« maintenant encore à Hiroshima »

« En fait, maintenant encore à Hiroshima, quelqu’un, quelque part, parlait constamment, encore et encore, de l’événement du 6 août. Un homme lui dit avoir constaté, alors qu’il soulevait des centaines de cadavres de femmes pour tenter d’identifier son épouse disparue, qu’aucune d’entre elles n’avait de montre au poignet ; un autre lui confia avoir vu une femme qui était morte, allongée devant la station de radiodiffusion, couchée sur le ventre dans une posture telle qu’elle empêchait le feu d’atteindre son bébé ; il entendit également ce récit où, dans une île de la mer Intérieure de Setouchi, l’ensemble des hommes d’un même village ayant été mobilisés pour le service de l’évacuation des bâtiments, toutes les villageoises s’étaient retrouvées veuves, et elles étaient allées protester violemment chez le chef du village. »

Tamiki Hara, Hiroshima, fleurs d’été (traduit du japonais par Karine Chesneau)

Un pianiste en répétition à la Schola Cantorum

J’ai déjà évoqué le charme fou de la Schola Cantorum, mythique école qui a aujourd’hui le statut d’établissement privé d’enseignement supérieur de la musique. Avant de passer à la musique enregistrée ce matin dans l’une de ses salles d’étude, en voici quelques témoignages :

« Il faut honorer ce petit coin de Paris où seul l’amour de la musique commande. » Claude Debussy

« … Schola Cantorum, cette grande enseigne, ne soulève pas seulement en moi une vague de musique. Elle couronne le souvenir de nos luttes de jeunesse. La Schola, que vénérait Erik Satie, élève de Vincent d’Indy, nous servait de drapeau contre l’impressionnisme et le néo-impressionnisme qui occupaient alors les âmes savantes, leur faisaient oublier que l’art n’est pas une physionomie mais un organisme et que la fugue construit les marches par où fuit le charme dangereux des sirènes. Il est probable que le fantôme de Satie rôde et veille à l’École… » Jean Cocteau

« La Schola Cantorum… Paradis de la musique… » Paul Guth

« … D’Indy et la Schola auront été les champions de la dernière tentative faite pour conserver dans la musique l’idéalisme que le matérialisme triomphant repousse de toutes parts… » Extrait de presse de 1913

« … Aujourd’hui, malgré les nouvelles vagues d’un enseignement accéléré et starisé, il existe encore des lieux où Mozart, Satie et Bartok sont les maîtres de cérémonie. Dans cette école légendaire… ne sont pas des élèves qu’on classe mais des artistes qu’on accompagne. » Honorine Crosnier, revue Milk 2006

« …À la Schola Cantorum, tout est rare : les murs, pur XVIIème, les jardins, l’atmosphère. Un climat si parfaitement esthétique qu’à peine franchi le portail, on se surprend à marcher autrement… » Cosmopolitain

« … La Schola Cantorum, l’équivalent français de la Juilliard School, concurrente historique du conservatoire, perpétue un authentique enseignement à la française, c’est probablement l’école qui dégage le plus de charme… » Revue Diapason




https://youtu.be/xqHW5mKd2VY

Un jeu plein de verdeur pour ces trois oeuvres virides, ensuite la merveilleuse « harpe éolienne », comme l’appelait Schumann, de l’Étude op 25 n°1 de Chopin.
Et pour finir, Zelda (là dans l’arrangement du pianiste), ici joué avec le nez :

Le rêve retrouvé (art pariétal et graff)


Passages du film de Werner Herzog sur la grotte Chauvet.
Les artistes des grottes aussi étaient des itinérants.
Exerçant l’art de traverser les murs et faire vivre l’espace.

Voir tout le reportage sur Boris, avec texte, photos et d’autres films, sur Mediapart. « Ces moments de pure liberté où il n’y a plus de limite », dit-il.
Je lis aussi, sur l’espace, une réflexion de Joseph Morsel sur La formation des communautés au Moyen Âge.