Vincent

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le typhon sur les Philippines vu de la navette spatiale (AP/NASA)

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« Un jour, j’ai vu un beau tableau ; c’était un paysage au crépuscule. Dans le lointain, sur le côté droit, une rangée de collines, bleues dans la brume du soir. Au-dessus de ces collines, la gloire du coucher de soleil, les nuages gris bordés d’argent et d’or et de pourpre. Le paysage est une plaine ou une lande, couverte d’herbe et de ses pailles jaunes, car c’était l’automne. À travers le paysage, une route conduit vers une haute montagne, loin, très loin ; au sommet de cette montagne, une ville, éclairée par les rayons brillants du soleil couchant. Sur la route avance un pèlerin, un bâton à la main. Il est en route depuis déjà très longtemps, et il est très fatigué. Et c’est alors qu’il rencontre une femme ou une silhouette vêtue de noir qui fait penser à la parole de Saint Paul : triste, mais en tout temps joyeux. Cet ange du Seigneur a été placé là pour encourager les pèlerins et répondre à leurs questions. Et le pèlerin demande : ‘La route continue-t-elle toujours à monter ?’ Et la réponse est : ‘Certainement, jusqu’au bout, fais attention.’ Et il demande à nouveau : ‘Et le voyage durera-t-il toute la journée ?’ Et la réponse est : ‘Du matin, ami, jusqu’à la nuit.’ Et le pèlerin continue son chemin, triste, mais en tout temps joyeux.’ »

Je trouve cet extrait d’un prêche de Vincent Van Gogh, datant de la fin octobre 1876, dans son Oeuvre complet, par Ingo F. Walther et Rainer Metzger, aux éditions Taschen. Le texte de ce sermon a été adjoint à ses Lettres, mais malheureusement il ne figure pas dans leur édition par Gallimard, qui m’a été offerte par O à plusieurs reprises au cours des années. Je suis très proche de Vincent, qui m’accompagne nuit (avec sa nuit étoilée) et jour (avec son champ de blé) depuis ma prime adolescence, à bien des égards. La familiarité avec les langues et la communion avec la vérité nous venant d’être venus d’ailleurs, de l’au-delà de la mort. Lui né un an après son frère mort-né, et ayant reçu son prénom, moi née avec un jumeau, frère ou sœur resté à l’état d’embryon.

Nous sommes les pinceaux et les couleurs de Dieu. Ceux qui font le monde d’ici-bas sont aveugles. Ceux qui y voient doivent être des yeux pour les hommes, quoiqu’il en coûte de par leur incompréhension radicale.

Toits mouillés

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En accompagnant deux Anglais qui espéraient le soleil pour leur week-end à Paris, j’ai pris cette photo des toits mouillés, avec l’envie d’aller m’y promener. En redescendant, je suis allée chez le marchand de couleurs, acheter deux pinceaux et deux tubes de peinture supplémentaires. J’avais oublié mon parapluie chez les Anglais, j’ai marché heureuse de me mouiller, comme une peinture se promenant sur la toile.

Avant de partir de chez moi, j’avais eu envie de peindre un accordéon rouge, aujourd’hui. Avant de rentrer, je suis allée à la boulangerie, il était 13 h et j’avais à prendre des baguettes pour le casse-croûte des uns et des autres à la maison. Or justement il y avait devant la boulangerie un homme que je n’avais jamais vu, un homme au beau visage, clair et lavé comme la pluie, en train de jouer d’un accordéon rouge.

Maintenant je vais vernir le tableau d’hier, Faire-part, puis j’essaierai de peindre cet accordéon. Je débute juste, et j’adore peindre.

Voyage a traversé l’Atlantique

Montreal _ Student Rack Card

 

Des nouvelles du voyage de Voyage. Le livre est désormais en rayon à la bibliothèque Plateau Mont-Royal de Montréal (dans le quartier où j’habitais).

Et toujours, par ordre d’apparition, à la bibliothèque Mohammed Arkoun (Paris 5e), à la réserve centrale des bibliothèques de Paris, à celle de Lyon Part-Dieu, à celle des Pays de Lourdes. Ainsi que dans diverses bibliothèques d’institutions privées, en France ou ailleurs.