là, de coins en coins,
La mitraille qu’ils destinaient au dôme unique
Où dort celui qui les ployait sous ses deux poings
Et les dominait tous, de son front titanique.

Et, peut-être, est-ce lui qui les a rejetés
Du côté des chemins où la fuite s’accoude,
Rien qu’à se soulever, lentement, sur son coude
Tel que pour le réveil Rude l’avait sculpté.

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texte : wikisource

Rude et la longue histoire des carnages :

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voir aussi Mémoire des lieux de la Grande Guerre dans la Somme

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Une si triste féerie

La maison s’effondre.

La maison s’effondre sur le peuple.

Le peuple des vivants.

À Charleville-Mézières, chez Rimbaud, à Marseille, chez Artaud, des immeubles s’effondrent sur les vivants empêchés d’habiter poétiquement le monde.

À Paris le président après avoir salué Thiers le versaillais salue Pétain, autre assassin de peuple.

À Paris le jardin des Plantes dans un temps d’extinction des vivants sur Terre organise son arche de Noé. De grands animaux de tissu coloré finissent d’être installés en vue d’être illuminés ces soirs d’hiver. Une si triste féerie.

Qui sait ? La colombe finira peut-être par revenir, dans le bec un rameau d’olivier.

Il dépend de l’animal manquant dans cet exposition : nous.

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Hier au jardin des Plantes, photos Alina Reyes

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Consommer responsable

J'ai fait ce dessin hier soir, sur un papier récupéré

J’ai fait ce dessin hier soir, sur un papier récupéré

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Nous avons une seule maison commune, une seule habitation pour l’humanité : c’est la Terre. Quel genre de vivants rendent leur habitation inhabitable, pour eux et pour les autres vivants ? Les humains. Je ne vais pas me lancer dans un sermon, tout le monde sait ce qu’il en est. Simplement, il ne suffit pas de le savoir, il faut agir. Agir vraiment, ici et maintenant, jour après jour. Nous avons besoin de tous ceux qui s’organisent pour militer, informer, combattre. Mais cela ne peut suffire. Il nous faut militer, informer, combattre, chacun·e dans son quotidien, chez soi, dans son environnement. Consommer responsable et le faire savoir autour de soi, afin que les bonnes pratiques s’étendent toujours plus.

Il y a deux aspects au moins dans la consommation responsable. Celui qui vise à entretenir sa propre santé (et des applications comme Yuca peuvent aider à distinguer les produits alimentaires mauvais, contenant de mauvais additifs, trop de graisses ou de sucre, et nous inciter à mieux lire nous-mêmes les étiquettes). Et celui qui vise à entretenir la santé de la planète. Les deux coïncident souvent, mais pas toujours. L’huile de palme, par exemple, n’est pas réputée spécialement mauvaise pour la santé humaine, mais sa production induit une déforestation de masse absolument désastreuse pour l’écologie et le climat. Or l’huile de palme est extrêmement répandue, dans les biscuits, les pâtes à tartiner, les gâteaux, les biscottes et autres pains grillés industriels – j’en oublie sûrement. Il faut la boycotter, et pour cela lire les étiquettes des produits avant de les acheter ; on se rend alors compte que bien souvent les produits de marque, plus chers, sont moins écologiques que les produits de base du distributeur.

Le coût des produits est un facteur important. Se nourrir coûte cher, et on a rarement les moyens de n’acheter que du bio. Mais sans nécessairement aller jusqu’au véganisme ou au végétarisme, réduire significativement la consommation de viande est non seulement nécessaire pour la santé de la planète, mais aussi un moyen d’économiser afin de pouvoir consommer de meilleurs produits par ailleurs. Les produits bio ne sont d’ailleurs pas toujours plus chers. Ils sont meilleurs pour notre santé personnelle, mais aussi pour celle de la planète, puisqu’ils utilisent moins de poisons pour être produits. Le respect des animaux que nous mangeons, ou dont nous mangeons les produits (œufs, lait) doit aussi guider nos achats. À nous de repérer, là où nous vivons, comment nous pouvons nous fournir au mieux. La recherche de la nourriture doit redevenir un acte important et sérieux ; nous devons en être responsables comme lorsque nous vivions de nos cueillettes ou d’une agriculture non industrielle. Sinon, nous nous déshumanisons.

Nous devons être responsables aussi dans les autres domaines de la consommation. Marcher ou prendre le vélo plutôt que prendre la voiture quand on n’est pas à plus d’une demi-heure de marche ou de vélo (la marche est excellente pour tout le monde). Prendre le train plutôt que la voiture ou l’avion quand c’est possible. Utiliser un savon tout simple, sans additifs (et très bon marché) plutôt que les gels douche pleins de produits et emballés dans du plastique, et simplifier de même son utilisation de cosmétiques divers. Limiter le plus possible sa consommation de plastique, et sa consommation d’emballages. Ne pas changer de smartphone, d’ordinateur et d’autres matériels électroniques tant qu’ils peuvent encore fonctionner voire être réparés. Limiter ses achats de vêtements. De manière générale, récupérer (ou donner à récupérer) autant que possible ce qui peut être récupéré, chez soi ou en boutique (friperies, matériels d’occasion…).

J’en oublie sûrement, mais l’essentiel est d’acquérir et de développer cet esprit de responsabilité que nous devons exercer et mettre en pratique chaque jour. Nous avons le devoir de sauver la maison, et nous en avons le pouvoir. Ce n’est pas rien.

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