Discours à l’oiseau

Le rouge-gorge est un oiseau solitaire, mais il ne répugne pas à approcher les êtres humains. Alors je me suis mise à lui parler, sachant qu’il m’écouterait et qu’ensuite, peut-être, par les voies mystérieuses de la Langue, il leur rapporterait ma parole.

(…)

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« Petit oiseau, lui dis-je, sais-tu ce que je vois ?

(…)

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Défait de ses colonies, ce pays s’est auto-colonisé selon le même esprit de profit par l’exploitation de ses forces vives, empêchées dans le même temps d’accéder aux pouvoirs économique, politique, médiatique. Systématiquement désespérées en même temps qu’exploitées et tour à tour fustigées ou flattées.

Même démasquée, l’imposture perdure, rien ne semble pouvoir l’empêcher de régner. Voilà trente ans que les nouveaux philosophes ont accédé à la parole par une stratégie de maîtrise des médias, au détriment de l’élaboration d’une pensée réelle. Le système, étendu au monde politique, artistique, intellectuel, est désormais général et verrouillé. D’autant qu’il s’est allié aux détestables vices de notre nation, le règne de l’administration et le sens aigu des hiérarchies sociales. Rigidité de ce pays pour moitié peuplé de secrétaires toujours prêts à faire barrage, à tout propos. Cette culture des « privilèges ». Cette terre que de tous bords on n’en finit pas de vouloir s’approprier et cadenasser.

Cessons de fantasmer sur les dangers de la Machine, la Machine n’est dangereuse qu’en servante du Système et c’est lui qu’il faut combattre, c’est de lui qu’il nous faut nous débarrasser et débarrasser ce vieux pays que nous aimons pourtant, ce vieux pays auquel nous pourrions faire tant de bien s’il renonçait à se préserver en nous fermant sa porte au nez. Si nous renoncions à venir manger à ses pieds les miettes qu’il nous jette comme aux moineaux. S’il renonçait à ne nous faire fantasmer à l’exposition de ses appas que pour mieux se dérober.

Ne vous battez pas entre vous. Jeunes du monde entier, soyez solidaires contre vos vieux ogres, remettez-les à leur place qui devrait être noble et qu’ils ont souillée comme le reste, et ce faisant, prenez aussi la vôtre. Dans votre monde, un monde qui attend que vous lui rendiez l’éternité, c’est-à-dire la possibilité d’être transmis. »

De temps en temps, l’oiseau pépiait pour me répondre, puis il inclinait un peu la tête en fixant sur moi son œil vif, comme pour m’encourager à poursuivre. Je continuais, et peu à peu c’était le chevreuil aussi, la pierre et le hêtre qui parlaient à travers moi, peu à peu ce n’était plus moi mais la voix de toutes les voix qui parlait à travers moi.

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« Il y a un point, tu le sais mieux que personne toi l’oiseau, où la précarité et la pérennité se rejoignent. Apprendre à vivre précaire, c’est apprendre à vivre. Dieu dans le désert distribue jour après jour la manne, il suffit de le savoir pour qu’il en soit ainsi.

Mais le vivre demande une foi, c’est-à-dire une force, dont l’homo consommator est devenu incapable. Seuls les habitants des pays pauvres, les migrants, les aventuriers peuvent encore porter en eux cette force. C’est en te regardant vivre, oiseau, que je veux dire à l’homme : Sois l’aventurier de ta vie !

Ne crains pas de perdre tes biens du jour au lendemain.

Ne te laisse pas posséder par ce que tu possèdes ou désires posséder.

Je te parle de ce que j’ai connu, de ce que je connais.

Cela suppose non pas que tu renonces à te battre, mais que tu combattes chaque jour contre toi-même.

Cela suppose que tu renonces à trop attendre de la société, qui est alors ton pire ennemi.

Ne demande pas davantage de subventions, d’allocations, de lois pour te protéger. Ce qu’il faut ce n’est pas demander, c’est prendre. Ce qu’il faut prendre ce ne sont pas des garanties, ce sont des libertés.

Comme le bonheur est une somme de moments heureux qu’il ne tient qu’à toi de saisir et de vivre, la liberté est une somme de libertés, y compris de petites libertés prises ici et là avec telle coutume, telle bienséance, telle loi, telle bien-pensance, tel discours, telle vision.

Ne t’imagine pas que pour être libre il te suffit d’être libre dans ta tête. Ne t’imagine pas non plus que pour être libre il te suffit de satisfaire tes désirs. Ta liberté d’esprit est limitée par l’exercice que tu en fais : si tu ne l’appliques pas dans les actes concrets de ta vie, elle devient une machine infernale et mortifère. Ta liberté d’action est limitée par la pensée que tu en as : agir sans connaissance de cause n’est pas le fait d’un homme libre mais d’un enfant encore dépendant.

Choisis toi-même les bornes que tu dois poster ou franchir sur le chemin de ta liberté. La liberté est un chemin à faire à chaque instant, l’homme libre est toujours en marche.

Combats chaque restriction de ta liberté que la société t’impose ou tente de t’imposer (le plus souvent, elle n’y parvient qu’avec ton consentement). Essaie par tous les moyens d’identifier et de contourner les obligations et les mots d’ordre. Toutes les règles auxquelles le monde moderne t’oblige à te soumettre, notamment les horaires et les formalités administratives, compense-les par une prise de libertés supplémentaires, ailleurs. Si tu ne peux franchir une frontière sans passeport, rien ne t’oblige à voyager en suivant les guides.

Sache entendre l’autre parole que porte une parole.

Ne perds pas ton énergie à chercher à gagner autre chose que ta liberté, car gagner sa liberté c’est gagner tout le reste, y compris de quoi nourrir son corps, son âme et son esprit. Gagner chaque jour sa liberté, c’est aussi gagner l’accès à l’amour vrai et à la connaissance supérieure. Gagner sa liberté, c’est vivre vivant.

Je te parle d’une vie que j’ai menée, que je mène. D’un combat que je pratique. Et qui est la nature de l’être.

L’amour et la connaissance, n’est-ce pas ce que tu peux te souhaiter de mieux ? N’est-ce pas le seul devenir perpétuel que tu puisses t’offrir ? N’est-ce pas ce que tu peux offrir de mieux aux autres, ton meilleur être ? N’est-ce pas le seul mieux-être, et la meilleure arme contre les forces négatives, le mal engendré par la haine et l’ignorance ?

Quels que soient ton origine sociale et culturelle, ta nationalité, ta couleur de peau, ton sexe, ta date de naissance, ne les tiens jamais pour acquis.

N’essaie pas d’entrer dans un moule mais n’essaie pas non plus de dominer ta vie. Considère-la comme une monture, cheval ou moto, serre-la convenablement entre tes cuisses et conduis-la, mais en respectant sa façon de se mouvoir. Ne t’imagine surtout pas que tu peux mépriser son fonctionnement pour n’en faire qu’à ta tête ; ni qu’il suffit d’avoir le cul sur la selle pour qu’elle t’emmène quelque part.

Apprends à lire les livres (lire vraiment), à déchiffrer le monde, à entendre la langue des oiseaux, des arbres, de la mer. Ne perds pas ton temps à essayer de te connaître toi-même si tu n’as pas d’abord appris à parler avec tout ce qui parle, c’est-à-dire tout. L’introspection, la philosophie, la psychanalyse, les religions ne font que t’enfermer davantage entre les murs de ta prison si tu ne t’en es pas d’abord échappé.

Quel que soit le processus dans lequel tu t’engages, ne le fais pas en espérant ta liberté, fais-le en homme déjà libre. Même les périodes de servitude, volontaire ou non, même les moments de grande souffrance ou de grande jouissance, et ni la gloire ni l’humiliation, ne doivent pouvoir entamer ta liberté.

Ta liberté doit savoir et admettre qu’elle ne peut être que relative : elle n’en sera que plus farouche et solide. Personne ne naît libre, mais il est possible de mourir infiniment plus libre qu’à sa naissance. Regarde ce qu’il en est : la plupart n’ont fait au cours de leur vie qu’épaissir les murs de la prison autour d’eux. Et il en sera de même pour toi, si tu ne combats pas chaque jour.

Apprends à voir de tes propres yeux. Kafka dit qu’il faut se laver les mains le matin en se levant avant de se toucher les yeux. Pourquoi ? Pour la même raison qui fait écrire à Nietzsche qu’il faut savoir ressortir propre même d’une situation malpropre. L’homme est appelé à mettre la main à toutes sortes de pâtes au cours de sa vie et souvent il le fait de nuit, c’est-à-dire les yeux fermés, sans avoir conscience de ses actes sur le moment. Il s’agit de ne pas laisser les mains souillées contaminer le regard, de ne pas porter la boue à ses yeux, ni même la pâte à gâteau, il s’agit de préserver la possibilité de voir l’invisible, la vérité qui ne se montrent qu’aux pupilles pures et saines.

La précarité isole, fragilise, déshabille, déshonore aux yeux de la société. Elle est porteuse de grandes angoisses, jusqu’au moment où l’on s’est assez combattu soi-même pour l’accepter pleinement. Alors elle, la condition primitive de l’homme, devient tout simplement le mode idéal d’existence, le seul mode d’existence et de vie possibles, la seule révolution permanente. Alors soudain elle pourvoie à tous tes besoins sans effort, de même que la température du corps se régule elle-même et permet de s’adapter aux aléas des saisons.

Être précaire c’est être nu : un cauchemar, un vice, une honte, une peur, une transgression, un rêve, une joie ? Si c’est une joie, tu verras que bientôt tes yeux se déshabillent aussi : tombée la croûte de peinture, le chef-d’œuvre t’apparaît, et tu entres dedans.

Hier au jardin, photos Alina Reyes

Hier au jardin, photos Alina Reyes

 

Je suis Blanche et je suis Noire, je suis Femme et je suis Homme, je suis Vieille et je suis Enfant, je suis Putain et je suis Vierge, je suis Eau et Feu, Jour et Nuit

vierge noire, femme-enfant, soleil-lune, mâle-femme, œuf-ancêtre,

vieux chamane accroupi je dessine dans le sable du désert australien, jeune prêtresse virevoltante je joue avec les noirs taureaux de Crète, rocker torse nu debout sur une immense scène je chante à la face d’une foule innombrable, femme fatale couchée sous le ciel je manipule les joyaux de mes clients et j’allaite les âmes,

je suis de tous les temps, de tous les sexes, de tous les pays, de toutes les fêtes, de toutes les tragédies, de toutes les couleurs, de toutes les formes, de toutes les langues, de toutes les religions, de toutes les folies,

je suis la sagesse même,

les animaux s’étirent dans mon corps,

je suis libre !

C’est à toi de te lever, te lever du livre

Pars bouge-toi

Aime un homme ou une femme fais-lui des enfants sauvages restez unis tout le temps de votre aventure soyez heureux

Dédaigne les écoles et les frontières, respecte les écoles et les frontières que tu auras toi-même créées et fixées

Sois sans modèle

Aime sans mesure

Souffre sans peur

Jouis sans le vouloir

Trouve un maître spirituel, dépasse-le, dépasse-toi toi-même

Lance-toi dans l’expérience des limites puis bondis dans l’illimité

Sois de partout

Dépasse l’imagination

Dépasse-la en actes et en être

Sois courageux

Refuse ta lâcheté

Aie du cœur à l’ouvrage, à l’honneur et à l’amour

Accepte ton royaume.

Le royaume c’est le réel, parce que le réel c’est le spirituel.

Espérance, vieux fardeau de l’humanité désespérée. N’espère pas. C’est là, tout de suite, qu’il faut vivre et agir.

Rends grâce à l’inutile.

Que ta vie soit poétique, chaque jour, chaque nuit, à chaque instant. Qu’il en soit ainsi, et nulle instance n’aura de pouvoir sur toi.

Cherche en toi le sens du mot « poétique ».

Ne cherche pas le bonheur dans une vie rêvée.

Ne le cherche pas dans l’art ni dans la littérature. Ne le cherche pas dans la religion. Ne cherche pas le bonheur, aime et vis.

Ne crois pas en l’infini. Ne crois en rien. Ce à quoi tu veux croire est en réalité l’implantation du néant en toi.

Retourne-toi, fais face à ce qui te poursuit, combats loyalement.

Fracasse le miroir. Quand tu sauras que le royaume ceint d’un miroir n’est pas encore le royaume.

Être puissant n’est pas régner sur soi ni sur autrui. Qui veut régner est appelé araignée, comme a dit le poète. As-tu envie d’une existence d’araignée ? La puissance est dans la foi.

La foi c’est juste adhérer à la vie, à la ruche de sens de la vie. Être relié aux circuits qu’ils empruntent par et depuis toutes les dimensions. La foi, c’est être au centre des sens l’absolu de la justesse. Souviens-toi : il ne s’agit pas d’avoir la foi, il s’agit de l’être. Sois la foi.

Sois souple, écoute la Langue, réponds, ajuste-toi, navigue.

Sois souple vraiment, car voici l’aube des déchirures et des passages entre les dimensions, voici le nouveau monde et les nouvelles vies à inventer.

Sois doux, sois douce.

Que le chant te porte. »

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Extrait de mon roman Forêt profonde, éd. Le Rocher, 2007

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Villiers de l’Isle-Adam, lumière pour notre temps

Carnavalet_-_Auguste_Villiers_de_l'Isle-Adam_01Comme annoncé, voici une note sur cet auteur magnifique, qui sera peut-être suivie d’autres.

« Écrivain de race », « poète absolu » selon Verlaine, « exorciste du réel » et « portier de l’idéal » selon Rémy de Gourmont, Villiers de l’Isle-Adam est un auteur incisif, perspicace, d’une exquise et puissante finesse, doué d’une sensibilité aiguë, sauvage, raffinée, un ciseleur de brèves nouvelles hors pair. Ses bien nommés Contes cruels et Nouveaux Contes cruels sont semblables, dans l’esprit, à des pièces shakespeariennes extrêmement condensées. Ils en ont la profondeur métaphysique, l’acuité, la folie à la fois vertigineuse et maîtrisée – mais la bouffonnerie et le rire sont absents de ce théâtre de la cruauté, ou plutôt en sont très sous-jacents, de façon glaciale, dans une ironie aussi discrète que dévastatrice.

C’est que le siècle de Villiers, ce dix-neuvième industrialisé, bourgeois et décadent, pourri par le souci d’argent, traversé de révoltes écrasées dans le sang, est sans doute trop grossier pour son intellect subtil. Sans doute n’y trouve-t-il pas à sourire de la condition humaine – sinistre, trop sinistre, dans une société si vieille, si usée, et une modernité si froide, si déshumanisante. Lui qui aimait mettre en œuvre le choc des temporalités apprécierait sûrement la correspondance que l’on peut ressentir, à la lecture de ses contes, entre son époque et la nôtre, avec leurs sociétés figées par l’exacerbation des classes et des castes et leur fuite en avant hors de l’humain – cet humain qui faisait encore sourire Shakespeare et rire (jaune) Molière – cette fuite, cette marche forcée que figure la « bête humaine » de Zola et que le macronisme met aujourd’hui au pas de l’oie, en avant toute vers le précipice.

Évidemment lecteur de Poe, auquel il se réfère splendidement sans en aucun cas l’imiter, tout en paraissant indifférent aux préoccupations sociales de son temps il en évoque indirectement l’esprit par une écriture imprégnée d’inquiétante étrangeté, dans des textes de très risqué et parfait équilibriste, donnant le sentiment de se tenir toujours au bord de l’abîme. Où le monde est une illusion, la mort et les passions mauvaises rôdent sous les masques de joie ou d’honorabilité, où sous les apparences de paix s’ouvrent des gouffres sans fond.

Villiers de l’Isle-Adam fut peu apprécié du public de son temps et eut une vie difficile (mais l’aristocratie de son caractère l’élevait au-dessus de ces trivialités) ; son génie reste méconnu. Mais pour qui veut comprendre où en est aujourd’hui l’humain, il est l’heure de le lire.

 

"La Gloire tirant Auguste de Villiers de l'Isle Adam de son sommeil éternel" par Frédéric Brou, musée Carnavalet

« La Gloire tirant Auguste de Villiers de l’Isle Adam de son sommeil éternel » par Frédéric Brou, musée Carnavalet

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Comment commencer une histoire, selon E.T.A. Hoffmann

hoffmann_homme_au_sableN’ayant pas rapporté de la montagne tous les livres que j’aimerais relire, dont les Contes d’Hoffmann, j’ai emprunté l’un d’eux à la bibliothèque, le plus fameux peut-être, L’Homme au sable, paru aux éditions Sillage dans la traduction d’Henry Egmont. Voici donc le passage, au milieu du conte, où il explique comment commencer à écrire une histoire – ou non. S’adressant au « lecteur bénévole » :

« J’ai donc ressenti un violent désir de t’entretenir de l’histoire extraordinaire de Nathanael. J’avais l’âme remplie de ce que sa vie offrait d’extraordinaire et de fatal. Mais c’est précisément à cause de cela, et, en outre, parce qu’il fallait te préparer, cher lecteur, à écouter du merveilleux, ce qui n’est pas peu de chose, que je me suis tourmenté l’esprit pour trouver à l’histoire de Nathanael un début remarquable, original, saisissant ! « Il était une fois… » : le plus beau commencement de tout récit, mais un peu fade. « Dans la petite ville de province de S… vivait… » : pas trop mal, c’est au moins commencer par présenter le lieu de la scène. Ou bien, tout de suite, in medias res : « Allez-vous-en au diable ! » s’écria l’étudiant Nathanael, la fureur et l’effroi peints dans ses regards farouches, quand le marchand de baromètres Giuseppe Coppola… » Ceci, je l’avais effectivement déjà écrit, lorsque je crus apercevoir dans les regards farouches de l’étudiant Nathanael quelque chose de burlesque, et l’histoire n’est pourtant nullement plaisante. Bref, il ne me venait à l’esprit aucune tournure de phrase qui me parût refléter le moins du monde l’éclatant coloris du tableau que j’imaginais en moi-même. Je pris le parti de ne pas commencer du tout. »

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E. T. A. ­Hoffmann (1776-1822). par Élodie Bouédec

E. T. A. ­Hoffmann (1776-1822). par Élodie Bouédec

Si donc vous voulez savoir comment il s’y est pris, lisez-le, c’est un conte captivant, aux sens profonds, démultipliés, inépuisables. Bonne recherche !

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Gilets jaunes, acte 8

D’abord hommage et respect à Christophe Dettinger, dit le Gitan de Massy, champion de boxe qui s’est illustré vaillamment et en grand style sur la passerelle Léopold Sedar Senghor (du nom d’un très grand poète) face à la machine des forces de l’ordre qui ne cessent de mutiler et violenter. J’ai trouvé ce commentaire parfait sur un compte twitter intitulé Macron démission à propos de cet homme : « Je le connais, il fait partie de mon club de poésie ». C’était avant que son identité soit connue, et bien sûr c’était de l’humour. Mais je reprends la phrase à mon compte et au sérieux. Oui, c’est ce que j’appelle un poète, et son acte, de la poésie.

 

Et parce que les Gilets jaunes savent être vivants et joyeux, se rassemblant dans le désir de justice, de vérité, de dignité, de fraternité, faisant passer au second plan leurs diverses opinions (tout en veillant, souhaitons-le, à ne pas se laisser récupérer par des idéologues et religieux de toutes sortes), hommage à eux aussi :

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Mes phrases à travers siècles

lilithEn ces jours symboliques de passage du temps, quelques phrases de mes livres et autres écrits comme autant de projecteurs sur ce qui est passé, ce qui se passe, ce qui se passera.

Dans mon roman Lilith (éd Robert Laffont, 1999, anticipation située dans Lone, une ville-monde, et dont la narratrice est paléontologue, directrice du Muséum d’histoire naturelle, livre préfigurant entre autres l’effondrement d’un ordre inique du monde, la crise dévastatrice du réchauffement climatique et la vague #MeToo) :

 » – Il y a toujours eu des dominants et des dominés, vous savez, disait une mère de bonne famille interrogée à la sortie de l’école. Ils seront pareils une fois adultes, c’est normal !
– Et ton gosse, pétasse, c’est un dominant, évidemment ! hurla le chauffeur. Si tu te fais braquer dans la rue par un camé, ça sera qui, le dominant ?  Ces conneries me tuent, conclut-il en me regardant dans le rétro. Ils sont en train de tuer Lone. Ils ont peur de la fin, alors ils la précipitent… Moi je vais me casser. Je tiens pas à être là quand ça va péter. »

« À travers Lone de grands primates policés par millions se croisent et se désirent, enfermant leur désir derrière des murs et des vêtements, l’évacuant dans l’art, la folie ou la mort – mais bien plus nombreux sont les fous et les morts, mêmes vivants. Car le singe nommé homme est un génie, et un dégénéré. »

« Ce millénaire sera celui du temps du rêve, où l’esprit humain et le monde ne feront plus qu’un même et vaste espace mental, peuplé de rêves et de visions…
– Ou bien celui du temps de la guerre…, dit Leïla. »

« Dans la bagarre je lui arrachai sa barbe, qui était fausse. Je ne m’en rendis pas compte sur le coup mais j’en ris beaucoup, après. Quand tout fut fini, son visage enfin immobile, son postiche arraché et son chapeau tombé, je reconnus T. T., Thomas Tuvu, un ami de Rudolf, et le plus célèbre présentateur du journal télévisé. »

« Les premières émeutes naissent spontanément dans les quartiers est de la ville. Sauvagement réprimées, elles font deux morts et plusieurs blessés parmi les manifestants. »

« Depuis des années beaucoup s’attendaient à une révolution violente. Mais la violence s’est infiltrée si profondément au cœur des corps qu’elle ne sait plus en sortir et les mange de l’intérieur.
La ville restait sans maire, la préparation de nouvelles élections se trouvant sans cesse retardée par des problèmes administratifs aussi complexes qu’incompréhensibles. Depuis longtemps l’administration n’était plus qu’une énorme ogresse impotente, une grosse machine aux rouages rouillés et dangereux. (…)
Cependant les balayeurs continuaient à balayer, les éboueurs à ramasser les ordures, les flics à faire leurs rondes, les écoles à encadrer les enfants, les médias à médiatiser, les spéculateurs à spéculer, les hôpitaux à se cogner la douleur de la ville, les morgues à encaisser les morts et les incinérateurs à les faire cramer.
Lone était un paquebot géant affairé à sombrer très lentement dans l’insondable océan et bien sûr quelques-uns, trop lucides ou paniqués, sautaient par-dessus bord avant la fin, mais la plupart fermaient les yeux sur le naufrage et continuaient à nettoyer les ponts et à entretenir les salons et les cabines, comme si cela devait suffire à maintenir le bateau sur l’eau. Fluctuat et mergitur.« 

« À cause de la chaleur les plus faibles, vieux, jeunes enfants et malades commencent à mourir. Des bouches de métro et d’égout on voit sortir des larves humaines par centaines, souvent mortes, mais parfois encore horriblement vivantes. Microbes et  virus se propagent à toute allure, semant la mort avec une gloutonnerie sauvage. »

« José erre dans l’hôpital, en quête d’un médecin ou d’une sage-femme, elle est seule dans le couloir avec sa douleur. Des allées et venues se produisent autour d’elle, mais personne ne semble la voir ni l’entendre. »

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titre-minCes thèmes, ainsi que ceux du racisme, du sexisme, de l’immigration, de la domination politique et religieuse, sont mis en scène dans beaucoup de mes livres, notamment dans Poupée, anale nationale, dans Moha m’aime, dans Corps de femme et dans Politique de l’amour, tout particulièrement dans Forêt profonde, également dans Souviens-toi de vivre… Je ne vais pas tous les citer, voici simplement quelques phrases de ma thèse Écrire (2018, en ligne sur ce site) :

« L’homme est un être qui trace : qui suit à la trace, et qui trace ce faisant des lignes, de ses doigts sur toutes sortes de parois comme de tout son corps dans l’espace où il se déplace (j’aime spécialement l’emploi intransitif du verbe tracer pour exprimer le fait de marcher à vive allure, ou, en botanique, l’action de ce qui est traçant : des racines notamment). »

« L’art, la littérature, ne sont pas des reproductions de l’être mais des mécanismes à réveiller la conscience de l’être. Mécanismes comparables à l’allégorie de la Caverne de Platon, faite pour réveiller la conscience des hommes face au mur de représentations humaines qui ne sont pas plus des êtres humains que la pipe ou la pomme peintes par Magritte ne sont une pipe ou une pomme. »

« L’écriture pourrait être considérée comme une lecture de notre sang, une traduction, une interprétation de la langue portée par l’écriture qui constitue notre sang. »

« À ce stade de notre histoire, il nous faut toujours continuer à chercher la lumière, et dans cette quête le sang que nous devons faire couler, dans un cadre bien pensé, n’est pas d’hémoglobine mais d’esprit : ce qu’il nous faut tuer, c’est ce qui a rassis en nous au cours des millénaires, ce qui continue à œuvrer mécaniquement, ayant perdu son sens. »

« Notre cheminement tient du ruban de Möbius, sauf que nous ne tournons pas sans fin dans la nuit ni ne finissons consumés par le feu, comme le dit en en palindrome latin Guy Debord : le ruban sur lequel nous évoluons a bien davantage de dimensions que celui de Möbius. Si bien que nous ne repassons jamais exactement aux mêmes points, les courbures de l’espace-temps changeant continuellement le paysage. Ce qui semble fermé s’ouvre, et de même que nos ancêtres gravèrent des signes sur les coquilles ou à l’intérieur de ces autres coquilles que sont les grottes, un poussin de signes a grandi dans notre thèse, et voici que, frappant en sa conclusion, il la fend et en sort (…) »

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Au-dessous du volcan, la prostitution au monde

Je termine cette note de lecture en différents temps sur ce livre prodigieux. À lire de bas en haut.

L’explosion du Popocatepetl, le volcan du roman, ces jours-ci

21-12-2012, 8h41

De même qu’Einstein demanda l’heure au consul du roman, dans une autre vie Arthur Cravan, qui lui aussi devait se perdre dans les eaux du Mexique, demanda un jour à André Gide : « Où en sommes-nous avec le temps ? » En attendant une tout autre réponse que celle, plate comme la terre avant la science, que lui fit l’écrivain : « il est trois heures moins le quart ». Pour sa part le consul, saisi, ne sut que désigner sans paroles au savant la pendule accrochée au mur.

L’heure tourne sur les pendules comme tout tourne dans Au-dessous du volcan, où les heures tournent, l’espace tourne dans l’ivresse perpétuelle du consul, les pensées tournent, le cosmos tourne, le texte tourne, charriant visions et réminiscences et cortèges de signes : tours, coursives, tour du monde, retour, tourner son alliance, tourbillons, escaliers en colimaçon, tournoyer, tourner en rond, carrousel, grande roue, planètes tourbillonnantes et ainsi de suite. Finalement, après la chute dans la prostitution, un calendrier en vient à désigner le futur, le mois suivant, et ce futur n’aura pas lieu pour le consul puisqu’il sera mort avant, puisque la mort est désormais fichée en lui qui n’a pas su s’empêcher de se retourner sur cette prostituée qu’il est allé chercher aux enfers, cette Yvonne égoïste repliée dans son confort, sa vie facile, ses séductions, ce mirage de si charmante apparence qui ne peut qu’entraîner dans la mort quiconque ne rejette pas la pomme qu’elle lui tend. « Votre cheval ne cherche pas à boire, Yvonne, rien qu’à se mirer dans l’eau », lui a dit et redit le demi-frère du consul, qui sans alcool, lui, a vu ce que l’ivresse s’est employée à cacher.

Je pourrais gloser encore longtemps sur ce livre aux reflets et aux terrains aussi mouvants que les représentations de l’espace-temps d’Einstein, mais je préfère me taire, ayant trouvé cela qui s’y dissimulait, cette descente d’Orphée aux enfers de l’autre, qu’il endosse. Orphée a Eurydice dans le dos, la voir là c’est voir qu’elle est perdue – c’est ainsi qu’il la perd. Le consul aussi va jusqu’au fond la voir dans sa prostitution mais au lieu d’en tirer la leçon et de poursuivre son chemin comme Orphée, il consomme lui-même la prostitution, il se perd à son tour.

« À tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise », écrit Baudelaire, sous le spleen comme le consul est sous Saturne. Platon n’avait pas tort dans sa critique des poètes. La poésie sans la science a tôt fait de virer au mensonge, à la morbidité. Le consul de Lowry a échoué dans la science de la mystique. Poètes, si vous n’êtes pas prophètes, si vous n’êtes pas savants, vous courez à la mort. La réponse à la question « quelle heure est-il ? », la voici : il est l’heure.

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20-12-2018, 13h13

« Le Trou du Golgotha… Golf = gouffre = golf »…. «  Quant aux démons… ils le possédaient »… « La Machine infernale »… «Rue de la Terre-de-Feu. 666 »… Lowry injecte des signes dans son texte comme autant de loupiotes de bars, de cantinas, dans la nuit. Ou comme « le phare qui invite la tempête, et qui l’éclaire… Le Farolito ». Le Farolito étant une cantina composée « de nombreuses petites pièces, chacune plus petite et plus sombre que la précédente, s’ouvrant l’une dans l’autre, la dernière et la plus sombre de toutes pas plus grande qu’une cellule », « des antres où devaient se tramer des complots diaboliques, où se décidaient d’atroces meurtres » et où « là, comme lorsque Saturne est dans le Capricorne, la vie atteignait le fond », mais où « là aussi de grandes pensées tournoyantes flottaient dans le cerveau. »

Qu’est-ce à dire ? L’auteur n’est pas en enfer, il y va voir. Voir, comme Rimbaud voyant, voir en poète, en Orphée chargé d’en remonter Eurydice. Et Yvonne, son Eurydice, y restera. Voir cela, c’est soudain éclairer le texte d’un tout autre sens que celui qu’on lui donne habituellement. Ce n’est pas l’auteur plongé dans son ivresse qui est en enfer, c’est l’autre personnage, celui qui n’a pas l’air d’y être, cette Yvonne trompeuse à la vie apparemment si légère. Voilà : l’enfer est autre que ce qu’il a l’air d’être. Si le consul finit par y rester aussi, c’est parce que, dans son voyage, il a omis de ne pas se laisser posséder par les démons.

à suivre

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19-12-2018, 9h

Qu’est-ce que l’enfer ? En paraphrasant Baudelaire selon qui la plus grande ruse du diable est de faire croire qu’il n’existe pas, on pourrait dire que la plus grande ruse de l’enfer est de faire croire qu’il est autre que ce qu’il est. En fait il y a au moins deux enfers : celui de la vie vécue dans la faute, et celui qu’incarnent pour d’autres ceux qui vivent dans l’enfer de la faute.

Je donne tout de suite un exemple vécu : un jour, apercevant Jean-Marie Le Pen dans un couloir de télévision, j’ai ressenti une nausée tenace. Cet homme, comme d’autres, incarnait l’enfer. L’enfer de la faute morale ne ressemble pas a priori à l’enfer qu’on se représente habituellement, lieu de souffrances et de tortures. Ceux qui vivent dans l’enfer de la faute morale ne semblent pas souffrants. La lâcheté, la duplicité, la méchanceté, la cruauté, la perversité, l’avidité, l’égoïsme, la vanité, tout ce qui entraîne la dissimulation, l’hypocrisie, la manipulation, tout ce qui fait commettre délibérément le mal, la trahison, le crime, la torture, la persécution, génère l’enfer de la souffrance pour autrui. Mais l’enfer de la souffrance n’exclut pas l’innocence, la droiture, l’amour, la grâce. Alors que l’enfer de la faute en est privé.

L’innocence, la droiture, l’amour, la grâce, sont les qualités que les fauteurs, s’en sachant privés par leur faute, veulent détruire chez autrui ; à défaut d’y parvenir, ils s’emploient à détruire autrui. Tel est l’enfer. Bien plus ordinaire et terrible que toutes les représentations picturales et poétiques, y comprises dantesques, qu’on a pu en donner. Les visions cauchemardesques de l’enfer ne sont pas l’enfer. Elles sont des cauchemars qui nous servent tout à la fois à évacuer un peu l’angoisse de l’enfer et à masquer le véritable enfer, dans son épouvantable et lamentable banalité.

Ainsi le personnage de Malcolm Lowry, qui a peut-être commis une faute dans son passé (le texte reste vague sur cette question), est-il peut-être quelqu’un qui croit devoir expier en se plongeant lui-même en enfer. Mais son enfer n’en est pas un. Seulement un cauchemar échappatoire qu’il se projette en s’injectant de l’alcool. Pourquoi ? Il se peut qu’il ait peur de retomber dans la faute, qu’il ait peur de lui-même – et qu’il compte sur l’ivresse pour se neutraliser. Il se peut aussi qu’il cherche à fuir un mal qui lui aurait été fait, un mal lointain, enraciné dans l’enfance de l’âme : un mal qui n’est pas dit, un mal trop infernal que le texte et l’ivresse veulent occulter.

à suivre

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18-12-2018, 12h06
En douze chapitres, le roman suit les douze heures, dans cette grande fête des morts, d’un personnage entouré de trois autres et de leurs douze mois passés. Le personnage principal, consul ivrogne, a souvent été comparé à Faust. Mais s’il y a un diable dans cette histoire, c’est l’alcool. Et il n’y a pas de pacte. Lowry dans sa préface évoque l’ivresse mystique. En poète, il semble penser que ce qui compte, c’est l’ivresse. Or cela se passe très mal pour son alter ego dans le roman, et cela finit logiquement très mal, pour son personnage comme pour l’auteur quelques années plus tard. Pourquoi ? Parce que l’ivresse mystique demande une science. Or le consul visite les enfers en consul, en consultant. Il y est spectateur, au sens debordien du terme, et au sens platonicien, regardant défiler sous le volcan (dans la caverne) les images de son délire sans pouvoir les contrôler. Car s’il n’a pas passé de pacte avec le diable, il ne refuse pas non plus le pacte que le diable ne cesse de lui reproposer sans cesse, de verre en verre. Il n’y a pas dans ce qu’il vit de combat spirituel. Et en réalité il n’a pas plus de connaissance de l’enfer qu’il n’en a du paradis. Ce qu’il vit ne tient ni de l’un ni de l’autre, encore moins de quelque purgatoire. Ce qu’il vit, c’est une plongée sans connaissance dans l’illusion et l’impuissance. Dans un monde artificiel semblable à celui qui tente de régner sur l’humanité, en ce moment même.

à suivre

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17-12-2018, 10 h 39

Que répondre à Einstein quand vous le croisez par hasard dans un couloir et qu’il vous demande l’heure ?

La scène est placée au milieu du livre, comme le récit de la mort d’un innocent est placé au milieu du Coran, livre tout aussi désordonné (en fait, d’un ordre particulier, parfait) que celui de Malcolm Lowry. Deux situations vertigineuses comme deux trous noirs au centre de chacun des textes, deux trous de volcans d’où jaillit le chaos des textes, roulements sans fin de deux ivresses mystiques (car l’ivresse alcoolique de Lowry est aussi explicitement mystique, celle d’un homme qui cherche à écrire un livre sur la Kabbale).

En fait il y a deux volcans dans le livre, bien qu’il n’en titre qu’un. Qu’importe le volcan, pourvu qu’on ait l’ivresse ? Non, nous le verrons. Pour l’instant, n’oublions pas d’où nous partons : le temps, la mort (le livre se déroule le jour des morts au Mexique).

à suivre

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Extraits de l’introduction à ce chef-d’œuvre (traduit de l’anglais par Stephen Spriel avec la collaboration de Clarisse Francillon et de l’auteur) par Maurice Nadeau : ici

Bonnes lectures !

Et bonne exploration de ce site. Vous y trouverez nombre de textes, dont les catégories principales s’affichent en colonne.

Et aussi mes derniers travaux, livres offerts gracieusement en PDF :

– mon Journal d’une prof

– ma Lecture du Coran

– ma traduction de « l’Odyssée » d’Homère : Dévoraison

– mon essai Une chasse spirituelle

– mon roman Nus devant les fantômes, Franz Kafka et Milena Jesenska

– mon micro-roman La Dameuse

– ma traduction de la nouvelle d’Edgar Poe La chute de la Maison Usher

– mes deux traductions du poème d’Edgar Poe Le Corbeau

– ma traduction, postfacée, du Poème de Parménide, « Autour de la nature »

– ma traduction, préfacée, de longs passages de la Bible

et en ligne ici, plusieurs de mes traductions d’extraits de textes de diverses langues et cultures
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Quelques-unes de mes peintures, collages, etc., sont à voir ici sur ArtMajeur.

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Pour toutes les personnes qui s’intéressent à la littérature, profane et sacrée, et s’interrogent sur notre humanité. Et pour toutes celles qui poursuivent des études, un appareil de notes détaillées permet de continuer le travail de recherche.

Au menu, art préhistorique, histoire, littératures de tous les temps, traductions, Bible, Coran… Un vaste panorama en forme d’opéra.

Allez voir la description et, en le feuilletant en ligne, découvrir son plan et commencer à le lire
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Et voici les couvertures papier d’origine (certaines ont changé au fil des éditions, et il faut y ajouter de nombreuses éditions de poche, et les traductions) de mes plus de trente autres livres – romans, poésie, essais, recueils d’articles etc. Bibliographie non exhaustive quant aux ouvrages collectifs, anthologies ou autres. J’ajoute à la fin des ouvrages d’auteurs qui étudient entre autres mon travail.

"Forêt profonde", 2007, éd du Rocher, 376 pages

« Forêt profonde », 2007, éd du Rocher, 376 pages

 

"Voyage", 2013, éd alinareyes.net, 952 pages

« Voyage », 2013, éd alinareyes.net, 952 pages

"Lilith", 1999, éd Robert Laffont, 281 pages

« Lilith », 1999, éd Robert Laffont, 281 pages

"Le boucher", 1988, éd du Seuil, 98 pages

« Le boucher », 1988, éd du Seuil, 98 pages

"Nus devant les fantômes, Franz Kafka et Milena Jezenska", 2000, Éditions 1, 194 pages

« Nus devant les fantômes, Franz Kafka et Milena Jezenska », 2000, Éditions 1, 194 pages

"Derrière la porte", 1994, éd Robert Laffont, 213 pages

« Derrière la porte », 1994, éd Robert Laffont, 213 pages

"La jeune fille et la Vierge", 2008, éd Bayard,169 pages

« La jeune fille et la Vierge », 2008, éd Bayard,169 pages

"Notre femme", 2007, éd Atelier In8, 32 pages

« Notre femme », 2007, éd Atelier In8, 32 pages

"Lumière dans le temps", 2009, éd Bayard, 185 pages

« Lumière dans le temps », 2009, éd Bayard, 185 pages

"Lucie au long cours", 1990, éd du Seuil, 128 pages

« Lucie au long cours », 1990, éd du Seuil, 128 pages

"Autopsie", 2000, éd Inventaire Invention, 53 pages

« Autopsie », 2000, éd Inventaire Invention, 53 pages

"Ma vie douce", 2001, éd Zulma, 401 pages

« Ma vie douce », 2001, éd Zulma, 401 pages

"Cueillettes", 2010, éd. Nil, 126 pages

« Cueillettes », 2010, éd. Nil, 126 pages

"Le carnet de Rrose", 2006, éd Robert Laffont, 80 pages

« Le carnet de Rrose », 2006, éd Robert Laffont, 80 pages

"Charité de la chair", 2010, 192 pages

« Charité de la chair », 2010, 192 pages

"La dameuse", 2008, éd Zulma

« La dameuse », 2008, éd Zulma, 52 pages

"Nue", avec des photos de Bernard Matussière, 2005, éd Fitway, 141 pages

« Nue », avec des photos de Bernard Matussière, 2005, éd Fitway, 141 pages

"La chasse amoureuse", 2004, éd Robert Laffont, 270 pages

« La chasse amoureuse », 2004, éd Robert Laffont, 270 pages

"Une nuit avec Marilyn", 2002, éd Zulma, 45 pages

« Une nuit avec Marilyn », 2002, éd Zulma, 45 pages

"Corps de femme", 2002, éd Zulma, 133 pages

« Corps de femme », 1999, éd Zulma, 133 pages

"Politique de l'amour", 2002, éd Zulma, 120 pages

« Politique de l’amour », 2002, éd Zulma, 120 pages

"Quand tu aimes, il faut partir",  1993, éd Gallimard

« Quand tu aimes, il faut partir », 1993, éd Gallimard, 95 pages

"L'exclue", 1999, éd Mille et une nuits, 56 pages

« L’exclue », 1999, éd Mille et une nuits, 56 pages

"Souviens-toi de vivre", 2010, éd Presses de la Renaissance, 158 pages

« Souviens-toi de vivre », 2010, éd Presses de la Renaissance, 158 pages

"La première gorgée de sperme, c'est quand même autre chose", 1998, éd Blanche, 77 pages

« La première gorgée de sperme, c’est quand même autre chose », 1998, éd Blanche, 77 pages

"Poupée, anale nationale", 1998, éd Zulma, 85 pages

« Poupée, anale nationale », 1998, éd Zulma, 85 pages

"La vérité nue", avec Stéphane Zagdanski, 2002, éd Pauvert, 200 pages

« La vérité nue », avec Stéphane Zagdanski, 2002, éd Pauvert, 200 pages

"Sept nuits", 2005, éd Robert Laffont, 84 pages

« Sept nuits », 2005, éd Robert Laffont, 84 pages

"Le chien qui voulait me manger", 1996, éd Gallimard, 180 pages

« Le chien qui voulait me manger », 1996, éd Gallimard, 180 pages

"Moha m'aime", 1999, éd Gallimard, 120 pages

« Moha m’aime », 1999, éd Gallimard, 120 pages

"Satisfaction", 2002, éd Robert Laffont, 198 pages

« Satisfaction », 2002, éd Robert Laffont, 198 pages

"Au corset qui tue", 1992, éd Gallimard, 88 pages

« Au corset qui tue », 1992, éd Gallimard, 88 pages

"Il n'y a plus que la Patagonie", 1997, éd Julliard, 127 pages

« Il n’y a plus que la Patagonie », 1997, éd Julliard, 127 pages

"La nuit", 1994, éd Joëlle Losfeld, 100 pages

« La nuit », 1994, éd Joëlle Losfeld, 100 pages

"Âme", préface aux photographies de Gilles Berquet, 1992, éd Jean-Pierre Faur

« Âme », préface aux photographies de Gilles Berquet, 1992, éd Jean-Pierre Faur

"Apotheosis", préface aux peintures de Terry Rodgers, 2006, éd Torch Books

« Apotheosis », préface aux peintures de Terry Rodgers, 2006, éd Torch Books

    "Érotique & érotisme : huit femmes, huit rencontres", de Rémi Boyer ; préf. d'Alina Reyes ; postf. de Sarane Alexandrian, 2004, éd R. de Surtis, 157 pages

« Érotique & érotisme : huit femmes, huit rencontres », de Rémi Boyer ; préf. d’Alina Reyes ; postf. de Sarane Alexandrian, 2004, éd R. de Surtis, 157 pages

"Un siècle érotique", anthologie présentée par Tran Arnault, 2010, éd Omnibus, 1027 pages

« Un siècle érotique », anthologie présentée par Tran Arnault, 2010, éd Omnibus, 1027 pages

"Dictionnaire de la sexualité humaine", collectif sous la direction de Philippe Brenot, 2004, éd L'esprit du temps, 736 pages

« Dictionnaire de la sexualité humaine », collectif sous la direction de Philippe Brenot, 2004, éd L’esprit du temps, 736 pages

"Nouveaux voyages aux Pyrénées", avec Stéphanie Benson et Lucien d'Azay, 2000, éd Climats, 142 pages

« Nouveaux voyages aux Pyrénées », avec Stéphanie Benson et Lucien d’Azay, 2000, éd Climats, 142 pages

"Cent mots pour les bébés d'aujourd'hui", collectif dirigé par Patrick Ben Soussan, 2009, éd Èrès, 366 pages

« Cent mots pour les bébés d’aujourd’hui », collectif dirigé par Patrick Ben Soussan, 2009, éd Èrès, 366 pages

"Qu'est-ce que la culture ?", collectif sous la direction d'Yves Michaud,  2001, éd Odile Jacob, 844 pages

« Qu’est-ce que la culture ? », collectif sous la direction d’Yves Michaud, 2001, éd Odile Jacob, 844 pages

"Because mots notes", collectif, livre + CD musique sous la direction de Garlo, 1998, éd Le Castor Astral

« Because mots notes », collectif, livre + CD musique sous la direction de Garlo, 1998, éd Le Castor Astral

"Sept écrivains au stade : Coupe du monde de football 1998, éd Le Monde/Le Serpent à plumes, 48 pages

« Sept écrivains au stade : Coupe du monde de football 1998, éd Le Monde/Le Serpent à plumes, 48 pages

"Origines littéraires de la pensée contemporaine XIXe-XXe siècles : Goethe, Poe, Huysmans, Mallarmé, Tolstoï, Wells, le roman policier, Jean Ray, Borges, Barthes, Alina Reyes", de N-B Barbe, 2002, éd. Bès, 260 pages

« Origines littéraires de la pensée contemporaine XIXe-XXe siècles : Goethe, Poe, Huysmans, Mallarmé, Tolstoï, Wells, le roman policier, Jean Ray, Borges, Barthes, Alina Reyes », de N-B Barbe, 2002, éd. Bès, 260 pages

avec Bernadette Soubirous, Franz Werfel, Henri Lasserre, Émile Zola, Léon Bloy, J.-K. Huysmans, Francis Jammes, François Mauriac, Anatole France, Irène Frain, Denis Tillinac, Didier Decoin, Alina Reyes, Edgar Morin...

avec Bernadette Soubirous, Franz Werfel, Henri Lasserre, Émile Zola, Léon Bloy, J.-K. Huysmans, Francis Jammes, François Mauriac, Anatole France, Irène Frain, Denis Tillinac, Didier Decoin, Alina Reyes, Edgar Morin…

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Collectif (actes d'un colloque auquel j'ai participé) : "L'Homo Americanus", Editions de L'Oeil, 2020

Collectif (actes d’un colloque auquel j’ai participé) : « L’Homo Americanus », Editions de L’Oeil, 2020