Apparitions, disparitions

de la caverne au miroir,*

Le facteur passe : je reçois la « gazette » de l’association où je fus bénévole, et je vois que l’un des « sans-abri », dont j’ai mentionné le talent de poète dans Voyage, a publié un recueil. Je reçois aussi l’un de mes manuscrits, qui m’est retourné par une maison d’édition : plus personne ne veut publier ce que j’écris. N’est-ce pas intéressant ?

Je vois aussi que n’apparaissent plus, sur les photos de la gazette, certaines personnes.

« Penses-tu que les gens de la Caverne et d´ar-Raqim ont constitué une chose extraordinaire d´entre Nos prodiges ? »
Coran 18, 9 (sourate Al-Kahf, La Caverne)

Que signifie ar-Raqim ?
La réponse est la question.

Raqim signifie écriture, chiffre, livre, tablette. Mais ce pourrait être aussi le nom d’un lieu en montagne.

De même que, dans cette sourate, le Coran ne veut pas qu’on sache combien étaient les Dormants, ni combien de temps ils dormirent, Raqim doit garder plusieurs possibles.

Le Coran parle comme la physique quantique. Ou comme le jeu de Go. Il est ouvert par L’Ouvrante (Al-Fatiha) et continue à former des espaces par le principe de l’ouverture. Ou plutôt des espaces clos, comme la Caverne, fermée par un chien, susceptibles de s’ouvrir : ce qui en sort n’y est plus, tout en y étant encore, d’une façon ou d’une autre – cela peut avoir l’air d’une défaite, mais tout l’intérêt est là : être ailleurs.

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