Bienheureuse

J’ai rêvé que Bedos (à la fois père et fils) et un plombier s’étaient installés chez moi contre mon gré et ne voulaient plus en partir. J’allais à la mairie demander qu’ils téléphonent chez moi afin qu’ils voient qu’ils étaient au courant de leur forfait, et que cela les fasse partir. Mais à la mairie les gens étaient très embêtés, oui me disaient-ils, on sait qu’ils se comportent ainsi, mais nous ne pouvons pas intervenir contre Bedos, étant donné sa position. Je retournais chez moi, et finalement les intrus s’en allaient, emmenés par leurs femmes, des pétasses mondaines, sapées, refaites et maquillées, qui les ramenaient chez elles.

Le rêve est limpide, Bedos à la fois père et fils symbolise le pouvoir temporel, clown médiatique, transmissible et grossièrement calqué sur le christianisme – une sorte d’antichrist ; le plombier représente les hackers et autres poseurs de micros cachés ; et les pétasses la mondanité qui les appelle à retourner dans leur monde.

À l’âge de quinze-seize ans, après avoir lu Freud (mais aussi beaucoup de textes sacrés), je me livrai à des expériences étonnantes, que ne font jamais les psychanalystes – raison pour laquelle ils ne connaissent rien en vérité à leur art ni à l’homme. Je suis loin devant, loin au-delà, cela m’exclut de ce monde mais je suis si bienheureuse.

Multiplication des couleurs

Toujours en train de compléter mes galeries sur alinareyes.euLes peintures pour l’instant y sont toutes ou à peu près – en attendant la prochaine. Les photos continuent de se remplir, les dessins sont en cours. J’ai signé ces derniers, je les photographie et je les propose à l’impression seulement, car j’ai l’intention des les composer en iconostase, un peu à la façon des Masques, qui donnent en vrai un bien beau résultat, plus beau qu’en photo. N’hésitez pas à visiter, y compris ma page « liens » à partir de laquelle vous pouvez visiter aussi les artistes que j’ai pour l’instant découverts sur la plateforme Artmajeur.

À ce jour, mes œuvres les plus visitées ont été deux photos et une peinture : la première de deux brebis en pleine sieste (galeries « Animaux »), la deuxième des Deux océans (4e galerie de peinture) la troisième d’une fente de lumière dans la neige (galerie « Neige ») ; et celle qui a reçu le plus de mentions, un bouquet de fleurs sauvages sur une table en bois (galerie « Graphismes et couleurs »). Ne sont-elles pas, humblement, représentatives de ce qui nous sauve : lâcher-prise, rencontre, pureté, grâce ?

Antoinette Fouque, le clergé et moi

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Antoinette Fouque est morte. Je me rappelle qu’elle m’avait invitée chez elle, quand j’étais jeune écrivain. J’avais été frappée par les canapés de cuir blanc, le luxe bourgeois. D’autres femmes étaient là, des féministes, je ne sais plus qui. Je n’avais à peu près rien dit, tout ce langage me semblait si froid. Je lui étais reconnaissante pourtant d’avoir pensé à m’inviter, et d’avoir publié mon premier roman, lu par Marie-Christine Barrault, dans sa collection audio Des voix. Cela changeait tellement des féministes anglaises avec lesquelles j’avais eu affaire, celles qui étaient venues de Londres à Paris pour m’interviewer ou qui m’avaient interviewée quand j’étais allée à Londres. Pour ces membres du clergé féministe, j’étais une adoratrice du pénis, comme elles disaient, autant dire une sorcière. Je n’ai jamais adhéré au féminisme d’Antoinette Fouque, mais au moins elle était ouverte. Je ne l’ai pas revue quand j’ai accompagné par mes poèmes l’exposition de Sophie Bassouls à l’espace Des Femmes. Les poèmes peuvent être lus ici, je me rends compte que j’en avais perdu certains, je vais les récupérer, merci Antoinette.

Quel ennui, ces grands prêtres mâles ou femelles de toutes sortes de chapelles, à Londres, à Rome, à Paris et ailleurs, qui font la leçon à Jésus. Ils sont fichus.

La joie au corps

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Aujourd’hui j’ai fait un saut en Chine. J’ai marché sous la pluie, comme j’aime, ma capuche sur la tête, j’ai fait un tour dans le quartier chinois. Je suis allée chez Tang Frères, comme chaque fois que j’y vais j’ai contemplé longuement les produits exotiques dans les allées du supermarché. J’ai acheté pour très peu cher du thé vert, du gingembre confit, des biscuits aux agrumes. Puis je suis rentrée par un autre chemin.

Maintenant je vais me remettre à mon nouveau manuscrit, j’ai tapé tout à l’heure les premières pages, ah quel bonheur, jamais on n’a rien lu de semblable. Je veux ce que j’ai toujours voulu, du texte qui donne de la joie, la joie que donne l’audacieux, le surprenant, le réveillant. La joie au corps, la joie à l’esprit, la joie à tout.